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ÉVÈNEMENT
N° 1650 - Ven. 8 - Sam. 9 juillet 2016 Les DEBATS
Biens
vacants
au
lendemain
de
l'indépendance
La réponse de Bouteflika
aux pieds-noirs
Par M. Ait Chabane
Ce faisant, le chef de
l'Etat vient de
conforter les der-
nières déclarations
du ministre des Moudjahidine,
Tayeb Zitouni, qui avait
récemment écarté toute
option d'indemnisation des
pieds-noirs pour leurs biens
abandonnés après l'indépen-
dance. «Cette démarche a
une relation avec ce que fit le
colonisateur, au cours des
années 1940 du siècle der-
nier, des biens des popula-
tions de notre pays, elle a
induit une mesure irréversible
qui fait désormais partie inté-
grante de notre législation
contemporaine», a expliqué
Abdelaziz Bouteflika, tout en
réaffirmant qu'il s'agit d'une
décision souveraine prise par
l'Etat algérien au lendemain
du recouvrement de son indé-
pendance. «Le primat de la
souveraineté nationale a été
rapidement concrétisé à tra-
vers des décisions historiques
successives, décrétées au
sujet des terres agricoles, des
ressources minières, et du
système financier local, en
même temps qu'il a été gra-
duellement mis fin à toute pré-
sence militaire étrangère à
travers
le pays», a-t-il ajout
é
pour trancher net une polé-
mique naissante à ce sujet
dans les relations algéro-
françaises. Et de rappeler
l'attachement du peuple
algérien à sa souveraineté
«pour avoir tant souffert des
horreurs de la guerre, notre
peuple a, dès l'indépendan-
ce, affirmé son attachement
farouche à sa souveraineté
et proclamé aussi son pro-
fond désir de paix». Par
ailleurs, le Président de la
République, abordant la
conjoncture économique que
traverse le pays, a fait part
de son «espérance et séréni-
té» pour dépasser la crise
financière. «La sérénité est à
notre portée grâce, d'abord,
à la tradition de dialogue et
de concertation entre le gou-
vernement et ses parte-
naires économiques et
sociaux», a soutenu le chef
de l'Etat, tout en réitérant
son attachement à la justice
sociale et la politique de soli-
darité nationale qu'il faudra
tout de même rationaliser. Et
de lancer un message solen-
nel à l'opposition politique
pour contribuer efficacement
à l'effort national de sortie de
crise, considérant que «l'es-
pérance est, quant à elle,
légitime pour le dépasse-
ment de la crise financière
actuelle, tant les atouts sont
nombreux à la disposition de
notre pays». Cette même
sérénité «se propagera
davantage également si nos
acteurs politiques acceptent
de concourir au débat et aux
propositions de solutions,
dès lors que l'enjeu n'est pas
le pouvoir ou l'opposition,
mais bien le devenir écono-
mique du pays et le sort de
toute la population», a affir-
mé le Président Bouteflika
dans son message. En
d'autres termes, le pays
«confronté aujourd'hui aux
aléas sévères de la chute
des prix des hydrocarbures,
une ressource qui pèse
encore fortement sur notre
économie et notre dévelop-
pement comme cela est le
cas d'ailleurs dans d'autres
pays producteurs de cette
matière première», se doit
de conjuguer les efforts de
toutes ses forces vives pour
dépasser cette conjoncture
difficile. A ce titre, le
Président Bouteflika a tenu à
clarifier que la crise écono-
mique actuelle qui «n'est pas
l'apanage d'un pays particu-
lier» n'est tout de même pas
dûe à une «faille interne»,
pour dire toute la solvabilité
de la démarche économique
et la stratégie anti-crise
entreprise par le gouverne-
ment. Mieux, «ce sont les
décisions nationales pru-
dentes prises il y a quelques
années, notamment un
important remboursement
anticipé de la dette extérieu-
re, dont la dette militaire», a-
t-il souligné, en hommage à
tous les efforts de l'Exécutif
et des autres partenaires
pour s'extirper de cette situa-
tion délicate. Réitérant son
appel à positiver les impacts
de la crise pétrolière mondia-
le en œuvrant à débarrasser
l'Algérie de sa dépendance
endémique à la rente des
hydrocarbures, le chef de
l'Etat a exhorté les différents
acteurs nationaux à s'adap-
ter aux nouvelles mutations
qui «ne manqueront pas de
se raffermir dans le cadre du
nouveau modèle de crois-
sance et de développement
dont sont convenus le gou-
vernement et ses partenaires
économiques et sociaux et
avec le concours du pacte
économique et social que la
tripartite vient de confirmer
aussi». M.A.C.
Les biens vacants appartenant aux pieds-noirs après l'indépendance de
l'Algérie ont été nationalisés à travers «des mesures légitimes», en les inté-
grant au domaine de l'Etat, a affirmé le président de la République, Abdelaziz
Bouteflika, dans un message adressé à l'occasion de la célébration de la Fête
de l'indépendance et de la jeunesse.
Un
ami
fidèle
de
l'Algérie
Hommage national
à Michel Rocard
Un hommage national a été rendu jeudi
aux Invalides à Michel Rocard, l'homme de la
«deuxième gauche» et ami fidèle de l'Algérie
qui s'était engagé contre la guerre livrée par
la France coloniale contre le peuple algérien.
De nombreux responsables politiques
étaient pré
sents dans la cour des Invalides
à Paris pour rendre un hommage national,
cinq jours après sa mort à l'âge de 85 ans,
à l'ancien Premier ministre sous François
Mitterrand (1988-1991), précédé par une
cérémonie au temple de l'Etoile à Paris.
A la demande du défunt dans un testa-
ment, son ami Edmond Maire, secrétaire
national de la Confédération française
démocratique du travail (Cfdt) de 1971 à
1988, puis François Hollande ont prononcé
un éloge funèbre devant son cercueil posé
à même le sol de la Cour des Invalides.
Il doit être incinéré et ses cendres
devant ensuite être inhumées en Corse, sur
cette île où, selon ses termes, sa dernière
épouse, Sylvie, connut ses «joies d'enfant».
Le président François Hollande a salué,
dans un discours, une «grande et belle figu-
re de la République».
Dans sa dernière interview, un testament
politique, accordée à l'hebdomadaire Le
Point du 23 juin dernier, il avait affirmé que
la gauche française actuelle est «la plus
rétrograde». Très jeune, il milita activement
au sein de la gauche française, notamment
à la Section française de l'internationale
ouvrière (Sfio), et se dressa alors contre la
politique «algérienne» de Guy Mollet pour
entrer en dissidence. En sa qualité de
secrétaire des Etudiants socialistes, il est
hostile à la guerre menée par sa famille
politique contre le peuple algérien et fonde
le PSA (Parti socialiste autonome). Le 17
février 1959, en sa qualité de fonctionnaire,
âgé de 28 ans, il remet un rapport sur les
conditions prévalant dans les camps de
concentration des Algériens (homme,
femmes et enfants) au délégué général en
Algérie. Le rapport faisait état d'une réalité
ignorée par l'opinion publique concernant
plus d'un million d'Algériens, détenus dans
des conditions inhumaines dans ces
camps, une des tragédies les plus mécon-
nues de la guerre d'Algérie, qui enregis-
traient une mortalité enfantine effrayante.
Michel Rocard relatait dans son rapport
que, par jour, près de 500 enfants sont
menacées de famine. Alerté par l'auteur du
rapport, le cabinet du garde des Sceaux du
gouvernement de Michel Debré, Edmond
Michelet, décide de donner ce rapport à la
presse. Selon des historiens, ce rapport est
à l'origine du manifeste «des 121» intellec-
tuels et hommes de culture français contre
la «guerre d'Algérie», dans lequel les signa-
taires dénoncent la pratique de la torture et
s'engagent à refuser de «prendre les armes
contre le peuple algérien». Dans un messa-
ge de condoléances
adressé à son homo-
logue français, le président de la
République, Abdelaziz Bouteflika, a qualifié
le défunt d' «ami fidèle» de l'Algérie ayant
contribué à bâtir des relations bilatérales
«frappées du sceau du respect mutuel».
Riad D.
Par Massi S.
L
a cause sahraouie est sur
la bonne voie, a indiqué,
hier à Dakhla, (camps des
réfugiés sahraouis), Habib
Mohamed Abdelaziz (fils
du
défunt président sahraoui
Mohamed Abdelaziz), affirmant
que le peule sahraoui est uni pour
faire avorter toutes le manœuvres
de l'occupant marocain.
«La cause sahraouie est sur la
bonne voie et a un avenir promet-
teur», a souligné M. Habib
Abdelaziz dans une déclaration à
l'APS en marge du Congrès
extraordinaire du Front Polisario,
dont les travaux ont été entamés
vendredi et se dérouleront sur
deux jours.
«Le peuple sahraoui est uni
dans sa lutte contre l'occupant
marocain pour arracher son indé-
pendance», a-t-il ajouté, se félici-
tant du soutien international à la
cause de son pays dont son
défunt père a assuré la présiden-
ce depuis 40 ans. «Il y'a plus de
80 pays qui reconnaissent la
République arabe sahraouie
démocratique (Rasd) et notre
pays est membre à part entière
de l'Union africaine», a rappelé M.
Habib, lieutenant au sein de l'ar-
mée sahraouie. Le Front
Polisario, tient son Congrès extra-
ordinaire pour élire son secrétaire
général et le président de la Rasd
qui doit succéder au défunt prési-
dent Mohamed Abdelaziz, décé-
dé le 31 mai dernier suite à une
longue maladie. Les travaux de
ce Congrès ont débuté hier à
Dakhla sous le slogan «Force,
détermination et volonté pour
imposer l'indépendance et la sou-
veraineté nationale». «La tenue
aujourd'hui de ce congrès du mar-
tyr Mohamed Abdelaziz est un
événement décisif et historique
du combat légitime du peuple
sahraoui pour arracher son indé-
pendanceé, a déclaré le secrétai-
re général du Front Polisario et
président par intérim de la Rasd,
Khatri Addouh, à l'ouverture du
congrès, saluant la forte participa-
tion des délégations étrangères,
venues des quatre coins du
monde, notamment celle de
l'Algérie, conduite par ministre
des Moudjahidine, Tayeb Zitouni.
M. Addouh a précisé que «des
délégués représentant les
Sahraouis des territoires libérés,
des territoires occupés, des
camps de réfugiés et de la dia-
spora sahraouie à l'étranger sont
présents ici parmi nous pour
rendre un hommage au défunt
Mohamed Abdelaziz» décédé le
31 mai des suites d'une longue
maladie.
Le président du comité prépa-
ratoire du congrès, Brahim Ghali,
s'est félicité de sa part de l' «orga-
nisation remarquable assurée par
les comités d'organisation en un
mois pour la réussite de ce ren-
dez-vous auquel ont pris part
quelque 2433 délégués.»
Le Front Polisario a tenu
depuis sa fondation 14 congrès,
qui ont tous marqué des étapes
importantes de la lutte du peuple
sahraoui pour son indépendance,
dont le dernier en date s'est tenu
en décembre dernier à Dakla.
M. S.
Le
fils
du
défunt
président
Mohamed
Abdelaziz
l'affirme
La cause sahraouie est «sur la bonne voie»