
protection sociale, ce sont eux-mêmes qui devront en assurer
la gestion. En Belgique, la Sécurité Sociale est donc co-gérée
par les employeurs (représenté par les syndicats d’employeurs)
et les salariés eux-mêmes (représentés par les syndicats des
travailleurs) dans un système de gestion paritaire. De la même
façon, les différentes branches de la Sécurité Sociale sont co-
gérées par tous les acteurs impliqués.
Au contraire, les systèmes d’inuence beveridgienne sont
quant à eux universels et se donnent pour mission d’assurer
une même protection minimale à tous les citoyens (tous le
monde reçoit la même chose). Ils prévoient des allocations
forfaitaires identiques pour tous. Le nancement se fait par
l’impôt, et le système est principalement et directement géré
par l’Etat (puisque c’est l’Etat qui nance, c’est l’Etat qui gère).
La Belgique s’étant construite autour de ce modèle de gestion
paritaire d’inspiration bismarckienne, c’est tout naturellement
que la gestion de l’Assurance Maladie-Invalidité fut coné
aux organismes assureurs ainsi qu’aux syndicats (travailleurs
et employeurs) et aux représentant des prestataires de soins
plutôt qu’à l’Etat. Dans ce contexte, de nombreux acteurs
considéraient qu’il convenait de coner l’organisation et la
gestion de cette nouvelle assurance aux mutualités qui avaient
le mérite de disposer d’un réseau bien distribué sur l’ensemble
du pays et d’une expérience non-négligeable dans le domaine.
Dans ce modèle, les besoins sociaux ne sont donc pas xés
‘aveuglément’ par le marché (libéralisme) ou par un appareil
d’état extensif (socialisme), mais il s’exprime sous forme de
dialogue au sein de la concertation sociale.
L’avantage d’un tel système est également qu’il permet
d’assurer une certaine continuité dans le temps. En effet,
dans les pays où le système de santé est intégralement géré
par l’Etat, l’orientation de la politique de santé peut basculer
rapidement au gré des changements dans la composition de
l’appareil dirigeant (gouvernement plus à droite ou à gauche)
sans que les acteurs de terrain aient leur mot à dire. Au
contraire, notre système a permis de maintenir une grande
stabilité en impliquant les partenaires de terrain durant les 65
ans d’existence de l’assurance maladie. Bien que les temps
aient changé et que la médecine ait évolué, les dés restent
les mêmes: comment pouvons-nous, en relation étroite avec
la population et ses besoins, garantir l’accès pour tous à des
soins de santé de qualité?
Mais pourquoi fêtons-nous alors les 50 ans de l’assurance
maladie-invalidité?
A sa création en 1944, l’AMI couvrait les risques de maladie
et d’invalidité des travailleurs salariés et de leur famille
uniquement. C’est la loi du 9 août 1963 (loi Leburton) qui
va scinder l’AMI en deux secteurs distincts : les soins de
santé et les indemnités, le tout chapeauté par un organisme
parastatal: l’Institut National de l’Assurance Maladie-Invalidité
et permettre d’élargir l’assurance soins de santé à toute la
population instaurant ainsi un système d’assurance maladie
obligatoire. Concernant le secteurs des indemnités, la priorité
était de garantir un revenu de remplacement aux travailleurs
salariés mis en incapacité pour cause de maladie ou d’accident.
C’est aussi dans le cadre de cette loi que sera instauré le statut
VIPO (veufs, invalides, pensionnés, orphelins) garantissant
une protection contre les risque de santé à ces tranches plus
vulnérables de la population.
La loi de 1963 introduisit également le système de négociations
d’accords entre les mutualités et les prestataires de soins
(accords médico-mutualistes). Tous les deux ans, les
représentants des mutualités (garantes de l’équilibre nancier
de l’assurance maladie) et des prestataires de soins se
réunissent pour xer le niveau des tarifs (ou honoraires) que
les prestataires de soins sont invités à pratiquer pour les deux
années qui suivent, le but étant de garantir la sécurité tarifaire
du patient et de pouvoir garder le budget de l’assurance
soins de santé sous contrôle. En effet, sans ces accords, les
prestataires de soins seraient entièrement libres de xer leurs
tarifs, ces derniers pouvant donc uctuer très fortement d’un
prestataire à l’autre ou d’une année à l’autre. De plus, l’accord
médico-mutualiste xe également le niveau des avantages
perçus par les prestataires si ceux-ci décident d’adhérer à
l’accord. Les tarifs xés par les dentistes sont xés dans un
autre accord mais suivant le même principe (accord dento-
mutualiste).
3. Les grandes évolutions depuis 50 ans
3.1 Les années 60 et l’élargissement de la couverture de
l’assurance maladie-invalidité
Chronologiquement, le champ d’application de l’assurance
soins de santé fut d’abord élargi aux indépendants, uniquement
pour les ‘gros risques’ en 1964 et pour les ‘petits risques’ en
2008 seulement ! En effet, ce n’est qu’en janvier 2008 que
l’assurance libre ‘petits risques’, couvrant les consultations
médicales, les soins dentaires, les soins paramédicaux et
les médicaments ambulatoires, a été intégrée au sein de
l’assurance maladie obligatoire. A ce moment-là, 80 % d’entre
eux étaient déjà couverts pour les petits risques grâce à une
souscription à une assurance facultative auprès de leur
mutualité. Cette intégration a permis à tous les indépendants
et leurs personnes à charge d’être couvert de sorte qu’il n’y
a plus de différence entre salariés et indépendants quant aux
soins de santé remboursés par l’assurance maladie obligatoire.
Les cotisations sociales que versent les indépendants à leur
caisse d’assurance sociale ont été adaptées pour intégrer ces
nouveaux droits.
Elle fut ensuite élargie successivement aux fonctionnaires
(1965), aux handicapés physiques (1967), aux handicapés
mentaux (1968), aux travailleurs domestiques (1969) et aux
membres du clergé et communautés religieuses (1969). Par son
extension aux «personnes non encore protégées » en 1969,
l’assurance soins de santé couvrit enn une très large partie
4MC-Informations 254 • décembre 2013