© Les Éditions de la Chenelière inc., 2006,
Savoir plus: outils et méthodes de travail intellectuel
, 2
e
éd.
(Raymond Robert Tremblay et Yvan Perrier) 5
investisseurs (autochtones et étrangers), du démantèlement du secteur public, de la libéralisation
des échanges, d’une limitation des dépenses de l’État, etc. Bref, il s’agit pour l’essentiel de
déréglementation publique, de privatisation des services publics et de libéralisation du commerce
avec le moins de présence et de contrôle étatique possible pour l’ensemble des sphères de la vie
en société (économique, politique, sociale, socio-sanitaire et culturelle).
Ce nouvel ordre ne s’impose pas d’emblée à la totalité des populations de la planète. Il suppose le
recours à la force militaire (armée, marine et aviation)
(
p. 44-45
)
.
2.2 Les «prédateurs »
Les nouveaux maîtres du monde, qui mettent en place et définissent les règles du jeu du
commerce mondial, sont en train non pas de «mondialiser le monde », mais bien plutôt de créer
une «économie d’archipel » comportant ici des centres d’affaires riches et prospères et là des
économies exsangues et moribondes (p. 38). C’est du moins de cette façon que Ziegler analyse les
effets de certaines pratiques des prédateurs (banquiers et hauts dirigeants des firmes
transnationales) qui accumulent des profits mirobolants en surexploitant des populations
démunies du tiers-monde. Ces prédateurs sont présentés comme n’ayant aucun scrupule ou
aucune morale. Ils prônent, exigent et obtiennent la privatisation de plusieurs activités de l’État.
En ayant la possibilité de délocaliser leurs entreprises, ils sont en mesure d’introduire une
concurrence forcenée entre les différentes catégories de salariés. En détruisant les forêts, ils
dévastent la nature. Pour s’ouvrir de nouveaux marchés, ils s’adonnent à la corruption et pour se
soustraire à leurs obligations fiscales, ils cherchent refuge dans les paradis fiscaux. Bref, les
prédateurs s’enrichissent à même le sang des populations laborieuses du tiers-monde; ils
affaiblissent la capacité normative de l’État; ils fractionnent la solidarité entre travailleurs et
visent la «mort du syndicalisme » (p. 131); ils détruisent la planète ; ils recourent à des méthodes
illicites comme moyen de conquête de nouveaux marchés (la corruption) et ils sont de mauvais
citoyens corporatifs (ils détournent leurs profits vers des paradis fiscaux).
2.3 Les «mercenaires »
Aux yeux de Ziegler, le personnel dirigeant des grandes institutions commerciales et bancaires
internationales se mérite le titre de mercenaire dévoué et efficace au service des prédateurs. Il en
est ainsi parce que l’OMC, au cours de ses diverses rondes de négociation, a comme objectif avoué
la «réduction du pouvoir d’État et du secteur public en général » (p. 184). La Banque mondiale, de
son côté, (le «prêteur de dernière instance ») impose aux pays débiteurs les principales
dispositions du Consensus de Washington, ce qui implique, dans certains cas, une privatisation des
biens publics par des grandes firmes transnationales (les «prédateurs du capital mondialisé »
[
p. 213
]
). Pour ce qui est du FMI, à l’occasion de ses interventions dans des pays aux prises avec
une crise de remboursement de la dette, il impose au gouvernement du pays en défaut de
paiement diverses mesures comprises dans les plans d’ajustement structurel. Ces plans consistent à
mettre en vente, auprès des firmes transnationales privées, des entreprises publiques rentables.
Dans certains cas, le FMI impose la réduction des dépenses publiques, l’adoption de mesures anti-
inflationnistes (par exemple le gel des salaires) et la réduction draconienne des dépenses sociales.
2.4 La nouvelle société civile
Dans la présente conjoncture idéologique, marquée par une remise en question de la place de
l’État comme acteur central de la vie en société, il est impossible de compter sur la force publique
pour défendre les victimes de la mondialisation. Pour affronter le grand Goliath du monde
contemporain (les nouveaux maîtres du monde), il y a le petit David en qui réside l’espoir d’un
monde meilleur: la nouvelle société civile planétaire. Cette société civile se compose des
organisations ouvrières et syndicales, des mouvements paysans, des groupes de femmes, des
peuples autochtones, des groupes écologistes et des organismes non gouvernementaux. Trois
moyens sont mis en œuvre par la grande diversité des groupes qui militent en faveur d’un monde
plus juste et égalitaire. Les contre-sommets (par exemple Porto Alegre, le Sommet des peuples des