La science pour la gestion des AMP

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La science pour la gestion des AMP
LES AMP :
OUTILS POUR
UNE PÊCHE
DURABLE
EDITORIAL
CONTENTS
Points clé...................................
Contexte global .........................
Etat de l’art................................
Implications pour
les gestionnaires d’AMP............
Remarques finales....................
References.................................
P.2
P.3
P.9
Des AMP bien gérées représentent un soutien important
pour la pêche à petite échelle et une collaboration
étroite entre les gestionnaires d’AMP et les pêcheurs est
essentielle.
P.13
P.14
P.15
Cette édition de « La science pour la gestion des AMP »
propose d’explorer ce thème en amont de la conférence
régionale de la FAO-CGPM organisée à Algers du 7 au 9
mars en collaboration avec le WWF, MedPAN, CIHEAM et le
gouvernement algérien. Sous la bannière « Construire un
avenir pour une pêche artisanale durable en Méditerranée
et en mer Noire », cette conférence, au travers d’un de
ses cinq panels, proposera des recommandations pour
améliorer l’efficacité des AMP en tant qu’instrument de
gestion de la pêche.
Puis, plus tard dans l’année, le Statut des AMP de
Méditerranée 2016 (MedPAN et CAR/ASP) devrait offrir
une analyse détaillée de la relation entre les AMP, les
réserves de pêche et les pêcheurs à petite échelle en
Méditerranée.
En attendant, nous vous souhaitons une bonne lecture...
www.medpan.org
The MedPAN secretariat
Le réseau des gestionnaires d’Aires Marines Protégées en Méditerranée
Parc national de Port-Cros © C. Gérardin
- Numéro 5 - Mars 2016 -
Biomasse de poisson plus importante dans l’AMP des Iles Bergeggi en Italie© M. Corradi
POINTS CLÉ
• Les AMP et les réserves de pêche peuvent, dans certaines
circonstances, constituer des outils efficaces de gestion
de la pêche pour la production de produits de la mer.
• La
rigueur juridique et l’application de la réglementation
semblent être des facteurs déterminants pour l’efficacité
écologique des AMP.
•
Les
réseaux d’AMP sont susceptibles de générer
des bénéfices de conservation et de production plus
importants que les AMP individuelles.
• En
Méditerranée, il existe des preuves d’exportation de
biomasse sur de courtes distances à partir d’AMP et de
réserves de pêche anciennes, bien surveillées et où le
prélèvement est interdit.
• Les
gestionnaires peuvent contribuer à des océans plus
sains et plus productifs en assurant un suivi et une
surveillance appropriés dans les AMP.
Cette édition spéciale de la newsletter scientifique de MedPAN a été préparée par David Rodriguez Rodriguez pour l’association MedPAN.
© 2016 - MedPAN
La reproduction de cette publication pour un but éducatif ou tout autre but non commercial est autorisée sans permission écrite préalable du
détenteur des droits d’auteur à condition que la source soit dûment citée. La reproduction de cette publication pour la revente ou tout autre but
commercial est interdite sans la permission écrite préalable du détenteur des droits d’auteur.
Citation recommandée: Rodríguez-Rodríguez, D. 2016. Les AMP : des outils pour une pêche durable. MedPAN. Marseille, France. Lien : http://
www.medpan.org/documents/10180/0/Science+for+MPA+management+-+Num%C3%A9ro+5/21cdab8e-de27-4944-945c-84953647931a
Cette édition a reçu le soutien financier de :
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LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP
CONTEXTE GLOBAL
CONSERVATION OU PRODUCTION : QU’EST
QU’UNE AMP ET QUELLE EST SA FONCTION ?
Le rôle d’une AMP en tant qu’outil de conservation de la nature est
souligné dans ses deux définitions principales (CDB, 1992 ; Dudley,
2008). Cependant, alors que l’objectif principal de toute désignation
d’AMP devrait être la conservation de l’environnement (par souci de
préservation des gènes, des espèces et des habitats précieux sur le long
terme), un certain nombre d’objectifs secondaires et complémentaires
peuvent être (et sont souvent) recherchés. L’amélioration de la pêche
est l’un des objectifs secondaires les plus courants d’une AMP. Les
directives internationales suggèrent que lorsque le seul ou même le
principal objectif d’une AMP est la production de produits de la mer,
elle ne devrait pas être considérée comme une AMP (Day et al., 2012).
Dans ce cas, il s’agirait d’une réserve de pêche. Cette nuance subtile
est importante, par exemple lors de l’évaluation des progrès réalisés
par un pays concernant les objectifs internationaux de couverture des
AMP (CDB, 2010).
Les organisations internationales telles que l’UICN1 ou la FAO2
soulignent l’importance d’une approche écosystémique3 qui allie
conservation et utilisation durable de la biodiversité marine. Cette
approche implique l’adoption, chaque fois que c’est possible, d’une
vision holistique de la gestion des mers et des océans qui
tient compte des facteurs biologiques, mais aussi socioPermanence
économiques et culturels (CDB, 2012). Dans le cadre de la
et conservation
gestion de la pêche, les AMP sont généralement définies
de la biodiversité
comme des zones temporellement et géographiquement
=
déterminées qui offrent aux ressources naturelles une
caractéristiques
plus grande protection que celle offerte dans le reste
importantes d’une
d’une zone définie par rapport à la gestion de la pêche (ex :
AMP
la pêche, écosystème ou AMP ; FAO, 2016). Cependant, les
directives internationales recommandent de ne pas considérer
les mesures de protection spatiales temporelles comme étant des
AMP, puisque la dégradation de l’environnement est susceptible de
se produire en dehors des périodes de protection (Day et al., 2012)
et peut endommager les espèces cibles de manière très intense et
rapide (Montbrison, 2013).
A partir de ces deux premiers paragraphes, on peut déjà relever
deux caractéristiques importantes que devrait posséder toute AMP :
1 - Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
2 - Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture.
3 - L’approche écosystémique est une stratégie pour la gestion intégrée des ressources terrestres et
marines qui favorise la conservation et l’utilisation durable de manière équitable. Elle reconnaît que les
êtres humains, avec leur diversité culturelle, font partie intégrante des écosystèmes.
Numéro 5 - Mars 2016
Les AMP, des outils pour une pêche durable
3
la permanence et avoir comme objectif principal la conservation
de la biodiversité. Ici seront considérées uniquement des AMP
qui ont l’amélioration de la pêche comme l’un de leurs objectifs
complémentaires, quelle que soit leur désignation spécifique, ainsi
que des réserves de pêche.
LES AMP COMME OUTIL POUR LA GESTION
DE LA PÊCHE
Aujourd’hui, l’humanité dispose de la puissance et des moyens
technologiques suffisants pour épuiser complètement les océans si
elle le souhaite. C’est pour cela que la gestion durable de la pêche est si
importante pour une activité économique basée encore principalement
sur « la chasse et la cueillette » des ressources sauvages dans un
environnement physique où les réglementations sont difficiles à
appliquer. L’approche écosystémique des pêches4 (AEP) adoptée par
les organisations internationales telles que la FAO, vise à parvenir à une
exploitation durable des ressources de la mer. L’AEP suit une démarche
socio-écologique intégrée, préventive et menée scientifiquement qui
guide les directives et recommandations de la FAO sur la gestion de
la pêche (FAO, 2011). En règle générale, la gestion
de la pêche est orientée vers le maintien des stocks
Les AMP et les réserves de qui fournissent un rendement (ou capture) durable
pêche sont un des outils
maximal grâce à des règles de gestion (ex : capture
pour la gestion durable
totale autorisée) visant à contrôler le niveau de la
mortalité dans les captures. Certains des outils les
des océans
plus courants de gestion de la pêche sont : 1) les
limites de capture ou la capture totale autorisée ; 2)
la limitation de l’effort de pêche (à savoir un nombre limité de bateaux
ou d’engins de pêche, des restrictions sur le nombre de sorties) ; 3) les
restrictions sur la taille des poissons qui peuvent être capturés ; 4) les
contrôles d’accès (ex : licences) ; 5) l’attribution de droits de pêche (en
termes de capture, d’effort, ou d’espace (ex : Droits d’Usage Territoriaux
dans les Pêcheries [DUTP] etc.) ; 6) des fermetures spatio-temporelles
et par type d’engin de pêche, qui peuvent être une forme d’AMP (en
fonction de la permanance, des objectifs et autres restrictions). Les
DUTP pourraient également être considérés comme des AMP, si ceux
qui détiennent le droit d’usage imposent des restrictions sur ce que
peuvent faire les différents acteurs dans la zone désignée.
Parmi le raisons les plus courantes pour établir des AMP ou des
réserves de pêche en vue de l’amélioration de la pêche, on compte :
1) limiter ou éliminer la mortalité dans les captures ; 2) protéger des
étapes spécifiques de la vie des espèces protégées ; 3) stimuler le
repeuplement des zones environnantes grâce à l’effet de dispersion de
4 - L’AEP vise à planifier, développer et gérer la pêche d’une manière qui répond aux besoins et désirs
multiples des sociétés, sans mettre en péril les possibilités pour les générations futures de bénéficier de
toute la gamme de produits et de services fournis par les écosystèmes aquatiques.
4
LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP
poissons ou de larves qui migrent hors des AMP ; 4) servir de source
et/ou de puits pour les œufs et les larves de poissons afin d’améliorer
le recrutement ; 5) protéger l’habitat, l’intégrité du réseau trophique
et la biodiversité ; 6) réduire les prises accessoires, les rejets et autres
effets négatifs sur les espèces capturées et les espèces focales ; 7)
réduire la concurrence entre les groupes d’usagers ; et 8) avoir des
bastions de résilience5 potentiels dans l’océan. Néanmoins, il convient
de préciser, que même si elles sont importantes pour la gestion de la
pêche, les AMP et les réserves de pêche sont un simple outil pour la
gestion durable des océans. Elles ne sont pas toujours nécessaires
ou efficaces pour résoudre les problèmes de la pêche, ni pour toutes
les espèces, en particulier celles qui parcourent de longues distances.
Mais par quel mécanisme les AMP peuvent-elles améliorer la pêche ?
® WWF
LA LOGIQUE DE PROTECTION : COMMENT
LES AMP CONTRIBUENT-ELLES À
L’AMÉLIORATION DE LA PRODUCTION DE
PRODUITS DE LA MER ?
La logique derrière la désignation d’une AMP est la suivante : par l’arrêt
ou la réduction de la perte d’habitat et de la mortalité par captures,
les individus peuvent survivre plus longtemps, grandir, se reproduire
davantage, et les populations protégées peuvent ainsi prospérer, non
seulement à l’intérieur des réserves, mais également dans les zones
avoisinantes vers lesquelles elles exportent des individus. La base
théorique de cette hypothèse est que la taille d’une population est le
5 - La résilience est la capacité d’un système à retrouver l’équilibre après une perturbation.
Numéro 5 - Mars 2016
Les AMP, des outils pour une pêche durable
5
résultat de quatre facteurs d’équilibre : la natalité, l’immigration (côté
positif), la mortalité et l’émigration (côté négatif). Par conséquent,
une mortalité réduite et une augmentation de l’immigration due à
une meilleure qualité de l’habitat devraient augmenter la taille et le
nombre d’individus dans les AMP jusqu’à ce qu’un point de saturation
soit atteint à partir duquel les ressources se trouvant dans la réserve
commencent à limiter la croissance de la population. Ainsi se
produit alors une exportation de juvéniles ou d’adultes vers les zones
environnantes ou lointaines (selon le caractère sédentaire de l’espèce)
(Mora & Sale, 2011). Ceci est la théorie.
© thefisheriesblog.com
Dans la pratique, l’efficacité des AMP et des réserves de pêche en tant
que productrices de ressources dépend de facteurs tels que leur design,
les restrictions qu’elles imposent sur les usages humains ou encore
la biologie des espèces cibles. Autant les espèces en danger que les
espèces commerciales avec des capacités de dispersion limitées ou
qui occupent des territoires restreints, peuvent bénéficier d’une bonne
protection grâce à ces mesures de protection spatiales (Roberts et al.,
2010). Ces avantages vont s’accroître avec l’augmentation de la taille
de la réserve et des restrictions juridiques qui s’y appliquent. Ainsi,
les grandes AMP qui sont des zones de non prélèvement devraient
fournir plus de bénéfices écologiques en termes de production de
biomasse que les petites AMP à usages multiples (Roberts et al.,
2010). Cependant, pour être complètement protégées, les espèces qui
se dispersent sur de longues distances, celles qui migrent ou celles
qui occupent de vastes territoires comme les prédateurs marins,
peuvent nécessiter des AMP d’une taille impossible à atteindre. Une
étude à échelle globale montre que les AMP qui sont des zones de non
prélèvement, bien surveillées, anciennes (> 10 ans), isolées et vastes
(> 100km2) fournissent d’importants bénéfices écologiques en termes
de richesse en espèces et de biomasse totale de taxons de grands
poissons exploités commercialement tels que les requins, les mérous
et les sérioles (Edgar et al., 2014). Cependant, les très grandes AMP sont
en minorité dans le monde, elles sont difficiles à surveiller et peuvent
6
LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP
entraîner des problèmes d’équité (De Santo, 2013). Les AMP de taille
moyenne peuvent fournir une protection adéquate pendant certaines
phases de la vie des espèces qui parcourent de longue distances ou
celles qui se dispersent (ex : les aires de fraie) bien que ces espèces
soient celles qui peuvent bénéficier le plus de réseaux d’AMP conçus
de façon appropriée, situés et espacés de façon à couvrir la plupart
ou la totalité des moments clé de leur cycle de vie (ex : les zones de
reproduction, d’alimentation et de repos ; Roberts et al., 2010).
A part la conception, la rigueur juridique et l’application des
réglementations, d’autres facteurs contribuent à l’efficacité
écologique des AMP : l’éducation (Watson et al., 2015), l’engagement
de la communauté, (Di Franco et al., 2014), un financement adapté
(Rodríguez-Rodríguez et al., 2015) et la volonté politique (Carbonetti et
al., 2014). Cependant, des AMP jouissant d’une excellente protection
juridique et d’une très bonne gestion, d’un financement et d’un
engagement adapté, ainsi que d’un design idéal, peuvent toujours
être inefficace en raison d’un certain nombre de facteurs contextuels
qui dépassent le champ d’action, les moyens ou les compétences
des gestionnaires. Les marées noires ou les espèces envahissantes
exotiques, qui peuvent très bien s’étendre sur des centaines de
kilomètres en mer sans se soucier de la protection d’un site, en sont
de bons exemples (Jameson et al., 2002).
LES RÉSEAUX D’AMP : MULTIPLICATION
DES BÉNÉFICES DE CONSERVATION ET DE
PRODUCTION
Face à la difficulté pour les AMP individuelles d’assurer la protection
de toutes les espèces protégées durant la totalité de leur cycle de vie,
deux solutions se dégagent : soit constituer des AMP plus grandes,
ce qui n’est pas souvent socialement acceptable ni économiquement
réalisable ; soit concevoir des réseaux d’AMP. Un réseau peut être
défini comme un ensemble cohérent d’unités qui partagent des
critères et des objectifs communs. Dans le cas des AMP ou des
réserves de pêche, la théorie écologique affirme que les bénéfices
des AMP individuelles en termes de production seront multipliés en
les regroupant dans des réseaux d’AMP. On considère que les réseaux
d’AMP offrent plus de bénéfices écologiques aux espèces, aux habitats
et aux processus écologiques que la simple somme des bénéfices
individuels fournis par chacune des AMP qui constituent le réseau
(Gaines et al., 2010). Cependant, tout comme les AMP individuelles, on
considère que les réseaux d’AMP doivent aussi répondre à certaines
exigences pour être écologiquement cohérents et donc pleinement
efficaces (Sciberras et al., 2013) : les espèces protégées doivent être
présentes un certain nombre de fois dans différentes AMP du réseau
(réplication) ; le réseau doit avoir un niveau minimal de l’étendue de
l’espèce protégée par rapport à l’étendue de la distribution globale de
Numéro 5 - Mars 2016
Les AMP, des outils pour une pêche durable
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cette espèce (représentation) ; chaque AMP du réseau doit avoir une
taille minimale et une forme convenable pour assurer la protection
de populations viables (adéquation) ; les AMP (et les habitats en
leur sein) doivent être situées à une distance maximale les unes des
autres afin de maximiser la possibilité de dispersion et de colonisation
par des individus (connectivité) ; et elles devraient bénéficier d’une
bonne protection en matière juridique et de gestion afin de s’assurer
que les pressions ne compromettent pas les efforts de conservation
(protection). En complément de ces principes de base, les réseaux
d’AMP écologiquement cohérents devraient tenir compte des
interactions entre espèces protégées, entre AMP, et entre les AMP
et l’environnement marin qui les entoure (OSPAR, 2007). Ceci est
particulièrement important pour sauvegarder les aires fondamentales
pour le cycle de vie (zones de fraie, zones nourricières, de reproduction,
d’hibernation ou d’alimentation) de certaines espèces très mobiles
d’oiseaux, de mammifères ou de poissons (Roberts et al., 2010).
Les écosystèmes côtiers tels que les estuaires, les marais ou les
herbiers marins sont considérés comme des zones nourricières
fondamentales en raison de leur productivité élevée et de leur
contribution extrêmement importante à la taille et au nombre
d’adultes d’espèces de poissons et de crustacés par rapport à d’autres
habitats. Un habitat peut être appelé « zone
nourricière » si les juvéniles d’espèces de poissons
ou d’invertébrés y ont une densité plus élevée, y
évitent mieux la prédation, ou y grandissent plus
rapidement que dans un autre type d’habitat (Beck
et al., 2003). Le concept de « l’habitat nourricier »
est particulièrement pertinent pour les espèces qui
ont des préférences d’habitat différentes entre leur
phase juvénile et adulte comme que les anguilles,
herbiers de Posidonie sont des habitats nourriciers
et moins pertinent pour d’autres espèces comme Les
fondamentaux en Méditerranée ® Y. Issaris
les langoustes qui ont tendance à vivre dans des
habitats similaires tout au long de leur vie (Beck et al., 2003). Ces
types d’habitats côtiers devraient donc bénéficier d’une protection
prioritaire dans les réseaux de conservation et de production marines
(Monbrison, 2013).
Un obstacle essentiel à la conception de réseaux d’AMP efficaces est la
connaissance limitée des cycles de vie de nombreuses espèces marines
(Monbrison, 2013). À titre d’exception, Roberts et al. (2010) fournissent
des indications sur les modèles théoriques de conception pour des
réseaux d’AMP écologiquement viables, en utilisant des données de
dispersion d’adultes et de larves chez 84 espèces représentatives
de vertébrés et d’invertébrés dans les eaux anglaises. La conception
d’un réseau d’AMP efficace est également limitée par leurs effets
secondaires socio-économiques sur certains secteurs marins, ce qui
détermine la conception, l’emplacement et la rigueur réglementaire
des AMP, et donc dans une large mesure, leur efficacité.
8
LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP
Des efforts ont été déployés sur les plans légal, politique et scientifique
pour créer des réseaux d’AMP. De nombreux pays européens sont en
train d’établir et de gérer un nombre suffisant de sites marins pour
la conservation en vertu de la législation européenne, notamment les
Directives Habitat (CE, 1992) et Oiseaux (CE, 2009). Il existe également
des initiatives internationales visant à établir des réseaux d’AMP
cohérents comme : le réseau de la Mer du Nord (HELCOM, 2010), le
réseau des AMP de la Manche (Foster et al., 2014), le réseau d’AMP
dans l’Atlantique Nord-Est (OSPAR, 2007), ou le réseau d’AMP en
Méditerranée (MedPAN, 2015). Cependant, la plupart des réseaux
d’AMP nationaux ou internationaux peuvent être considérés comme
étant « en construction » et il y a peu de preuves qu’ils soient
pleinement aboutis ou efficaces, principalement en raison du manque
d’indicateurs de succès spécifiques à la conservation ainsi que des
suivis et des évaluations appropriées (Roff, 2014).
ETAT DE L’ART
DANS LE MONDE
Dans leur évaluation mondiale des impacts de 87 AMP de design
et de gestion différentes, Edgar et al. (2014) ont constaté une faible
performance écologique des AMP dans l’ensemble en termes de
rétablissement de la biomasse de poissons liée aux zones de pêche.
Ils expliquent ce manque d’impact général par un nombre élevé d’AMP
gérées de façon inefficace et une forte variabilité spatiale des densités
de poissons, plutôt que par un manque de rétablissement dans toutes
les AMP. Dans une autre méta-analyse des impacts liés à la pêche de
72 AMP dans le monde, Monbrison (2013) montre « des effets positifs
indéniables » des AMP sur la richesse des espèces, l’abondance et la
taille moyenne des poissons et des invertébrés, et sur la stabilité et la
résilience des écosystèmes marins. Selon eux, ces effets contribuent à
l’augmentation limitée de la biomasse exploitable en dehors des AMP
et à la stabilité du recrutement. Cependant, ils affirment également
que les effets de la protection peuvent se faire attendre (ou ne pas
être évidents du tout), peuvent disparaître rapidement une fois que
la surveillance est levée, et sont très dépendants du site, du contexte
et des espèces, et qu’il faut donc être prudent avant de faire des
généralisations.
Les évaluations des impacts écologiques des AMP dans le monde ont
tendance à être unanimes sur le fait que les AMP où le prélèvement
est interdit (en supposant l’existence d’une bonne application des
réglementations) produisent des résultats écologiques importants par
rapport à des espaces ouverts à la pêche (Lester et al., 2009 ; Edgar et
Numéro 5 - Mars 2016
Les AMP, des outils pour une pêche durable
9
al., 2014 ; Sciberras et al., 2015). Cependant, les AMP où le prélèvement
de ressources vivantes est interdit (AMP « no-take ») sont en minorité.
En 2010, les AMP « no-take » strictement régulées constituaient
seulement environ 0,1% des océans de la planète, et moins de 10%
de la superficie mondiale d’AMP (PISCO, 2011). Dans une revue de
la littérature comprenant 124 AMP « no-take » à travers le monde,
dont 17 AMP méditerranéennes, Lester et al. (2009) ont trouvé des
valeurs statistiquement beaucoup plus élevées à l’intérieur des AMP
que dans les zones non régulées et exploitables, concernant la densité
des organismes (hausse de 166% en moyenne et 61% en médiane), la
biomasse (hausse de 446% en moyenne et 194% en médiane), la taille
individuelle (hausse de 28% en moyenne et 17% en médiane) et la
richesse des espèces (hausse de 21% en moyenne et 15% en médiane).
Certaines études se sont intéressées à l’influence de la rigueur juridique
en matière de protection sur les résultats écologiques des AMP. En
examinant les données de 63 AMP en Europe et en Amérique du Nord,
Sciberras et al. (2015), ont montré que les AMP-réserves intégrales
avaient des impacts écologiques plus importants que les AMP à
usages multiples où certaines formes de pêche étaient autorisées,
qui avaient à l’époque, des valeurs statistiquement plus élevées de
densité de poissons et de biomasse que dans les aires exploitables
utilisées comme contrôles. En revanche, après l’analyse des résultats
de 21 AMP dans 11 pays, Lester & Halpern (2008) ont trouvé des effets
positifs statistiquement significatifs des AMP « no-take » par rapport
aux zones ouvertes, uniquement sur la densité de poissons. Aucune
différence statistique n’a été observée sur la densité, la biomasse,
la taille des organismes et la richesse des espèces entre les AMP à
usages multiples et les zones ouvertes. Ces auteurs suggèrent que
ceci est probablement l’effet de la pression importante que certaines
formes de pêche encore autorisées dans les AMP à usages multiples,
dont la pêche artisanale et de loisir, peuvent avoir sur les espèces
cibles les plus prisées.
D’autres résultats intéressants à l’échelle mondiale montrent :
que les espèces fortement capturées connaissent les plus fortes
augmentations, avec certaines d’entre elles atteignant des niveaux de
biomasse ou de densité plus dix fois plus élevés à l’intérieur des AMP
« no-take » par rapport aux zones exploitables ; que les augmentations
en termes de biomasse, de densité, de taille du corps et de diversité
étaient similaires dans les réserves en milieu tropical et tempéré ;
que même les petites AMP « no-take » peuvent être efficaces pour
certaines espèces ; et que l’apparition des effets de réserve peut
prendre plusieurs années, en grande partie dépendant de la biologie
des espèces, les organismes à longévité importante ayant parfois
besoin de plusieurs décennies pour se rétablir complètement après la
protection (PISCO, 2011 ; Monbrison, 2013).
10
LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP
EN MÉDITERRANÉE
Dans un récent sondage à l’échelle méditerranéenne, les gestionnaires
d’AMP ont affirmé que la pêche était la menace la plus importante qui
pesait sur leurs AMP (Gabrié et al., 2012). En analysant la biomasse
de poissons dans 30 endroits à travers la Méditerranée, Guidetti et al.
(2014), ont découvert que seules les AMP « no-take » bien surveillées
garantissaient un impact significatif par rapport aux AMP à usages
multiples et aux zones de pêche. En revanche, comme le montrent
Gabrié et al. (2012) et de manière similaire aux chiffres globaux,
seulement 0,1% de la superficie totale de la mer Méditerranée était
occupée par les réserves intégrales (sur un échantillon de 677 AMP),
donc totalement interdite à la pêche. Ces
auteurs ont donc recommandé l’établissement
de plus de zones de ce type. La proposition est
raisonnable, puisque les stocks exploitables en
Méditerranée sont surexploités, en particulier
dans la partie orientale du bassin (Tsikliras et
al., 2015). Elle tombe aussi au bon moment étant
donné que le réseau méditerranéen d’AMP est
en expansion constante, avec de nombreuses
désignations récentes, mais avec encore très
peu de pays et d’écorégions atteignant les
objectifs internationaux de couverture des AMP
La réserve intégrale de la Réserve Naturelle de Scandola en Corse produit des
résultats écologiques significatifs après 40 ans de protection © M. Mabari /
(Rodríguez-Rodríguez et al., 2016).
Au cours des années 2000, la Commission Générale des Pêches
pour la Méditerranée de la FAO a désigné de vastes zones de la
mer Méditerranée comme des Zones de Pêche Restreintes (ZPR)
pour tenter de reconstituer les stocks de nombreuses espèces
commerciales surexploitées dans la région et de protéger les habitats
et les espèces sensibles. Ces zones comprennent 4 AMP à usages
multiples en haute mer à travers la Méditerranée. Des mesures de
protection supplémentaires comprennent l’interdiction du chalutage
à des profondeurs supérieures à 1 000 mètres et à l’intérieur de la
bande de 3 milles nautiques (mn) à partir du littoral ou inférieure à 50
m de profondeur, en fonction du critère atteint le premier. Toutes ces
zones ont été fermées à certaines formes de pêche, principalement
au chalutage de fond, en raison de leurs impacts très négatifs sur les
écosystèmes sensibles des fonds marins et sur les espèces démersales
(CGPM, 2005 ; 2006 ; 2012 ; UE, 2006). Alors que l’interdiction de 3 mn
pour le chalutage de fond protège une portion importante des zones
nourricières d’espèces démersales commercialement importantes en
Méditerranée tels que le rouget, le pageot commun et la sole commune
(Colloca et al., 2015), ces mesures de gestion spatiale sont considérées
comme douteuses sur le plan écologique et conflictuelles sur le plan
social. Pranovi et al. (2015) ont analysé les impacts écologiques et
Numéro 5 - Mars 2016
Les AMP, des outils pour une pêche durable
11
socio-économiques de l’interdiction de pêche de 3 mn sur 6 espèces
de poissons commercialement importantes au nord-ouest de la mer
Adriatique. Ils ont constaté que seules certaines de ces espèces ont
été positivement affectées par la restriction, alors que certains petits
pêcheurs ont été contraints de changer d’engin, ce qui a entraîné
des coûts plus élevés, de nouvelles espèces cibles (déplaçant ainsi la
pression sur les espèces nectoniques) et des changements culturels.
Ils affirment que les bénéfices écologiques ne se sont pas produits
pour toutes les espèces car l’interdiction autorise encore certaines
formes de pêche et elle est difficile à appliquer et que, par conséquent,
elle ne suffit pas à prévenir la surexploitation des espèces marines.
Les AMP et les réserves de pêche en Méditerranée © MedPAN
Certains projets de recherche se sont intéressés aux impacts
écologiques des AMP méditerranéennes et à leur contribution à la
pêche durable. Le projet BIOMEX (2005) a évalué l’exportation de
la biomasse, que ce soit des adultes ou des propagules (oeufs et
larves) à partir de 6 AMP « no-take » côtières et réserves de pêche
en Espagne et en France, même si les chercheurs se sont servis
uniquement de données d’« après l’établissement » de l’AMP, limitant
ainsi l’attribution des effets escomptés. Leurs résultats suggèrent des
preuves d’exportation d’adultes et de juvéniles (oeufs et larves) à partir
des AMP étudiées vers les zones avoisinantes, bien que l’étendue de
cette exportation était spatialement réduite à un maximum de 1 000 m.
Les auteurs affirment que cet impact écologique spatialement limité
pourrait être le résultat de la forte pression de pêche aux limites des
AMP et / ou des discontinuités de l’habitat. Le projet EMPAFISH (Planes
et al., 2008) a poursuivi le travail de BIOMEX. Il a élargi l’échantillon à
20 AMP « no-take », réserves de pêche et zones de gestion des pêches
dans quatre pays de la Méditerranée occidentale (Espagne, France,
Italie et Malte). Il a également inclu des données écologiques d’« avant »
la mise en place de chaque AMP, pouvant ainsi attribuer les impacts
de façon plus exacte. On y a comparé les indicateurs de performance
écologique (biomasse de poissons, taille et exportation) à l’intérieur et
à l’extérieur de ces AMP avec des données issues de l’examen de 55
études scientifiques. Les responsables du projet ont confirmé leurs
12
LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP
résultats précédents, qui montraient des impacts positifs mais limités
des AMP méditerranéennes sur la production de produits de la mer
dans le milieu marin qui les entoure. Il convient cependant de noter
que ces projets ont étudié un échantillon exceptionnel d’AMP « notake » anciennes et bien gérées (BIOMEX, 2005), ce qui n’est pas le cas
habituellement en Méditerranée (Gabrié et al., 2012). Par conséquent,
les impacts écologiques des AMP méditerranéennes en termes
d’amélioration de la biomasse et d’exportation sont susceptibles
d’être encore plus limités.
IMPLICATIONS POUR LES
GESTIONNAIRES D’AMP
Tous les gestionnaires d’AMP n’ont pas à gérer leurs AMP en vue de
l’amélioration de la pêche. Cela dépend des objectifs spécifiques de
chaque AMP qui doivent être explicités dans ses statuts d’établissement,
et développés à travers des mesures concrètes dans son plan de
gestion. Cependant, même si ce n’est pas un objectif standard dans la
gestion des AMP, le même principe général concernant la conservation
de la biodiversité s’y applique, à savoir essayer de maximiser la taille
(l’âge) ainsi que le nombre d’individus et d’espèces (indigènes) au
sein de l’AMP, à des fins soit de reconstitution (conservation) soit
de production (gestion des pêches), afin que ces espèces puissent
s’étendre vers les zones avoisinantes pour aider à leur repeuplement.
Si les AMP « no-take » doivent être gérées, cette gestion serait
relativement simple en contrôlant l’accès des bateaux de pêche aux
zones réglementées. Si un certain effort de pêche est autorisé dans
l’AMP, une surveillance plus intensive serait nécessaire pour vérifier
le respect des règlementations avec des inspections des captures
en mer ou au port, des spécifications techniques des engins et des
bateaux, ainsi que des vérifications des zones de pêche. Une bonne
surveillance scientifique des stocks exploitables à l’intérieur de
l’AMP et dans le reste de la zone de pêche autour de l’AMP, associée
aux possibles impacts socio-économiques des mesures proposées
(nouvelles restrictions de pêche, etc.), doit servir de base pour
l’attribution des quotas, des subventions (si nécessaire) et pour la mise
à jour des plans de gestion. En ce sens, certains projets de recherche
tels que PAMPA (2011) se sont penchés sur l’élaboration d’indicateurs
comparables des succès, usages et gouvernance des AMP en fonction
des objectifs de conservation et / ou de production. Dans tous les cas,
une gestion d’AMP réussie bénéficiera d’un financement suffisant et
d’un engagement régulier avec les pêcheurs basé sur la confiance, afin
de mettre en œuvre une approche écosystémique solide concernant la
gestion de la pêche dans les AMP en question.
Numéro 5 - Mars 2016
Les AMP, des outils pour une pêche durable
13
Des preuves scientifiques suggèrent que les gestionnaires
devraient accorder une attention particulière à une application
des règlementations permanente pour que les progrès réalisés
progressivement ne soient pas annihilés rapidement. Les habitats
importants qui abritent des espèces protégées ou commerciales clé
(frayères ou nurseries comme les herbiers de Posidonia par exemple)
devraient également être soigneusement gérés, compte tenu de leur
contribution essentielle au repeuplement des océans à plus large
échelle.
La surveillance et l’application des réglementations de la pêche au Parc national de Port-Cros, France © M. Mabari / MedPAN
REMARQUES FINALES
Les AMP peuvent être des outils efficaces de conservation de la
biodiversité et d’amélioration de la pêche, maximisant ainsi les
bénéfices de ces mesures de gestion spatiale marine. Mais pour
cela, elles doivent répondre à certaines exigences sur le design, le
financement, la gestion ou la participation des parties prenantes. Il
existe des preuves des impacts écologiques et économiques positifs
(limités) des AMP au niveau mondial et en Méditerranée. Cependant,
afin de parvenir à un développement durable des océans, ces
impacts doivent être couplés avec des actions plus larges ciblant
l’environnement marin dans son ensemble ; par exemple en réduisant
l’effort de pêche, en établissant des interdictions temporaires ou en
limitant davantage les quotas de pêche pour certaines des espèces
les plus exploitées. Le défi est vaste mais digne d’efforts puisqu’il
permettrait le rétablissement d’océans durables, sains et abondants
offrant un large éventail de services aux populations humaines
14
LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP
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