La science pour la gestion des AMP LES AMP : OUTILS POUR UNE PÊCHE DURABLE EDITORIAL CONTENTS Points clé................................... Contexte global ......................... Etat de l’art................................ Implications pour les gestionnaires d’AMP............ Remarques finales.................... References................................. P.2 P.3 P.9 Des AMP bien gérées représentent un soutien important pour la pêche à petite échelle et une collaboration étroite entre les gestionnaires d’AMP et les pêcheurs est essentielle. P.13 P.14 P.15 Cette édition de « La science pour la gestion des AMP » propose d’explorer ce thème en amont de la conférence régionale de la FAO-CGPM organisée à Algers du 7 au 9 mars en collaboration avec le WWF, MedPAN, CIHEAM et le gouvernement algérien. Sous la bannière « Construire un avenir pour une pêche artisanale durable en Méditerranée et en mer Noire », cette conférence, au travers d’un de ses cinq panels, proposera des recommandations pour améliorer l’efficacité des AMP en tant qu’instrument de gestion de la pêche. Puis, plus tard dans l’année, le Statut des AMP de Méditerranée 2016 (MedPAN et CAR/ASP) devrait offrir une analyse détaillée de la relation entre les AMP, les réserves de pêche et les pêcheurs à petite échelle en Méditerranée. En attendant, nous vous souhaitons une bonne lecture... www.medpan.org The MedPAN secretariat Le réseau des gestionnaires d’Aires Marines Protégées en Méditerranée Parc national de Port-Cros © C. Gérardin - Numéro 5 - Mars 2016 - Biomasse de poisson plus importante dans l’AMP des Iles Bergeggi en Italie© M. Corradi POINTS CLÉ • Les AMP et les réserves de pêche peuvent, dans certaines circonstances, constituer des outils efficaces de gestion de la pêche pour la production de produits de la mer. • La rigueur juridique et l’application de la réglementation semblent être des facteurs déterminants pour l’efficacité écologique des AMP. • Les réseaux d’AMP sont susceptibles de générer des bénéfices de conservation et de production plus importants que les AMP individuelles. • En Méditerranée, il existe des preuves d’exportation de biomasse sur de courtes distances à partir d’AMP et de réserves de pêche anciennes, bien surveillées et où le prélèvement est interdit. • Les gestionnaires peuvent contribuer à des océans plus sains et plus productifs en assurant un suivi et une surveillance appropriés dans les AMP. Cette édition spéciale de la newsletter scientifique de MedPAN a été préparée par David Rodriguez Rodriguez pour l’association MedPAN. © 2016 - MedPAN La reproduction de cette publication pour un but éducatif ou tout autre but non commercial est autorisée sans permission écrite préalable du détenteur des droits d’auteur à condition que la source soit dûment citée. La reproduction de cette publication pour la revente ou tout autre but commercial est interdite sans la permission écrite préalable du détenteur des droits d’auteur. Citation recommandée: Rodríguez-Rodríguez, D. 2016. Les AMP : des outils pour une pêche durable. MedPAN. Marseille, France. Lien : http:// www.medpan.org/documents/10180/0/Science+for+MPA+management+-+Num%C3%A9ro+5/21cdab8e-de27-4944-945c-84953647931a Cette édition a reçu le soutien financier de : 2 LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP CONTEXTE GLOBAL CONSERVATION OU PRODUCTION : QU’EST QU’UNE AMP ET QUELLE EST SA FONCTION ? Le rôle d’une AMP en tant qu’outil de conservation de la nature est souligné dans ses deux définitions principales (CDB, 1992 ; Dudley, 2008). Cependant, alors que l’objectif principal de toute désignation d’AMP devrait être la conservation de l’environnement (par souci de préservation des gènes, des espèces et des habitats précieux sur le long terme), un certain nombre d’objectifs secondaires et complémentaires peuvent être (et sont souvent) recherchés. L’amélioration de la pêche est l’un des objectifs secondaires les plus courants d’une AMP. Les directives internationales suggèrent que lorsque le seul ou même le principal objectif d’une AMP est la production de produits de la mer, elle ne devrait pas être considérée comme une AMP (Day et al., 2012). Dans ce cas, il s’agirait d’une réserve de pêche. Cette nuance subtile est importante, par exemple lors de l’évaluation des progrès réalisés par un pays concernant les objectifs internationaux de couverture des AMP (CDB, 2010). Les organisations internationales telles que l’UICN1 ou la FAO2 soulignent l’importance d’une approche écosystémique3 qui allie conservation et utilisation durable de la biodiversité marine. Cette approche implique l’adoption, chaque fois que c’est possible, d’une vision holistique de la gestion des mers et des océans qui tient compte des facteurs biologiques, mais aussi socioPermanence économiques et culturels (CDB, 2012). Dans le cadre de la et conservation gestion de la pêche, les AMP sont généralement définies de la biodiversité comme des zones temporellement et géographiquement = déterminées qui offrent aux ressources naturelles une caractéristiques plus grande protection que celle offerte dans le reste importantes d’une d’une zone définie par rapport à la gestion de la pêche (ex : AMP la pêche, écosystème ou AMP ; FAO, 2016). Cependant, les directives internationales recommandent de ne pas considérer les mesures de protection spatiales temporelles comme étant des AMP, puisque la dégradation de l’environnement est susceptible de se produire en dehors des périodes de protection (Day et al., 2012) et peut endommager les espèces cibles de manière très intense et rapide (Montbrison, 2013). A partir de ces deux premiers paragraphes, on peut déjà relever deux caractéristiques importantes que devrait posséder toute AMP : 1 - Union Internationale pour la Conservation de la Nature. 2 - Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. 3 - L’approche écosystémique est une stratégie pour la gestion intégrée des ressources terrestres et marines qui favorise la conservation et l’utilisation durable de manière équitable. Elle reconnaît que les êtres humains, avec leur diversité culturelle, font partie intégrante des écosystèmes. Numéro 5 - Mars 2016 Les AMP, des outils pour une pêche durable 3 la permanence et avoir comme objectif principal la conservation de la biodiversité. Ici seront considérées uniquement des AMP qui ont l’amélioration de la pêche comme l’un de leurs objectifs complémentaires, quelle que soit leur désignation spécifique, ainsi que des réserves de pêche. LES AMP COMME OUTIL POUR LA GESTION DE LA PÊCHE Aujourd’hui, l’humanité dispose de la puissance et des moyens technologiques suffisants pour épuiser complètement les océans si elle le souhaite. C’est pour cela que la gestion durable de la pêche est si importante pour une activité économique basée encore principalement sur « la chasse et la cueillette » des ressources sauvages dans un environnement physique où les réglementations sont difficiles à appliquer. L’approche écosystémique des pêches4 (AEP) adoptée par les organisations internationales telles que la FAO, vise à parvenir à une exploitation durable des ressources de la mer. L’AEP suit une démarche socio-écologique intégrée, préventive et menée scientifiquement qui guide les directives et recommandations de la FAO sur la gestion de la pêche (FAO, 2011). En règle générale, la gestion de la pêche est orientée vers le maintien des stocks Les AMP et les réserves de qui fournissent un rendement (ou capture) durable pêche sont un des outils maximal grâce à des règles de gestion (ex : capture pour la gestion durable totale autorisée) visant à contrôler le niveau de la mortalité dans les captures. Certains des outils les des océans plus courants de gestion de la pêche sont : 1) les limites de capture ou la capture totale autorisée ; 2) la limitation de l’effort de pêche (à savoir un nombre limité de bateaux ou d’engins de pêche, des restrictions sur le nombre de sorties) ; 3) les restrictions sur la taille des poissons qui peuvent être capturés ; 4) les contrôles d’accès (ex : licences) ; 5) l’attribution de droits de pêche (en termes de capture, d’effort, ou d’espace (ex : Droits d’Usage Territoriaux dans les Pêcheries [DUTP] etc.) ; 6) des fermetures spatio-temporelles et par type d’engin de pêche, qui peuvent être une forme d’AMP (en fonction de la permanance, des objectifs et autres restrictions). Les DUTP pourraient également être considérés comme des AMP, si ceux qui détiennent le droit d’usage imposent des restrictions sur ce que peuvent faire les différents acteurs dans la zone désignée. Parmi le raisons les plus courantes pour établir des AMP ou des réserves de pêche en vue de l’amélioration de la pêche, on compte : 1) limiter ou éliminer la mortalité dans les captures ; 2) protéger des étapes spécifiques de la vie des espèces protégées ; 3) stimuler le repeuplement des zones environnantes grâce à l’effet de dispersion de 4 - L’AEP vise à planifier, développer et gérer la pêche d’une manière qui répond aux besoins et désirs multiples des sociétés, sans mettre en péril les possibilités pour les générations futures de bénéficier de toute la gamme de produits et de services fournis par les écosystèmes aquatiques. 4 LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP poissons ou de larves qui migrent hors des AMP ; 4) servir de source et/ou de puits pour les œufs et les larves de poissons afin d’améliorer le recrutement ; 5) protéger l’habitat, l’intégrité du réseau trophique et la biodiversité ; 6) réduire les prises accessoires, les rejets et autres effets négatifs sur les espèces capturées et les espèces focales ; 7) réduire la concurrence entre les groupes d’usagers ; et 8) avoir des bastions de résilience5 potentiels dans l’océan. Néanmoins, il convient de préciser, que même si elles sont importantes pour la gestion de la pêche, les AMP et les réserves de pêche sont un simple outil pour la gestion durable des océans. Elles ne sont pas toujours nécessaires ou efficaces pour résoudre les problèmes de la pêche, ni pour toutes les espèces, en particulier celles qui parcourent de longues distances. Mais par quel mécanisme les AMP peuvent-elles améliorer la pêche ? ® WWF LA LOGIQUE DE PROTECTION : COMMENT LES AMP CONTRIBUENT-ELLES À L’AMÉLIORATION DE LA PRODUCTION DE PRODUITS DE LA MER ? La logique derrière la désignation d’une AMP est la suivante : par l’arrêt ou la réduction de la perte d’habitat et de la mortalité par captures, les individus peuvent survivre plus longtemps, grandir, se reproduire davantage, et les populations protégées peuvent ainsi prospérer, non seulement à l’intérieur des réserves, mais également dans les zones avoisinantes vers lesquelles elles exportent des individus. La base théorique de cette hypothèse est que la taille d’une population est le 5 - La résilience est la capacité d’un système à retrouver l’équilibre après une perturbation. Numéro 5 - Mars 2016 Les AMP, des outils pour une pêche durable 5 résultat de quatre facteurs d’équilibre : la natalité, l’immigration (côté positif), la mortalité et l’émigration (côté négatif). Par conséquent, une mortalité réduite et une augmentation de l’immigration due à une meilleure qualité de l’habitat devraient augmenter la taille et le nombre d’individus dans les AMP jusqu’à ce qu’un point de saturation soit atteint à partir duquel les ressources se trouvant dans la réserve commencent à limiter la croissance de la population. Ainsi se produit alors une exportation de juvéniles ou d’adultes vers les zones environnantes ou lointaines (selon le caractère sédentaire de l’espèce) (Mora & Sale, 2011). Ceci est la théorie. © thefisheriesblog.com Dans la pratique, l’efficacité des AMP et des réserves de pêche en tant que productrices de ressources dépend de facteurs tels que leur design, les restrictions qu’elles imposent sur les usages humains ou encore la biologie des espèces cibles. Autant les espèces en danger que les espèces commerciales avec des capacités de dispersion limitées ou qui occupent des territoires restreints, peuvent bénéficier d’une bonne protection grâce à ces mesures de protection spatiales (Roberts et al., 2010). Ces avantages vont s’accroître avec l’augmentation de la taille de la réserve et des restrictions juridiques qui s’y appliquent. Ainsi, les grandes AMP qui sont des zones de non prélèvement devraient fournir plus de bénéfices écologiques en termes de production de biomasse que les petites AMP à usages multiples (Roberts et al., 2010). Cependant, pour être complètement protégées, les espèces qui se dispersent sur de longues distances, celles qui migrent ou celles qui occupent de vastes territoires comme les prédateurs marins, peuvent nécessiter des AMP d’une taille impossible à atteindre. Une étude à échelle globale montre que les AMP qui sont des zones de non prélèvement, bien surveillées, anciennes (> 10 ans), isolées et vastes (> 100km2) fournissent d’importants bénéfices écologiques en termes de richesse en espèces et de biomasse totale de taxons de grands poissons exploités commercialement tels que les requins, les mérous et les sérioles (Edgar et al., 2014). Cependant, les très grandes AMP sont en minorité dans le monde, elles sont difficiles à surveiller et peuvent 6 LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP entraîner des problèmes d’équité (De Santo, 2013). Les AMP de taille moyenne peuvent fournir une protection adéquate pendant certaines phases de la vie des espèces qui parcourent de longue distances ou celles qui se dispersent (ex : les aires de fraie) bien que ces espèces soient celles qui peuvent bénéficier le plus de réseaux d’AMP conçus de façon appropriée, situés et espacés de façon à couvrir la plupart ou la totalité des moments clé de leur cycle de vie (ex : les zones de reproduction, d’alimentation et de repos ; Roberts et al., 2010). A part la conception, la rigueur juridique et l’application des réglementations, d’autres facteurs contribuent à l’efficacité écologique des AMP : l’éducation (Watson et al., 2015), l’engagement de la communauté, (Di Franco et al., 2014), un financement adapté (Rodríguez-Rodríguez et al., 2015) et la volonté politique (Carbonetti et al., 2014). Cependant, des AMP jouissant d’une excellente protection juridique et d’une très bonne gestion, d’un financement et d’un engagement adapté, ainsi que d’un design idéal, peuvent toujours être inefficace en raison d’un certain nombre de facteurs contextuels qui dépassent le champ d’action, les moyens ou les compétences des gestionnaires. Les marées noires ou les espèces envahissantes exotiques, qui peuvent très bien s’étendre sur des centaines de kilomètres en mer sans se soucier de la protection d’un site, en sont de bons exemples (Jameson et al., 2002). LES RÉSEAUX D’AMP : MULTIPLICATION DES BÉNÉFICES DE CONSERVATION ET DE PRODUCTION Face à la difficulté pour les AMP individuelles d’assurer la protection de toutes les espèces protégées durant la totalité de leur cycle de vie, deux solutions se dégagent : soit constituer des AMP plus grandes, ce qui n’est pas souvent socialement acceptable ni économiquement réalisable ; soit concevoir des réseaux d’AMP. Un réseau peut être défini comme un ensemble cohérent d’unités qui partagent des critères et des objectifs communs. Dans le cas des AMP ou des réserves de pêche, la théorie écologique affirme que les bénéfices des AMP individuelles en termes de production seront multipliés en les regroupant dans des réseaux d’AMP. On considère que les réseaux d’AMP offrent plus de bénéfices écologiques aux espèces, aux habitats et aux processus écologiques que la simple somme des bénéfices individuels fournis par chacune des AMP qui constituent le réseau (Gaines et al., 2010). Cependant, tout comme les AMP individuelles, on considère que les réseaux d’AMP doivent aussi répondre à certaines exigences pour être écologiquement cohérents et donc pleinement efficaces (Sciberras et al., 2013) : les espèces protégées doivent être présentes un certain nombre de fois dans différentes AMP du réseau (réplication) ; le réseau doit avoir un niveau minimal de l’étendue de l’espèce protégée par rapport à l’étendue de la distribution globale de Numéro 5 - Mars 2016 Les AMP, des outils pour une pêche durable 7 cette espèce (représentation) ; chaque AMP du réseau doit avoir une taille minimale et une forme convenable pour assurer la protection de populations viables (adéquation) ; les AMP (et les habitats en leur sein) doivent être situées à une distance maximale les unes des autres afin de maximiser la possibilité de dispersion et de colonisation par des individus (connectivité) ; et elles devraient bénéficier d’une bonne protection en matière juridique et de gestion afin de s’assurer que les pressions ne compromettent pas les efforts de conservation (protection). En complément de ces principes de base, les réseaux d’AMP écologiquement cohérents devraient tenir compte des interactions entre espèces protégées, entre AMP, et entre les AMP et l’environnement marin qui les entoure (OSPAR, 2007). Ceci est particulièrement important pour sauvegarder les aires fondamentales pour le cycle de vie (zones de fraie, zones nourricières, de reproduction, d’hibernation ou d’alimentation) de certaines espèces très mobiles d’oiseaux, de mammifères ou de poissons (Roberts et al., 2010). Les écosystèmes côtiers tels que les estuaires, les marais ou les herbiers marins sont considérés comme des zones nourricières fondamentales en raison de leur productivité élevée et de leur contribution extrêmement importante à la taille et au nombre d’adultes d’espèces de poissons et de crustacés par rapport à d’autres habitats. Un habitat peut être appelé « zone nourricière » si les juvéniles d’espèces de poissons ou d’invertébrés y ont une densité plus élevée, y évitent mieux la prédation, ou y grandissent plus rapidement que dans un autre type d’habitat (Beck et al., 2003). Le concept de « l’habitat nourricier » est particulièrement pertinent pour les espèces qui ont des préférences d’habitat différentes entre leur phase juvénile et adulte comme que les anguilles, herbiers de Posidonie sont des habitats nourriciers et moins pertinent pour d’autres espèces comme Les fondamentaux en Méditerranée ® Y. Issaris les langoustes qui ont tendance à vivre dans des habitats similaires tout au long de leur vie (Beck et al., 2003). Ces types d’habitats côtiers devraient donc bénéficier d’une protection prioritaire dans les réseaux de conservation et de production marines (Monbrison, 2013). Un obstacle essentiel à la conception de réseaux d’AMP efficaces est la connaissance limitée des cycles de vie de nombreuses espèces marines (Monbrison, 2013). À titre d’exception, Roberts et al. (2010) fournissent des indications sur les modèles théoriques de conception pour des réseaux d’AMP écologiquement viables, en utilisant des données de dispersion d’adultes et de larves chez 84 espèces représentatives de vertébrés et d’invertébrés dans les eaux anglaises. La conception d’un réseau d’AMP efficace est également limitée par leurs effets secondaires socio-économiques sur certains secteurs marins, ce qui détermine la conception, l’emplacement et la rigueur réglementaire des AMP, et donc dans une large mesure, leur efficacité. 8 LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP Des efforts ont été déployés sur les plans légal, politique et scientifique pour créer des réseaux d’AMP. De nombreux pays européens sont en train d’établir et de gérer un nombre suffisant de sites marins pour la conservation en vertu de la législation européenne, notamment les Directives Habitat (CE, 1992) et Oiseaux (CE, 2009). Il existe également des initiatives internationales visant à établir des réseaux d’AMP cohérents comme : le réseau de la Mer du Nord (HELCOM, 2010), le réseau des AMP de la Manche (Foster et al., 2014), le réseau d’AMP dans l’Atlantique Nord-Est (OSPAR, 2007), ou le réseau d’AMP en Méditerranée (MedPAN, 2015). Cependant, la plupart des réseaux d’AMP nationaux ou internationaux peuvent être considérés comme étant « en construction » et il y a peu de preuves qu’ils soient pleinement aboutis ou efficaces, principalement en raison du manque d’indicateurs de succès spécifiques à la conservation ainsi que des suivis et des évaluations appropriées (Roff, 2014). ETAT DE L’ART DANS LE MONDE Dans leur évaluation mondiale des impacts de 87 AMP de design et de gestion différentes, Edgar et al. (2014) ont constaté une faible performance écologique des AMP dans l’ensemble en termes de rétablissement de la biomasse de poissons liée aux zones de pêche. Ils expliquent ce manque d’impact général par un nombre élevé d’AMP gérées de façon inefficace et une forte variabilité spatiale des densités de poissons, plutôt que par un manque de rétablissement dans toutes les AMP. Dans une autre méta-analyse des impacts liés à la pêche de 72 AMP dans le monde, Monbrison (2013) montre « des effets positifs indéniables » des AMP sur la richesse des espèces, l’abondance et la taille moyenne des poissons et des invertébrés, et sur la stabilité et la résilience des écosystèmes marins. Selon eux, ces effets contribuent à l’augmentation limitée de la biomasse exploitable en dehors des AMP et à la stabilité du recrutement. Cependant, ils affirment également que les effets de la protection peuvent se faire attendre (ou ne pas être évidents du tout), peuvent disparaître rapidement une fois que la surveillance est levée, et sont très dépendants du site, du contexte et des espèces, et qu’il faut donc être prudent avant de faire des généralisations. Les évaluations des impacts écologiques des AMP dans le monde ont tendance à être unanimes sur le fait que les AMP où le prélèvement est interdit (en supposant l’existence d’une bonne application des réglementations) produisent des résultats écologiques importants par rapport à des espaces ouverts à la pêche (Lester et al., 2009 ; Edgar et Numéro 5 - Mars 2016 Les AMP, des outils pour une pêche durable 9 al., 2014 ; Sciberras et al., 2015). Cependant, les AMP où le prélèvement de ressources vivantes est interdit (AMP « no-take ») sont en minorité. En 2010, les AMP « no-take » strictement régulées constituaient seulement environ 0,1% des océans de la planète, et moins de 10% de la superficie mondiale d’AMP (PISCO, 2011). Dans une revue de la littérature comprenant 124 AMP « no-take » à travers le monde, dont 17 AMP méditerranéennes, Lester et al. (2009) ont trouvé des valeurs statistiquement beaucoup plus élevées à l’intérieur des AMP que dans les zones non régulées et exploitables, concernant la densité des organismes (hausse de 166% en moyenne et 61% en médiane), la biomasse (hausse de 446% en moyenne et 194% en médiane), la taille individuelle (hausse de 28% en moyenne et 17% en médiane) et la richesse des espèces (hausse de 21% en moyenne et 15% en médiane). Certaines études se sont intéressées à l’influence de la rigueur juridique en matière de protection sur les résultats écologiques des AMP. En examinant les données de 63 AMP en Europe et en Amérique du Nord, Sciberras et al. (2015), ont montré que les AMP-réserves intégrales avaient des impacts écologiques plus importants que les AMP à usages multiples où certaines formes de pêche étaient autorisées, qui avaient à l’époque, des valeurs statistiquement plus élevées de densité de poissons et de biomasse que dans les aires exploitables utilisées comme contrôles. En revanche, après l’analyse des résultats de 21 AMP dans 11 pays, Lester & Halpern (2008) ont trouvé des effets positifs statistiquement significatifs des AMP « no-take » par rapport aux zones ouvertes, uniquement sur la densité de poissons. Aucune différence statistique n’a été observée sur la densité, la biomasse, la taille des organismes et la richesse des espèces entre les AMP à usages multiples et les zones ouvertes. Ces auteurs suggèrent que ceci est probablement l’effet de la pression importante que certaines formes de pêche encore autorisées dans les AMP à usages multiples, dont la pêche artisanale et de loisir, peuvent avoir sur les espèces cibles les plus prisées. D’autres résultats intéressants à l’échelle mondiale montrent : que les espèces fortement capturées connaissent les plus fortes augmentations, avec certaines d’entre elles atteignant des niveaux de biomasse ou de densité plus dix fois plus élevés à l’intérieur des AMP « no-take » par rapport aux zones exploitables ; que les augmentations en termes de biomasse, de densité, de taille du corps et de diversité étaient similaires dans les réserves en milieu tropical et tempéré ; que même les petites AMP « no-take » peuvent être efficaces pour certaines espèces ; et que l’apparition des effets de réserve peut prendre plusieurs années, en grande partie dépendant de la biologie des espèces, les organismes à longévité importante ayant parfois besoin de plusieurs décennies pour se rétablir complètement après la protection (PISCO, 2011 ; Monbrison, 2013). 10 LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP EN MÉDITERRANÉE Dans un récent sondage à l’échelle méditerranéenne, les gestionnaires d’AMP ont affirmé que la pêche était la menace la plus importante qui pesait sur leurs AMP (Gabrié et al., 2012). En analysant la biomasse de poissons dans 30 endroits à travers la Méditerranée, Guidetti et al. (2014), ont découvert que seules les AMP « no-take » bien surveillées garantissaient un impact significatif par rapport aux AMP à usages multiples et aux zones de pêche. En revanche, comme le montrent Gabrié et al. (2012) et de manière similaire aux chiffres globaux, seulement 0,1% de la superficie totale de la mer Méditerranée était occupée par les réserves intégrales (sur un échantillon de 677 AMP), donc totalement interdite à la pêche. Ces auteurs ont donc recommandé l’établissement de plus de zones de ce type. La proposition est raisonnable, puisque les stocks exploitables en Méditerranée sont surexploités, en particulier dans la partie orientale du bassin (Tsikliras et al., 2015). Elle tombe aussi au bon moment étant donné que le réseau méditerranéen d’AMP est en expansion constante, avec de nombreuses désignations récentes, mais avec encore très peu de pays et d’écorégions atteignant les objectifs internationaux de couverture des AMP La réserve intégrale de la Réserve Naturelle de Scandola en Corse produit des résultats écologiques significatifs après 40 ans de protection © M. Mabari / (Rodríguez-Rodríguez et al., 2016). Au cours des années 2000, la Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée de la FAO a désigné de vastes zones de la mer Méditerranée comme des Zones de Pêche Restreintes (ZPR) pour tenter de reconstituer les stocks de nombreuses espèces commerciales surexploitées dans la région et de protéger les habitats et les espèces sensibles. Ces zones comprennent 4 AMP à usages multiples en haute mer à travers la Méditerranée. Des mesures de protection supplémentaires comprennent l’interdiction du chalutage à des profondeurs supérieures à 1 000 mètres et à l’intérieur de la bande de 3 milles nautiques (mn) à partir du littoral ou inférieure à 50 m de profondeur, en fonction du critère atteint le premier. Toutes ces zones ont été fermées à certaines formes de pêche, principalement au chalutage de fond, en raison de leurs impacts très négatifs sur les écosystèmes sensibles des fonds marins et sur les espèces démersales (CGPM, 2005 ; 2006 ; 2012 ; UE, 2006). Alors que l’interdiction de 3 mn pour le chalutage de fond protège une portion importante des zones nourricières d’espèces démersales commercialement importantes en Méditerranée tels que le rouget, le pageot commun et la sole commune (Colloca et al., 2015), ces mesures de gestion spatiale sont considérées comme douteuses sur le plan écologique et conflictuelles sur le plan social. Pranovi et al. (2015) ont analysé les impacts écologiques et Numéro 5 - Mars 2016 Les AMP, des outils pour une pêche durable 11 socio-économiques de l’interdiction de pêche de 3 mn sur 6 espèces de poissons commercialement importantes au nord-ouest de la mer Adriatique. Ils ont constaté que seules certaines de ces espèces ont été positivement affectées par la restriction, alors que certains petits pêcheurs ont été contraints de changer d’engin, ce qui a entraîné des coûts plus élevés, de nouvelles espèces cibles (déplaçant ainsi la pression sur les espèces nectoniques) et des changements culturels. Ils affirment que les bénéfices écologiques ne se sont pas produits pour toutes les espèces car l’interdiction autorise encore certaines formes de pêche et elle est difficile à appliquer et que, par conséquent, elle ne suffit pas à prévenir la surexploitation des espèces marines. Les AMP et les réserves de pêche en Méditerranée © MedPAN Certains projets de recherche se sont intéressés aux impacts écologiques des AMP méditerranéennes et à leur contribution à la pêche durable. Le projet BIOMEX (2005) a évalué l’exportation de la biomasse, que ce soit des adultes ou des propagules (oeufs et larves) à partir de 6 AMP « no-take » côtières et réserves de pêche en Espagne et en France, même si les chercheurs se sont servis uniquement de données d’« après l’établissement » de l’AMP, limitant ainsi l’attribution des effets escomptés. Leurs résultats suggèrent des preuves d’exportation d’adultes et de juvéniles (oeufs et larves) à partir des AMP étudiées vers les zones avoisinantes, bien que l’étendue de cette exportation était spatialement réduite à un maximum de 1 000 m. Les auteurs affirment que cet impact écologique spatialement limité pourrait être le résultat de la forte pression de pêche aux limites des AMP et / ou des discontinuités de l’habitat. Le projet EMPAFISH (Planes et al., 2008) a poursuivi le travail de BIOMEX. Il a élargi l’échantillon à 20 AMP « no-take », réserves de pêche et zones de gestion des pêches dans quatre pays de la Méditerranée occidentale (Espagne, France, Italie et Malte). Il a également inclu des données écologiques d’« avant » la mise en place de chaque AMP, pouvant ainsi attribuer les impacts de façon plus exacte. On y a comparé les indicateurs de performance écologique (biomasse de poissons, taille et exportation) à l’intérieur et à l’extérieur de ces AMP avec des données issues de l’examen de 55 études scientifiques. Les responsables du projet ont confirmé leurs 12 LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP résultats précédents, qui montraient des impacts positifs mais limités des AMP méditerranéennes sur la production de produits de la mer dans le milieu marin qui les entoure. Il convient cependant de noter que ces projets ont étudié un échantillon exceptionnel d’AMP « notake » anciennes et bien gérées (BIOMEX, 2005), ce qui n’est pas le cas habituellement en Méditerranée (Gabrié et al., 2012). Par conséquent, les impacts écologiques des AMP méditerranéennes en termes d’amélioration de la biomasse et d’exportation sont susceptibles d’être encore plus limités. IMPLICATIONS POUR LES GESTIONNAIRES D’AMP Tous les gestionnaires d’AMP n’ont pas à gérer leurs AMP en vue de l’amélioration de la pêche. Cela dépend des objectifs spécifiques de chaque AMP qui doivent être explicités dans ses statuts d’établissement, et développés à travers des mesures concrètes dans son plan de gestion. Cependant, même si ce n’est pas un objectif standard dans la gestion des AMP, le même principe général concernant la conservation de la biodiversité s’y applique, à savoir essayer de maximiser la taille (l’âge) ainsi que le nombre d’individus et d’espèces (indigènes) au sein de l’AMP, à des fins soit de reconstitution (conservation) soit de production (gestion des pêches), afin que ces espèces puissent s’étendre vers les zones avoisinantes pour aider à leur repeuplement. Si les AMP « no-take » doivent être gérées, cette gestion serait relativement simple en contrôlant l’accès des bateaux de pêche aux zones réglementées. Si un certain effort de pêche est autorisé dans l’AMP, une surveillance plus intensive serait nécessaire pour vérifier le respect des règlementations avec des inspections des captures en mer ou au port, des spécifications techniques des engins et des bateaux, ainsi que des vérifications des zones de pêche. Une bonne surveillance scientifique des stocks exploitables à l’intérieur de l’AMP et dans le reste de la zone de pêche autour de l’AMP, associée aux possibles impacts socio-économiques des mesures proposées (nouvelles restrictions de pêche, etc.), doit servir de base pour l’attribution des quotas, des subventions (si nécessaire) et pour la mise à jour des plans de gestion. En ce sens, certains projets de recherche tels que PAMPA (2011) se sont penchés sur l’élaboration d’indicateurs comparables des succès, usages et gouvernance des AMP en fonction des objectifs de conservation et / ou de production. Dans tous les cas, une gestion d’AMP réussie bénéficiera d’un financement suffisant et d’un engagement régulier avec les pêcheurs basé sur la confiance, afin de mettre en œuvre une approche écosystémique solide concernant la gestion de la pêche dans les AMP en question. Numéro 5 - Mars 2016 Les AMP, des outils pour une pêche durable 13 Des preuves scientifiques suggèrent que les gestionnaires devraient accorder une attention particulière à une application des règlementations permanente pour que les progrès réalisés progressivement ne soient pas annihilés rapidement. Les habitats importants qui abritent des espèces protégées ou commerciales clé (frayères ou nurseries comme les herbiers de Posidonia par exemple) devraient également être soigneusement gérés, compte tenu de leur contribution essentielle au repeuplement des océans à plus large échelle. La surveillance et l’application des réglementations de la pêche au Parc national de Port-Cros, France © M. Mabari / MedPAN REMARQUES FINALES Les AMP peuvent être des outils efficaces de conservation de la biodiversité et d’amélioration de la pêche, maximisant ainsi les bénéfices de ces mesures de gestion spatiale marine. Mais pour cela, elles doivent répondre à certaines exigences sur le design, le financement, la gestion ou la participation des parties prenantes. Il existe des preuves des impacts écologiques et économiques positifs (limités) des AMP au niveau mondial et en Méditerranée. Cependant, afin de parvenir à un développement durable des océans, ces impacts doivent être couplés avec des actions plus larges ciblant l’environnement marin dans son ensemble ; par exemple en réduisant l’effort de pêche, en établissant des interdictions temporaires ou en limitant davantage les quotas de pêche pour certaines des espèces les plus exploitées. Le défi est vaste mais digne d’efforts puisqu’il permettrait le rétablissement d’océans durables, sains et abondants offrant un large éventail de services aux populations humaines 14 LA SCIENCE POUR LA GESTION DES AMP REFERENCES Beck, M.W.; Heck, K.L.; Able, K.W. et al. 2003. The role of nearshore ecosystems as fish and shellfish nurseries. 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