L’approche goethéenne des plantes
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Dans les prés, les années de sécheresse
comme l’année passée, elle est l’une des
plantes les plus résistantes et peut ainsi
prendre le dessus sur les autres plantes. Sa
forme varie beaucoup selon la station où elle
pousse, montrant sa grande sensibilité aux
conditions environnantes que ce soit la
nature du sol ou l’intensité de la lumière et de
la chaleur.
Approchons-nous d’une touffe d’achillée
pour l’observer plus en détail. Ce qui marque
au premier abord est le contraste entre le vert
sombre dense de la tige et des feuilles,
marquées parfois de grenat- violacé avec le
large plateau de fleurs blanches. Poursuivons
l’observation de bas en haut, de la racine à
la fleur.
La racine est assez peu profonde, ce qui est
étonnant pour une plante résistant à la
sécheresse. Par contre, de nombreuses tiges
souterraines de couleur violacée colonisent le
terrain dans toutes les directions. Et les
pointes de ces rhizomes ressortent à la surface
en donnant naissance à de nouvelles rosettes
de feuilles. Ce mode de croissance lui
permet de former d’épais tapis dans les
pacages ou sur les talus résistant tant au pas
des moutons qu’au passage des engins. Ainsi
l’achillée est ancrée en terre moins par des
racines que par un système de tiges qui est
comme étalé, écrasé sous la terre et permet
ainsi cette grande résistance.
De ces rosettes s’élèvent des tiges rigides,
linéaires, plutôt sèches portant les feuilles vert
sombre finement découpées qui donnent son
nom à la plante. On observe la succession des
feuilles qui se sont formées les unes après les
autres sur la tige et sont donc des traces de
l’histoire de la plante (chaque feuille a un âge
différent). On constate que chaque feuille a
une forme différente de la précédente.
Cette métamorphose des feuilles (selon
Goethe) nous montre le résultat de l’action des
forces de vie, des forces créatrices de
forme spécifiques à la plante.
Les feuilles cotylédonaires sont fines,
tendres mais ensuite les premières feuilles sont
tout de suite fortement découpées tout en
restant insérées dans un pourtour précis ;
comparé à une série de feuilles « type » on
pourrait dire que l’achillée commence tout de
suite avec un type de feuilles révélant
l’influence des forces florales.
Les folioles (éléments des feuilles) se relèvent
en trois dimensions en créant une sorte
d’espace. A la fin de la métamorphose,
dans la contraction, les feuilles diminuent
toujours de taille avant la floraison. La
floraison tarde à venir mais dure ensuite
tout l’été.
Les inflorescences sont intéressantes par le fait
que chaque fois que l’on regarde plus près on
trouve de nouvelles unités plus petites : en fait
l’achillée est un bouquet de bouquets de
bouquets de fleurs ; on pourrait aussi dire
une fleur à la puissance 3. L’unité botanique, la
véritable fleur étant toutes petites : il faut la
loupe pour observer les petites fleurs en
étoiles ou en languettes (il en existe de 2
types).
Chaque plante fleurit à un moment précis de
l’année et on peut s’exercer à trouver le lien
entre la morphologie et toutes les
caractéristiques d’une plante (odeurs,
couleurs, toucher, etc.) et le moment de sa
floraison.
L’achillée fleurit en été au moment où le
soleil, après être passé au solstice à la St-Jean,
stagne un peu et commence à redescendre
dans le ciel. Plus exactement les arcs de cercle
qu’il parcourt dans le ciel deviennent chaque
jour plus court et plus bas, lentement. Celui
qui suit le rythme de la vie de l’année ressent
une sorte de midi de l’année en juillet-août,
c’est dans cette ambiance que fleurit l’achillée.
Il est intéressant de constater que de
nombreuses fleurs fleurissant dans cette
période forment des ombelles ou fausses
ombelles, des fleurs en plateau comme si
elles exprimaient par cette forme aplatie le fait
que le soleil redescende après l’aspiration
printanière vers le haut exprimée par les fleurs
du printemps en épi sur des tiges toujours plus
élevées.
On peut se demander dans quelle mesure
toutes ces observations peuvent nous aider à
mieux comprendre la plante et ses propriétés.
Ne vaudrait-il pas mieux faire une bonne
analyse chimique ? Et pourtant en ce qui
concerne un être humain, on sait bien qu’il ne
suffit pas de faire son analyse chimique pour
connaître son caractère son tempérament, ses
aspirations profondes. Essayons d’observer ce
qu’exprime la plante, de lire ce qu’elle nous dit.
Pour cela essayons de rassembler toutes