NOTE D’INTENTION
Kolik constitue le troisième volet de la trilogie Guerre.
Suite à un premier volet consacré à la guerre dans la société
contemporaine, un deuxième volet évoquant le conit dans la
sphère familiale, Kolik met en scène l’individu face à lui-même
au moment de sa mort.
« Qu’est-ce que l’on attend de l’homme.
De cet autre soi qui nous encombre du dedans.
Qu’est-ce qui nous pousse dans le cerveau
Qui crée la faillite de la pensée
Qu’est-ce que c’est que cette société
Qui de crise en crise produit de petites révolutions étouées
Qu’est-ce qui nous donne l’envie de voir tout du début
Qui nous donne envie de nous asseoir un peu à côté
Qu’est-ce que l’empreinte d’un grand silence
Qui nous amène le désir d’entendre la mémoire d’un premier
cri
Qu’est-ce qui m’attache à toi
Qui m’enlève à moi-même
« Kolik » C’est cet autre soi redouté,
aimé parfois mais souvent rejeté
Non pas mépris de soi
Ou par je ne sais quelle dépression
Qui nous jouerait des tours
Non
Kolik c’est ce besoin insatiable
Mais combien enseveli au n fond de l’être
Qui nous intime l’ordre d’apparaître à nous-mêmes
Enn et pour l’éternité
Qui nous intime ce besoin premier
Au-delà de toute apparence et de toute contrainte sociale
D’être et de nous constituer par nous-mêmes
Kolik c’est la lutte de l’esprit contre les poisons qui hantent
notre chair face aux désirs
C’est la réalisation possible, fulgurante d’un texte qui appelle à
la confession sans religion
C’est au bout de soi par tous les pores de la peau
C’est la lumière dans le sombre le plus reculé
C’est apprendre à perdre le langage pour y découvrir ces mer-
veilles
C’est se forger de la force des mots pour être saisis par la mu-
sique
Une musique abstraite qui nous dresse d’un coup à tout saisir
La capacité enn retrouvée d’acception de son ignorance
comme le fondement de notre compréhension face à ce qui
nous entoure
L’écriture de Kolik est un corps traversé par l’espérance d’une
vie
retrouvée, débarrassée de toute l’appréhension du monde qui
l’entoure
Un corps vide, un corps savant, un corps matière, un corps
guidé par l’odorat de la parole. »
Hubert Colas
PRESSE
Télérama - Emmanuelle Bouchez
« L’homme assis à sa table de conférence s’in-
vective. Son discours ne s’arrête jamais, sauf
quand il vide à la hâte les verres devant lui.
(…) À quoi assistons-
nous ? Au soliloque d’un homme qui semble
se réveiller d’un long coma et rêve sans doute
d’y retourner. Et qui teste la résistance des
mots qu’il déroule en listes thématiques (la
musique, la science, la mort). Ce spectacle -
performance met les nerfs à vif, tant il faut
rester vissé au texte pour en vivre l’eet verti-
gineux. Troisième volet d’une trilogie écrite au
milieu des années 1980 par un auteur berlinois
par ailleurs docteur en médecine et en mathé-
matiques, Kolik décrit la lutte obsessionnelle
d’une conscience qui veut appréhender son
propre fonctionnement. L’incroyable acteur
ierry Raynaud articule des paroles qui ne
sont pas encore des pensées, mais plutôt de la
matière brute… « J’étais là, moi fait de moi »,
sussure-t-il en boucle sans pouvoir en expli-
quer davantage. Et
nous ? Hypnotisés, nous éprouvons l’étrange
sensation de otter dans un espace - temps
incertain. Renvoyés à nous-mêmes. »
Les Inrockuptibles - Patrick Sourd
« C’est en usant du potentiel d’illusion dont
se réclame le théâtre que […] Colas recrée
un phénomène de transe qui ne s’appuie que
sur le contenu des mots. Dépouillée de son
masochiste sens du sacrice, la découverte de
cet auteur écorché vif mérite d’autant plus le
détour. »
France Culture - Sophie Joubert
« C’est une expérience physique qui va, du-
rant 1h10, vous clouer à votre fauteuil : un
homme, seul à une table, se lance dans une
logorrhée, un torrent de paroles que rien ne
semble pouvoir apaiser. [...] Kolik, traduit par
Olivier Cadiot et Christine Seghezzi, n’est
pas un texte aimable, qui se laisse apprivoiser.
C’est un texte qui résiste, qui agresse, insulte,
dée l’entendement et la logique. »
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