AVANT-PROPOS
Ce livre s'adresse à tous ceux qu*intéresse l'épopée
napoléonienne.
Il semble que tout ait été dit sur les relations
et les différends de Napoléon avec l'Angleterre.
Cependant un point n'a pas été entièrement
éclairci : c'est l'histoire des relations diploma-
tiques entre l'empereur et le cabinet britan-
nique, depuis la rupture de la paix d'Amiens en
1803 jusqu'à la première abdication on 1814. En
effet, malgré l'état de guerre constant, il yeut
des rapports de cabinet à cabinet, qui avaient
pour but d'opérer un rapprochement, soit direc-
tement, soit indirectement.
Les principaux historiens de Napoléon leur ont
consacré quelques pages, mais en les reléguant
au second plan, tant les événements militaires
effacent tous les autres dans la carrière de Napo-
il NAPOLEON ET L'ANGLETERRE
léon. Les écrivains de Sainte-Hélène otrempe-
reur lui-môme n'y ont fait que de rares allu-
sions.
Ces relations diplomatiques offrent pourtant
un grand intérêt, surtout exposées dans leur
ensemble, parce qu'elles découvrent un côté
peu connu de Napoléon. Elles expliquent aussi,
par la manière dont elles furent engagées et
rompues, pourquoi tout rapprochement devint
impossible entre les deux nations.
Dans le tome VI (2e partie, chapitres iti et iv)
de VEurope et la Révolution française, qui vient de
paraître, M. Albert SORELfait retomber tout le
blâme de la rupture de la paix d'Amiens, en
1803, sur les Anglais; A. TuiEtts, Armand
LEFEBVRE,
PIGNONet d'autres historiens éminents
avaient déjà soutenu cette thèse, avec moins de
talent.
On verra par la lecture do nombreux docu
ments des archives des Affaires étrangères de
Paris, et des Archives nationales, laissés dans
l'ombre jusqu'à ce jour, si cette assertion est
conforme à la réalité des faits. Ces documents
nous permettront d'établir nettement les res-
ponsabilités de la rupture de la paix d'Amiens.
La Hollande en fut la véritable cause. En con-
tinuant d'occuper. Flessingue et Utrccht con-
AVANT-PROPOS ni
traircment aux engagements formels qu'il avait
pris par les traités de Lunévillo et la conven-
tion de la Haye, Bonaparte donnait aux Anglais
le droit de conserver Malte comme équivalent.
En vain lui proposa-t-on un arrangement; il ne
consentit jamais à évacuer la Hollande malgré
les justes réclamations du cabinet britannique,
et le força ainsi de rappeler lord Withworth.
Nous expliquerons ensuite pourquoi les pour-
parlers ouverts en vue du rétablissement de la
paix, en 1806, en 1808 et en 1810, n'aboutirent
pas.
Nul ne conteste que Napoléon fut un adminis-
trateur hors ligne et le premier chef d'armée des
temps modernes. Nous allons voir, par la publi-
cation de papiers d'Etat inédits et authentiques,
ce qu'il valut comme diplomate, et quels pro-
cédés de discussion il employa, non pas avec une
nation qu'il tenait à sa discrétion, comme l'Au-
triche ou la Prusse, ou sous le charme de sédui-
santes et fallacieuses promesses comme la
Russie, mais avec un peuple qui lui résistait et
voulait traiter avec lui d'égal àégal.
Napoléon appartient àl'histoire, et ce n'est
pas, croyons-nous, porter atteinte à sa gloire
que de ramener ses actes àleurs justes propor-
tions.
IV NAPOLEON ET L'ANGLETERRE
C'est le devoir do l'historien de s'exprimer en
toute franchise, et c'est parce que nous com-
prenons ce devoir que nous avons écrit cet
ouvrage.
P. C.
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