Archipel N° 71
Fouille au-dedans de toi, c’est au-dedans qu’est la
source du bien, et elle peut jaillir sans cesse
si tu fouilles toujours.
Pensées pour moi-même. Marc-Aurèle. Les Belles Lettres.
E
n écoutant certaines remarques lors de notre
AG, sont montées en moi des questions, en
particulier sur l’articulation entre l’expérience
religieuse et le questionnement philosophique.
Car, se ressourcer est probablement utile pour
« garder la forme », bien dormir, rester de bonne
humeur, faire face aux aléas de la vie, etc.
Mais, derrière cette fonctionnalité, il en est une
autre qui relève de l’existentiel. Pour l’homme
religieux comme pour le philosophe se pose la
question de la mort et, avant cela, celle du sens de
la vie. Qu’est-ce qu’une vie bonne, se
questionnent les philosophes ?
Qu’est-ce qu’une vie de croyant, se
demandent les religieux ? Comment
réussir sa vie, s’interroge tout un
chacun ?
Nous savons par exemple que les
valeurs morales, indispensables à la
vie en communauté, et les valeurs
spirituelles, qui tentent de dire
quelque chose du côté du sens, ne
sont pas de même nature.
Qu’est-ce donc que la morale ?
La morale repose, pour faire court,
sur deux grandes idées : le respect et la
bienveillance ; le respect de l’autre ne suffit pas,
la bienveillance non plus ; je peux penser être
bienveillant mais oublier de respecter l’autre (je
lui impose ce que je pense bon pour lui, par
exemple) ; je peux le respecter mais ne pas être
bienveillant (en étant indifférent à son malheur,
par exemple). Respect de l’autre, aussi
« étranger à soi-même » soit-il… d’un côté /
bienveillance, générosité, gentillesse, bonté…
de l’autre. Les règles de la morale sont pour
aider à la vie en commun, contenir les égoïsmes
et faciliter le vivre ensemble ; elles sont
nécessaires à une vie bonne… mais elles ne sont
pas suffisantes pour donner un sens à sa vie et à
son questionnement.
Car respecter l’autre et lui
apporter du bien n’empêchent
nullement de souffrir, d’avoir peur
de la mort, de mourir, parfois
difficilement et douloureusement,
ou… de perdre un ami, d’être
malheureux en amour, de se poser
des questions insolubles sur le
sens de la vie. C’est cela le
spirituel.
Nous connaissons tous les
spiritualités avec des dieux : elles
s’appellent souvent religions
(même quand elles n’ont pas à
« Se ressourcer est probablement utile pour « garder la forme », mais
derrière cette fonctionnalité, il en est une autre qui relève de l’existentiel.
Comment réussir sa vie, s’interroge tout un chacun ? » Pour l’auteur de ce
texte, la réponse est à chercher du côté du sens…
Philosophes grecs
2 Archipel N° 71
LE DOSSIER
proprement parler de Dieu, comme le
Bouddhisme ou le Taoïsme, ou en ont beaucoup,
comme l’Hindouisme) ; elles appartiennent à cet
espace spirituel dans lequel le religieux répond à
la question de fond. Globalement, à leur façon,
elles affirment qu’il y a du sens à la vie, qu’il y a
quelque chose après la mort et que l’on peut
« sauver sa vie ».
Il existe des spiritualités sans Dieu, laïques,
authentiques et profondes. On y retrouve les
grandes questions du monde et des liens souvent
étroits avec la philosophie, les arts, la mythologie,
la psychanalyse. Il s’agit pour elles de donner sens
et perspective à une vie bonne, bien au-delà d’une
simple morale de vie. Mais sans que la présence
d’un Dieu soit nécessaire.
Comment croire et vivre sa foi ?
s’interrogent les religieux. Comment
avoir une vie bonne ? se demandent
les philosophes laïcs. Dans cette
perspective, essayons de faire un tour
rapide et sans prétention de l’histoire
de la philosophie en particulier dans
son articulation avec le religieux. Peut
-être pour tenter de comprendre
pourquoi nous sentons le besoin de
nous ressourcer ? Je vous propose de
commencer par le berceau de la
religion et de la philosophie
occidentale : La Grèce.
Nommons les mythographes (ceux
qui ont écrit les mythes) : Homère (pas certain
qu’il ait vraiment existé) dès le 8ème siècle av. JC
avec Ulysse, Hésiode avec sa Théogonie au 7ème
siècle, puis les grands tragédiens avec Eschyle,
Sophocle et Euripide (pendant l’extrêmement
riche mais court siècle de la tragédie grecque du
6ème au 5ème siècle AC )… puis les grands
philosophes avec Socrate, Platon (428-348 AC),
Aristote et les Stoïciens… ; ce sera ensuite le tour
des Latins, avec Virgile (l’Énéide, c’est un peu le
même récit que l’Odyssée), Tite-Live, Ovide et
Apulée qui prendront le relai. Ils vont penser le
monde et tous disent que les hommes sont des
fragments d’éternité.
Les grands mythes grecs, c’est d’abord
l’Odyssée, premier grand texte philosophique et
longue méditation sur la vie et la mort ; puis,
dans la Théogonie d’Hésiode, c’est la naissance
du monde et des dieux, d’abord le Chaos et les
Titans puis les Olympiens. Il ne s’agit nullement
de fables pour les enfants ! Ce qui est raconté là,
c’est le passage douloureux du chaos initial (le
grand foutoir sans aucun sens ni ordre) à
l’harmonie cosmique (avec une perspective et la
mise en place d’un sens). L’affirmation de cette
philosophie, c’est que le monde n’est pas un
chaos mais un ordre harmonieux et que la « vie
bonne » consiste à s’accorder avec ce monde.
Cela passe par la connaissance, la contemplation
de la perfection du monde et la mise en accord
de soi avec cette harmonie. Certes, pour les
Grecs, la mort nous fait perdre la part
personnelle de notre existence individuelle mais
elle nous introduit dans le monde
du divin. Les Grecs proposent une
immortalité : mais celle-ci est
anonyme, inconsciente, aveugle
dans un sens, car l’individu se
fond dans un cosmos
transcendant.
Le relai de la mythologie, c’est
la philosophie. Celle-ci est en fait
la forme laïque (ou laïcisée) de la
mythologie ; plus largement :
toute philosophie est
probablement une forme laïcisée
du religieux. Les deux approches
ont les mêmes buts : s’interroger
et tenter de répondre aux grandes questions :
quel est le sens de la vie, où va-t-on après la
mort ?… La sagesse grecque se définit comme
mise en harmonie de soi avec l’harmonie du
monde : le sage a vaincu la peur de la mort…
Je voudrais revenir sur l’articulation entre
l’interrogation philosophique sur ce qu’est une
vie bonne et l’interrogation religieuse. Jean-
Pierre Vernant a montré combien la naissance de
la philosophie, juste après les grands récits
mythologiques, n’est pas affaire de connaissance.
«
La sagesse grecque se définit comme
mise en harmonie de soi avec
l’harmonie du monde : le sage a vaincu la
peur de la mort… »
3 Archipel N° 71
LE DOSSIER
Il y avait eu les grands mythes, l’Odyssée
d’Ulysse et la théogonie d’Hésiode en
particulier, puis la courte période de la tragédie
grecque… et c’est qu’a jaillit la philosophie.
JP Vernant a expliqué que son émergence
provient essentiellement de la laïcisation de
l’ensemble des mythes, de la sécularisation
(passage du religieux au laïc) de l’existence. Les
philosophes ont repris le corpus complet de la
mythologie et, à partir de là, ils ont construit leur
pensée. Muthos (le mythe) se transforme en
Logos (la parole, la pensée, la parole…), le
mythe devient philosophie et celle-ci parle de
causalité, de destin, du sens de l’Histoire, de
finalité… ou de l’âme, de la vie après la mort…
On passe du sacré au profane, certes. Mais l’on
parle toujours d’harmonie, de « vie bonne ».
Dans la pratique, les philosophes grecs ne parlent
plus du dieu Ouranos mais… du Ciel, plus du
dieu Pontos mais… de la symbolique de l’eau,
plus de la déesse Aphrodite… mais de l’amour ;
Cronos devient Chronos avec un H et les
philosophes parlent… du temps qui passe... On
était avec les dieux de l’Olympe, on se retrouve
avec les Idées Platoniciennes, c’est la même
chose, sous une forme laïque. La philosophie
plus tardive va vivre la même chose : Kant (1724
-1804) et l’idéalisme allemand ne sont que la
forme laïcisée de la Réforme Protestante. Il s’est
encore agi d’une sécularisation du
christianisme réformé. Encore de nos jours, les
Droits de l’Humain, l’humanisme démocratique
comme une part de la philosophie contemporaine
sont basés sur les fondements moraux du
christianisme : égalité morale et civique, liberté
et autonomie, place de l’amour de l’autre… ;
sans référence à un divin mais dans des valeurs
éthiques partagées, alors même qu’il n’y a pas
(selon moi du moins) de morale évangélique.
Puis, à la même époque ou peu après, de
grands « personnages » sont venus incarner un
message spécifique : Bouddha en Inde (6ème
siècle AC), Confucius en Chine (551-479 AC),
puis, au début de notre ère, le Christ en
Palestine… avec cette curieuse idée d’un Dieu
qui se fait homme : là, le divin et l’humain se
joignent, l’absolu et le relatif se confrontent en
une seule entité et celle-ci prend corps.
C’est au cœur de la grande tradition juive que naît
le Christ ; peu avant, avec le livre des Macchabés
(Bible), la question de la vie après la mort fait son
apparition. Le christianisme va proposer une
vision très différente de la perception des Grecs ;
car il affirme la résurrection corps et âme, pour
tous les individus, pour chaque personne
singulière, avec la promesse de retrouver tous
ceux que chacun a aimés. Mutation radicalement
révolutionnaire dans la perception du monde ; et
ce d’autant que le divin s’incarne ! Il ne s’agit
plus de participer à la transcendance des dieux
après la mort, comme dans la pensée grecque,
mais d’être « sauvé » de la mort, sans risquer la
disparition de notre mémoire (notre passé) et avec
la promesse d’être réunis avec tous ceux que nous
avons aimés. La perspective de la vie ne s’inscrit
plus d’abord avec… les autres hommes, elle se
place… en Dieu. La « raison grecque » s’est
effacée devant une autre « valeur » : la foi
chrétienne.
Bien sûr, la vie éternelle, proposée par le
christianisme, surtout en compagnie de ses
proches, est autrement plus « tentante » que
l’idéal spirituel des grecs : car la vision chrétienne
de la vie est personnelle, humaine et dépasse la
mort, tout en donnant une place à la mémoire et
au corps. Elle abandonne en quelque sorte la
spécificité de la Raison, chère au Grecs, pour
privilégier la valeur de la Foi. Et cela va durer
quasi 15 siècles, entraînant, par la suite, la
naissance du grand courant de l’humanisme laïc !
Bien sûr, après, cela va se compliquer un peu.
De nombreux penseurs vont réagir contre cette
perspective : surtout à partir du XVIIIème, avec
Diderot et Voltaire affirmant que le religieux
relève d’une superstition, Feuerbach parlant
d’aliénation, puis Marx d’opium quoique
«
Les grandes questions existentielles
ont toujours habité la pensée des
hommes. Les mythes, les grands récits
fondateurs, les légendes ou les contes,
chacun à sa manière a tenté de mettre en
scène une réflexion sur la finalité du
monde. »
4 Archipel N° 71
LE DOSSIER
souhaitable - du peuple, Nietzsche et son
nihilisme et son désir de dépassement, Freud avec
l’idée d’une névrose collective… D’autres
perspectives vont à leur tour proposer des visions
humanistes de la vie, mais sans dieu. On parle des
grandes « religions de salut terrestre » : le
marxisme fut l’une de celles- et il n’est pas
impossible qu’un certain écologisme athée
contemporain ne veuille s’en réclamer à son tour.
On s’appuie sur les « droits de l’humain, le
progrès, une société idéale » On retrouve
souvent un idéalisme qui, lui aussi, invite à une
transcendance sans dieu.
Il est clair que le religieux fonde, structure,
puis accompagne une grande partie des
communautés humaines, si ce n’est la
totalité. On retrouve l’une des
étymologies de religion : religare en
latin = relier (les hommes entre eux,
via le divin). Car c’est le religieux qui
donne sens. La quasi-totalité des
conflits ou des guerres (Yougoslavie,
Irlande, conflit chiites/sunnites…)
sont de nature communautaristes et en
lien avec le religieux. Certains ont
même pu penser que le religieux était
le grand pourvoyeur des guerres. La
religion relie les humains, assurant la
formation de communautés soudées ;
mais elle est aussi au cœur des
conflits. Certains ont aussi pu dire
que le religieux est toujours pour
tenter de contenir la violence. C’est
d’autant plus paradoxal que la valeur
de fond du christianisme, puis de
l’humanisme qui en a découlé, c’est
celle de l’amour.
L’amour est devenu à notre
époque le grand principe métaphysique, le sens
ultime que chacun peut donner à son existence.
L’amour est un absolu, un sacré qui fonde, qui
crée et fait vivre toute relation, qui invite au
sacrifice (sacrum-facere = faire du sacré) et
précise le sacrilège (sacrum legere = voler, violer
le sacré = non-respect du sacré, de l’autre, non-
bienveillance, non-respect des morts…). Certes,
nos « objets d’amour » ont changé : plus personne
n’a très envie de risquer sa vie pour Dieu (on voit
ce que cela donne chez certains fondamentalistes),
sa patrie, son travail, la volution… Cependant,
nombreux sont ceux qui sont prêts à le faire
pour ceux qu’ils aiment : c’est cette valeur de
l’amour, valeur intrinsèquement chrétienne, en
rupture par rapport aux pensées antérieures, qui
fonde un nouveau rapport au sens de la vie.
L’amour est devenu la perspective ultime de
l’existence, dans la « Philia » de l’amour
fraternel, dans « l’Eros » de la relation
amoureuse, comme dans « l’Agapè » de l’amour
totalement désintéressé (3 mots en grec pour
parler de l’amour/ Cf. Platon et Le Banquet,
Évangile de Jean, chapitre 21). Pour les
chrétiens, mais aussi pour les philosophies
laïques se revendiquant de cet amour qui
transcende l’existence. De cela,
chacun peut en faire l’expérience au
jour le jour, sans avoir besoin de
recourir à des grandes questions
philosophiques (le Bon, le Juste…)
mais seulement à partir du ressenti
d’une expérience humaine, réellement
transcendance… Pour le religieux,
l’objet d’amour est le prochain et,
ultimement : Dieu ; pour le philosophe
laïc, c’est l’autre seulement, sans
Dieu. Avec l’amour dans les deux cas.
La question du sens de la vie est
essentielle à l’existence. Déjà Homère,
le poète aveugle (Homère = aveugle)
en parle. Calypso est tombée
follement amoureuse d’Ulysse, elle
l’invite à rester auprès d’elle et le
cache (caluptein = cacher) ; elle lui
promet une jeunesse éternelle et
l’immortalité et cherche à lui faire
oublier Ithaque…
Mais Ulysse va tous les soirs
pleurer sur un rocher : il n’a pas sa juste place
dans l’Univers. Une vie de mortel bien réussie,
près de chez soi (dans le sens symbolique
comme dans le sens physique) est préférable à
une vie d’immortel ratée : c’est pourquoi Ulysse
refuse la proposition de Calypso. Tout y est…
Dans les religions, il y a souvent un Dieu qui
sauve, comme dans les religions abrahamiques
(judaïsme, christianisme, islam) et conduit au
Paradis ; ou un espace où l’on est libéré de la vie
«
La question
du sens de la
vie est essentielle à
l’existence. »
5 Archipel N° 71
terrestre et où l’on rejoint le Nirvana (comme
dans l’hindouisme ou le bouddhisme). Cela
requiert une adhésion à ce Dieu (on appelle cela
la foi). Dans les philosophies laïques, c’est la
raison et l’ajustement de son comportement à
une vie bonne qui donnent sens à l’existence.
Chez les philosophes comme chez les religieux,
on s’interroge sur l’existence humaine, sur ce qui
la fonde, sur ce qui lui donne du sens, sur la mort
et l’après-mort, sur la question du salut (la
sotériologie) : vais-je après ma mort ? Et
comment serai-je « reçu » ? Irai-je au Paradis,
au Nirvana ?
Déjà, à l’époque des philosophes grecs, on
attendait d’eux qu’ils aident à rester « droit » : la
philosophie est une « orthopraxie », pas
seulement un jeu de la pensée. Marc-Aurèle, le
grand stoïcien, se parle à lui-même ; il tente de se
libérer de ses émotions négatives (peur, colère,
mélancolie, solitude, chagrin, désirs
incontrôlables) ; il réfléchit sur les deuils qu’il
traverse. Il s’agit pour lui de tenir le cap de ses
choix, d’admirer la beauté du monde en étant
dévoué aux autres.
Les grandes questions existentielles ont
toujours habité la pensée des hommes, via les
mythes, les grands récits fondateurs, les légendes
ou les contes ; chacun à sa manière a
tenté de mettre en scène une réflexion
sur la finalité du monde. Ces créations
« littéraires » sont fondamentalement
de nature religieuse. L’essence qui
soutient leur création tente de relier
(religare) les parties séparées du
monde pour en faire une lecture
globale et mettre cela en perspective,
en sens.
Dans tous les cas, les croyants
religieux sont invités à faire l’expérience du
divin ; cela se joue dans le cu d’une relation
avec une altérité radicale : Dieu ne se prouve
pas, il s’éprouve. Le croyant accepte avec
humilité d’être sauvé par un Autre ; il accepte de
lâcher sa raison pour se placer dans l’optique
d’une révélation et d’une foi en cet Autre. La vie
« juste » passe dans la relation au divin mais
s’enracine avant tout dans la relation à l’autre :
« Aimez-vous les uns les autres ». C’est tout le
génie du christianisme que d’avoir mis l’amour au
centre de la vie et de l’avoir focalisé au cœur de
l’individu, dans son intimité, sa liberté, son
autonomie et surtout son évaluation intérieure. La
parole chrétienne invite à dépasser la loi stricte
(en particulier juive) : le jugement intérieur vaut
plus que le décalogue en quelque sorte. « Il n’est
rien d’extérieur à l’homme qui, pénétrant en lui,
puisse le souiller, mais ce qui sort de l’homme,
voilà ce qui souille l’homme » (Marc, 7, 15).
Certes, de nos jours, le religieux est devenu
quasi exclusivement réservé à la sphère privée.
Nous avons vécu la fin de la toute-puissance du
« théologico-religieux » : c’est heureux car ce
n’est probablement pas au religieux de structurer
l’espace public. Les attentats récents en France et
en Belgique montrent cependant combien le
religieux (ici dans sa forme perverse ou
manipulée) reste au cœur du monde, un religieux
encore tâche aveugle d’une certaine sociologie.
Avec le christianisme naît aussi l’individu
puisque c’est sur lui que repose la question de la
valeur suprême, la loi de l’amour. Le discours du
Christ repose sur cette subjectivation de soi, bien
au-delà des lois, fussent-elles soi-disant divines.
C’est à chacun de choisir, selon son évaluation
intérieure.
Reste donc la question de… l’existence de/
d’un Dieu. Je me souviens d’un échange voici
plus de 20 ans avec un théologien très connu ; je
venais lui demander d’écrire un article pour la
revue de la Fédération Jalmalv ; notre échange
(c’est surtout lui qui « savait », j’étais un
« gamin » à l’époque) s’est conclu par sa
remarque : « La question est bien : existe-t-il un
Tout Autre ? » C’est peut-être cela la grande
énigme. Voir l’énigme de la foi. Pas de la foi en l’
LE DOSSIER
«
les philosophes grecs ne
parlent plus du dieu
Ouranos mais… du Ciel, […]
On était avec les dieux de
l’Olympe, on se retrouve
avec les Idées Platoniciennes,
c’est la même chose, sous une
forme laïque. »
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