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COLONISATION PHÉNICIENNE, EMPIRE DE CARTHAGE.
Ménandre d’Éphèse, qui s’était servi de documents tyriens,
faisait mention d’une ville d’Auza, fondée en Libye par Itho-
baal, roi de Tyr (dans la première moitié du IXe siècle)(1). C’était
sans doute une cité maritime. On en ignore l’emplacement : il ne
nous parait pas possible de l’identifier avec Auzia(2) (aujourd’hui
Aumale, dans le département d’Alger), située à l’intérieur des
terres et dans une région assez difficile à atteindre.
Telles sont, en dehors de Carthage(3), les colonies phéni-
ciennes sur la fondation desquelles nous avons des données
chronologiques plus ou moins précises.
Salluste en mentionne d’autres, mais sans indiquer de da-
tes(4) : « Les Phéniciens, les uns pour diminuer la population qui se
pressait chez eux, les autres par désir de domination, entraînèrent
des gens du peuple et d’autres hommes avides de nouveautés, et
fondèrent sur le bord de la mer Hippone, Hadrumète, Leptis et
d’autres villes. Ces colonies prirent vite un grand développement
et devinrent l’appui ou l’honneur de leur mire patrie. »
Dans un autre passage(5), Salluste écrit que Leptis (il
s’agit de Leptis Magna, entre les deux Syrtes) « fut fondée par
des Sidoniens, qui, chassés, dit-on, par des discordes civiles,
avaient débarqué dans ces parages ». Silius Italicus(6) attribue la
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1. Josèphe, Antiq., VIII, 13, 2, (324) : (Ίθώβαλος) έχτισε... Αΰζαν έν Λιβύη.
2. Comme l’ont fait divers savants, depuis Shaw ; voir Gse1l, Atlas archéolo-
gique de l’Algérie, f° 14, n° 105 (p. 8, col, 1). Les noms de lieux commençant par Auz,
Aus, ne sont pas rares en Afrique. Il n’y a aucune raison d’identifier l’Auza de Ménandre
avec Uzita, dans la région de Sousse. Conf, Gsell, dans Recueil de mémoires publié par
l’École des Lettres d’Alger (1903,), p. 373, n. 5.
3. Nous examinons plus loin l’hypothèse de l’existence d’une colonie sur le site
de Carthage antérieurement au IXe siècle.
4. Jugurtha, XIX, 1 ; « Phoenices, alii multitudinis domi minuendae gratia, pars
imperi cupidine, sollicitata plebe et aliis novarum rerum avidis, Hipponem, Hadruma-
tum, Leptim aliasque urbis in ora marituma condidere, eaeque brevi multum auctae,
pars originibus suis praesidio, aliae decori fuere. »
5. ibid., LXXVIII, I ; « Id oppidum ab Sidoniis conditum est, quos accepimus.
profugos ob discordias civiles, navibus in eos locos venisse.. ,
6. III, 256 : « Sarranaque Leptis » (mentionnée avec Sabratha et Oea, villes si-
tuées entre les deux Syrtes : Silius parle donc de Leptis Magna, et non de Leptis Minor,
qui était près de Sousse. M. E. Meyer (Geschichte des Alterthums,