DOSSIER PÉDAGOGIQUE IMMORTELS création | théâtre texte et mise en scène Nasser Djemaï | dramaturgie Natacha Diet | avec Brice Carrois, Florent Dorin, Florent Gouelou, Jean-Christophe Legendre, Marion Lubat, Julie Roux, Camille Rutherford | durée 1h45 env. MARDI 18 › VENDREDI 28 MARS 2014 MARDI, VENDREDI À 20H30, MERCREDI, JEUDI ET SAMEDI À 19H30, LE DIMANCHE À 16H M° LIGNE 13 MALAKOFF-PLATEAU DE VANVES - PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION THEATRE71.COM SCÈNE NATIONALE DE MALAKOFF 3, PLACE DU 11 NOVEMBRE – 92240 MALAKOFF 01 55 48 91 00 SERVICE RELATION PUBLIQUE [email protected] Béatrice Gicquel 01 55 48 91 06 | Solange Comiti 01 55 48 91 12 | Émilie Mertuk 01 55 48 91 03 SOMMAIRE Nasser Djemaï Le projet, l’histoire Notes de l’auteur sur l’adolescence Adolescence vulnérable et sentiment d’immortalité Bouleversement d’une époque Les clichés autour des adolescents L’écriture Un travail d’immersion Extraits L’équipe artistique : biographies Pistes pédagogiques Abel et Caïn, les frères ennemis La dette publique Autour du spectacle IMMORTELS l’équipe artistique texte et mise en scène Nasser Djemaï dramaturge Natacha Diet décor Michel Gueldry construction Décors Atelier du Théâtre Vidy-Lausanne chorégraphe Manuel Chabanis illusionniste Stéphane Pellicia vidéo Olivier Garouste lumière Renaud Lagier musique Frédérique Minière, Alexandre Meyer costumes Marion Mercier administration production de production Élodie Couillard avec : Brice Carrois, Florent Dorin, Florent Gouelou, Jean-Christophe Legendre, Marion Lubat, Julie Roux et Camille Rutherford à partir de 11-12 ans Durée 1h45 env. Production Théâtre Vidy-Lausanne (création 21 janvier 2014) Coproduction MC2 Grenoble, Cie Repères Groupe de Création Artistique / Nasser Djemaï (en cours) avec la participation artistique du Jeune Théâtre National NASSER DJEMAÏ Après des études techniques, Nasser Djemaï travaille dans l’industrie papetière et suit des cours de théâtre en parallèle. À 23 ans, il décide d’entreprendre une formation professionnelle d’acteur. Après l’obtention du concours, il entre à l’École nationale supérieure de la Comédie de SaintÉtienne en 1995 et travaille sous la direction d’une vingtaine de formateurs comme Mario González, René Loyon, Émilie Valentin ou Alain Marcel. Il part ensuite en Grande-Bretagne, à la Birmingham School of Speech and Drama, où il est choisi pour représenter l’école au festival du Théâtre national de Londres. Il remporte le premier prix. Il est alors repéré par un agent artistique et tourne un téléfilm dans lequel il interprète le rôle principal. Il s’inscrit également à la British Academy of Dramatic Combat où il pratique l’escrime, plusieurs sports de combat, et obtient une maîtrise avec les félicitations du jury. En 1999, il s’installe à Londres et décroche un rôle au Théâtre Almeida dans une pièce d’Ostrovski, The Storm. Dès son retour à Paris, il se perfectionne auprès de metteurs en scène comme Joël Jouanneau, Philippe Adrien, Robert Cantarella, Alain Françon. Il travaille avec la compagnie René Loyon dans une tournée des Femmes savantes de Molière. Engagé au Centre dramatique national de Dijon en 2001, il joue notamment dans Algérie 54-62 au Théâtre national de La Colline et en tournée. En 2003, il décide d’écrire et d’interpréter ses propres textes. Sa première pièce de théâtre, Une Étoile pour Noël ou l’ignominie de la bonté est une histoire inspirée de son parcours personnel. Cette création a été mise en scène par Natacha Diet en 2005 et recevra le prix Sony Labou Tansi 2007. En 2008, Nasser Djemaï écrit son deuxième spectacle, Les Vipères se parfument au jasmin dont il confie une nouvelle fois la mise en scène à Natacha Diet. Ces deux pièces ont été présentées au Théâtre 71. Toujours attaché à son histoire et à ses origines, il entreprend ensuite un long travail d’écriture autour des Chibanis (« cheveux blanc » en arabe) et signe sa troisième pièce, Invisibles, la tragédie des Chibanis dans laquelle nous suivons le parcours initiatique du jeune Martin, parti à la recherche de ses origines à travers l’histoire de ses ancêtres. Pour la première fois, Nasser Djemaï ne sera pas sur scène mais dirigera ses comédiens. Créée en 2011 à la MC2 de Grenoble et présentée en 2012 au Festival d’Avignon, cette pièce est toujours en tournée en région parisienne et en province. Avec Immortels il poursuit son travail de recherche et d’écriture à partir de témoignages et propose de suivre une nouvelle fois le parcours initiatique d’un jeune garçon, Joachim. Cette pièce est actuellement en cours d’écriture et sera créée le 21 janvier 2014 au Théâtre de VidyLausanne. http://nasserdjemai.com/ LE PROJET L’HISTOIRE « Ce projet d’écriture me donne la chance de retravailler sur un parcours initiatique : suivre la reconstruction d’un jeune homme, saisir sa transformation depuis sa destruction et assister, tout au long de son parcours, à son envol, sa libération. Joachim, 19 ans, vient de perdre son frère Samuel dans un accident, plusieurs zones d’ombres planent autour des circonstances de cette mort. Pour connaître toute la vérité, il décide d’intégrer le groupe d’amis de Samuel. Un groupe d’amis très impliqués politiquement et marqués par les crises économiques qui secouent actuellement l’Europe. Les personnages interrogent l’héritage des adultes et leur avenir incertain. Or quelques membres de ce groupe, de cette meute, n’acceptent pas Joachim mais le fantôme de Samuel, jusqu’à pousser notre héros dans son aveuglement pour le confondre complètement avec son frère disparu. Un monde traversé par des ombres du passé, une quête initiatique, entre le songe et la réalité, au cours de laquelle Joachim va découvrir le vrai visage de son frère. Cette aventure artistique est dans ma tête, car elle regorge de complexités et de défis à plusieurs titres. D’abord, cette période de flottement dans la construction d’une jeune personne est truffée de questions, de paradoxes et d’incompréhensions. Autant dire une matière théâtrale très riche… Ensuite, bien qu’il existe chez eux une grande part de vulnérabilité, de fragilité, il n’en demeure pas moins ce sentiment incroyable d’immortalité, d’éternité, voire d’invincibilité. D’autre part, nous vivons une époque où nous avons de plus en plus affaire à des deuils difficiles. Avec l’appauvrissement des rites funéraires, la mort n’apparaît plus comme un événement qui rythme la vie de la communauté, mais seulement comme un drame individuel. Avec un sujet aussi grave, je compte aussi m’amuser, me permettre de développer une galerie de personnages tous aussi passionnants les uns que les autres et qui accompagneront le héros dans sa quête. Immortels me provoque des envies de magie, d’illusions, de virtuosités… Autant de pistes passionnantes à explorer, autant de prétextes poétiques, une ouverture vers une frontière infinie entre l’adolescence et le monde adulte, un trou béant où toute la folie et la démesure ont encore leur place. » Nasser Djemaï NOTES DE L’AUTEUR SUR L’ADOLESCENCE ADOLESCENCE VULNÉRABLE ET SENTIMENT D’IMMORTALITÉ Le passage de l’enfance à l’âge adulte ne se fait pas sans incertitudes, hésitations, éclats. Les progrès sur la voie de l’autonomie étant parfois émaillés de périodes de stagnation ou de régression. L’adolescence est une zone de turbulence chargée à la fois de doutes et d’une impression d’éternité. Ces perturbations touchent l’adolescent lui-même mais ne manquent jamais de secouer son entourage, à commencer par les parents dont il doit se détacher pour parvenir à se positionner en tant qu’individu autonome capable d’assumer ses choix et ses décisions. Le fait que la majorité des adolescents se porte bien ne signifie en aucun cas qu’ils échappent à ces turbulences propres à cet âge, mais qu’ils parviennent à les surmonter. D’autres, plus fragiles, vont avoir davantage de difficultés. Quels que soient les lieux et les époques, les changements de l’adolescent reposent sur des bases immuables, tout à fait fondamentales : les transformations physiques et physiologiques, la recherche d’autonomie, les interrogations existentielles, les tentations de la transgression, la découverte de son corps, le besoin de contestation, la construction intellectuelle. Il y a d’ailleurs peu de périodes semblables au cours de la vie, durant lesquelles on peut apprendre et découvrir tant de choses en si peu de temps. On entend souvent dire que les adolescents d’aujourd’hui sont très différents de ceux d’hier. Cette affirmation, en partie vraie seulement, vient souligner que nul n’échappe à l’influence de l’époque dans laquelle il vit. BOULEVERSEMENT D’UNE ÉPOQUE Après ce que l’on a appelé les trente glorieuses (1945-1975) et l’avènement de la société de consommation, les années 80 marquent le déclin des classes moyennes. Jusque-là, la lumière, le salut de la jeunesse se trouvait alors en dehors, à l’extérieur du foyer familial, le but étant de s’en extraire le plus vite possible, trouver un emploi et enfin vivre sa vie, être autonome. Cette tendance s’est peu à peu inversée. Face à un avenir de plus en plus incertain, obscur, voire chaotique, cette lumière a changé de statut pour se retrouver à l’intérieur, au centre du foyer familial, procurant ainsi un abri, un refuge (matériel, psychologique)… retardant ainsi l’autonomie. Dans le même temps, on a assisté à une accentuation de la diversité sociale et culturelle, et à une amplification de l’écart entre les très riches et les très pauvres. Un rapport pour 2011-2012 de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) vient rappeler que plus de 11 millions de Français sont touchés par la pauvreté ou l’exclusion, disposant de moins de 800 euros mensuels pour vivre. Les phénomènes de concentration, voire de quasi ghettoïsation dans les quartiers se sont accentués en périphérie des grandes villes, qualifiés de sensibles, où un nombre élevé de jeunes cumulent les difficultés. Cela contribue à augmenter la pression et le stress auxquels sont soumis les travailleurs, une inquiétude bien souvent transmise par leurs parents qui ont tendance à leur « mettre la pression » dès le début de leur scolarité. L’influence du milieu d’origine pour l’obtention d’un meilleur diplôme reste majeure et chaque année 60 000 jeunes, soit 8% d’entre eux, terminent leur scolarité sans la moindre qualification. Le développement des moyens de communication, et des nouvelles technologies (informatique, vidéo, internet, portable…) entraîne un sentiment d’accélération du temps, d’urgence et parfois de drame permanent. Constamment branché avec les désordres du monde, tout se déroule en temps réel, privilégiant l’immédiateté. Le paysage familial est en pleine mutation. Entre 15 et 18 ans, 25% des adolescents vivent dans une famille recomposée ou monoparentale. Et tout cela n’est pas sans rapport avec l’augmentation de la délinquance juvénile, liée à la banalisation de la consommation et de l’abus de substances toxiques : hasch, tabac, ecstasy, alcool. D’après un rapport de l’INED, l’âge des premiers rapports sexuels se situe aujourd’hui autour de 17 ans et reste stable depuis une trentaine d’années, mais ils sont précédés de plus en plus tôt, de pratique de séduction, d’approches, de baisers, caresses et découverte progressive de l’autre et de son corps. Enfin, il faut noter un nombre dramatiquement élevé de morts violentes : accidents de la route et suicides qui représentent plus de 70% des causes de décès à l’adolescence – soit plus de 4 000 jeunes chaque année. LES CLICHÉS AUTOUR DES ADOLESCENTS Les médias ont une responsabilité importante sur l’image extrêmement négative des jeunes. À toutes les périodes de l’histoire de l’humanité, l’adolescence a été perçue comme une sorte de maladie incurable qui s’aggrave d’une génération à l’autre. Comme le révèlent plusieurs chercheurs, le jugement des adultes à leur égard se fonde sur 5 à 6% de jeunes qui fonctionnent mal et qui constituent une sorte d’élite négative très visible et qui ternit la réputation. Quelques clichés, pour rigoler un peu ! Les jeunes au sein de notre société contemporaine ont peu de sens des valeurs ? Il existe une pluralité de valeurs d’où les différences. Un adolescent désire à tout prix être à la fois différent des autres et conforme à son groupe de pairs. Les groupes de jeunes sont négatifs et dangereux ? Dans le processus de socialisation à l’adolescence, il est normal de ressentir le besoin de se rassembler au sein de groupes sportifs, culturels ou autres. Seulement une infime minorité de jeunes ressentent le besoin de se grouper pour procéder à des agissements délinquants. Pour ce qui est de l’influence des pairs, il ne faut jamais oublier le dicton : « qui se ressemble, s’assemble… » La majorité des jeunes ont une relation conflictuelle avec leurs parents ? Il ne faut pas confondre prendre sa place, acquérir son autonomie et contester l’autorité avec conflit. La période d’adolescence se caractérise systématiquement par une période de crise ? Plusieurs adolescents vivent cette période de transition harmonieusement même s’ils sont à la recherche de leur identité. Les jeunes sont violents ? Rien ne permet d’affirmer que les adolescents sont plus violents que leurs parents ne l’étaient… La violence s’apprend et les jeunes utilisent comme modèle… les adultes !?! Ils sont délinquants, obsédés sexuels, dépressifs, malheureux, égoïstes sans avenir, etc ? Les médias nous racontent tous les jours que la planète est sur le point « d’exploser » en raison du nucléaire ou de problèmes environnementaux, qu’il n’y a pas d’emploi, que la loi ou les institutions sociales sont peu fiables et on s’étonne que les jeunes recherchent le plaisir… La jeunesse est-elle mauvaise ? Est-elle pire qu’avant ? On pourrait le croire à entendre les commentaires souvent sévères des « anciens » vis-à-vis de nos jeunes d’aujourd’hui. Et pourtant … Voici quatre citations : 1. « Notre jeunesse aime le luxe, elle est mal élevée, elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect de ses aînés. Nos enfants d’aujourd’hui sont des tyrans. Ils ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce, ils répondent à leurs parents et ils sont tout simplement mauvais… » 2. « Je n’ai plus aucun espoir pour l’avenir de notre pays si la jeunesse d’aujourd’hui prend le commandement demain parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible… » 3. « Notre monde a atteint un stade critique. Les enfants n’écoutent plus leurs parents. La fin du monde ne peut être très loin… » 4. « Cette jeunesse est pourrie jusqu’au fond du coeur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme les jeunes d’autrefois. Ceux d’aujourd’hui ne seront pas capables de maintenir la culture…» De qui sont ces citations ? * La première est de Socrate (479-399 avant J.-C.) * La seconde d’Hésiode (720 avant J.-C.) * La troisième d’un prêtre égyptien (2000 ans avant J.-C.) * La quatrième a été découverte récemment sur une poterie d’argile dans les ruines de Babylone datant de plus de 3000 ans ! « Si je prends le temps de dresser ce tableau quelque peu impressionniste sur l’adolescence et tous les clichés qui vont avec, c’est justement pour les éviter à tout prix. Les médias et les séries télévisées contribuent, encore une fois, à entretenir l’image que nous avons des jeunes de manière générale. Je pense à l’image de ces jeunes hystériques, nerveux, violents, pas contents de la société, de leurs parents, drogués et individualistes... Dieu merci ce n’est pas vrai, et la question est bien plus subtile. Ce projet est dans ma tête, car il regorge de complexité et de défis à plusieurs titres. D’abord cette période de flottement dans la construction d’une jeune personne, est truffée de questions, de paradoxes et d’incompréhensions … Ensuite, bien qu’il existe chez eux une grande part de vulnérabilité, de fragilité, il n’en demeure pas moins ce sentiment incroyable d’immortalité, d’éternité, voire d’invincibilité … Enfin parce que mon but n’est pas de faire une analyse ou étude sur les jeunes, ce n’est pas, non plus, un spectacle pour expliquer ce qu’est la jeunesse. Je n’ai ni la prétention, ni les compétences pour cela. Je souhaite simplement mener cette aventure théâtrale avec de jeunes acteurs, en leur proposant de jouer des adolescents. La jeunesse m’intéresse en tant que mythe. Depuis la nuit des temps, elle exerce une fascination universelle et berce notre imaginaire : la littérature, la peinture, la musique, tous les plus grands poètes ont chanté un jour cet hymne à la jeunesse. Immortels se situe entre le songe et la réalité, l’endroit où la fissure de notre monde se confond avec celui de nos ancêtres disparus – le gouffre des vertiges – ces forces qui nous entourent sans le savoir, bien plus puissantes qu’on ne l’imagine. On ne peut se lancer dans ce projet sans poser la question de la langue ! Quelle langue pour ces jeunes ? La langue des ados ? Une langue imaginaire ? Ou bien au contraire une autre plus naturaliste ? Réaliste ?… Je pense qu’il ne faut pas chercher à parler « jeune ». Les corps des jeunes acteurs, leur voix, les personnages qu’ils jouent et les costumes nous donnent déjà des milliers de signaux à la seconde. La résolution de cette question se trouvera très certainement si nous avons à faire à des situations dramatiques suffisamment fortes et intéressantes pour que le propos puisse prendre son envol. » Nasser Djemaï L’ÉCRITURE UN TRAVAIL D’IMMERSION L’écriture de sa précédente pièce, Invisibles, la tragédie des Chibanis, a été pour Nasser Djemaï l’occasion de mener un véritable travail d’enquête autour de la vie des vieux migrants originaires du Maghreb. Cette démarche lui a demandé près d’une année de travail auprès de foyers, des cafés sociaux, près des mosquées, devant les montées d’immeubles, afin de collecter les témoignages et les analyser. Il a effectué aussi de nombreuses recherches pour trouver des thèses, études sociologiques, ouvrages, documentaires audio et vidéos consacrés à ces hommes. Et c’est seulement après tout se travail préparatoire que Nasser Djemaï s’est mis à écrire. Il en sera de même pour Immortels. Impossible pour lui de ne pas imaginer un travail d’immersion auprès des jeunes adolescents. Il décide alors de se focaliser sur une classe de première d’un lycée qu’il suivra tout au long de l’année scolaire. Le but étant de se rapprocher au maximum de leur quotidien, de leur façon de penser en leur proposant un projet commun. À leur contact, Nasser Djemaï peut alors repérer des thèmes récurrents, définir des personnages et construire leur univers. La structure d’une histoire peut alors commencer avec comme point de départ le mythe d’Abel et Caïn et comme trame de fond la crise financière, le problème des banques et la dette économique. EXTRAITS TABLEAU I Des ombres se déplacent lentement dans l’espace. Une voix : Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres Et se remit à fuir sinistre dans l’espace. Il marcha trente jours, il marcha trente nuits. Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits, Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve, Sans repos, sans sommeil; [...] Je veux habiter sous la terre Comme dans son sépulcre un homme solitaire Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. On fit donc une fosse, et Caïn dit « C’est bien ! » Puis il descendit seul sous cette voûte sombre. Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain, L’oeil était dans la tombe et regardait Caïn. TABLEAU II Joachim seul dans sa chambre Joachim : Il y a des jours tu te demandes ce que tu fous là, ce que tu fous sur cette terre, à quoi tu sers, le sens de cette vie, pourquoi tu te lèves tous les matins ? L’impression d’avoir un orage là-haut, bien planqué, une petite tempête au-dessus de ta tête, rien que pour toi, elle te crache à la gueule. Le ciel est bleu, il fait chaud, mais elle a décidé de te mettre des claques à te dévisser la mâchoire. La météo c’est dans la tête ! Pas un nuage à l’horizon, et dans mon crâne, des décharges électriques, la pluie glacée, la tempête de cauchemars … Toutes les nuits le même cauchemar, mon bras est coupé, je suis manchot, je suis gauche, déséquilibré, handicapé. Disparu à jamais, mon bras disparu dans les airs, le néant. J’essaie de comprendre, je le touche ce bras, il est là, mais je sens rien, la branche ... disparue. Il me manque... Toute la famille amputée, les membres de la famille explosés. Un an jour pour jour, et cette histoire me revient en pleine gueule, voilà un an que je dors, un an que j’entends le sommeil en musique. Un sept janvier, mon frère Samuel s’est tué. Il est tombé d’un toit... Cette nuit-là, il était à un anniversaire avec ses amis, On l’a retrouvé au petit matin allongé par terre, sur le trottoir sans vie. Une personne l’a remarqué et a prévenu la police. D’après le rapport, il aurait glissé et fait une chute mortelle, un accident... Qu’est-ce qu’il faisait là haut ? Personne ne le sait... Le rapport de police révèle aussi un taux d’alcool élevé dans le sang... ... Et tout ça, c’est des choses qui ne ressemblent pas à mon frère. Un truc qui ne va pas. Ca ne ressemble pas à Samuel. Il ne buvait pas. Sam ne buvait pas, pas une goutte d’alcool, pas une goutte. Il était allergique. Ses amis ont tous défilés un par un à la maison, Fausto son ami le plus proche et tous les autres, tous sous le choc de sa disparition. Depuis, c’est le silence. Ma mère a quitté la maison pour s’installer chez sa sœur, elle est devenue muette, elle ne répond que par « oui »... « non »... « je sais pas »… Elle ne mange plus. Elle n’a jamais pleuré, jamais prononcé son prénom. Mon père et moi, on la regardait disparaître sous nos yeux … je n’arrive pas à réaliser qu’il ne sera plus là. Je n’arrive pas à réaliser que je ne pourrai plus rire avec lui. Parler avec lui, entendre toutes ses conneries et ses blagues pas drôles. Tout le monde l’aimait beaucoup, l’adorait, un mec droit, jamais de problème, toujours beaucoup de monde autour de lui. Ce soir je suis seul comme d’habitude. Mon père lui ... C’est le travail… Je le vois jamais. Il rentre tard, il repart tôt, tout est normal … Les portes sont fermées, la prison, le silence et son haleine de métal a envahi la maison, tout le monde nage dans le sommeil... Il est parti, j’ai rien compris et depuis, plus rien n’est comme avant. Alors maintenant j’ai le choix. Faire comme mes parents : j’accepte la version officielle, j’accepte ce tatouage au fond de ma gorge et je continue de dormir. Ou pour une fois je fais quelque chose de ma vie, j’arrête de tourner en rond. Parce que j’ai besoin de savoir ce qui s’est passé exactement cette nuit-là. La nuit de sa mort. Il faut que je les revois tous, tous ceux qui étaient à la fête avec lui, il faut que je revois Fausto. Je dois connaître la vérité, sinon je ne pourrai plus avancer, sinon je vais en crever. TABLEAU IV Sur un banc Fausto assis entre William et Isaac. William : Trop de la balle comme ils sont forts, les gars comme ils sont organisés. Bon, ils sont plus vieux que nous, mais il y a plein de jeunes de notre âge qui font un boulot de malade … Isaac : Fausto, la prochaine fois, il faut que tu viennes avec nous. Fausto : Ils ont des bureaux ? Isaac : Un petit local, chacun sait ce qu’il doit faire. Ils ont une putain de bibliothèque, tu trouves tout. Fausto : L’organisation, comment elle fonctionne ? William : Ils refusent les subventions, ils refusent toutes les aides de l’état, ils sont complètement autonomes. Ils organisent plein de conférences, des réunions, des débats, ils font venir des pointures. Isaac : Les jeunes quand ils prennent la parole, tu tombes par terre, tellement ils parlent bien. William : C’est structuré, argumenté, y a rien qui dépasse, c’est simple, c’est carré, limpide, t’apprends plein de trucs … Cette fois ils ont fait intervenir un Suisse, le gars il vient de Zurich, il s’appelle Moïse Horovitz. Pendant trois jours, il nous a démonté tout le système bancaire. Fausto : Il est fort ? Isaac : Moïse, c’est simple, c’est un missile... William : Une espèce de tueur en série, mais comme dans les films d’horreurs, tellement il est puissant. Isaac : Le gars il a juste cinq cerveaux. William : Le mec il t’ouvre le crâne, il te balance de la lumière pour te réveiller. Docteur en économie, il est philosophe, historien, Il enseigne à Londres et à Berlin, il donne des conférences de partout. il connait tout ... Il parle au moins sept langues, allemand, danois, italien, français, russe ... Isaac : Bon l’anglais, c’est juste un cure-dent pour lui … William : Le gars déjà, tu lui fais pas à l’envers. Isaac : Et les gars ils sont arrivés à le faire venir trois jours d’affilés ! Fausto reçoit un texto Fausto : C’est Linda ! Elle vient de croiser Joachim. Long silence - gêne des trois William : C’est un signe … Un temps, on sent une tension entre les trois. Isaac : Moi je m’arrache, ma mère me cherche de partout, elle va faire un infarctus. Isaac s’en va. Un temps William : C’est un signe... Ce soir, chez Linda, il y aura tout le monde, on relance... Fausto : William... On avait dit qu’on ne parlerait plus de ça. Sam n’est plus là, tout ça n’a plus de sens. William : Si, il est là, je le sens autour de nous. On doit faire ça pour lui. On doit reprendre, continuer pour lui. Fausto : ...On est plus les mêmes... On est tous passé à autre chose. William : Y’en a qui veulent continuer, c’est pas fini, et même si je dois avancer tout seul, j’irai jusqu’au bout. Fausto : Cette année on passe le bac, je peux pas raconter des conneries à mes parents tout le temps, c’est pas possible, maintenant faut se tenir tranquille. William : Tu veux passer ton bac tranquille ?... Mais ton bac il va te servir à quoi ? Tu vois pas qu’on nous aveugle, on nous ment tous les jours. Un temps Fausto : Il va mieux ton père ? William : Il est retourné à l’hôpital, pour des examens. TABLEAU V Joachim seul Dans sa chambre Joachim : Ma mère et lui, c’était fusionnel. Elle était fan de son fils. Je la voyais souvent rire avec lui et tout de suite après je la voyais simplement polie avec moi. Je ne comprenais pas. Elle essayait de paraître normale avec moi. Il y avait toujours un truc absent quand elle me regardait, je me disais j’ai dû faire quelque chose. Avec lui, il n’y avait aucun effort à faire, c’était naturel. Dans ma main son blouson, je tiens son blouson, il est à lui c’est son odeur, son parfum. Son odeur, je la connais par cœur, il me donne des frissons, de la force, je repousse les ombres, j’aspire la lumière, l’oxygène… J’aurais rêvé être lui. Pourquoi ce n’est pas moi ? Pourquoi ce n’est pas moi qui suis parti ? Elle aurait moins souffert c’est sûr. Qu’est-ce-que ça changera si je vais chez Linda ? C’est pas mes amis, j’ai rien à y faire et surtout je déteste les soirées, à chaque fois que j’ouvre la bouche, j’ai peur des regards. Joachim s’allonge par terre. Le blouson se relève et se déplace très lentement jusqu’à lui, il se pose sur lui comme pour le couvrir. L’ÉQUIPE ARTISTIQUE NATACHA DIET DRAMATURGE Après une formation de comédienne à l’ENSATT et un diplôme de plasticienne à l’École régionale des Beaux-Arts d’Angers, Natacha Diet fonde la compagnie La Valise en 1999. Elle co-met en scène avec son collectif des spectacles comme L’inconsolé de Joël Jouanneau, Là où vous savez et L’histoire des hommes dont les bras touchaient terre. Elle a également mis en scène Une Étoile pour Noël de Nasser Djemaï en 2005. En tant que comédienne, Natacha Diet travaille sous la direction d’Andrzej Seweryn, Pierre Pradinas, François Rancillac ou encore David Arribe. Tout en continuant à se perfectionner dans son métier de comédienne en suivant des stages de clown, de jeu masqué et de performing art, Natacha Diet écrit des nouvelles, des scénarios et des pièces de théâtre qu’elle publie chez L’Harmattan. En 2008, elle met en scène Nasser Djemaï dans son propre texte Les Vipères se parfument au jasmin. BRICE CARROIS COMÉDIEN Brice Carrois a suivi la formation de l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier et du Conservatoire à Rayonnement Régional de Tours. Il a été comédien du J.T.R.C. au Centre dramatique de Tours – Nouvel Olympia de 2010 à 2012. Il a notamment joué au théâtre dans Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand et Kids de Fabrice Melquiot sous la direction de Gilles Bouillon, dans Paysage(s) de fantaisie (titre provisoire) mise en scène par Bruno Geslin et dans Poppea et Nerone mise en scène par Krzysztof Warlikowski. FLORENT DORIN COMÉDIEN Florent Dorin intègre les cours Florent en 2004. Après avoir travaillé sous la direction de Julien Kosellek à l’Étoile du Nord, scène subventionnée du 18e arrondissement de Paris, il obtient le concours de la classe libre en 2006. Il est formé par Jean-Pierre Garnier, Olivier Balazuc, Paul Devault, Magali Leris. En 2009, il entre au CNSAD. Florent Dorin a créé trois spectacles : Héraklès 5 de H.Müller, La Sinistre Répétition de la Dernière Scène, dans le cadre du festival À COURT DE FORME à l’Étoile du Nord et L’Échec du One-Man Show. Il assiste à la mise en scène Stéphane Auvray-Nauroy sur On Purge Bébé de Feydeau, joué dans le cadre du festival ON N’ARRÊTE PAS LE THÉÂTRE. Il est l’initiateur du projet de mise en scène du Village en Flammes. En 2012-2013 il joue dans La Vie est un rêve de Pedro Calderón mis en scène par Jacques Vincey et présentée au Théâtre 71. FLORENT GOUELOU COMÉDIEN Florent Gouelou a suivi la formation du Conservatoire du 5e arrondissement de Paris de 2004 à 2006 et celle de l’Ecole Nationale de la Comédie de Saint-Etienne de 2006 à 2009. En 2009-2010 il est stagiaire-comédien de la Comédie-Française et joue sous la direction de Catherine Hiegel dans L’Avare de Molière, Jacques Lassalle dans Figaro divorce d’Ödön von Horvath, Muriel Mayette dans Mystère Bouffe de Dario Fo et Alfredo Arias dans Les Oiseaux d’Aristophane. Il participe également à de nombreux courts-métrages dont Belle Salope de Philippe Roger, diffusé sur Arte. JEAN-CHRISTOPHE LEGENDRE COMÉDIEN Après avoir suivi une formation de deux ans à l’Ecole des Enfants Terribles, Jean-Christophe Legendre intègre la troupe du Théâtre de l’Épée de Bois avec laquelle il joue pendant un an. Il poursuit ensuite sa formation au Conservatoire du 11e arrondissement, avant d’être admis au Conservatoire National d’art dramatique de Paris où il suivra les cours de Philippe Torreton, Philippe Duclos, Gérard Desarthe ou encore Denis Podalydès. Pendant sa formation au Conservatoire du 11e, il rencontre Fabrice Eberhard avec qui il travaille pendant quatre ans pour le Festival de théâtre de Collioure (Les Estivals Perpignan) et Antoine Bourseiller, avec qui il travaille pendant un an. MARION LUBAT COMÉDIENNE Ancienne élève de l’École de la Comédie de Saint-Etienne (Promotion T /2003-2006), Marion Lubat suit l’enseignement de François Rancillac, Jean-Claude Berrutti, Jean-Yves Ruf, Benoît Lambert, Éric Massé… Depuis sa sortie de l’École, elle a travaillé avec, entre autres, Angélique Clairand dans Amer Eldorado de Raymond Federman, Jacques Kraemer dans Agnès 68, Benoît Lambert dans La Peur des coups de Courteline, We are l’Europe de Jean-Charles Massera, Enfants du siècle, un diptyque d’après Fantasio et On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset (We are L’Europe et Enfants du siècle ont toutes deux été accueillies au Théâtre 71). JULIE ROUX COMÉDIENNE Après une formation au Conservatoire Frédéric Chopin avec Liza Viet, Julie Roux est diplômée depuis 2009 du Conservatoire National Supérieure d’Art Dramatique. Elle a suivi les classes d’Andrzej Seweryn, Dominique Valadié, Nada Strancar, Didier Sandre et Jean-Damien Barbin. Sous leur direction, elle a travaillé sur Rodogune de Pierre Corneille, Avant/Après de Roland Schimmelpfennig, Milosz, Ionesco et Marguerite Duras. Elle a également joué dans Le Révizor de Gogol, mis en scène par Yann-Joël Colin ; L’Ombre de Venceslao de Copi, mise en scène par Mario Gonzales ; La Guerre n’a pas un visage de femme de S. Alexeievitch, mise en scène par Stéphanie Loïk. Elle était la Jocaste de Miquel Oliu Barton dans sa mise en scène d’Œdipe Roi, et Marie-Gabrielle dans T.O.C. d’Augustin d’Ollone, mise en scène par Jean-Paul Baziconni. En 2012 elle joue au Théâtre de la Tempête dans Le Chapeau de paille d’Italie de Labiche mis en scène par Gille Bouillon et au Théâtre de Belleville dans Tout le monde veut vivre de Hanokh Levin mis scène par Amélie Porteu de la Morandière. Elle a également tourné des courts-métrages et un moyen métrage où elle tient le rôle principal (In Between Day de Muriel Lacalmontie). CAMILLE RUTHERFORD COMÉDIENNE Diplômée du Conservatoire National Supérieure d’Art Dramatique, Camille Rutherford fait ses premières apparitions au cinéma dans Des Filles en noir de Jean-Paul Civeyrac et Un Été brûlant de Philippe Garrel. Puis c’est Léos Carax qui fait appel à elle pour enregistrer une courte voix off pour son film Holy Motors. Repérée au Conservatoire par un directeur de casting elle obtient son premier grand rôle au cinéma dans Low life de Nicolas Klotz. Son interprétation lui vaut d’être sélectionnée parmi les Révélations 2013 de l’Académie des César. Sur sa lancée, elle rejoint le casting du film Mary, Queen of Scots de Thomas Imbach pour interpréter le rôle de la reine Mary Stuart dont le destin est aussi tragique que romantique. PISTES PÉDAGOGIQUES ABEL ET CAÏN, LES FRÈRES ENNEMIS C’est au chapitre IV de la Génèse qu’apparait l’histoire d’Abel et Caïn, fils d’Adam et Ève. Caïn est cultivateur, Abel est berger. Un jour, les deux frères apportent chacun une offrande à leur Dieu : Caïn offre des fruits de la terre, tandis qu’Abel présente des bêtes de son troupeau avec leur graisse. Dieu préfère ostensiblement l’offrande d’Abel. Puis il perçoit la colère et la tristesse de Caïn, et lui enjoint de dominer le péché. Mais Caïn échoue un peu plus tard, et tue son frère dans les champs. Dieu l’interpelle mais Caïn nie son crime, puis Dieu lui apprend qu’il est maudit par le sol qui a recueilli le sang versé. Ainsi il ne pourra plus récolter, et il est condamné à errer sur la terre. Caïn assure qu’il sera tué par le premier venu, et Dieu déclare qu’alors il serait vengé sept fois, et le marque d’un signe pour qu’on l’épargne. Caïn gagne la Terre de Nod, à l’est d’Éden ; là, il connaît une femme dont il a un enfant, Hénoch. Après sa naissance, Caïn bâtit une ville qu’il appela aussi Hénoch. Ses descendants se distinguent par leurs vies de nomades et d’éleveurs de troupeaux, de musiciens ou de forgerons, et par leur violence. La lignée de Caïn prend fin lors du Déluge à l’époque de Noé. L’homme connut Eve, sa femme ; elle conçut et enfanta Caïn et elle dit : « j’ai acquis un homme de par Yahvé ». Elle donna aussi le jour à Abel, frère de Caïn. Or Abel devint pasteur de petit bétail et Caïn cultivait le sol. Le temps passa et il advint que Caïn présenta des produits du sol en offrande à Yahvé, et qu’Abel, de son côté, offrit des premiers nés de son troupeau, et même de leur graisse. Or Yahvé agréa Abel et son offrande. Mais il n’agréa pas Caïn et son offrande, et Caïn en fut très irrité et eut le visage abattu. Yahvé dit à Caïn : « Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu es bien disposé, ne relèveras-tu pas la tête ? Mais si tu n’es pas bien disposé, le péché n’est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite, pourras-tu la dominer ? » Cependant Caïn dit à son frère Abel : « Allons, dehors », et, comme ils étaient en pleine campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. Yahvé dit à Caïn : « Où est ton frère Abel ? » Il répondit : « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ? » Yahvé reprit « Qu’as-tu fait ! Ecoute le sang de ton frère crier vers moi du sol ! Maintenant sois maudit et chassé du sol fertile qui a ouvert la bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Si tu cultives le sol, il ne te donnera plus son produit : tu seras un errant parcourant la terre. » Alors Caïn dit à Yahvé : « Ma peine est trop lourde à porter. Vois ! Tu me bannis aujourd’hui du sol fertile, je devrai me cacher loin de ta face et je serai un errant parcourant la terre : mais le premier venu me tuera ! » Yahvé lui répondit : « Aussi bien, si quelqu’un tue Caïn, on le vengera sept fois » et Yahvé mis un signe sur Caïn, afin que le premier venu ne le frappât point. Caïn se retira de la présence de Yahvé et séjourna au pays de Nod, à l’Orient d’Eden. ABEL ET CAÏN (Gn, IV,1-16.) Mythe d’origine et de création, l’histoire d’Abel et Caïn est un des premiers récits fondateur de la Bible qui renvoie au temps « primordial » et « fabuleux » des commencements. Le récit se veut un témoin des réalités déterminantes dans l’histoire humaine puisqu’il décrit l’apparition de la mort, mais aussi de la naissance des villes, des arts et des techniques : Caïn, le meurtrier, dans sa fuite, est désigné par le texte génésique comme le fondateur de la première ville et se place donc à l’origine de la civilisation. Récit fondateur encore, puisqu’il est le premier récit d’un fratricide. LA DETTE PUBLIQUE La dette publique est, dans le domaine des finances publiques, l’ensemble des engagements financiers pris sous formes d’emprunts par l’État, les collectivités publiques et les organismes qui en dépendent directement (certaines entreprises publiques, les organismes de sécurité sociale, etc.). Le déficit public apparait lorsque les produits (les recettes fiscales essentiellement) sont inférieurs aux charges (dépenses budgétaires essentiellement) des administrations publiques. Cette différence entre les charges et les produits s’apprécie sur une période légale, généralement l’année civile. La dette publique augmente à chaque fois qu’un déficit public est financé par l’emprunt. La dette publique représente donc l’accumulation des besoins de financement des périodes successives de ces administrations. La dette prend le plus souvent la forme d’emprunts d’État. La capacité de remboursement des emprunts contractés au titre de la dette publique par les États et les collectivités publiques est évaluée par les agences de notation financière. Les pays les moins fiables, au regard des marchés financiers et des agences de notation, peuvent avoir recours aux banques commerciales ou à des institutions internationales (Banque mondiale, Fonds monétaire international, Banques régionales de développement). Au sein de la dette publique, on distingue la dette publique intérieure, détenue par les agents économiques résidents de l’État émetteur et la dette publique extérieure, détenue par des prêteurs étrangers. On distingue également la dette de court terme (un an ou moins), à moyen terme (jusqu’à dix ans) et à long terme (au-delà de dix ans). La dette publique se distingue donc, en macroéconomie, de la dette des ménages ou de la dette des entreprises. Carte de la dette publique en % du PIB en 2010 Carte de la dette publique en % du PIB en 2011 Vidéo : Comprendre la dette publique (en quelques minutes) http://www.youtube.com/watch?v=ZE8xBzcLYR RESSOURCES À propos d’Abel et Caïn : > http://crdp.ac-paris.fr/parcours/fondateurs/index.php/category/abel-et-cain# > http://fr.wikipedia.org/wiki/Ca%C3%AFn À propos de la dette publique : > http://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique > http://www.youtube.com/watch?v=ZE8xBzcLYRs ÉCLAIRAGE AUTOUR D’IMMORTELS Notre théâtre et notre saison se construisent autour de spectacles qui questionnent le monde d’aujourd’hui et interrogent l’humain. Ce théâtre que nous voulons engagé et sensible va au-delà des seules représentations ; c’est aussi un lieu vivant, bruissant d’échanges et de réflexions, en résonance avec d’autres formes d’arts et de pensées. Nous vous proposons ainsi de nombreux rendez-vous : les “Éclairages” où ateliers, rencontres, promenades, expositions et films font écho aux spectacles de la saison. Les Éclairages sont autant d’opportunités pour prendre le temps de débattre, d’approfondir ses connaissances, de se divertir ou de poser un regard nouveau sur un auteur, une œuvre, une pratique artistique, une culture. ils sont imaginés au foyer-bar, au cinéma mais aussi hors les murs en collaboration avec de nombreux partenaires. › les Éclairages étant établis longtemps à l’avance, ils sont susceptibles d’évoluer en cours de saison, retrouvez tous les détails des Éclairages sur www.theatre71.com. ÉCLAIRAGES › RENCONTRE BORD DE SCÈNE Jeudi 20 mars, à l’issue de la représentation de 19h30 Nasser Djemaï et l’équipe d’Immortels vous invitent à rester en salle à l’issue de la représentation du 20 mars. Une rencontre informelle pour partager vos impressions sur le spectacle, poser toutes les questions qui vous ont trotté dans la tête pendant la représentation ou simplement écouter metteur en scène et comédiens parler de leur immersion dans le monde des adolescents, des défis à relever pour lui donner une théâtralité tant dans l’écriture que dans le jeu. ACCÈS La salle du théâtre est accessible aux personnes à mobilité réduite. Pour mieux vous accueillir et faciliter votre placement, pensez à réserver 48h au plus tard avant la date choisie et à vous signaler à l’accueil lors de votre venue. métro 10 min de Montparnasse, ligne 13 station Malakoff-Plateau de Vanves (à 3 min à pied du théâtre) bus 126 de la Porte d’Orléans – arrêt Gabriel Péri-André Coin bus 191 de la Porte de Vanves – Gabriel Péri-André Coin vélib à la sortie du métro Malakoff-Plateau de Vanves - face au théâtre rue Jean Jaurès voiture périphérique porte Brancion puis direction Malakoff centre ville parking VINCI rue Gabriel Crié, entre le théâtre et la Poste BAR érip and egr R. L n olli rie o oin A. C R. or ct › g Hu t Vi › en voiture L anc . Bl se us cinéma Marcel Pagnol Rue e Ru ro La re THÉÂTRE 71 › s n rti Ma ier in ule Ru n ssi Fa R. e Ru Place du 11 Novembre y Av .J . eH u To ed Ru .P Av velib’ arl .V eE Ru Parking public rr Fe à pied rié Poste a el uv elo lC velib’ r R R › ab e Ru Led ola .Z E ue nan ru eG M Ru e a Edg › e E. R et uin rd Q Ru Place de la République ha e inar d › eC sd lle u Ga › Ch le ar he P Rue Bd Malakoff Plateau de Vanves ique dolp eu Bl › J. hér Bd A Ru n ze › Bd P Av. de Por la de Vante ves Ouvert avant et après les représentations, on peut y boire un verre et y déguster tartines, petits plats et desserts aux saveurs inspirées et cuisinés maison. Un endroit convivial où retrouver ses amis, les équipes artistiques et l’équipe du théâtre, assister aux brunchs, aux Jazzamalak !, à certains éclairages autour des spectacles et aux goûters ludiques MIAM ! Miam ! des dimanches de représentations jeune public › si vous êtes nombreux, n’hésitez pas à réserver – Émilie Baboz 06 09 59 83 04 rt cou ani R. D is or Ru .M eV