En Suisse, le patient ne paie rien du tout lorsqu'il appelle Medgate. Au
contraire, ceux qui acceptent de téléphoner systématiquement à la centrale
de télémédecine avant de se rendre en cabinet obtiennent une réduction de
leur prime d'assurance privée d'environ 10 à 20%.
Photo: fournie par Centre suisse de télémédecine MEDGATE
Publié le 09 avril 2011 à 10h29 | Mis à jour le 09 avril 2011 à 10h29
Stéphanie Grammond
La Presse
Les révélations de La Presse à propos
d'un nouveau service de consultation
médicale au téléphone ont provoqué un
malaise au Québec. Pourtant, la
télémédecine est pratique courante en
Suisse depuis plus de 10 ans. Cela
permet de réduire les visites en cabinet
et de contenir les coûts des soins de
santé. Séduite par cette expérience, la
France vient d'emboîter le pas: les
médecins pourront poser un diagnostic et
faire des prescriptions à distance, sans
examen clinique.
Le dimanche après-midi, la plupart des
cliniques et des pharmacies sont fermées
dans la région de Zurich, en Suisse, où
est installée Nathalie Bouchard depuis
trois ans. Quand son fils de 4 ans s'est
fendu le front, elle a tout de suite appelé
Medgate, centre suisse de télémédecine
qui couvre 4,2 millions de Suisses, plus
de la moitié de la population.
De toute façon, Mme Bouchard n'avait pas le choix: dans le cadre de son programme d'assurance privée, elle doit
toujours téléphoner chez Medgate avant de consulter un médecin en chair et en os.
Au bout du fil, un médecin a évalué la situation, en lui demandant de mesurer les dimensions de la plaie. Constat: inutile
d'aller aux urgences. Il a plutôt guidé Mme Bouchard vers l'une des rares pharmacies ouvertes, en lui expliquant
comment installer elle-même des bandes de rapprochement pour soigner son petit casse-cou.
«Medgate, c'est le truc qu'on rapporterait de la Suisse dans nos valises», dit la Québécoise. Elle s'étonne que la
médecine au téléphone ait suscité autant de malaise, la semaine dernière au Québec, à la suite des révélations de La
Presse à propos de DocTel. Ce service permet d'obtenir un diagnostic et une prescription au téléphone pour 38$.
Il ne faut pas avoir peur de la télémédecine, affirme Mme Bouchard. Mère de trois jeunes enfants, elle appelle au
moins 10 fois par année. Un médecin lui a même déjà prescrit un antibiotique, après un examen au téléphone où il lui a
demandé de s'ausculter et de prendre sa température, notamment.
Le service va donc beaucoup plus loin qu'Info-Santé, au Québec, qui permet d'obtenir de l'information générale en
parlant avec une infirmière. «Mais on finit toujours par se faire dire: allez consulterun professionnel», soupire Mme
Bouchard.
Protocole rigoureux
Chez Medgate, à peine 3% des appels se terminent par la prescription d'un médicament sous ordonnance, évalue le
chef des communications, Cédric Berset. «On ne le fait que pour les cas très clairs. On envoie alors l'ordonnance par
télécopie ou par courriel à la pharmacie du patient qui peut aller chercher le médicament directement», explique-t-il.
Medgate suit toujours un protocole très rigoureux. Les patients ont tous un dossier électronique. Ils parlent d'abord à un
assistant médical qui fait le triage et dirige immédiatement les cas urgents vers un médecin. Les autres patients se font
rappeler par un médecin en moins de trois quarts d'heure.
La centrale répond à un demi-million d'appels par année - jusqu'à 4300 appels par jour pendant les périodes de pointe.
Elle compte une soixantaine de médecins, dont plusieurs spécialistes: pédiatres, ophtalmologistes, etc.
«Ils sont formés pour faire un diagnostic au téléphone, avec des techniques particulières», dit M. Berset. Ils écoutent la
La télémédecine a la cote en Suisse | Stéphanie Grammond | Santé http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/201104/09/...
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