1 Résumé
En 1993, René Den Haan, animateur à la maison de quartier des Pâquis propose
l’organisation de La rue est à vous, qui tire son origine de la fête annuelle
d’Amsterdam, le Jour de la Reine. Dans un idéal de réappropriation de l’espace
public et d’expression libre, chaque citoyen est invité à participer à la fête comme
acteur et pas uniquement comme consommateur. Aujourd’hui, l’événement rebatisé
La ville est à vous s’est répliqué est généralisé à de nombreux quartiers. Considérée
comme la deuxième plus grande manifestation de la Ville de Genève, après la Fête
de la musique, La ville est à vous n’a cessé, au fil des années, de grandir : Le
nombre de quartiers concernés est passé de 5 en 2004 à 11 en 2015, cumulant ainsi
23 jours de manifestation ; La subvention s’élève désormais à CHF 190'700.- (CHF
83'250.- en 2004) ; La surface actuellement couverte par la manifestation est de
118'061 m2 (47'572 m2 en 2004).
La ville est à vous, une fête de quartier au XXIème siècle ?
Le succès populaire de La ville est à vous semble faire fond sur l’imaginaire
persistant et un brin nostalgique de la « fête de quartier ». Or l’enjeu actuel est de
dépasser le mythe pour interroger ce que peut être une « fête de quartier » dans la
ville du XXIème siècle. Une ville qui se caractérise en particulier par le durcissement
des exigences réglementaires (garantie, sécurité, contrôle financier, etc.) et une
hétérogénéité croissante des flux et des populations. A cet égard, il nous est apparu
que La ville est à vous offre le potentiel de cette réinvention, par son travail
d’articulation, en situation, d’une multitude de principes qui reflètent les enjeux
passés et à venir de l’appropriation sociale de la ville :
• principe d'hospitalité – ouverture de la fête à un public large (pas seulement
aux habitants du quartier) afin de favoriser la densité, la mixité et l’intensité
d’usage ;
• principe d'ancrage dans le quartier – attribution d’un léger avantage aux
habitants du quartier dans le but de favoriser les initiatives locales, la création
citoyenne et les opportunités d’expression libre ;
• principe d'appropriation libre et d'autogestion – absence de délimitation a
priori des espaces (marchands et culturels) et accompagnement de cette
expérience inédite en laissant se produire les petits débordements
nécessaires à l’intensification de l’expérience et à la rencontre ;
• principe d’intensification spatiale – intensifier l’usage de l’espace public et
favoriser l’intrication des fonctions commerciales, sociales et festives afin de
contribuer à ce que les émotions circulent, intenses et plurielles à la fois ;
• principe d'implication du public – chacun est tour à tour acteur et
spectateur, vendeur et chineur, artiste et public, etc. ;
• principe d’intégration à l'ordre urbain – l’idée est d’intégrer cet événement
exceptionnel à l’ordinaire de la ville, un travail de tolérance qui passe par le
respect mutuel et le dialogue continu avec les différents acteurs, publics et
privés. L’enjeu est de trouver les vecteurs d’une expérience plurielle et
commune, sur laquelle peuvent s’ouvrir d’autres possibles. C’est là en
particulier le rôle du pilotage par le service Agenda 21 – Ville durable.