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Savoir plus: outils et méthodes de travail intellectuel
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éd.
(Raymond Robert Tremblay et Yvan Perrier) 1
LA DISSERTATION CRITIQUE EN SCIENCES HUMAINES
Dans le cadre d’un cours de sociologie, les étudiants étaient invités à faire une dissertation
critique de 20 pages au plus (maximum de 5 000 mots) dont le sujet était présenté comme suit:
1. Faites une présentation et une analyse critique des études de deux spécialistes de réputation
mondiale portant sur la mondialisation.
2. Montrez en quoi la mondialisation est ou non un phénomène plus complexe que le suggère la
démonstration des deux auteurs à l’étude.
3. Formulez une proposition de lecture de type conceptuelle visant à rendre compte de manière
un peu plus adéquate de ce phénomène.
Exemple
Voici un exemple de travail qui répond à ces consignes (version intégrale de l’exemple du manuel,
p. 155).
La mondialisation: le mot et la chose
S’il est un concept qui a fait couler beaucoup d’encre au cours des dernières années (et qui semble
capable d’en faire couler encore longtemps) c’est bien le concept de mondialisation. Dans le texte
qui suit, nous nous intéresserons à l’analyse que deux spécialistes de réputation internationale
font sur ce sujet. Le premier spécialiste est le politologue bien connu Riccardo Petrella, et le
deuxième est nul autre que le sociologue Jean Ziegler.
Notre problématique se structure autour des questions suivantes: à quoi au juste correspond la
réalité désignée par le concept de mondialisation selon ces deux éminents spécialistes? À quand
font-ils remonter l’origine de ce phénomène? Que met-il en jeu? Quelles perspectives d’actions
envisagent-ils pour le contrer? Ces perspectives sont-elles crédibles ?
Notre hypothèse est que les deux auteurs ont un point de vue qui va au-delà d’une vision
impressionniste du phénomène. Dans leurs ouvrages à l’étude, le concept est rigoureusement
défini. De plus, il est bien situé historiquement. La liste des éléments que la mondialisation met en
jeu est fondée sur des données quantitatives crédibles, et les pistes de solutions qu’ils formulent
présentent des perspectives réelles de succès.
Dans le cadre du présent travail, les concepts
1
que nous entendons utiliser sont pour l’essentiel les
suivants: la mondialisation, la globalisation, les firmes transnationales, l’État-nation, la
souveraineté de l’État, les organisations supranationales, l’exclusion, le déficit démocratique, la
société civile et le néolibéralisme.
Les méthodes de recherche que nous prévoyons déployer correspondent à une recherche de type
conceptuelle et comparative. Notre étude se base sur des données livresques et porte sur le
contenu même de la démonstration des spécialistes retenus. Étant donné que nous entendons
profiter de la présente recherche en vue de déboucher sur la formulation d’une nouvelle
hypothèse, il va sans dire que notre raisonnement sera du type abductif. Notre recherche a pour
objectif de faire une évaluation critique des analyses de Petrella et de Ziegler sur le sujet de la
mondialisation et, si c’est nécessaire, de déboucher sur la formulation d’une proposition
conceptuelle distincte.
Notre travail se divise en quatre parties. Dans un premier temps, nous allons résumer l’analyse du
politologue Riccardo Petrella concernant le phénomène de la mondialisation. Dans un deuxième
1. Les concepts et les méthodes énumérés dans les deux prochains paragraphes font l’objet d’une définition que le
lecteur trouvera dans le lexique à la fin du présent travail.
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temps, nous présenterons l’analyse du sociologue Jean Ziegler. Dans un troisième temps, nous
ferons une critique de ces perspectives d’analyse. Enfin, nous formulerons une proposition
conceptuelle visant à rendre compte d’une manière un peu plus adéquate du phénomène de la
mondialisation.
Dans notre conclusion, nous ferons une brève synthèse des connaissances qui se dégagent de
notre étude, puis nous validerons ou non notre hypothèse en examinant si elle mérite d’être
reformulée.
1.0 L’analyse politique de la mondialisation
Dans son ouvrage intitulé
Économie sociale et mondialisation de l’économie
, Riccardo Petrella fait
ressortir les principales caractéristiques de l’organisation actuelle de l’économie mondiale
capitaliste. Mentionnons d’entrée de jeu que ce politologue ne définit pas de manière rigoureuse
la mondialisation. Il associe ce phénomène à un état de fait qui caractérise l’«organisation
actuelle de l’économie» (p. 5) dont l’objectif correspond à l’intégration des économies nationales
«dans le marché mondial » (p. 6).
À ses yeux, cette mondialisation entraîne avec elle au moins trois conséquences majeures.
D’abord, une réduction significative du pouvoir d’orientation et de contrôle des acteurs publics
(les parlementaires) s’accompagnant d’un renforcement du pouvoir privé mondial (1997, p. 17).
Ensuite, il souligne que la mondialisation est porteuse de nouvelles et nombreuses inégalités
entre les différentes villes, régions et les divers pays (p. 22). Enfin, il démontre comment la
mondialisation produit et fabrique l’exclusion sociale (p. 19). Son analyse de la mondialisation
n’est pas que théorique, elle ne porte pas uniquement sur le fonctionnement de la société
contemporaine. Petrella met de l’avant un certain nombre de propositions en vue de «changer
nos sociétés» (p. 35).
1.1 La réduction du pouvoir des parlementaires
Aux yeux de Petrella, un impératif semble s’imposer à la population en général et à la classe
politique dirigeante en particulier. Cet impératif se résume dans la formule suivante: le sens de
l’histoire des sociétés contemporaines conduit inévitablement tous les peuples de la terre vers «la
constitution d’un grand marché mondial unique, intégré, autorégulateur (
The Single Global
Market Place
(p. 5). Telle serait notre destinée et c’est ce qui explique pourquoi les dirigeants
politiques des États nationaux se sont fixé comme tâche principale «de promouvoir la meilleure
intégration possible de l’économie nationale dans l’économie mondiale» (p. 6). Toutefois, cette
volonté d’inscrire l’économie nationale dans le cadre de l’économie mondiale en appliquant les
trois principes idéologiques qui ont été à la base du remodelage des systèmes économiques et
politiques depuis les années 1980 (la libéralisation des marchés, la déréglementation de
l’économie et la privatisation de l’économie
[
p. 9
]
), entraîne une réduction du «pouvoir
d’orientation et de contrôle des acteurs publics, à commencer par les parlements, expression
centrale de la représentation politique des citoyens en régime démocratique» (p. 17-18). Dans la
nouvelle dynamique à caractère économique et politique, les actions et décisions des pouvoirs
publics, loin de conduire vers la mise en place d’un pouvoir politique mondial, contribuent plutôt
«à renforcer le pouvoir privé mondial» (p. 18).
La déréglementation du fonctionnement de l’activité économique suppose que l’État abandonne
aux seules forces du marché l’activité régulatrice de l’économie (p. 10). La monnaie n’est plus «un
moyen aux mains des pouvoirs publics nationaux pour orienter [...] l’économie nationale» ; elle
«est devenue [...] une marchandise » (p. 11). Le contrôle de la monnaie échappe au contrôle des
parlements «au bénéfice des marchés financiers » (p. 11). Pour assurer une monnaie forte, les
dirigeants politiques doivent se soumettre aux impératifs économiques suivants: inflation zéro,
balance des paiements équilibrés, équilibres budgétaires (ce qui veut dire réduction des déficits
publics), réduction des dépenses sociales, baisse des impôts sur le capital et annonces de mesures
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susceptibles de favoriser les investissements privés (p. 12). Bref, ils doivent adopter des mesures
qui servent principalement les intérêts des grands détenteurs de capitaux.
Dans ce contexte où c’est l’économie «qui gouverne le monde » (p. 21), les droits inhérents à la
citoyenneté sont attaqués. Les politiques de redistribution de la richesse du
Welfare State
sont
remises en question. Les gains de productivité se font en faveur des détenteurs des capitaux, les
écarts de richesse s’accroissent.
1.2 L’accroissement des écarts entre les riches et les pauvres
La mondialisation ne fait pas que des gagnants. Pour Petrella, elle est porteuse de grandes
inégalités entre villes, régions et pays et elle engendre aussi un «retour massif de la pauvreté »
(p. 19). Il en est ainsi parce que les principes qui orientent l’action des dirigeants économiques et
politiques comportent des logiques «excluantes et ségrégationnistes » (p. 23). Chiffres à l’appui,
Petrella nous informe que «85 % des investissements directs mondiaux à l’étranger sont destinés
[...] comme au long des 15 dernières années, aux pays les plus développés du monde»
(CNUCED, cité par Petrella, p. 23). La portion restante, pour permettre aux pays pauvres de
produire des biens susceptibles de trouver preneurs sur les marchés des exportations, est minime.
Résultat, les politiques menées au nom de la libéralisation des marchés et du commerce
international, dans les pays sous-développés, ont pour effet d’augmenter «l’appauvrissement de
ces pays et
[
d’
]
amplifier la misère et la faim dans le monde» (p. 23).
1.3 L’exclusion sociale
Pour Petrella, il ne saurait faire de doute que «les marchés, les économies se mondialisent grâce,
entre autres, aux développements technologiques» (p. 8). Au sujet du rôle des nouvelles
technologies dans la mise en place d’une économie mondialisée, Petrella écrit: « À partir des
années 1970, la technologie a pris clairement une portée et une signification de plus en plus
“stratégique”. [...] [Le] développement axé sur les nouvelles technologies de l’information et de
la communication, la politique technologique est devenue l’instrument principal qui a scellé une
nouvelle alliance entre les pouvoirs publics et les
libres forces du marché
dans leur commune
bataille pour réussir l’intégration compétitive de l’économie nationale dans l’économie
mondiale» (p. 7 ; en caractères gras dans le texte).
Les innovations technologiques ont des effets sur le marché du travail. Elles éliminent des
emplois. Elles sont donc une source réelle d’exclusion sociale. Vers la fin du
XX
e
siècle, les États-
Unis d’Amérique comptaient plus de une personne sur cinq comme étant pauvre. Dans les pays de
l’Union européenne, on dénombrait plus de 52 millions de pauvres sur environ 300 millions de
personnes (p. 19). Un esprit de compétition amène les économies à rivaliser les unes avec les
autres. La logique de la compétition mène tout droit vers «la victoire de l’un sur l’autre,
l’élimination de l’autre» (p. 20).
Dans l’économie de marché capitaliste libéralisée, déréglementée, privatisée, le travail n’est plus
un droit. Petrella mentionne à ce sujet qu’en 1995, le nombre de chômeurs s’élevait à plus de «un
milliard à l’échelle mondiale» (p. 25). Dans cette économie de marché mondialisée, la personne
humaine est traitée par la classe dirigeante économique et politique comme une «ressource
humaine» qui a droit à l’existence « dans la mesure où elle contribue à l’efficacité de la
production de biens et de services vendables sur les marchés solvables» (p. 26). Autrement, elle
cesse d’être un sujet social ayant des droits. Elle n’est «qu’un coût » (p. 27) qui sera «éliminé »
(p. 26) quand elle cessera d’être «recyclable » (p. 26).
1.4 Des propositions en vue de «changer nos sociétés »
Pour Petrella, il n’y a rien d’inévitable ou d’inéluctable dans la présente mondialisation. Toutefois,
à ses yeux, elle est néfaste au bien-être mondial parce qu’elle est source de concentration de
pouvoir entre les mains d’une minorité d’acteurs privés; elle accroît les inégalités entre les
peuples et elle crée de l’exclusion sociale de masse. Il est possible, selon lui, de contrer les
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dévastations de la présente mondialisation et de passer d’une société mondiale compétitive à une
société mondiale solidaire dans la mesure où nous parvenons à
rétablir la primauté du politique sur l’économique et le financier;
[
à
]
redonner force et
légitimité aux droits de la citoyenneté sociale et au principe de solidarité;
[
à
]
reconstruire
les biens et les services communs de l’ensemble de la respublica et non plus seulement au
plan de nos villes et de nos pays mais aussi au niveau de la société mondiale (p. 35-36).
Telles sont, selon lui, les trois moyens à privilégier en vue de mettre «fin à la domination d’une
économie inspirée par la culture de la guerre, la culture de la conquête, la culture du meilleur, du
plus fort» (p. 3).
2.0 L’analyse sociologique de la mondialisation
Dans
Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent,
Jean Ziegler entend lever le voile
sur la structure, la visée historique, les stratégies et les tactiques des maîtres de l’univers et,
également, il entend fournir des armes pour le combat à ceux qui organisent la résistance face
aux «seigneurs » (p. 17-18).
Sa démonstration s’appuie sur quatre éléments. Dans un premier temps, il explore la
problématique de la mondialisation contemporaine en examinant le rôle qu’y joue l’empire
américain et en détaillant l’«idéologie des maîtres » (p. 19). Dans un deuxième temps, il tente de
montrer certains agissements des «prédateurs » (p. 19) qui imposent leurs diktats économiques à
l’ensemble des populations de la planète. Dans une troisième partie, il examine certaines activités
des grandes institutions internationales que sont le FMI, la Banque mondiale de développement
et l’OMC. Il nous décrit les dirigeants de ces organismes comme étant des «mercenaires dévoués
et efficaces
[
qui
]
servent l’ordre des prédateurs» (p. 19). Enfin, dans la quatrième partie, il nous
présente certaines organisations qui se sont assigné comme mandat de résister à ces nouveaux
maîtres du monde. Il s’agit de mouvements sociaux de protestation, qu’il regroupe à l’intérieur de
la notion de «nouvelle société civile planétaire », qui «
[
contestent
]
radicalement l’empire des
prédateurs» (p. 19-20).
2.1 La mondialisation contemporaine
La thèse centrale de l’ouvrage de Ziegler se résume comme suit: « Brusquement à 10 ans de l’an
2000 le monde a changé» (p. 25). Il présente ici deux faits à l’appui de cette affirmation. D’abord
la guerre du Golfe persique et ensuite l’effondrement du communisme en Europe de l’Est. Loin de
contribuer au triomphe de la liberté et à la généralisation des droits de l’homme à l’échelle de la
planète, ces deux événements ont plutôt permis à l’oligarchie du capitalisme financier mondial,
sous le leadership des États-Unis, d’imposer son ordre à l’échelle mondiale.
Ziegler estime que ces deux événements ont imposé une nouvelle dynamique historique. Ceux-ci
ont, selon lui, contribué à instaurer un nouvel ordre mondial en rupture avec celui qui se mettait
en place au lendemain de la victoire sur le nazisme en 1945. Bref, un monde qui ne cherche plus à
faire triompher les droits de l’homme à l’échelle de la planète, mais qui fonctionne
principalement selon les intérêts des «oligarchies régnantes ».
Ziegler ne définit pas clairement ce à quoi correspond la mondialisation. Il y a plutôt un rapport
d’équivalence qui est établi entre «mondialisation », «marché capitaliste mondial » (p. 12) et
«nouvel ordre mondial » (p. 36). Pour cet auteur, le nouvel ordre mondial a une source
idéologique: le « Consensus de Washington». Il s’agit ici d’un «ensemble d’accords informels»
(p. 63) convenu durant les années 1980 et 1990 entre des transnationales privées et des
institutions financières comme la Federal Reserve Bank, la Banque mondiale et le Fonds
monétaire international. Pour l’essentiel, l’objectif visé ici se résume comme suit: la mise en place
d’une nouvelle gouvernance étatique — la
stateless governance
. Cette gouvernance est
foncièrement d’inspiration néolibérale, puisqu’il est question de réforme de la fiscalité en faveur
des revenus les plus élevés, de libéralisation des marchés, d’un traitement égal pour les
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investisseurs (autochtones et étrangers), du démantèlement du secteur public, de la libéralisation
des échanges, d’une limitation des dépenses de l’État, etc. Bref, il s’agit pour l’essentiel de
déréglementation publique, de privatisation des services publics et de libéralisation du commerce
avec le moins de présence et de contrôle étatique possible pour l’ensemble des sphères de la vie
en société (économique, politique, sociale, socio-sanitaire et culturelle).
Ce nouvel ordre ne s’impose pas d’emblée à la totalité des populations de la planète. Il suppose le
recours à la force militaire (armée, marine et aviation)
(
p. 44-45
)
.
2.2 Les «prédateurs »
Les nouveaux maîtres du monde, qui mettent en place et définissent les règles du jeu du
commerce mondial, sont en train non pas de «mondialiser le monde », mais bien plutôt de créer
une «économie d’archipel » comportant ici des centres d’affaires riches et prospères et là des
économies exsangues et moribondes (p. 38). C’est du moins de cette façon que Ziegler analyse les
effets de certaines pratiques des prédateurs (banquiers et hauts dirigeants des firmes
transnationales) qui accumulent des profits mirobolants en surexploitant des populations
démunies du tiers-monde. Ces prédateurs sont présentés comme n’ayant aucun scrupule ou
aucune morale. Ils prônent, exigent et obtiennent la privatisation de plusieurs activités de l’État.
En ayant la possibilité de délocaliser leurs entreprises, ils sont en mesure d’introduire une
concurrence forcenée entre les différentes catégories de salariés. En détruisant les forêts, ils
dévastent la nature. Pour s’ouvrir de nouveaux marchés, ils s’adonnent à la corruption et pour se
soustraire à leurs obligations fiscales, ils cherchent refuge dans les paradis fiscaux. Bref, les
prédateurs s’enrichissent à même le sang des populations laborieuses du tiers-monde; ils
affaiblissent la capacité normative de l’État; ils fractionnent la solidarité entre travailleurs et
visent la «mort du syndicalisme » (p. 131); ils détruisent la planète ; ils recourent à des méthodes
illicites comme moyen de conquête de nouveaux marchés (la corruption) et ils sont de mauvais
citoyens corporatifs (ils détournent leurs profits vers des paradis fiscaux).
2.3 Les «mercenaires »
Aux yeux de Ziegler, le personnel dirigeant des grandes institutions commerciales et bancaires
internationales se mérite le titre de mercenaire dévoué et efficace au service des prédateurs. Il en
est ainsi parce que l’OMC, au cours de ses diverses rondes de négociation, a comme objectif avoué
la «réduction du pouvoir d’État et du secteur public en général » (p. 184). La Banque mondiale, de
son côté, (le «prêteur de dernière instance ») impose aux pays débiteurs les principales
dispositions du Consensus de Washington, ce qui implique, dans certains cas, une privatisation des
biens publics par des grandes firmes transnationales (les «prédateurs du capital mondialisé »
[
p. 213
]
). Pour ce qui est du FMI, à l’occasion de ses interventions dans des pays aux prises avec
une crise de remboursement de la dette, il impose au gouvernement du pays en défaut de
paiement diverses mesures comprises dans les plans d’ajustement structurel. Ces plans consistent à
mettre en vente, auprès des firmes transnationales privées, des entreprises publiques rentables.
Dans certains cas, le FMI impose la réduction des dépenses publiques, l’adoption de mesures anti-
inflationnistes (par exemple le gel des salaires) et la réduction draconienne des dépenses sociales.
2.4 La nouvelle société civile
Dans la présente conjoncture idéologique, marquée par une remise en question de la place de
l’État comme acteur central de la vie en société, il est impossible de compter sur la force publique
pour défendre les victimes de la mondialisation. Pour affronter le grand Goliath du monde
contemporain (les nouveaux maîtres du monde), il y a le petit David en qui réside l’espoir d’un
monde meilleur: la nouvelle société civile planétaire. Cette société civile se compose des
organisations ouvrières et syndicales, des mouvements paysans, des groupes de femmes, des
peuples autochtones, des groupes écologistes et des organismes non gouvernementaux. Trois
moyens sont mis en œuvre par la grande diversité des groupes qui militent en faveur d’un monde
plus juste et égalitaire. Les contre-sommets (par exemple Porto Alegre, le Sommet des peuples des
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