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de réfléchir. EE Schmitt veut passer d'une conception tragique de la mort à celle d'une
conception pacifiée : la mort est un mystère dont on ne sait rien.
3.2 Oscar et la dame rose
La mort cependant nécessite la lucidité et le courage que possède le jeune Oscar, enfant atteint
d'une leucémie. Jeune garçon, EE Schmitt a souvent fréquenté les hôpitaux pour accompagner
son père kinésithérapeute ; l'univers de la maladie lui est donc familier. Il est extrêmement
anxiogène de penser que ni la mort ni la maladie n'existent, il est préférable de savoir "jouer"
avec cette maladie, de la "mettre à distance" par l'humour. De plus, pour avoir accompagné,
adulte, des êtres dans la mort, EE Schmitt veut nous dire que ce qui est important, devant
l'échéance de la mort, n'est pas de guérir mais de savoir affronter ces moments-là, d'être capable
de "vivre" encore au seuil de la mort. Pour cela, les enfants ont une lucidité extrême. L'enfant
n'a pour raisonner que ses concepts, il n'est pas influençable par la culture : l'enfance est l'âge le
plus philosophique qui soit. L'enfant est un héros philosophique puisque le propre de la
philosophie est de s'étonner, de s'émerveiller, de poser des questions et de vouloir des réponses !
4 Mystère et Création littéraire
La création est le plus grand mystère de l'écrivain. Il donne sa vie à cela : créer et partager des
histoires avec ses contemporains. On écrit un livre parce que ce livre nous manque, on en a le
désir et il n'existe pas. L'écriture est comme une nécessité qui finit par s'affirmer. Les idées
viennent de la vie, de ce que sont les gens, et parfois d'obsessions. Écrire est un acte très
féminin, proche de celui de la femme lorsqu'elle met au monde son enfant. La gestation est lente
et parfois imperceptible, certains éléments se mettent tout seul en place, le sommeil joue un rôle
important dans cette inspiration entre le volontaire et l'inconscient. La rédaction du livre, qui
serait l'accouchement, est rapide ! Composer est long : rédiger n'est rien.
5 Conclusion
Faut-il s'aimer soi-même pour aimer les autres ?
Oui, bien sûr ! Être en harmonie avec soi-même, mais le terme "s'aimer" est peut-être un peu
fort, si s'aimer est justement se préférer soi-même ! Il vaudrait peut-être mieux se débarrasser de
soi pour être plus présent aux autres. C'est en s'abandonnant soi-même que l'on est mieux et non
pas en s'aimant mieux.
Suspicion de l'optimisme
EE Schmitt refuse l'idée répandue qu'il peut paraître plus intelligent de parler avec pessimisme,
sous prétexte de lucidité. L'optimiste aussi est lucide, il a mal aussi, il sait ce qui ne va pas, mais
il décide de créer et de faire vivre ce qui va. Propos illustrés dans "Monsieur Ibrahim et les
fleurs du Coran" : "Le non, tu l'as dans la poche, le oui, va le chercher".
"Je préfère épaissir les mystères que les résoudre."
Bibliographie : chez Albin Michel
Mes Évangiles(2004), L'enfant de Noé (2004), Petits crimes conjugaux (2003), Oscar et la dame
rose (2002), Lorsque j'étais une œuvre d'art (2002), La Part de l'Autre (2001), Monsieur Ibrahim
et les fleurs du Coran (2001), L'évangile selon Pilate (2000), Hôtel des deux mondes (1999),
Frédérick ou le Boulevard du crime (1998), Milarepa (1997), Diderot ou la Philosophie de la
séduction (1997), Le libertin (1997), Variations énigmatiques (1996), Golden Joe (1995), La Secte
des égoïstes (1994), Le visiteur(1993), La nuit de Valognes(1991).