
Document 4 – La division sociale du travail accompagne la division technique du travail : 
« Observez, dans un pays civilisé et florissant, ce qu'est le mobilier d'un simple journalier ou du dernier des manœuvres, et 
vous verrez que le nombre des gens dont l'industrie a concouru pour une part quelconque à lui fournir ce mobilier, est au-delà de tout 
calcul possible. La veste de laine, par exemple, qui couvre ce journalier, toute grossière qu'elle paraît, est le produit du travail réuni 
d'une innombrable multitude d'ouvriers. Le berger, celui qui a trié la laine, celui qui l'a peignée ou cardée, le teinturier, le fileur, le 
tisserand, le foulonnier, celui qui adoucit, chardonne et unit le drap, tous ont mis une portion de leur industrie à l'achèvement de cette 
oeuvre grossière. Combien, d'ailleurs, n'y a-t-il pas eu de marchands et de voituriers employés à transporter la matière à ces divers 
ouvriers, qui souvent demeurent dans des endroits distants les uns des autres ! Que de commerce et de navigation mis en mouvement ! 
Que de  constructeurs  de vaisseaux, de  matelots, d'ouvriers en  voiles  et en  cordages,  mis en oeuvre pour  opérer  le transport des 
différentes drogues du teinturier, rapportées souvent des extrémités du monde ! Quelle variété de travail aussi pour produire les outils 
du  moindre de  ces ouvriers ! Sans parler  des  machines les  plus compliquées, comme  le vaisseau du commerçant,  le moulin  du 
foulonnier ou même  le métier du  tisserand, considérons  seulement  quelle  multitude de travaux exige une  des  machines  les  plus 
simples, les ciseaux avec lesquels le berger a coupé la laine. Il faut que le mineur, le constructeur du fourneau où le minerai a été 
fondu, le bûcheron qui a coupé le bois de la charpente, le charbonnier qui a cuit le charbon consommé à la fonte, le briquetier, le 
maçon, les ouvriers qui ont construit le fourneau, la construction du moulin de la forge, le forgeron, le coutelier, aient tous contribué, 
par la réunion de leur industrie, à la production de cet outil ». 
A. Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Livre I, Chapitre 1, 1776 
Question 1 : Soulignez toutes les professions qu’on peut  associer directement ou indirectement à la veste de  laine du journalier 
(personne qui est employée pour une journée).  
Question 2 : Essayer d’imaginer toutes les professions qui ont contribué directement ou indirectement à la production du stylo qui 
vous permet en ce moment d’écrire.  
Question 3 : Peut-on parler dans les deux cas d’une division sociale du travail ? Que signifie alors ce terme ?  
 Document 5 – Externalisation et décomposition internationale des processus de production :  
  « ‘‘Ah,  vous  parlez  du  Meccobaï’’  m’a  lancé  avec  désinvolture,  lors  d’un  déjeuner,  le  consultant  d’un  cabinet  de  conseil  en 
management. ‘‘Le quoi ?’’, ai-je demandé, croyant entendre quelque expression russe. ‘‘Make or buy’’. En français : ‘‘fabriquer ou acheter’’. 
‘‘Je vais vous expliquer. Prenez ce moulin à poivre’’ m’a-t-il dit en soupesant le banal petit objet, composé d’un flacon de verre, d’un 
couvercle en aluminium et d’une manivelle de bois coiffée d’un bouchon décoratif. ‘‘Imaginez que nous arrivions dans l’entreprise qui le 
fabrique. Pour chaque élément, chaque composant, nous posons au patron la même question : make or buy ? Nous lui demandons en fait s’il 
est réellement vital pour lui de fabriquer dans son usine cette manivelle de bois, ce bouchon, ce couvercle d’aluminium et ce flacon […].  
  « Tout acheteur aguerri bombardé dans une entreprise de quelque secteur que ce soit peut détecter les processus qui pourraient être 
réalisés moins cher ailleurs. On voit l’éditeur provençal Actes Sud faire imprimer des ouvrages en Thaïlande ou des grandes marques de 
canapé confier la couture de leurs coussins à des ateliers du Maghreb. […] Autre illustration, le vélo vedette du groupe Décathlon, le modèle 
‘‘B’Twin’’, le plus vendu au monde, et dont les centaines de pièces viennent de trente pays différents. […] Les cadres viennent à 70% de 
Chine et de Taïwan, et à 30% du Portugal. Les éclairages et les garde-boue sont français, les jantes viennent de Belgique ou d’Espagne, les 
dérailleurs sont fournis par une société américaine qui fait fabriquer en Irlande, les selles et les pédales arrivent d’Italie, les leviers de frein du 
Portugal, et les pneus de Thaïlande. La Suisse, qui fournit des rayons haut de gamme, est l’un de ces pays ‘‘chers’’ qui profitent de leur forte 
tradition cycliste ».  
F. Benhamou, Le grand bazar mondial, 2005 
 Question type bac (corrigé) : En quoi la stratégie d’externalisation confirme-t-elle l’analyse d’Adam Smith. 
On présente le problème. Qu’est-ce qu’on peut se poser comme question avec l’auteur, ici Smith, pour étudier un phénomène récent. On doit 
donc rappeler ce que pense Smith. Selon Adam Smith, c’est la division du travail, causée par la propension des hommes à échanger, qui 
permet des gains de productivité. De plus, l’extension des marchés accompagne une division du travail croissante, aussi bien technique que 
sociale, qui contribue au bien commun par le mécanisme de la main invisible. Puis voir s’il n’y a pas une question qu’on peut en tirer. Dans 
quelle mesure ces théories s’appliquent-t-elles aux pratiques des entreprises d’aujourd’hui ?  
On présente d’abord ce que nous donne le texte étudié pour bien relier le texte à notre question générale issue de Smith. La pratique récente 
des entreprises que présente Marc Chevallier dans un article d’Alternatives Economiques est celle de l’externalisation. On pense à définir vu 
qu’il y a ici un terme technique. L’externalisation consiste pour une entreprise à donner à faire une partie de sa production par un producteur 
externe, généralement nommé sous-traitant. Au lieu de produire, l’entreprise décide donc d’acheter un produit. On rappelle maintenant le 
problème qu’on se pose. Est-ce que cette externalisation est bien une division technique et/ou sociale du travail au sens de Smith ?  
On rentre ensuite dans le détail, en connaissant donc bien son cours. Premier constat, sur l’origine. Pour cela, il faut d’abord se demander si 
elle a bien pour origine la propension des hommes à échanger. On constate tout d’abord qu’« à l’origine de la décision d’externaliser, il y a 
toujours  une  volonté  de  réduire  les  coûts ».  C’est  donc  de  manière  consciente  que  les  entreprises  cherchent  les  gains  de  productivité, 
contrairement à ce que déclarait Smith dans les Recherches.  
Deuxième constat, sur le fonctionnement. Pour autant, l’externalisation fonctionne bien comme la division du travail de Smith et a les mêmes 
conséquences.  Si  l’entreprise  décide  d’externaliser,  c’est  qu’elle  considère,  entre  autres,  qu’un  fournisseur  est  « spécialisé,  bénéficie 
d’économies d’échelle ». Le fournisseur dispose d’une assez bonne spécialisation pour pouvoir produire de grandes quantités pour un coût 
unitaire  faible.  Il  s’appuie  ainsi  sur  une  division  technique  du  travail.  De  plus,  cette  spécialisation  s’observe  par  exemple  par  des 
« compétences spécifiques » coûteuses à mettre en œuvre par l’entreprise elle-même. De la même manière que, dans une tribu, on distingue 
le rôle du chasseur du rôle du forgeron en fonction de leurs compétences, les entreprises modernes distinguent leur rôle dans la production. 
On assiste ainsi à une division sociale du travail interfirme par le biais de l’externalisation.  
Troisième constat. Sur les conséquences Rien n’interdit alors que cette externalisation puisse profiter à tous, comme l’explique Smith avec sa 
théorie de la main invisible. Comme le dit Bernard Baudry dans Economie de la firme : « chaque entreprise, en concentrant ses ressources 
sur les activités qu’elle maîtrise le mieux, fait profiter aux firmes avec lesquelles elle est en relation des progrès qu’elle réalise en termes de 
coûts, de performance et de qualité ».  
Dernier constat, sur le rapport entre taille des marchés et division du travail, vu qu’on a montré en quoi c’est bien une division du travail 
qui  est  à l’œuvre :  Si  l’on s’en  tient à l’analyse de  Marc  Chevallier,  on  constate  enfin que l’externalisation tend  de  plus en plus  à  se 
généraliser, et même à « perdurer, au contraire de beaucoup de modes managériales ». Etant donné que les cinquante dernières années ont vu 
l’augmentation forte des échanges internationaux, et donc de la taille des marchés, on peut supposer que les deux phénomènes vont de pair.  
On n’oublie pas de conclure. Ainsi le phénomène de l’externalisation semble-t-il bien correspondre, à quelques nuances près sur la question 
de l’origine, à la théorie d’Adam Smith.