Lycée La Bruyère – Versailles – 1
ere
S.05 Mme MAESTRIPIERI
Lycée La BRUYERE VERSAILLES
Épreuves Anticipées de Français du baccalauréat - session 2012
Descriptif des lectures et des activités en Première S(05)
Madame M. MAESTRIPIERI
Lycée La Bruyère – Versailles – 1
ere
S.05 Mme MAESTRIPIERI
Objet d’étude : le personnage de roman
Groupement autour de
l’entrée en scène du personnage romanesque, du XVII
e
siècle à nos jours
OBJET(S) d'ETUDE et PERSPECTIVE(S) :
- Le roman et ses personnages : visions de l’homme et du monde.
- Histoire littéraire et culturelle : l’évolution du genre romanesque du XVII
e
siècle à nos jours.
PROBLEMATIQUE TRAITEE
En quoi la construction du personnage exprime-t-elle la vision du monde d’un auteur et d’une époque ?
CORPUS des LECTURES ANALYTIQUES :
1. Madame de LAFAYETTE, La Princesse de Clèves, incipit « Le portrait de M
elle
de Chartres » (1678)
2. Denis DIDEROT, Jacques le Fataliste, incipit (1778)
3. Honoré de BALZAC, Le Père Goriot, excipit (1834)
4. Louis-Ferdinand CELINE, Voyage au bout de la nuit, incipit (1932)
5. Michel BUTOR, La modification, incipit (1957)
LECTURES COMPLEMENTAIRES et DOCUMENTS :
Les Ménines, Diego VELASQUEZ (1656-57) / Les Ménines, Pablo PICASSO (1957).
Le déjeuner sur l’herbe, MANET (1863) / Le déjeuner sur l’herbe, PICASSO (1960)
Incipit de Manon Lescaut, Abbé PREVOST (1731)
Tableau synthétique des occurrences du personnage de Rastignac dans La Comédie humaine.
Incipit de L’Etranger, Albert CAMUS (1942)
LECTURE CURSIVE :
Manon Lescaut, Abbé PREVOST (1731)
AUTRES ACTIVITES PROPOSEES A LA CLASSE :
1. Origines et évolution du personnage de roman.
2. Travail sur un sujet écrit d’EAF « Le personnage de roman et l’Histoire » (extrait de la préface de
Cinq Mars – A. de VIGNY ; la bataille de Waterloo dans La chartreuse de Parme – STENDHAL, dans
Les Misérables – HUGO ; le tableau d’ANDRIEUX La bataille de Waterloo)
TRAVAUX PERSONNELS FAITS par le CANDIDAT :
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Madame de LAFAYETTE, La Princesse de Clèves (1678), première partie
« Le portrait de M
lle
de Chartre »
Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l'on doit croire que c'était une
beauté parfaite, puisqu'elle donna de l'admiration dans un lieu l'on était si accoutumé à voir de belles
personnes. Elle était de la même maison que le vidame de Chartres, et une des plus grandes héritières de France.
Son père était mort jeune, et l'avait laissée sous la conduite de madame de Chartres, sa femme, dont le bien, la
vertu et le mérite étaient extraordinaires. Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans
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revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l'éducation de sa fille ; mais elle ne travailla
pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre
aimable. La plupart des mères s'imaginent qu'il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes
pour les en éloigner. Madame de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures
de l'amour ; elle lui montrait ce qu'il a d'agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu'elle lui en apprenait de
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dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs
domestiques plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d'un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie
d'une honnête femme, et combien la vertu donnait d'éclat et d'élévation à une personne qui avait de la beauté et de
la naissance. Mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême
défiance de soi-même, et par un grand soin de s'attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d'une femme, qui est
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d'aimer son mari et d'en être aimée.
Cette héritière était alors un des grands partis qu'il y eût en France ; et quoiqu'elle fût dans une extrême
jeunesse, l'on avait déjà proposé plusieurs mariages. Madame de Chartres, qui était extrêmement glorieuse, ne
trouvait presque rien digne de sa fille ; la voyant dans sa seizième année, elle voulut la mener à la cour. Lorsqu'elle
arriva, le vidame alla au-devant d'elle ; il fut surpris de la grande beauté de mademoiselle de Chartres, et il en fut
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surpris avec raison. La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l'on n'a jamais vu
qu'à elle ; tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes.
Le lendemain qu'elle fut arrivée, elle alla pour assortir des pierreries chez un Italien qui en trafiquait par
tout le monde. Cet homme était venu de Florence avec la reine, et s'était tellement enrichi dans son trafic, que sa
maison paraissait plutôt celle d'un grand seigneur que d'un marchand. Comme elle y était, le prince de Clèves y
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arriva. Il fut tellement surpris de sa beauté, qu'il ne put cacher sa surprise ; et mademoiselle de Chartres ne put
s'empêcher de rougir en voyant l'étonnement qu'elle lui avait donné. Elle se remit néanmoins, sans témoigner
d'autre attention aux actions de ce prince que celle que la civilité lui devait donner pour un homme tel qu'il
paraissait. Monsieur de Clèves la regardait avec admiration, et il ne pouvait comprendre qui était cette belle
personne qu'il ne connaissait point. Il voyait bien par son air, et par tout ce qui était à sa suite, qu'elle devait être
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d'une grande qualité. Sa jeunesse lui faisait croire que c'était une fille ; mais ne lui voyant point de mère, et l'Italien
qui ne la connaissait point l'appelant madame, il ne savait que penser, et il la regardait toujours avec étonnement. Il
s'aperçut que ses regards l'embarrassaient, contre l'ordinaire des jeunes personnes qui voient toujours avec plaisir
l'effet de leur beauté ; il lui parut même qu'il était cause qu'elle avait de l'impatience de s'en aller, et en effet elle
sortit assez promptement. Monsieur de Clèves se consola de la perdre de vue, dans l'espérance de savoir qui elle
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était ; mais il fut bien surpris quand il sut qu'on ne la connaissait point. Il demeura si touché de sa beauté, et de l'air
modeste qu'il avait remarqué dans ses actions, qu'on peut dire qu'il conçut pour elle dès ce moment une passion et
une estime extraordinaires. Il alla le soir chez Madame, sœur du roi.
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Diderot, Jacques le fataliste (1735-1784), incipit
Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ?
Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. allaient-ils ? Est-ce que l'on sait l'on
va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous
arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut.
LE MAÎTRE: C'est un grand mot que cela.
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JACQUES: Mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d'un fusil avait son billet.
LE MAÎTRE: Et il avait raison... Après une courte pause, Jacques s'écria: Que le diable emporte le cabaretier
et son cabaret !
LE MAÎTRE: Pourquoi donner au diable son prochain ? Cela n'est pas chrétien.
JACQUES: C'est que, tandis que je m'enivre de son mauvais vin, j'oublie de mener nos chevaux à l'abreuvoir.
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Mon père s'en aperçoit ; il se fâche. Je hoche de la tête; il prend un bâton et m'en frotte un peu durement les
épaules. Un régiment passait pour aller au camp devant Fontenoy; de dépit je m'enrôle. Nous arrivons; la
bataille se donne.
LE MAÎTRE: Et tu reçois la balle à ton adresse.
JACQUES: Vous l'avez deviné; un coup de feu au genou; et Dieu sait les bonnes et mauvaises aventures
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amenées par ce coup de feu. Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d'une gourmette. Sans ce
coup de feu, par exemple, je crois que je n'aurais été amoureux de ma vie, ni boiteux.
LE MAÎTRE: Tu as donc été amoureux ?
JACQUES: Si je l'ai été!
LE MAÎTRE: Et cela par un coup de feu ?
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JACQUES: Par un coup de feu.
LE MAÎTRE: Tu ne m'en as jamais dit un mot.
JACQUES: Je le crois bien.
LE MAÎTRE: Et pourquoi cela ?
JACQUES: C'est que cela ne pouvait être dit ni plus tôt ni plus tard.
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LE MAÎTRE: Et le moment d'apprendre ces amours est-il venu ?
JACQUES: Qui le sait ?
LE MAÎTRE: A tout hasard, commence toujours...
Jacques commença l'histoire de ses amours. C'était l'après-dîner: il faisait un temps lourd; son maître
s'endormit. La nuit les surprit au milieu des champs; les voifourvoyés. Voilà le maître dans une colère
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terrible et tombant à grands coups de fouet sur son valet, et le pauvre diable disant à chaque coup : « Celui-là
était apparemment encore écrit là-haut... » Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et qu'il ne
tiendrait qu'à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit des amours de Jacques, en le
séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu'il me plairait.
Qu'est-ce qui m'empêcherait de marier le maître et de le faire cocu ? d'embarquer Jacques pour les
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îles ? d'y conduire son maître ? de les ramener tous les deux en France sur le même vaisseau ? Qu'il est
facile de faire des contes ! Mais ils en seront quittes l'un et l'autre pour une mauvaise nuit, et vous pour ce
délai.
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BALZAC, Le père Goriot (1834), excipit
« Le défit de Rastignac à la société »
Les deux prêtres, l'enfant de chœur et le bedeau vinrent et donnèrent tout ce qu'on peut avoir
pour soixante-dix francs dans une époque où la religion n'est pas assez riche pour prier gratis. Les gens
du clergé chantèrent un psaume, le Libera, le De profundis. Le service dura vingt minutes. Il n'y avait
qu'une seule voiture de deuil pour un prêtre et un enfant de chœur, qui consentirent à recevoir avec eux
Eugène et Christophe. 5
- Il n'y a point de suite, dit le prêtre, nous pourrons aller vite, afin de ne pas nous attarder, il est
cinq heures et demie.
Cependant, au moment le corps fut placé dans le corbillard, deux voitures armoriées, mais
vides, celle du comte de Restaud et celle du baron de Nucingen, se présentèrent et suivirent le convoi
jusqu'au Père-Lachaise. A six heures, le corps du père Goriot fut descendu dans sa fosse, autour de 10
laquelle étaient les gens de ses filles, qui disparurent avec le clergé aussitôt que fut dite la courte prière
due au bonhomme pour l'argent de l'étudiant. Quand les deux fossoyeurs eurent jeté quelques pelletées
de terre sur la bière pour la cacher, ils se relevèrent, et l'un d'eux, s'adressant à Rastignac, lui demanda
leur pourboire. Eugène fouilla dans sa poche et n'y trouva rien, il fut forcé d'emprunter vingt sous à
Christophe. Ce fait, si léger en lui-même, détermina chez Rastignac un accès d'horrible tristesse. Le jour 15
tombait, un humide crépuscule agaçait les nerfs, il regarda la tombe et y ensevelit sa dernière larme de
jeune homme, cette larme arrachée par les saintes émotions d'un cœur pur, une de ces larmes qui, de la
terre elles tombent, rejaillissent jusque dans les cieux. Il se croisa les bras, contempla les nuages et,
le voyant ainsi, Christophe le quitta.
Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement 20
couché le long des deux rives de la Seine, commençaient à briller les lumières. Ses yeux
s'attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des Invalides,
vivait ce beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer. Il lança sur cette ruche bourdonnante un regard
qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses : - A nous deux maintenant !
Et pour premier acte de défi qu'il portait à la société, Rastignac alla dîner chez madame de 25
Nucingen.
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