Les biens vacants apparte-
nant aux pieds-noirs après
l'indépendance de l'Algérie
ont été nationalisés à tra-
vers «des mesures légi-
times», en les intégrant au
domaine de l'Etat, a affirmé
le président de la
République, Abdelaziz
Bouteflika, dans un messa-
ge adressé à l'occasion de
la célébration de la Fête de
l'indépendance et de la jeu-
nesse.
N° 1650 - VENDREDI 8 - SAMEDI 9 JUILEET 2016 - PRIX : 10 DA - HTTP://WWW.LESDEBATS.COM
Biens vacants au lendemain
de l'indépendance
Page 3
Par Nabil Benali
Plate-forme logistique US au
Sénégal, présence militaire fran-
çaise en Mauritanie, sans comp-
ter la Libye qui attend des armes
et des conseillers militaires américains.
Entre groupes djihadistes et présence de
l’Otan, à quoi va ressembler l’Afrique du
Nord ?
Il existe un dialogue permanent entre
les autorités algériennes et ses partenaires
en matière de défense et de sécurité, qu'il
s’agisse des Etats-Unis ou plus largement
de l’Otan. La visite à la mi-juin du Général
David M. Rodriguez, chef du commande-
ment Afrique des forces armées améri-
caines (Africom) à Alger où il a été reçu par
Abdelmalek Sellal s’inscrit dans ce cadre,
celui officiel de la 3ème session du dialogue
bilatéral stratégique algéro-américain. Un
c
ommuniqué précise que les deux respon-
sables ont ainsi abordé «les derniers
développements intervenus dans la
région du Sahel, particulièrement en
Libye, ainsi que les efforts déployés pour
le rétablissement de la paix et de la stabi-
lité». Mais tout indique que, cette fois, la
partie algérienne qui a eu à exprimer
quelques inquiétudes quant aux dévelop-
pements sécuritaire dans la région, non
pas par rapport au niveau de la menace
terroriste, mais au vu de la hausse de la
présence militaire des membres de l’Otan
les Etats-Unis et la France notamment. En
effet, il est de coutume que dans le dia-
logue sur les dossiers de défense, chaque
partie en vienne un moment où à un autre
à exposer sa stratégie sur un dossier
donné et à chercher à convaincre l’autre
de de l’adopter ou de s’y adapter. Dans le
Sahel, les Américains, via Africom ont tou-
jours cherché à savoir, par exemple, s’il y
avait la moindre chance que l’Algérie puis-
se un jour utiliser sa force militaire hors
de ses frontières. Pour sa part, Alger a
constamment demandé à ces partenaires
d'afficher clairement leurs intentions et,
par-dessus tout, de s’en tenir à la légalité
internationale et à l’indépendance des
Etats de la région.
Page 5
La réponse de Bouteflika
aux pieds-noirs
ationale ont enregistré 179 morts et 1 255 blessés sur les routes du territoire national,
oit durant la période allant du 18 juin au 1er juillet.
Gisement de fer de Gara-Djebilet
Votre quotidien national
Les DEBATS
Equipe nationale
Une aubaine pour le développement
de la région du Sud-Ouest
Page 18
Octroi des crédits Ansej
L’Algérie inquiète de la nouvelle donne sécuritaire
Le fils du défunt président
Mohamed Abdelaziz l'affirme
Nouvelles bases de l’Otan au Sahel
Page 2
Un terroriste
abattu à Jijel
Page 24
Une quantité de munitions récupérée
Les femmes peu favorisées
La cause sahraouie est sur la
bonne voie, a indiqué, hier à
Dakhla, (camps des réfugiés
sahraouis), Habib Mohamed
Abdelaziz (fils du défunt pré-
sident sahraoui Mohamed
Abdelaziz), affirmant que le
peule sahraoui est uni pour
faire avorter toutes les
manœuvres de l'occupant
marocain.
Page 3
Page 2
Première conférence
de Ravejac le 14 juillet
La cause
sahraouie est «sur
la bonne voie»
Les femmes sont moins favorisées dans l'octroi des crédits Ansej. L'essentiel
des financements sont destinés aux hommes alors que les femmes ne
représentent que près de 10% du taux de personnes bénéficiaires de cette aide
destinée à la création d'entreprises.
2
Les DEBATS N° 1650 - Ven. 8 - Sam. 9 juillet 2016
EVENEMENT
Par Massi Salami
Selon un bilan établi par cette même
agence, une moyenne plutôt déri-
soire des projets financés a été
destinée aux femmes, au 31
décembre 2015. Ce taux «augmente timide-
ment», passant de 8% durant la période
2010-2014 à 11% en 2015 pour atteindre
13% durant les cinq premiers mois de 2016.
Ce même bilan ne donne pas de détails sur
les raisons de ce déséquilibre dans l'octroi
des crédits. Mais, faudrait-il rappeler que plus
de 50% des étudiants sont des filles pour
illustrer l'étendue de cette anomalie et l'ur-
gence d'œuvrer pour un équilibre. Cela d'au-
tant que les chiffres de l'Ansej admettent
qu'une bonne partie des bénéficiaires de cré-
dits Ansej sont des diplômés En fait, ce
même bilan rapporte que la moitié des
quelque 363 000 projets financés de création
de micro-entreprises dans le cadre de
l'Agence nationale de soutien à l'emploi de
jeunes(Ansej) sont portés par des diplômés.
«Sur les 363 577 projets financés depuis
le lancement du dispositif Ansej en 1996 au
31 mai de l'année en cours, 50% sont portés
par des diplômés du secteur de la Formation
et de l'Enseignement professionnels ainsi
que de l'Enseignement supérieur», a-t-on
précisé de même source.
Selon un bilan établi par l'agence, 35%
des jeunes diplômés porteurs de projets
financés pour la création des micro-entre-
prises, durant la même période de référence,
sont issus du secteur de la Formation profes-
sionnelle alors que 15% de diplômés des uni-
versités.
Durant les cinq premiers mois de l'année
en cours (janvier-mai), 6 859 projets ont été
financés au profit de la création des micro-
entreprises dans le cadre de l'Ansej, dont
63% porteurs de ces projets sont des diplô-
més du secteur de la formation professionnel-
le et 16% diplômés universitaires.
Bien que cette tendance démontre l'évolu-
tion du taux des diplômés porteurs de projets
financés, elle révèle aussi que le taux des
diplômés universitaires «reste faible».
Sur la totalité (363 577) des projets finan-
cés dans le cadre de l'Ansej, 216 215 l'ont été
durant la période 2011-2015, soit un taux de
59%. L'on apprend par ailleurs, qu'à la fin
2010, quelque 41% du financement global de
l'Ansej ont été destinés aux secteurs vitaux
considérés comme étant la clé du développe-
ment durable et une source de création des
richesses, à savoir l'agriculture et la pêche, le
Btph, l'industrie, et la maintenance, ainsi que
l'artisanat. Durant l'année en cours, ce taux
est passé à 74%.
Le taux des projets financés dans les
domaines de l'agriculture et de la pêche a
évolué depuis la création du dispositif, pas-
sant de 11% à 2010 de 29% à 2015 et de
31% durant les cinq premiers mois de 2016,
alors que celui du Btph le taux a été évolué
de 7% à 2010 et de 16% à 2015, et l'industrie
de 8 à 21%.En revanche, celui concernant le
secteur des services est «en nette régres-
sion» passant de 68% en 2011 à 20% au
courant de l'année 2016. Dans un autre
contexte, le même bilan révèle que l'Ansej a
dégagé un montant de 301,8 milliards de DA
sous forme de prêts non rémunérés (PNR)
pour le financement des 363.577 projets, et
ce depuis le lancement du dispositif en 1996.
L'Ansej a enregistré 63% du taux de
recouvrement à 31 décembre 2015, selon le
même bilan, qui affirme que plus de 13 000
projets, dont plus de 1 800 projets en 2016,
ont été financés par des produits du recou-
vrement. M.S.
Par Sofiane Aït Mohamed
Le projet d'exploitation du
gisement de fer du Gara-
Djebilet dont les études
de faisabilité coûteront trois mil-
liards de dinars, représente une
«aubaine» pour la région du sud
ouest du pays.
Ce projet d'envergure ouvre
en effet de larges perspectives
de développement de cette
vaste région du pays et prévoit
d'ailleurs de satisfaire le marché
national et le secteur de l'indus-
trie en cette matière essentielle
et d'importance. Le secteur de
l'industrie et des mines dans la
wilaya de Tindouf est ainsi appe-
lé à connaître une réelle dyna-
mique économique avec l'exploi-
tation des minerais et la maîtrise
des mécanismes de l'industrie
minière, notamment avec le lan-
cement d'opportunités d'investis-
sement étranger et la mise en
oeuvre des lois obligeant les
entreprises aussi bien publiques
que privées, nationales et étran-
gères, au respect des pro-
grammes d'hygiène, sécurité et
environnement (HSE). La wilaya
de Tindouf recèle diverses
potentialités minières pouvant lui
conférer une place de leader
dans le domaine, notamment
des ressources non ferreuses
t
els que le sel, le gypse, l'argile
et la chaux qui s'ajoutent à l'im-
posant gisement de fer de
Gara-Djebilet. Occupant une
surface de plus de 131 km2à
170 km au sud-est de la ville de
Tindouf et à une altitude oscil-
lant entre 400 et 600 m, le gise-
ment de Gara-Djebilet, décou-
vert à partir de 1952, offre des
réserves minières de près de
deux milliards de tonnes, avec
une teneur en fer de près de
57,58%. Selon la fiche tech-
nique du projet, l'exploitation du
projet a été confiée à la société
nationale du fer et de l'acier
(Feraal), chargée des diffé-
rentes phases d'exploitation,
dont l'étude, l'exploitation, l'ex-
traction, le transport, la transfor-
mation et la commercialisation,
a indiqué le responsable du
bureau des mines à la direction
de l'industrie et des mines de la
wilaya, Messaoud Zoua. Selon
ce responsable, le projet cen-
tralisé en question, dont les
études d'exploitation et de fai-
sabilité sont confiées à des
bureaux partenaires étrangers,
nécessite d'autres études sur
les besoins liés, notamment à
l'alimentation en électricité, en
gaz et surtout en quantités suf-
fisantes d'eau, cette dernière
constituant une des grandes
préoccupations des pouvoirs
publics pour mettre en exploita-
tion le gisement de Gara-
Djebilet. Et pour garantir le
transport des ressources
minières du gisement de Gara-
Djebilet, M. Zoua a signalé le
lancement d'une étude pour le
raccordement, par voie ferro-
viaire, du site du gisement vers
Abadla (Béchar) sur un tracé de
950 km. Des experts et écono-
mistes estiment que les
richesses minières que renfer-
ment la wilaya de Tindouf, pré-
cisément le gisement de Gara-
Djebilet, constituent le fer de
lance pour le développement
économique hors hydrocar-
bures. Dans l'optique de
concrétiser cet objectif, des
représentants du gouvernement
ont expliqué lors de leurs visites
dans la wilaya de Tindouf, que
les études menées prévoient le
transport des minerais extraits
de ce gisement vers un port
minier, à concrétiser concomi-
tamment avec le projet de la
voie ferrée, avant leur achemi-
nement vers les complexes
sidérurgiques d'Oran, de Jijel et
de Annaba, à des fins de trans-
formation industrielle. Ce projet
structurant, devra générer
quelque 15 000 emplois en
phase de réalisation et près de
5 000 autres en phase d'exploi-
tation. Selon M. Bouchouareb,
ce projet structurant va accom-
pagner la stratégie industrielle
nationale en répondant à la
demande nationale et en rédui-
sant les importations algé-
riennes en acier. Selon lui,
l'an-
née 2016 sera celle des mines
avec un programme de création
de quatre usines de transforma-
tion de phosphate. S.A.M.
Les femmes sont moins favorisées dans l'octroi des crédits Ansej. L'essentiel des financements sont destinés aux
hommes alors que les femmes ne représentent que près de 10% du taux de personnes bénéficiaires de cette aide
destinée à la création d'entreprises.
Octroi
des
crédits
Ansej
Les femmes peu favorisées
Gisement de fer de Gara-Djebilet
Une aubaine pour le développement
de la région du Sud-Ouest
Encouragés
par
les
chiffres
de
l'emploi
américain
Le pétrole ouvre en hausse
à New York
Les prix du pétrole étaient en hausse
hier à l'ouverture à New York, encoura-
gés par un bon chiffre mensuel sur le
marché de l'emploi américain.
Le cours du baril de «light sweet crude»
(WTI) pour livraison en août gagnait 45
cents à 45,59 dollars sur le New York
Mercantile Exchange (Nymex), au len-
demain. «Je crois que les chiffres de
l'emploi et la poursuite des troubles au
Nigeria apportent un coup de pouce»
aux cours, a indiqué un analyste.
Le marché du pétrole, qui espère
depuis deux ans un rééquilibrage entre
une offre surabondante et une demande
dont la tenue inquiète dans un contexte
de croissance économique mondiale
fragile, avait de quoi saluer les bons
chiffres de l'emploi.
L'économie américaine a en effet créé
287 000 emplois en juin, le meilleur
chiffre depuis octobre, alors qu'un mois
plus tôt les investisseurs avaient été
sidérés par la stagnation des
embauches.
Du côté de l'offre, le marché surveillait
la situation qui reste tendue au Nigeria,
en proie à une recrudescence des
attaques de rebelles visant des installa-
tions pétrolières.
Toutefois, le marché était encore loin
d'effacer sa chute de la veille, provo-
quée par la déception des investisseurs
devant un déclin bien moins prononcé
qu'attendu des stocks de brut et de pro-
duits pétroliers aux Etats-Unis.
R. N.
3
ÉVÈNEMENT
N° 1650 - Ven. 8 - Sam. 9 juillet 2016 Les DEBATS
Biens
vacants
au
lendemain
de
l'indépendance
La réponse de Bouteflika
aux pieds-noirs
Par M. Ait Chabane
Ce faisant, le chef de
l'Etat vient de
conforter les der-
nières déclarations
du ministre des Moudjahidine,
Tayeb Zitouni, qui avait
récemment écarté toute
option d'indemnisation des
pieds-noirs pour leurs biens
abandonnés après l'indépen-
dance. «Cette démarche a
une relation avec ce que fit le
colonisateur, au cours des
années 1940 du siècle der-
nier, des biens des popula-
tions de notre pays, elle a
induit une mesure irréversible
qui fait désormais partie inté-
grante de notre législation
contemporaine», a expliqué
Abdelaziz Bouteflika, tout en
réaffirmant qu'il s'agit d'une
décision souveraine prise par
l'Etat algérien au lendemain
du recouvrement de son indé-
pendance. «Le primat de la
souveraineté nationale a été
rapidement concrétisé à tra-
vers des décisions historiques
successives, décrétées au
sujet des terres agricoles, des
ressources minières, et du
système financier local, en
même temps qu'il a été gra-
duellement mis fin à toute pré-
sence militaire étrangère à
travers
le pays», a-t-il ajout
é
pour trancher net une polé-
mique naissante à ce sujet
dans les relations algéro-
françaises. Et de rappeler
l'attachement du peuple
algérien à sa souveraineté
«pour avoir tant souffert des
horreurs de la guerre, notre
peuple a, dès l'indépendan-
ce, affirmé son attachement
farouche à sa souveraineté
et proclamé aussi son pro-
fond désir de paix». Par
ailleurs, le Président de la
République, abordant la
conjoncture économique que
traverse le pays, a fait part
de son «espérance et séréni-
té» pour dépasser la crise
financière. «La sérénité est à
notre portée grâce, d'abord,
à la tradition de dialogue et
de concertation entre le gou-
vernement et ses parte-
naires économiques et
sociaux», a soutenu le chef
de l'Etat, tout en réitérant
son attachement à la justice
sociale et la politique de soli-
darité nationale qu'il faudra
tout de même rationaliser. Et
de lancer un message solen-
nel à l'opposition politique
pour contribuer efficacement
à l'effort national de sortie de
crise, considérant que «l'es-
pérance est, quant à elle,
légitime pour le dépasse-
ment de la crise financière
actuelle, tant les atouts sont
nombreux à la disposition de
notre pays». Cette même
sérénité «se propagera
davantage également si nos
acteurs politiques acceptent
de concourir au débat et aux
propositions de solutions,
dès lors que l'enjeu n'est pas
le pouvoir ou l'opposition,
mais bien le devenir écono-
mique du pays et le sort de
toute la population», a affir-
mé le Président Bouteflika
dans son message. En
d'autres termes, le pays
«confronté aujourd'hui aux
aléas sévères de la chute
des prix des hydrocarbures,
une ressource qui pèse
encore fortement sur notre
économie et notre dévelop-
pement comme cela est le
cas d'ailleurs dans d'autres
pays producteurs de cette
matière première», se doit
de conjuguer les efforts de
toutes ses forces vives pour
dépasser cette conjoncture
difficile. A ce titre, le
Président Bouteflika a tenu à
clarifier que la crise écono-
mique actuelle qui «n'est pas
l'apanage d'un pays particu-
lier» n'est tout de même pas
dûe à une «faille interne»,
pour dire toute la solvabilité
de la démarche économique
et la stratégie anti-crise
entreprise par le gouverne-
ment. Mieux, «ce sont les
décisions nationales pru-
dentes prises il y a quelques
années, notamment un
important remboursement
anticipé de la dette extérieu-
re, dont la dette militaire», a-
t-il souligné, en hommage à
tous les efforts de l'Exécutif
et des autres partenaires
pour s'extirper de cette situa-
tion délicate. Réitérant son
appel à positiver les impacts
de la crise pétrolière mondia-
le en œuvrant à débarrasser
l'Algérie de sa dépendance
endémique à la rente des
hydrocarbures, le chef de
l'Etat a exhorté les différents
acteurs nationaux à s'adap-
ter aux nouvelles mutations
qui «ne manqueront pas de
se raffermir dans le cadre du
nouveau modèle de crois-
sance et de développement
dont sont convenus le gou-
vernement et ses partenaires
économiques et sociaux et
avec le concours du pacte
économique et social que la
tripartite vient de confirmer
aussi». M.A.C.
Les biens vacants appartenant aux pieds-noirs après l'indépendance de
l'Algérie ont été nationalisés à travers «des mesures légitimes», en les inté-
grant au domaine de l'Etat, a affirmé le président de la République, Abdelaziz
Bouteflika, dans un message adressé à l'occasion de la célébration de la Fête
de l'indépendance et de la jeunesse.
Un
ami
fidèle
de
l'Algérie
Hommage national
à Michel Rocard
Un hommage national a été rendu jeudi
aux Invalides à Michel Rocard, l'homme de la
«deuxième gauche» et ami fidèle de l'Algérie
qui s'était engagé contre la guerre livrée par
la France coloniale contre le peuple algérien.
De nombreux responsables politiques
étaient pré
sents dans la cour des Invalides
à Paris pour rendre un hommage national,
cinq jours après sa mort à l'âge de 85 ans,
à l'ancien Premier ministre sous François
Mitterrand (1988-1991), précédé par une
cérémonie au temple de l'Etoile à Paris.
A la demande du défunt dans un testa-
ment, son ami Edmond Maire, secrétaire
national de la Confédération française
démocratique du travail (Cfdt) de 1971 à
1988, puis François Hollande ont prononcé
un éloge funèbre devant son cercueil posé
à même le sol de la Cour des Invalides.
Il doit être incinéré et ses cendres
devant ensuite être inhumées en Corse, sur
cette île où, selon ses termes, sa dernière
épouse, Sylvie, connut ses «joies d'enfant».
Le président François Hollande a salué,
dans un discours, une «grande et belle figu-
re de la République».
Dans sa dernière interview, un testament
politique, accordée à l'hebdomadaire Le
Point du 23 juin dernier, il avait affirmé que
la gauche française actuelle est «la plus
rétrograde». Très jeune, il milita activement
au sein de la gauche française, notamment
à la Section française de l'internationale
ouvrière (Sfio), et se dressa alors contre la
politique «algérienne» de Guy Mollet pour
entrer en dissidence. En sa qualité de
secrétaire des Etudiants socialistes, il est
hostile à la guerre menée par sa famille
politique contre le peuple algérien et fonde
le PSA (Parti socialiste autonome). Le 17
février 1959, en sa qualité de fonctionnaire,
âgé de 28 ans, il remet un rapport sur les
conditions prévalant dans les camps de
concentration des Algériens (homme,
femmes et enfants) au délégué général en
Algérie. Le rapport faisait état d'une réalité
ignorée par l'opinion publique concernant
plus d'un million d'Algériens, détenus dans
des conditions inhumaines dans ces
camps, une des tragédies les plus mécon-
nues de la guerre d'Algérie, qui enregis-
traient une mortalité enfantine effrayante.
Michel Rocard relatait dans son rapport
que, par jour, près de 500 enfants sont
menacées de famine. Alerté par l'auteur du
rapport, le cabinet du garde des Sceaux du
gouvernement de Michel Debré, Edmond
Michelet, décide de donner ce rapport à la
presse. Selon des historiens, ce rapport est
à l'origine du manifeste «des 121» intellec-
tuels et hommes de culture français contre
la «guerre d'Algérie», dans lequel les signa-
taires dénoncent la pratique de la torture et
s'engagent à refuser de «prendre les armes
contre le peuple algérien». Dans un messa-
ge de condoléances
adressé à son homo-
logue français, le président de la
République, Abdelaziz Bouteflika, a qualifié
le défunt d' «ami fidèle» de l'Algérie ayant
contribué à bâtir des relations bilatérales
«frappées du sceau du respect mutuel».
Riad D.
Par Massi S.
L
a cause sahraouie est sur
la bonne voie, a indiqué,
hier à Dakhla, (camps des
réfugiés sahraouis), Habib
Mohamed Abdelaziz (fils
du
défunt président sahraoui
Mohamed Abdelaziz), affirmant
que le peule sahraoui est uni pour
faire avorter toutes le manœuvres
de l'occupant marocain.
«La cause sahraouie est sur la
bonne voie et a un avenir promet-
teur», a souligné M. Habib
Abdelaziz dans une déclaration à
l'APS en marge du Congrès
extraordinaire du Front Polisario,
dont les travaux ont été entamés
vendredi et se dérouleront sur
deux jours.
«Le peuple sahraoui est uni
dans sa lutte contre l'occupant
marocain pour arracher son indé-
pendance», a-t-il ajouté, se félici-
tant du soutien international à la
cause de son pays dont son
défunt père a assuré la présiden-
ce depuis 40 ans. «Il y'a plus de
80 pays qui reconnaissent la
République arabe sahraouie
démocratique (Rasd) et notre
pays est membre à part entière
de l'Union africaine», a rappelé M.
Habib, lieutenant au sein de l'ar-
mée sahraouie. Le Front
Polisario, tient son Congrès extra-
ordinaire pour élire son secrétaire
général et le président de la Rasd
qui doit succéder au défunt prési-
dent Mohamed Abdelaziz, décé-
dé le 31 mai dernier suite à une
longue maladie. Les travaux de
ce Congrès ont débuté hier à
Dakhla sous le slogan «Force,
détermination et volonté pour
imposer l'indépendance et la sou-
veraineté nationale». «La tenue
aujourd'hui de ce congrès du mar-
tyr Mohamed Abdelaziz est un
événement décisif et historique
du combat légitime du peuple
sahraoui pour arracher son indé-
pendanceé, a déclaré le secrétai-
re général du Front Polisario et
président par intérim de la Rasd,
Khatri Addouh, à l'ouverture du
congrès, saluant la forte participa-
tion des délégations étrangères,
venues des quatre coins du
monde, notamment celle de
l'Algérie, conduite par ministre
des Moudjahidine, Tayeb Zitouni.
M. Addouh a précisé que «des
délégués représentant les
Sahraouis des territoires libérés,
des territoires occupés, des
camps de réfugiés et de la dia-
spora sahraouie à l'étranger sont
présents ici parmi nous pour
rendre un hommage au défunt
Mohamed Abdelaziz» décédé le
31 mai des suites d'une longue
maladie.
Le président du comité prépa-
ratoire du congrès, Brahim Ghali,
s'est félicité de sa part de l' «orga-
nisation remarquable assurée par
les comités d'organisation en un
mois pour la réussite de ce ren-
dez-vous auquel ont pris part
quelque 2433 délégués.»
Le Front Polisario a tenu
depuis sa fondation 14 congrès,
qui ont tous marqué des étapes
importantes de la lutte du peuple
sahraoui pour son indépendance,
dont le dernier en date s'est tenu
en décembre dernier à Dakla.
M. S.
Le
fils
du
défunt
président
Mohamed
Abdelaziz
l'affirme
La cause sahraouie est «sur la bonne voie»
4
ACTUEL
N° 1650 - Ven. 8 - Sam. 9 juillet 2016
Les DEBATS
Lutte
contre
le
terrorisme
Messahel mènent des consultations
en Italie et en Russie
Par Nacera Bechar
Le ministre a entamé
une série de
consultations sur
les questions régio-
nales sécuritaires. Une situa-
tion d'instabilité et des zones
de turbulen
ces qui tourmen-
tent l'Algérie et ses parte-
naires. Il est à noter que
l'Algerie prépare la prochai-
ne conférence internationale
sur le rôle de la démocratie
dans la prévention de la
radicalisation et la lutte
contre le terrorisme que
l'Algérie organisera les 7 et 8
septembre 2016 dans le
cadre des efforts internatio-
naux en matière de lutte
contre le terrorisme.Dans ce
contexte, le ministre s'est
entretenu, jeudi à Rome,
avec le ministre italien des
Affaires étrangères et de la
Coopération internationale.
Ces entretiens ont précédés
la troisième session du dia-
logue stratégique sur les
questions politiques et sécu-
ritaires tenue hier à Rome.
Selon un compte rendu de
l'APS, cet entretien a permis
aux deux ministres de pas-
ser en revue l'état des rela-
tions bilatérales et les pers-
pectives de leur élargisse-
ment et de leur renforce-
ment. Il était question aussi
de se concerter et de coor-
donner les positions des
deux pays sur les questions
régionales et la lutte contre
le terrorisme. Sur le plan des
relations bilatérales, il est
rapporté que les deux res-
ponsables se sont félicités
des avancées réalisées
dans le cadre du partenariat
stratégique sur lequel sont
engagés les deux pays, rele-
vant les importantes
échéances inscrites à
l'agenda bilatéral aux plans
politique et économique.
Les questions régio-
nales, notamment la situa-
tion en Libye étaient au
cœur de ses discussions. A
ce propos, les deux
ministres ont examiné les
derniers développements
intervenus dans ce pays. Ils
se sont félicités des progrès
réalisés dans la mise en
œuvre de l'accord politique
libyen et ont, dans ce cadre,
appelé toutes les parties
libyennes à soutenir le pro-
cessus politique de règle-
ment mené par les Nations
unies, à travers l'impératif
d'un dialogue global et inclu-
sif, seul à même de per-
mettre à ce pays voisin à
relever les multiples défis
politiques, sécuritaires et
économiques auxquels il est
confronté et ce, dans le res-
pect de sa souveraineté, de
son intégrité territoriale, de
son unité et de la cohésion
de son peuple.
Il est à noter que ce pays
connaît toujours une instabi-
lité malgré les efforts menés
par différentes parties, dont,
l'Algérie qui a abrité plu-
sieurs rounds de discus-
sions entre les différentes
parties libyennes, cepen-
dant, l'infiltration des terro-
ristes, dont, ce qui est appe-
lé Daech complique de plus
la situation.
Par ailleurs, M. Messahel
a évoqué la question migra-
toire avec le chef de la
diplomatie italienne. Cette
question en tant que phéno-
mène auquel fait face toute
la région, a fait l'objet d'un
échange de vues. A ce pro-
pos, les deux responsables
ont estimé que cette ques-
tion doit être appréhendée
d'une manière globale et
concertée, en tenant compte
des intérêts de tous les pays
de la région.
Enfin , M. Messahel a
fait part de l'état d'avance-
ment des préparatifs de la
prochaine conférence inter-
nationale sur le rôle de la
démocratie dans la préven-
tion de la radicalisation et la
lutte contre le terrorisme que
l'Algérie organisera les 7 et 8
septembre 2016 dans le
cadre des efforts internatio-
naux en matière de lutte
contre le terrorisme.
Il est à noter que dans le
cadre de la concertation et
du dialogue de haut niveau
institués avec également la
Fédération de la Russie,
Abdelkader Messahel est
attendu à Moscou les 11 et
12 du mois en cours. Au
cours de ces visites, il sera
procédé avec les hauts res-
ponsables des deux pays à
«la concertation et à la coor-
dination sur les questions
stratégiques, notamment la
lutte contre l'extrémisme vio-
lent et le terrorisme ainsi que
sur les
conflits régionaux»,
avait précisé le département
de Messahel. N. B.
Depuis jeudi dernier, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union
africaine et de la Ligue des États arabes, Abdelkader Messahel, est à Rome en
attendant son déplacement à Moscou le 11 du mois en cours.
L'Algérie a toujours œuvré
au renforcement de la
coopération internationa-
le dans la lutte contre le terrorisme
et à la consolidation des efforts
pour combattre le crime organisé et
le terrorisme transnational, a s
ouli-
gné, jeudi à New York, la déléga-
tion algérienne à l'ONU.
Les efforts déployés par
l'Algérie dans le domaine de la
lutte antiterroriste «ont toujours été
destinées à accroître la coopéra-
tion régionale et internationale,
avant même la manifestation de
grands actes de terrorisme interna-
tional que le Monde a connus», a
souligné la déclaration de l'Algérie
sur la stratégie antiterroriste mon-
diale, lue par la délégation algé-
rienne devant l'Assemblée généra-
le de l'ONU consacrée à l'examen
de cette stratégie.
L'Algérie a œuvré dès le début
à renforcer les efforts de la lutte
contre le terrorisme au niveau afri-
cain en participant à la création de
nombreux instruments internatio-
naux qui jouent un rôle important
dans l'amélioration de l'efficacité
de la lutte antiterroriste dans le
continent, a-t-on relevé dans le
même document. Dans la région
du Sahel qui exige la coordination
et le renforcement des capacités
des pays pour lutter le terrorisme,
l'Algérie s'est engagée dans une
approche concertée à travers de
nombreux mécanismes de coopé-
ration, a-t-on rappelé.
En outre, l'adhésion de l'Algérie
au Forum mondial de lutte contre
le terrorisme (Gctf) reflète son
engagement à participer à tous les
forums pertinents afin de promou-
voir la coopération internationale
contre le terrorisme, a-t-on pour-
suivi.
Dans ce cadre, l'Algérie copré-
side avec le Canada le groupe de
travail sur le renforcement des
capacités de lutte contre le terro-
risme dans la région du Sahel, a
encore rappelé la délégation algé-
rienne.
En évoquant les efforts consi-
dérables réalisés par l'Algérie dans
ce domaine depuis le dernier exa-
men de la stratégie antiterroriste
de l'ONU en 2014, la délégation
algérienne a relevé que ces étapes
consolidaient «les acquis de la
politique de réconciliation histo-
rique présentée par le président de
la République, Abdelaziz
Bouteflika, sous la forme de la
Charte pour la paix et la
Réconciliation nationale.
«Cette charte a été adoptée par
un référendum par une majorité
écrasante du peuple algérien».
Dans le même sillage, l'Algérie
a considéré que la bataille contre
ce fléau terrible ne doit pas être
menée sur le plan sécuritaire uni-
quement, mais doit intégrer
d'autres aspects liés à la politique,
à l'économie, à la religion ainsi
qu'à l'éducation.
Par ailleurs, l'Algérie s'est félici-
tée dans sa déclaration de la réaf-
firmation par l'Assemblée générale
du respect de la souveraineté et de
l'intégrité territoriale de tous les
Etats, dans le cadre de la stratégie
mondiale contre le terrorisme.
«L'Algérie a appelé à chaque
occasion à ce que cet engagement
soit respecté», a souligné la délé-
gation. R. N.
L'Algérie a toujours œuvré au renforcement
de la coopération internationale
Armée
nationale
populaire
Le navire école Soummam
accoste à Portsmouth
Le navire école Soummam, N° de bord 937,
relevant des Forces navales de l'Armée natio-
nale populaire (ANP), a accosté cette semaine
au port de Portsmouth au sud de l'Angleterre,
où il a fait une escale de quatre jours dans le
cadre de la campagne d'instruction «Eté
2016». Une réception a été organisée à bord
du Soummam mercredi dernier, en présence
de l'ambassadeur d'Algérie à Londres, Ammar
Abba, du commandant de la base navale mari-
time de Portsmouth, le Commodore J. Rigby,
des officiers britanniques, du maire de
Portsmouth, David Fulorrer, et des élèves offi-
ciers du navire.
Dans une brève intervention, M. Abba a
relevé l'importance que revêt l'élargissement
du partenariat entre Alger et Londres à la
coopération militaire et au dialogue dans le
domaine sécuritaire. Cette escale est la pre-
mière de la campagne d'instruction «été 2016
consacrée à la formation pratique navale de
113 élèves officiers d'active, dont 37 femmes,
qui sont en deuxième année de formation à
l'Ecole supérieure de la marine de
Tamentfoust. Dans le cadre de la mise en
oeuvre du programme de coopération militai-
re avec la Grande-Bretagne, un élève officier
de la marine royale britannique a pris part à la
première étape au stage d'entraînement à
bord du navire, a souligné l'officier chargé de
la communication, de l'information et de
l'orientation à bord, le capitaine Khaireddine
Baraka. Lors de cette escale de quatre jours
qui a pris fin jeudi, un programme culturel,
touristique et sportif a été établi au profit des
élèves officiers et de l'équipage du navire
école en vue d'enrichir leurs connaissances
scientifiques et culturelles, a-t-il précisé.
Il s'agit d'un stage pratique qui vient com-
pléter la formation théorique des élèves offi-
ciers d'active qui leur permettra de côtoyer la
vie à bord d'un navire et de découvrir les
détroits, les golfes et les canaux ainsi que les
ports étrangers en vue d'enrichir leurs
connaissances aux plans professionnel et
culturel, a expliqué M. Baraka. Les élèves
navigueront pendant leur périple, en
Méditerranée, dans l'océan Atlantique et dans
différentes voies marines comme les canaux,
les détroits et les golfes. Le navire école
Soummam avait levé l'ancre le 30 juin dernier
au port d'Alger pour un parcours qui se termi-
nera le 31 juillet, et qui sera ponctué par plu-
sieurs escales, Portsmouth en est la première.
Après le sud de l'Angleterre, le navire accos-
tera le port de Carthagène en Espagne, puis le
port de Béjaïa et le port de Toronto en Italie,
avant de retourner au port d'Alger à la fin de la
phase d'entraînement. L'instruction «été
2016» est assurée par le général Bougerne
Salah. Le navire est commandé par le colonel
Gaïd Noureddine. Le Soummam a été récep-
tionné par les Forces navales algériennes en
septembre 2006, date de son inauguration par
le Président de la République, Abdelaziz
Bouteflika. R. N.
5
ACTUEL
N° 1650 - Ven. 8 - Sam. 9 juillet 2016 Les DEBATS
L'Algérie
inquiète
de
la
nouvelle
donne
sécuritaire
Nouvelles bases de l'Otan au Sahel
Par Nabil Benali
Il existe un dialogue perma-
nent entre les autorités
algériennes et ses parte-
naires en matière de
défense et de sécurité, qu'il
s'agisse des Etats-Unis ou plus
largement de l'Otan. La visite à
la mi-juin du Général David M.
Rodriguez, chef du commande-
ment Afrique des forces armées
américaines (Africom) à Alger où
il a été reçu par Abdelmalek
Sellal s'inscrit dans ce cadre,
celui officiel de la 3ème session du
dialogue bilatéral stratégique
algéro-américain. Un communi-
qué précise que les deux res-
ponsables ont ainsi abordé «les
derniers développements inter-
venus dans la région du Sahel,
particulièrement en Libye, ainsi
que les efforts déployés pour le
rétablissement de la paix et de la
stabilité». Mais tout indique que,
cette fois, la partie algérienne
qui a eu à exprimer quelques
inquiétudes quant aux dévelop-
pements sécuritaire dans la
région, non pas par rapport au
niveau de la menace terroriste,
mais au vu de la hausse de la
présence militaire des membres
de l'Otan les Etats-Unis et la
France notamment. En effet, il
est de coutume que dans le dia-
logue sur les dossiers de défen-
se, chaque partie en vienne un
moment où à un autre à exposer
sa stratégie sur un dossier
donné et à chercher à
convaincre l'autre de de l'adop-
ter ou de s'y adapter. Dans le
Sahel, les Américains, via
Africom ont toujours cherché à
savoir, par exemple, s'il y avait la
moindre chance que l'Algérie
puisse un jour utiliser sa force
militaire hors de ses frontières.
Pour sa part, Alger a constam-
ment demandé à ces parte-
naires d'afficher clairement leurs
intentions et, par-dessus tout, de
s'en tenir à la légalité internatio-
nale et à l'indépendance des
Etats de la région.
Diplomatiquement, chacun ten-
tait de rassurer l'autre. Sauf que
de récents évènements ne sem-
blent pas vraiment aller dans ce
sens et cela a certainement été
à l'ordre du jour de la visite du
commandant de l'Africom à
Alger, et explique en partie la
hausse des signaux d'inquiétude
de la part d'Alger, comme les
réunions sécuritaire au sommet
où les appels à la mobilisation et
à la vigilance au sein de l'ANP.
En effet, en mai, le sous-secré-
taire d'Etat américain en charge
des Affaires politiques, Thomas
Shannon, déclarait récemment
dans un entretien à l'APS, et tout
en louant comme d'habitude l'ex-
périence algérienne dans la lutte
contre le terrorisme, que les
Etats-Unis ne comptait pas ins-
taller une base militaire dans la
région, à propos des ambitions
d'Africom de créer un quartier
général pour son commande-
ment en Afrique et auxquelles
plusieurs pays africains s'y sont
opposés ouvertement. Or,
retournement de situation, les
Etats-Unis et le Sénégal vien-
nent d'annoncer un accord pour
une «présence permanente»
militaire américaine dans ce
pays. Un accord tout ce qu'il y a
d'officiel depuis ce vendredi,
puisque l'Assemblée nationale
sénégalaise a voté le projet de
loi autorisant le président de la
République à ratifier les accords
de défense entre le Sénégal et
les Etats-Unis signé nous dit-on
en début mai dernier. Cet accord
de défense permet de faciliter la
présence de militaires améri-
cains dans le pays, pour notam-
ment lutter contre " la menace
terroriste " en Afrique de l'Ouest.
Officiellement, l'accord ne pré-
voit pas de «base militaire»
américaine au Sénégal, mais
plutôt «un accès permanent à
certaines zones stratégiques».
Mais cela revient au même : en
cas de «menace terroriste» ou
de «crise humanitaire majeure»,
les Etats-Unis pourront obtenir
plus rapidement de positionner
leurs soldats pour que ces der-
niers interviennent dans la
région. Cela n'a pas le nom
d'une «base», mais pas
besoin
puisqu'on dispose des mêmes
avantages pratiques. Les
détails ne sont pas rendus
publics, mais l'on sait aussi que
l'aéroport militaire de Ouakam,
situé à Dakar, serait très proba-
blement concerné. Il avait déjà
servi en 2014 de base régionale
aux militaires américains mobili-
sés contre l'épidémie d'Ebola.
Selon des observateurs, cet
accord confirme le Sénégal
dans son rôle de centre logis-
tique des opérations de
Washington dans la région, tan-
dis que les autorités sénéga-
laises espèrent profiter de l'ex-
pertise américaine et, dans la
foulée, mieux se prémunir
contre les deux principales
organisations terroristes en
Afrique, Aqmi et Boko Haram.
En tous cas, il s'agit d'un accord
à durée indéterminée et, plus
encore, un précédent puisque
c'est la première fois qu'un tel
accord est signé entre les Etats-
Unis et un pays africain. Pour
certains analystes, ce n'est pas
une surprise, après que le
Sénégal ait accueilli en février,
et pour la troisième fois, l'exerci-
ce militaire «Flintlock», organisé
annuellement par les Etats-Unis
en Afrique. Sachant que les
Etats-Uns avaient aussi livré
drones et hélicoptères en 2015,
on se demande déjà si le
moment n'est pas venu pour le
Sénégal de reconnaître toute
cette générosité et d'accueillir le
siège de l'Africom qui pourrait
enfin quitter l'Allemagne.
Depuis sa création en 2008, ce
commandement unifié, fort de 5
150 hommes, qui coordonne
toutes les activités militaires et
sécuritaires, est basé à
Stuttgart et aucun pays africain
n'a jusque-là accepté de lui
accorder de s'installer sur le
continent. De toute façon, cette
percée américaine en Afrique,
qui n'avait qu'une seule base
africaine à Djibouti, intervient
aussi au moment où les Etats-
Unis ont montré qu'ils n'atten-
daient plus le feu vert des
Africains pour mettre en œuvre
leur stratégie régionale. Leurs
moyens de surveillance et de
renseignement ont été renfor-
cés, des entreprises privées
spécialisées déploient des
avions-espions partout où c'est
possible, se permettant plu-
sieurs attaques de drone en
Libye, au Sahel ou en Afrique
de l'est et, plus récemment, des
bases de positionnement de
matériel ont été créées. Enfin, il
faut noter que les Etats-Unis
avaient d'autres pays candidats,
le Kenya, le Gabon et
l'Ouganda, pour leur base logis-
tique et probablement futur
siège de l'Africom. Mais en
optant pour le Sénégal, ils
confirment bien qu'ils veulent
être proches du cœur de l'activi-
té djihadiste, le Sahel.
Il n'y a aucune raison de
s'opposer à ce que des forces,
quelles qu'elles soient, puissent
contribuer à éliminer, voire
réduire la menace terroriste,
mais l'on sait que par principe,
les pays africains, Algérie ont
tête, ont toujours prôné la solu-
tion régionale et la non interven-
tion étrangères. D'autant qu'il
n'est pas certain que la présen-
ce de l'Otan puisse contribuer à
ramener la sécurité : l'expérien-
ce a démontré que chaque base
américaine est une cible poten-
tielle et un facteur de concentra-
tion des groupes djihadistes qui
trouvent en cela un levier pour
les recrutements dans la guerre
contre «les Croisés». De plus,
l'Otan n'étant pas une associa-
tion de bienfaisance, nul n'igno-
re aussi que l'insistance améri-
caine à vouloir s'implanter en
Afrique a aussi une motivation
économique inspirée par la per-
cée chinoise, opérée avec brio
sur la dernière décennie dans le
continent des matières pre-
mières.
Ne voulant pas se laisser
distancer sur ce qu'elle considè-
re comme sa zone d'influence
traditionnelle, la France redé-
ploye son armée en Afrique et
intègre de plus en plus un pays
comme la mauritanienne aux
opérations de la force
Barkhane, basée au Tchad,
pays qui comptait à fin 2015
quelques 3 000 soldats fran-
çais. Le président mauritanien,
Mohamed Ould Abdel Aziz, a
d'ailleurs reçu la semaine écou-
lée le commandant de la force
Barkhan pour discuter de l'as-
sistance militaire opérationnelle
française, destinée à «aider à la
montée en puissance de cer-
taines unités de l'armée mauri-
tanienne».
Devant cette multiplication
des bases militaires de l'Otan,
appelées pudiquement plate-
formes de surveillance, aires de
lancement de drones, cellules
de conseil militaires ou points
prépositionnement logistiques, il
est évident que les stratégies
des grandes puissances visent
à faire de l'Afrique, et plus parti-
culièrement du Sahel, le pro-
chain terrain d'un combat mili-
taire d'envergure. Avec de
faibles garanties de réussite,
puisqu'il s'agit des mêmes stra-
tégies appliquées en Irak et en
Afghanistan, un dispositif militai-
re inédit est en train de se
mettre en place et ne peut que
susciter craintes sur l'avenir. En
face,
l'Union africaine, avec trop
de chefs d'Etat sans volonté ou
sans pouvoir, se doit tout de
même de réagir. N. B.
Plate-forme logistique US au Sénégal, présence militaire française en Mauritanie, sans compter la Libye qui attend
des armes et des conseillers militaires américains. Entre groupes djihadistes et présence de l'Otan, à quoi va
ressembler l'Afrique du Nord ?
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