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INTRODUCTION
Parce que le choix d’émigrer vers la France répond autant à une aspiration économique qu’à
une aspiration politique, il est aussi bien souvent de l’ordre du symbolique. Les auditions
conduites par le Haut Conseil nous l’ont montré : les nouveaux immigrants, reçus sur les
plateformes l’OFII (Office Française de l’Immigration et de l’Intégration) - qui a remplacé
l’ANAEM (Agence Nationale d’Accueil des Etrangers et des Migrations) par décret du 25 mars
2009 - ou dans les organismes réalisant la journée de Formation civique, expriment souvent
le choix de la France comme celui de la liberté, de l’Etat de droit, de la démocratie sociale.
Néanmoins, il apparaît aux différents acteurs de terrain que certaines valeurs républicaines,
et particulièrement celles de l’égalité homme-femme et de laïcité, sont perçues comme
contradictoires avec les valeurs dont se disent porteurs certains migrants. Cette
confrontation avec de nouveaux codes culturels, sociaux et politiques semble
particulièrement violente pour certains publics qui en réaction peuvent se replier dans une
représentation figée de leur culture d’origine.
Depuis 2003, la France a mis en œuvre une politique volontariste d’accueil des nouveaux
immigrants. On rappellera ici cette montée en puissance conduisant à la création du Contrat
d’Accueil et d’Intégration (CAI) dont le caractère obligatoire est affirmé par la loi depuis le 1
er
janvier 2007 :
- juillet 2003 – décembre 2004 : expérimentation du CAI conduisant à la loi du 18
janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale qui crée le CAI
- loi du 26 novembre 2003 relative à la maitrise de l’immigration, au séjour des
étrangers en France et à la nationalité qui crée pour les candidats à la naturalisation
l’obligation de connaître les droits et devoirs conférés par la nationalité française.
- loi du 24 juillet 2006 relative à l’immigration et à l’intégration qui rend le CAI
obligatoire et fixe la condition de respect des principes républicains pour la
délivrance de la carte de résident
- loi du 20 novembre 2007 relative à la maitrise de l’immigration, à l’intégration et à
l’asile qui crée une évaluation et une sensibilisation aux valeurs de la République
pour els demandeurs de visas familiaux.
Avec le CAI, l’Etat s’engage principalement par le stage de formation civique, à transmettre
aux publics migrants des informations de nature historique, institutionnelle, juridique voire
sociologique, lui permettant de mieux connaître les symboles et valeurs de la République.
Vecteur essentiel du parcours d’intégration du migrant dans la société française, la
connaissance de ces valeurs engage à les respecter. Ainsi que l’illustrent les articles L. 211-2-
1, 411-8, 311-9 et 314-2 du CESEDA
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et l’article 21-24 du Code civil
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, la législation fixe pour
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Article 211-2-1
La demande d'un visa pour un séjour d'une durée supérieure à trois mois donne lieu à la délivrance par les
autorités diplomatiques et consulaires d'un récépissé indiquant la date du dépôt de la demande. Sous réserve
des conventions internationales, pour lui permettre de préparer son intégration républicaine dans la société
française, le conjoint de Français âgé de moins de soixante-cinq ans bénéficie, dans le pays où il sollicite le visa,
d'une évaluation de son degré de connaissance de la langue et des valeurs de la République. Si cette évaluation
en établit le besoin, les autorités mentionnées au premier alinéa organisent à l'intention de l'intéressé, dans le
pays où il sollicite le visa, une formation dont la durée ne peut excéder deux mois, au terme de laquelle il fait
l'objet d'une nouvelle évaluation de sa connaissance de la langue et des valeurs de la République. La délivrance
du visa est subordonnée à la production d'une attestation de suivi de cette formation. Cette attestation est