redressement prononcés pour 2012 ont d’ailleurs été largement dépassés (3.16 millions € en
2011 contre 3.42 millions € en 2012, soit une hausse de 8,31 %).
L’approche économique directe sur l’estimation du travail clandestin
Les dernières estimations de 2012 sur le travail clandestin représenteraient un manque à
gagner en cotisations sociales, évalué entre 13,5 milliards et 15,8 milliards d’euros par la
DGFPI, soit 0.7 % du PIB national. On peut raisonner par proportion et ramener ces estimations
au territoire francilien, en partant du principe que l’économie francilienne représente, selon
l’INSEE, en 2012, 29 % du PIB national. On estime donc le manque à gagner en cotisation
sociale, dû au travail clandestin en Ile-de-France, à près de 5 milliards d’euros sur un PIB
francilien défini en 2012 à 612 milliards d’euros ; un montant beaucoup plus important en
réalité, car le taux de redressement Urssaf en Ile-de-France constitue 47,7 % de tous ceux
prononcés dans tout le pays et toutes les études statistiques sur le travail clandestin en France
placent, quelle que soit l’année et le contexte socio-économique, l’Ile-de-France comme le
premier territoire français de développement… et de loin. En croisant ces différentes données
économiques, on évalue donc la part du travail clandestin en Ile-de-France à 4 % du PIB
francilien.
Rappelons que l’INSEE, en 2014, a changé le mode d’estimation du PIB à partir de la base de
données 2010, en intégrant le montant estimé de l’économie non observée dans celui de la
production intérieure brute. En comptabilité nationale, toute forme d’activité entreprise sur le
territoire doit être désormais intégrée, y compris l’économie non observée.
Du côté des sondages et des enquêtes directes auprès de la population française, le
dernier baromètre piloté par l’agence O2-Market Audit, révèle que plus d’un tiers des personnes
interrogées déclare avoir travaillé au moins une fois au noir en 2013 contre 13 % en 2008. Cette
forte augmentation du travail clandestin serait particulièrement significative dans les services à
domicile : accompagnement des personnes âgées, des malades, des handicapés, menus
travaux d’entretiens, services domestiques et garde d’enfants.
Certains observateurs expliquent cette hausse dans cette filière d’aide à domicile par les
réformes fiscales qui ont considérablement diminué la défiscalisation sur ce type d’emplois.
Proportion du travail clandestin dans l’économie souterraine
Si l’on inclut la fraude fiscale et la production illégale à cette mesure du travail clandestin, pour
avoir une estimation du manque de recettes sociales et fiscales générées par l’ensemble de
l’économie souterraine, on atteint selon l’économiste autrichien spécialiste de l’économie
informelle, Friedrich Schneider, près de 220 milliards d’euros en 2010, soit 11,7 % du PIB
français. Les petites et grandes astuces pour gagner plus sans payer d’impôts, de taxes ou de
cotisations sociales dans les pays développés deviennent de plus en plus courantes,
notamment à la faveur de la crise.
«A cause de la crise économique, l'économie souterraine aura augmenté en 2010 dans les
pays développés, après une hausse en 2009», écrit Friedrich Schneider. Selon ses calculs, la
part de cette économie souterraine dans le produit intérieur brut des pays de l'OCDE a
augmenté de 13,3 % en 2008 à 14 % en 2010. En France, ce ratio a crû de 11,1 % à 11,7 % sur
la même période.
La hausse peut paraître faible, mais elle marque une rupture avec la tendance à la baisse qui
durait depuis la fin des années 1990. Les pays Baltes et les pays d'Europe méditerranéenne se
caractérisent par les ratios les plus élevés. L'économie souterraine représenterait 25 % du PIB
en Grèce et autour de 40 % en Lettonie et en Estonie, toujours selon les travaux de Friedrich
Schneider ; autant de pays où la crise a frappé plus durement qu'ailleurs.
Ajoutons à ces comparaisons entre pays de l’Europe que l’hétérogénéité fiscale et sociale des
Etats européens n’est pas réglée par la directive européenne qui traite des travailleurs détachés