, la liberté de manifestation est revenue sur le
devant de la scène essentiellement du fait de ses manifestations
empiriques. Les mouvements sociaux et politiques induits par les printemps
arabes comme la circulation massive des images et des idées par le biais des
réseaux sociaux ont permis de révéler à la fois la puissance et les enjeux de
l’exercice d’une telle liberté publique. Dans le même temps, ils ont mis au
jour les difficultés de conceptualisation et de mise en œuvre de ce droit, sa
singularité par rapport aux autres droits et libertés et son enracinement pro-
fond dans les fondements mêmes des sociétés modernes. L’étude compara-
tive des modalités de protection et d’encadrement de la liberté de manifesta-
tion illustre en effet la diversité des conceptions dont elle fait l’objet, qu’elle
soit hautement protégée ou au contraire envisagée avec méfiance et stricte-
ment encadrée. C’est là la tension fondamentale que génère la manifesta-
tion. Selon la perspective adoptée, elle se révèle tout à la fois menace pour
l’ordre public et garantie fondamentale de la démocratie.
Pour conclure et compléter les études précédentes, qui ont démontré la
pluralité de conceptions, des contenus et des modalités de mise en œuvre de
la liberté de manifestation à partir d’espaces géographiques définis, la pré-
sente contribution propose une prise de hauteur vis-à-vis des pratiques na-
tionales pour envisager la liberté de manifestation du point de vue du droit
international. Son objectif n’est plus de considérer le droit dans un espace
délimité mais de déplacer le point de vue de l’observateur à un niveau glo-
bal, dans une approche top-down de la régulation de la liberté. Il s’agira ain-
si de se placer en amont des législations nationales, pour évaluer l’existence
ou non d’un standard minimum à l’échelle internationale, voire d’un déno-
minateur commun applicable à la pluralité des conceptions et modalités de
régulation envisagées jusqu’ici.
L’appréhension de l’encadrement des libertés publiques à l’échelle du
droit international concerne principalement le droit international des droits
de l’Homme. Le droit international public trouvant ses origines dans la ré-
gulation des relations interétatiques, les domaines dans lesquels il peut
s’immiscer à l’intérieur même du traditionnel domaine réservé de l’État res-
tent quantitativement limités, quoiqu’ils tendent à l’heure actuelle à