provoqués par son divorce avec Fatima Belaïd, sa seconde femme, ont été étouffés grâce à
des fonds secrets. Le procureur de la République prend la parole en fin d’audience pour
poser à M. Le FLoch-Prigent une question au sujet d’un retrait d’une facture très
importante de meubles de jardin le jour même de son départ d’Elf. Loïk Le Floch-Prigent
se rengorge : « j’ai eu une réaction de gamin. » Fin de la troisième audience, intermède
musical.
La dernière audience, « Comptes et règlements », est consacrée à la recherche des réels
bénéficiaires de détournements des caisses noires. Le président du tribunal explique qu’à
chaque nouvelle opération, la répartition des versements occulte était la même : un tiers
pour André Tarallo, deux tiers pour Alfred Sirven. À travers l’exemple d’une transaction
ratée au Venezuela, le président du tribunal arrive à faire témoigner Sirven contre Le
Floch-Prigent. Selon Alfred Sirven, l’ex-président d’Elf était au courant de tous ces
mouvements d’argent, c’était même lui qui passait les ordres et surtout un tiers des
commissions occultes lui revenait personnellement. Nous apprenons donc que les trois
principaux prévenus partageaient les sommes à parts égales. Sirven confirme qu’avec ces
caisses noires, Elf participait au financement des partis politiques.
L’ex-président Le Floch-Prigent récuse les accusations de son bras droit. Il dit penser
qu’Alfred Sirven cherche à protéger les véritables bénéficiaires des fonds occultes, des
hommes politiques notamment. Le Floch-Prigent reconnaît seulement avoir utilisé de
l’argent d’Elf pour acheter une propriété en Normandie et régler son divorce. Il explique
aussi que les vrais bénéficiaires des caisses noires étaient des hommes ou des partis
politiques. À un avocat qui lui demande si Elf servait dès sa création à financer le monde
politique français, Le Floch-Prigent répond que le groupe pétrolier a constitué de tous
temps une diplomatie parallèle. Pour garantir ses intérêts en Afrique, Elf dégage des fonds
occultes sur ses contrats. Ces sommes sont destinées à graisser la patte des dirigeants des
pays pétroliers, mais aussi de faire vivre les partis politiques français. Loïk Le Floch-
Prigent rappelle que l’affaire des frégates Thomson vendues à Taiwan est un autre
exemple de ce système, mais que le monde des marchands d’armes est beaucoup plus
dangereux que celui du pétrole. Toujours à la demande de son avocat, Le Floch-Prigent
précise qu’il estime que si Philippe Jaffré, son successeur, l’a poursuivi, c’était pour
garantir le soutient d’Elf à Edouard Balladur en vue des élections présidentielles de 1995.
L’ex-PDG finit son intervention en racontant que les principaux hommes d’Etat français,
de droite comme de gauche, sont au courant de tout ce qu’il sait sur le système Elf. Le