Le talon du sportif
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Le talon du sportif
rôme Taillandier (AFERA)
29 rue Antoine Marty
11000 Carcassonne
Résu : présentation de cas cliniques de douleurs du talon entrant dans le cadre des
douleursférées musculaires.
Les douleurs du talon, chez le sportif comme pour le commun des mortels, peuvent relever
d’étiologies multiples, dont le diagnostic est plus ou moins évident. Nous ne tenterons pas ici une
description exhaustive de ces différentes causes et du traitement des diverses formes cliniques de ces
douleurs, description qui sortirait du cadre de cette brève présentation et qui serait au-delà de nos
compétences. Nous avons préféré vous proposer trois observations cliniques qui témoignent bien des
formes cliniques que nous rencontrons le plus souvent en pratique quotidienne.
Ces trois observations correspondent à des atteintes fonctionnelles de l’appareil musculaire et
connues, depuis quelles ont été décrites par Janet Travell à partir du début des années 50, sous
l’appellation de douleurs myofasciales. Rappelons quil s’agit de douleurs référées, c’est-à-dire
pouvant siéger à distance de la structure anatomique qui leur a donné naissance, liées à la présence
dans le corps musculaire d’une « bande palpable », zone de fibres musculaires en tension permanente ;
ces troubles sont secondaires au surmenage du muscle, que ce soit de manière aiguë à l’occasion d’un
effort brutal et mal contrôlé, ou de manière chronique par des gestes ou des sollicitations excessifs et
répétés.
Le territoire douloureux spécifique de chaque muscle permet de remonter de la description
donnée par le patient au muscle en cause. La palpation de celui-ci couvre alors la bande palpable au
sein de laquelle on retrouve un point de douleur exquise, le « point détente ». On va pouvoir alors
intégrer la puncture de ce point à notre traitement acupunctural, le point détente étant considéré
comme un point Ashi. Dans les observations qui suivent, le traitement général en acupuncture est
omis, et nous ne présentons que le choix du point Ashi, la technique de puncture et les exercices
prescrits au patient.
Première observation : Monsieur P., 46ans, fait régulièrement du jogging et quelques semi-
marathons. Il vient consulter le 4 avril 2006 pour une douleur du talon gauche apparue le 1er avril,
alors qu’il courait. Il a dû revenir à sa voiture en marchant, et encore, sans trop allonger le pas. Le
lendemain, dès le lever, il ressent une douleur dans la partie postérieure et la partie plantaire du talon,
douleur qui remonte jusqu’en haut du tendon calcanéen. Descendre l’escalier est extrêmement pénible.
Quand il vient consulter le 4 avril, le tendon calcanéen est sensible au toucher de manière diffuse, de
même que les parties postérieure et plantaire du talon. La dorsiflexion du pied réveille la douleur.
L’interrogatoire permet de préciser que la douleur est apparue après que le patient, en courant, avait
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sauté un fossé et s’était reçu sur l’avant-pied alors que l’ensemble du pied était en flexion plantaire
(donc avec le triceps sural raccourci).
La topographie de la douleur ainsi que les circonstances déclenchantes évoquent l’atteinte du muscle
soléaire, chef profond du triceps sural. La palpation du muscle retrouve un point-détente dans la partie
basse du muscle, un peu au-dessus de la jonction entre les fibres musculaires médiales et le tendon
calcanéen, entre les points 8 et 9 du méridien du Rein.
Après puncture de ce point, on pratique avec le sujet un exercice de relaxation post-isométrique du
soléaire, selon la technique de Lewit, et on lui prescrit un exercice d’étirement passif à pratiquer à la
maison pendant quelques jours. Le résultat immédiat est très bon et en quelques jours M. P. peut
reprendre la course. Il est revu but septembre 2006 pour un autre problème et signale qu’il n’a plus
eu de douleur du tendon calcanéen gauche depuis la séance du mois d’avril.
Deuxième observation : M. Lo., 32 ans est également un coureur à pied, adepte du marathon. Il vient
consulter pour une douleur plantaire, située en avant du calcanéum gauche, qui dure depuis plusieurs
semaines. Il a déjà consulté un confrère qui a prescrit une radiographie ; celle-ci montrant une ébauche
d’épine calcanéenne, le patient a subi une infiltration qui n’a entraîné qu’une légère amélioration
temporaire.
Quand il vient consulter le 29 mai 2006, la douleur est toujours présente dès qu’il monte une pente ou
des escaliers. Il se plaint de crampes nocturnes du mollet gauche. Linterrogatoire fait préciser les
circonstances de survenue de la douleur : après une séance d’entraînement « dure » au cours de
laquelle il avait couru en montant, il avait présenté des crampes du mollet la nuit et le lendemain
matin, au saut du lit, la douleur du calcanéum avait commencé.
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À l’examen, la zone du creux du pied, en avant du calcanéum est sensible à la pression. Il n’y a pas de
point plus sensible au niveau de la soi-disant épine calcanéenne. En palpant le chef médial du
gastrocnémien, on découvre une bande en tension avec un point-détente situé à peu près à mi-distance
entre le 9 et le 10 Rein. Après traitement de ce point (technique hui ci) on pratique un exercice de
relaxation post-isométrique du muscle et on prescrit au patient un exercice d’étirement passif à
pratiquer à la maison. Cette seule séance suivie des exercices à la maison pendant quelques jours a
permis de résoudre le problème.
Troisme observation : Monsieur A., 68 ans, est un grand marcheur qui vient consulter en mai 2005
pour une douleur du talon. Il ressentait une gêne diffuse de la région médiale du talon depuis quelques
semaines, douleur qui s’est aggravée depuis huit jours à la suite d’une marche prolongée. La douleur
est apparue, violente, après une pause, au moment où il a repris la
marche, et s’est ensuite un peu atténuée le temps qu’il rejoigne son
véhicule. Le lendemain matin, la mise en route a été très pénible.
Il vient consulter le deuxième jour. La douleur est toujours très
intense à la marche, surtout à la reprise du mouvement, un peu
atténuée ensuite. La douleur aiguë siège sur la face médiale du talon.
Mais il existe aussi une douleur plus sourde et plus diffuse de la
région plantaire, en avant du calcanéum.
On retrouve ici un double territoire : celui du gastrocnémien médial,
comme dans l’observation précédente, combiné à celui du muscle
abducteur de l’hallux. Il est vraisemblable que M. A. avait un point-
détente assez ancien et plus ou moins latent dans le chef médial du
gastrocnémien et responsable de la douleur chronique et que ce point
a favorisé l’apparition d’un point-détente secondaire dans
l’abducteur de l’hallux lors d’une marche prolongée.
Le traitement a donc abordé le point-détente du gastrocnémien (entre
9 et 10 Rein) puis le point-tente de l’abducteur du premier, point
situé un peu au-dessous du 2 Rein.
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Le traitement a également comporté un exercice d’étirement passif du gastrocnémien.
Les douleurs référées musculaires sont pour l’acupuncteur un guide précieux pour la recherche des
points Ashi. Leur connaissance est d’un intérêt consirable dans la pratique quotidienne.
Bibliographie :
Travell J.G. et Simons D.G. : Myofascial Pain and dysfunction : The trigger Point manual. 2 Vol.
Baltimore : Williams & Wilkins, 1983 et 1992. Traduction française de J. Taillandier et J.-F. Bourse :
Douleurs et troubles fonctionnels myofasciaux. Traité des points-détente musculaires.2 tomes.
Bruxelles : Haug International, 1993 et 1994.
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