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Migrations : nouvelles dimensions et caractéristiques
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Pour que la migration contribue à accroître les revenus par habitant
dans les économies d’origine des migrants, il faut que le départ de ces
derniers ne se traduise pas par une chute du revenu, ou ne provoque
qu’une légère baisse de celui-ci. Selon les études pessimistes, ceci est
rarement le cas et la migration entraîne généralement une diminution du
revenu dans les zones d’origine des migrants, compte tenu du fait que le
produit marginal de la main d’œuvre migrante était important avant la
migration et que les émigrants emportent avec eux un capital productif
(y compris le capital humain). Les fonds envoyés par les émigrants ne
compensent que partiellement les effets dérivés de la perte de main
d’œuvre et de capital. Dans le cadre de ce scénario pessimiste, ce
phénomène pourrait aggraver la pauvreté, qu’il s’agisse d’émigrants issus
de familles pauvres, ou que le travail des paysans pauvres, indépendants
ou métayers, devienne moins productif à cause de la perte de main
d’œuvre (et de capital) des émigrants. Du point de vue de la zone
d’origine, la migration représente une « exportation de main d’œuvre »
dont la rémunération est constituée par les fonds envoyés par les
émigrants. Les possibilités de migration lucrative s’offrant à certaines
familles peuvent être à l’origine du « syndrome hollandais » dans les
économies d’origine, les activités productives locales entrant en
concurrence avec la migration pour obtenir des ressources limitées en
termes de main d’œuvre et autres. Certes, les familles et les individus
qui participent au processus de migration en obtiennent un certain
bénéfice (qui constitue par ailleurs la raison d’être de cette participation).
Cependant, les pauvres des zones rurales courent le risque de rester en
marge de ces bénéfices. En effet, si la migration est un processus coûteux
et risqué, il est probable que les émigrants proviennent, dans un premier
temps, non pas de familles pauvres mais des couches moyennes ou plus
élevées sur les critères de répartition du revenu dans les zones d’origine.
Si la migration exerce une incidence néfaste sur la production locale, le
revenu des plus pauvres risque de baisser, que ce soit en termes relatifs
ou absolus.
Tout comme les fonds envoyés par les émigrants peuvent donner lieu
à des multiplicateurs positifs de revenus dans les économies d’origine,
les baisses de production et de revenu peuvent engendrer des