a crise de-ci, la crise de-là. Sur les infos
du matin et sur celles du soir. Des
emplois supprimés, des processus de
recrutements gelés. Qu’en est-il du
Maroc ? Sommes-nous à l’abri de cette
crise ?
Si l’on se réfère au chœur, très
volontariste, de nos responsables gouvernementaux
chevronnés, e.g, M. JOUAHRI, wali de Bank
Almaghrib, annonce bravement : ”Notre système
bancaire est immun”. Affirmation vériste car, selon
l’agence Fitch, seuls 4% et 3%, respectivement, des
actifs et passifs des banques marocaines sont
investis en devises étrangères à fin aout 2008,
offrant ainsi peu d’exposition à l’international et
minimisant les risques sur l’économie réelle. Le
HCP (Haut Commissariat au Plan) est plutôt
incrédule mais rassure : ”L’impact de la crise est
relativement limité”. M. OUALALOU, ancien
argentier du royaume s’aventure encore plus loin :
”Le Maroc pourrait spéculer de la conjoncture
mondiale critique”. Un propos non sans fondement
raffermi par la baisse des coûts de l’énergie et la
hausse des salaires de 5 à 10%. Déclarations du
moins lénifiantes.
En fait, vu l’insularité du système bancaire
marocain, on peut dire - sans trop s’avancer - que
celui-ci est à l’abri de la crise économique
internationale. Il en va tout autrement au niveau
macroéconomique. Là, le risque s’en trouve
rehaussé vu la croissance européenne qui pique
franchement du nez en 2008 et 2009.
Trois domaines peuvent coûter cher à l’économie
marocaine: Les transferts des MRE, les
Investissements Directs Étrangers (IDE) et les
exportations.
Au niveau des transferts des MRE, entre décembre
2007 et décembre 2008, la diminution est de 2,55%.
La tendance à la baisse s’en trouve même accentuée
pour les IDE qui se sont contractés de 23%. Quant
aux exportations nationales, la situation est
franchement préoccupante. On enregistre une baisse
inexorable durant le second semestre 2008 passant
ainsi de 15,1 Md.MAD en juillet à 7,8 Md.MAD en
décembre. Les opérateurs industriels marocains le
disent: c’est le bouillard.
Le gagne-pain et booster de l’économie nationale,
l’OCP en l’occurrence, fut dans une période de
convalescence qui a duré 2 mois et, de surcroit, des
rumeurs circulent que son processus de recrutement
gèlera jusqu’en 2012. À Managem, plus de 20
ingénieurs, tous profils confondus, limogés involare.
Des congés forcés du côté de Delphi et Suez… Un
communiqué laconique de l’ASTM (Agence
Spéciale de Tanger Med) reconnait clairement : ” le
projet est sérieusement compromis”. Le projet phare
de Renault-Nissan qui devait créer quelques 6.000
emplois directs se voit repousser la date. In fine et
récemment, Samaa Dubai déloge des côtes du
Bouregrag.
Les spécialistes le disent : ” C’est une crise de
confiance”. Finie la période où l’on lançait des
projets à tout va et où l’on recrutait n’importe quel
profil à tour de bras. Les entreprises font plus
attention à leurs dépenses et prospectent des profils
expérimentés, polyvalents et rapidement
fonctionnels.
Donc, devrions-nous croiser les doigts pour l’avenir,
et rester résolument optimistes, ou alors le destin
réserve des surprises absconses pour l’ingénieur
marocain dans cette conjoncture ? Nul ne nous en
avisera mieux que des acteurs de la scène.
À vos plumes !
EDITO
ENIMAG | N°3 Septembre 2009
Souheil SGHIOURI
Lauréat ENIM 2008
Génie des Procédés Industriels
Option : Ingénierie de Procédés
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