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clients, ce qu’empiriquement nous pouvons percevoir dans les enjeux des équipes marketing
lors des présentations de leurs campagnes aux équipes de ventes. En effet, le jugement des
vendeurs sur l’aptitude des campagnes marketing peut parfois aboutir à en modifier
l’exécution tactique et par delà l’efficacité attendue. Des recherches très peu nombreuses et
récentes montrent l’intérêt de développer la collaboration entre ces deux fonctions clés de
l’organisation (Day, 1994; Sinkula, 1994; Slater et Narver, 1995; Dutta et al., 1999;
Weerawardena, 2003). Ainsi, bien que le rôle majeur de la force de vente et son niveau
d’expertise et de connaissances des clients aient été largement soulignés dans la littérature
(Jones et al, 2005 ; Marshall, 1999), à notre connaissance, aucune recherche n’a étudié, dans
un objectif de marketing collaboratif, la perception par la force de vente des campagnes
marketing. Pourtant, il semble nécessaire d’enrichir les travaux sur l’efficacité des campagnes
marketing, en développant des mesures plus qualitatives tenant compte des perceptions de
toutes les parties prenantes et notamment de celle qui se trouve en première ligne, à savoir la
force de vente. En effet, celle-ci, à la différence du marketing doit continuellement et
quotidiennement s’adapter à la clientèle, répondre à ses demandes, tout en tenant compte des
pressions environnementales et organisationnelles. Elle doit développer une expertise très
forte tout en respectant des contraintes technologiques et temporelles très élevées (Homburg
et al, 2002 ; Hunter et Perreault, 2006). Or de même que l’homme ne peut pas ne pas
communiquer, il ne peut pas non plus ne pas juger. Il apparait que le jugement des vendeurs
vis-à-vis des campagnes marketing doit être éclairé tant du point de vue individuel que du
point de vue social. Du point de vue individuel, la revue de la littérature de la perception
sociale réalisée par Yzerbyt & Schadron (1996) permet de comprendre que la perception par
les vendeurs des campagnes marketing n’est pas réductible à un simple avis technique. Il
s’agit d’un jugement social complet qui se construit à partir du contexte mais aussi des
objectifs, des représentations et des valeurs du vendeur ainsi que de ses interactions sociales.
Du point de vue social, les travaux sur la psychologie des groupes (Lewin, 1948 ; Sherif, 1961
; Rabbie et Horowitz 1969, 1982 ; Tajfel et Turner, 1979) cités par Yzerbyt & Schadron
(1996) montrent que l’accentuation perceptive (e.g : telle qu’elle peut être réalisée au sujet des
campagnes marketing) peut également alimenter un enjeu groupal de développement de
l’estime de soi conformément à la théorie de l’identité sociale. La question que nous posons
est donc de confronter les décisions marketing aux attentes de la force de vente. En d’autres
termes, nous voulons savoir si les outils que le marketing lui procure pour accomplir son
travail sont en adéquation avec ses attentes en matière de vente des produits mais également
en matière de valorisation de sa relation avec le client. Nous voulons en particulier