ERS – Juin 2016
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1. Risque macroéconomique : reprise modérée en France exposée aux risques relatifs aux conséquences du
référendum sur le « Brexit » (climat financier, cours de l’euro, échanges commerciaux) et au risque de
ralentissement des économies émergentes.
Le risque macroéconomique reste prédominant, notamment en raison de la faiblesse des perspectives
économiques mondiales, avec une demande en-deçà de sa dynamique d’avant crise dans la plupart des pays
avancés et des pays émergents qui traversent une période d’ajustement macroéconomique, dans un contexte de
volatilité financière, de faiblesse des prix des matières premières et d’incertitude liée aux divergences de
politiques monétaires des pays avancés.
Pour autant, les signes d’amélioration de la conjoncture en France et en Europe se confirment ainsi que le
scénario de reprise modérée de l’activité. Ce scénario de reprise est conditionné à très court terme par l’issue du
référendum britannique sur un « Brexit » et ses éventuelles conséquences économiques et financières. Si le
Royaume-Uni décide, le 23 juin prochain, de sortir de l’Union Européenne, l’impact commercial et
macroéconomique serait conséquent pour l’économie britannique selon les estimations disponibles. La
dépréciation anticipée de la livre sterling dans un scénario de sortie aurait un effet négatif sur la compétitivité prix
des exportations de la zone euro. Étant donné l’importance de la place de Londres dans le système financier, une
sortie du Royaume Uni de l’UE pourrait affecter à terme les banques françaises mais une réallocation des activités
financières en Europe pourrait se dessiner. Au-delà des canaux de transmission macroéconomiques directs, et des
éventuels effets de débordement financiers, les coûts politiques d’une remise en cause du processus d’intégration
en Europe ainsi que les éventuels effets domino sur les préférences d’intégration et de gouvernance d’autres États
membres ou régions européens existent mais sont difficiles à quantifier.
L’endettement des sociétés non financières (SNF) en France, potentiellement encouragé par l’environnement de
taux bas, est un point de vigilance pour la stabilité financière. En effet, la France est le seul des grands pays
européens où l’accroissement de cet endettement ne montre pas de signe d’inflexion. Par ailleurs, une comparaison
de la part des crédits bancaires dans l’endettement total des entreprises en zone euro montre un mouvement de
désintermédiation beaucoup plus prononcé en France que dans les autres pays depuis 2008. L’endettement en
titres de créance des SNF françaises est bien plus élevé que celui des autres grands pays de la zone euro, et le seul à
avoir augmenté sur la période récente, avant la stabilisation observée en 2015. Pour l’essentiel, cette progression
provient des grandes entreprises qui ont accès au marché obligataire.
2. Risque lié à l’environnement de taux d’intérêt bas: risque de correction abrupte des primes de risques sur les
actifs obligataires ; pression sur la rentabilité des banques et des assurances ; hausse de l’endettement des
ménages et des entreprises ; accroissement du risque de taux par la durée anticipée de l’environnement de
taux bas et l’extension du territoire des instruments à taux négatifs.
Du fait du scénario de reprise modérée de l’activité en Europe, nous n’anticipons pas de modification de
l’environnement de taux bas en France à court terme. Dans ce contexte, le comportement de certaines institutions
financières, à la recherche de rendements, peut être porteur de risques pour la stabilité financière. Bien que ces
stratégies ne semblent pas encore être significatives chez les banques, assureurs et fonds d’investissement français,
les risques associés sont néanmoins attentivement suivis et analysés.
Pour les banques françaises, l’environnement de taux bas constitue un point de vigilance essentiel, celles-ci
présentant une forte dépendance aux revenus d’intérêt liés à leur activité de crédit. La faiblesse des taux d’intérêt
incite les banques à réallouer leurs portefeuilles vers des actifs à rendement plus élevé mais aussi plus risqués, dans
des proportions faibles pour l’instant, et pourrait les pousser à augmenter leur prise de risque dans l’octroi de crédit.
Les vagues de renégociation et de rachats de crédit immobiliers au cours des dernières années impliquent en outre
que les portefeuilles bancaires sont essentiellement constitués de prêts à taux fixes proches de minima historiques,
ce qui pèserait sur les marges bancaires en cas de remontée des taux d’intérêt.
La faiblesse des taux d’intérêt fait également peser un risque de soutenabilité sur le modèle d’activité des
organismes d’assurance. Certains ont déjà fait évoluer leur modèle en privilégiant la vente de contrats en unités de
compte transférant les risques financiers vers l’assuré, tandis que l’on constate une très légère augmentation de la
part des investissements en obligations d’entreprises non financières en 2015 et une hausse de la duration des actifs
de 1%, qui pourraient entre autres être liés à un comportement de recherche de rendement.
Dans un environnement de taux d’intérêt bas, les souscriptions de parts d’organisme de placement collectif se
caractérisent par une réorientation nette vers les fonds diversifiés et les fonds actions, offrant de meilleures
perspectives de retour sur investissement. Les gestionnaires d’actifs, à la recherche de rendement, intensifient
leurs placements vers des titres plus longs et émis par des émetteurs non-résidents de la zone euro et à profil
Embargo 20 juin 2016 18h00