DOSSIER
15 BRON MAGAZINE 254 > SEPTEMBRE 2014
BRON, 3 SEPTEMBRE 1944
Une page particulière dans l’histoire du monde
Résistants et Brondillants,
ils sont acteurs de la Libération
Ils se nommaient Buisson, Nitain, Poujade,
Totor... “alias”, leurs noms d’entrée dans la
clandestinité. Il faudra attendre la fin de la
guerre pour que leur véritable identité soit dé-
voilée. Mais hélas pour beaucoup, ce voyage au
bout de la guerre, sera un voyage jusqu’au bout
de la nuit. Engagés contre le fascisme,
le nazisme, l’Occupation allemande, les
Résistants des différents réseaux vont se
retrouver “naturellement” au premier rang des
libérateurs dans les villes de la Région.
À Bron, ils rejoignent, sous le commandement
de Pierre Dubœuf, les forces alliées, franco-
américaines et c’est ensemble qu’ils libèrent
Bron. Afin de leur rendre hommage à travers le
temps, de se souvenir, de chercher à toujours
savoir qui ils étaient, à connaître aussi le prix de
leur engagement, connus ou restés dans l’ano-
nymat. Beaucoup d’entre eux sont présents
dans la Ville à travers leurs noms donnés à de
nombreux lieux, rues et équipements de Bron
par les municipalités successives. Alors, quand
vous ferez du sport au Stade Pierre Dubœuf, des
fêtes à l’Espace Roger Pestourie, quand vous
vous cultiverez à la Médiathèque Jean Prévost,
quand vous irez au marché place Curial,
vous aurez une pensée reconnaissante pour
tous ces hommes et ces femmes auxquels nous
devons de vivre libre, en démocratie et en Répu-
blique, mais réfléchir aussi, encore et toujours,
au sens si actuel de leur engagement. Nous ne
pouvons tous les citer, voici quelques-unes des
figures emblématiques
de ce combat pour la liberté.
Roger Pestourie, jeune communiste,
entre en Résistance à 20 ans dans le Lot. Il va être
appelé à Lyon auprès de Jean Moulin pour réunifier tous les
mouvements de jeunesse devenant cofondateur des Forces
Unies de la Jeunesse Patriotique en zone sud. À la Libéra-
tion, il restera dans la région et s’ancrera à Bron, laissant
sa marque politique, sociale et artistique sur toute la ville.
Adjoint au Maire, décédé en 2011, ce grand amateur de peinture et d’art donnera une partie de sa
collection de peinture lyonnaise à la commune. Le Capitaine Pierre Dubœuf, alias “Capitaine Nitain”,
devient en 1942 chef départemental de l’Armée Secrète, il libérera Bron à la tête
des Maquisards. (voir encadré ci-dessous). Son fils, Guy Dubœuf, 17 ans à peine,
devient agent de liaison dans la Résistance. Claudius Billon (alias “Buisson”), chef
Régional de “Combat”, organise dès 1940 la Résistance sur la base aérienne, puis le
recrutement des premiers membres de ce qui sera l’Armée Secrète. Arrêté et
torturé en février 1943, on ignore comment il a disparu.
Albert Chambonnet, chef d’État major régional des FFI,
organise l’Armée Secrète, il sera exécuté place
Bellecour en 1944. Jeanne Collay (1), arrêtée par la Gestapo, sera
déportée en 1944 au camp de Ravensbrück et libérée en avril
1945. Baptiste Curial, membre de la Défense Passive sera
assassiné en 1944. Eugène Guillemin sera dépor-
té et meurt à Birkenau, il n’avait pas vingt ans. Louis
Maggiorini, membre des Jeunesses Communistes, est arrêté par la
Gestapo en 1944, il sera fusillé à Saint-Genis Laval(1). Armand
Philippe, commandant des Forces Françaises Combattantes, arrêté par la
Gestapo en 1944, est déporté à Dachau puis à Bergen-Belsen,
il sera libéré en mai 1945. Jeanne Veses, avec son mari,
les “Totor”, seront agents de liaison dès 1941 en multipliant
les actions dans toute la Région. Mais aussi, bien sûr, André
Sousi, maire de Bron de 1971 à 1988. Il refusera de partir au STO
(le Service du Travail Obligatoire ) et entre dans les maquis de l’Ain à
l’âge de 25 ans. Il sera par la suite un fervent partisan de l’Europe et de la
réconciliation des peuples, en particulier avec le peuple allemand.
(1) Bron Magazine / juin 2014
Dans
ses souvenirs de Résistance
publiés en 1994, Roger Pestourie disait
« ne jamais avoir été inquiété car,
“habillé”».
Il avait des faux papiers.
Armand Philippe, alias “Jo” est
libéré en mai 1945 par les Anglais
du camp de Bergen-Belsen.
Rapatrié à Bron, il pesait alors
38 kg.
Pierre Dubœuf, un homme, un chef, un libérateur
Entrer en Résistance fut pour beaucoup d’hommes et de femmes un engagement total pour la
liberté. L’exemple de Pierre Dubœuf est là pour nous le rappeler...
Il faut s’imaginer
Pierre Dubœuf, dont
la famille habitait rue
de Reims, entrer dans
Bron à la tête de ses
troupes le 3 septembre
1944. Le commandant
Dubœuf, alias capitaine
Nitain, dirigeait alors
l’Armée secrète sur le
plan départemental,
autant dire que ses
responsabilités
dépassaient largement Bron. En août
1944, Pierre Dubœuf est à la tête de 12 OOO
hommes, dont 4000 armés. Son groupement
est composé de 350 officiers, sous-officiers
et soldats et c’est en lien avec tous les
maquis de la région qu’il va prendre part à
de nombreuses opérations. Le 3 septembre,
il libère Bron aux côtés des forces alliées
On peut imaginer l’émotion qui dut étreindre
cet homme pourtant aguerri au combat et
à la clandestinité, entré très tôt dans la
Résistance, au sein du groupe Combat. Son
fils Guy est présent. À 17 ans, il est déjà
agent de liaison et a échappé par miracle
aux tristement célèbres arrestations de
l’imprimerie de la rue Viala à Lyon. Mais l’heure
n’est pas aux seuls défilés, il faut encore
agir : avec son fils, mais aussi en compagnie
d’André Lacroix et de Charles Pont, Pierre
Dubœuf destitue le Maire mis en place par
Vichy, Charles Douillé, remplacé par le Comité
local de Libération que va justement présider
André Lacroix avant la mise en place d’une
nouvelle municipalité. Pierre Dubœuf veillera
aussi à l’ordre et à la sécurité de la ville, mettant
en garde les justiciers autoproclamés... Puis
nommé commandant militaire de Bron et de
la base aérienne, cet aviateur reconstitue
avec les anciens de son groupe, un groupe de
chasse pour combattre sur le front des Alpes.
Blessé à deux reprises, échappant à plusieurs
guet-apens dans la clandestinité, Pierre
Dubœuf reste une figure majeure de la
Libération. Sa famille, citoyens toujours
engagés, vit toujours à Bron. L’un des plus
grands équipements de la Ville, le stade, porte
son nom.
Le capitaine Dubœuf, “Nitain”.
La MéMoire pour L’avenir
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