Article Franchise HEBE

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Interview
No u
L
D
1984 : naissance à Charleville-Mézières
2004 : création de sa première entreprise,
ABC Institut
2007 : diversification vers la garde d'enfants
et création de Hébé
2008 : ouverture d'une première micro-crèche
à Reims
2010 : lancement d'un réseau national
de micro-crèches
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Pendant que ses camarades
de classe révisaient leur bac,
Yoann Dedion pensait
déjà à créer
sa première entreprise.
Bien lui en a pris puisque
ce jeune Ardennais âgé de 26 ans
a déjà bâti un petit groupe autour
des services à la petite enfance.
Depuis sa base rémoise,
il essaime désormais
son concept de micro-crèches
dans la région, et bientôt
dans toute la France.
champ éco n°87 - le magazine de l’économie en
mo
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Yoann Dedion, École
créateur d’entreprises (ABC Institut, Hébé,
internationale Henri-Farman)
o us sommes parmi
LES DEUX PREMIERS RÉSEAUX FRANÇAIS
DE MICRO-CRÈCHES
Vous avez obtenu un prix Reims Créator
en 2008, et depuis, vous n'arrêtez pas
de vous développer dans les services
à la petite enfance.
Comment est née cette aventure ?
Au départ, je me suis lancé dans les cours
de soutien scolaire à domicile, avec
ma première entreprise qui s'appelle ABC
Institut. Alors que cette activité était sur
les rails, j'ai élargi la palette des services
à la personne avec la garde d'enfants,
deux ans plus tard. Très rapidement,
cette nouvelle activité a pris le dessus
tant la demande est importante.
Et puis, en 2007, j'ai senti qu'il y avait
une ouverture réglementaire avec
la possibilité de créer des micro-crèches,
accueillant dans un même lieu
neuf enfants au maximum,
encadrés par deux professionnels
de puériculture et de petite enfance.
C’est ainsi que j'ai lancé l'entreprise Hébé.
Comment avez-vous fait
pour transformer cette opportunité
en une réussite économique ?
Nous avons innové en développant
un nouveau métier autour de la gestion
de micro-crèches. Dans un premier
temps, il a fallu beaucoup de concertation
en
mouvement de Reims et d’Épernay - mai 2010
avec les ministères concernés et
les services de tutelle pour que le mode
de fonctionnement soit parfaitement
défini. Ensuite, nous avons cerné les
besoins des utilisateurs qui sont à la fois
les enfants et les parents. C'est ainsi
que nous avons décidé de pratiquer
une grande amplitude d'ouverture,
des implantations en centre-ville
ou en zone d'activités économiques,
ou encore des facilités de paiement pour
tenir compte des remboursements de
la Caf. Nous avons ouvert une première
micro-crèche à Reims, début 2008.
Depuis nous n'avons pas cessé et nous
avons désormais neuf micro-crèches
disséminées sur l'agglomération rémoise.
Cette première expérience réussie
nous a permis de voir plus loin,
et d'ouvrir six nouvelles micro-crèches
à Châlons-en-Champagne, Épernay
et Lille. Maintenant que nous avons fait
nos preuves, nous allons continuer
d'ouvrir des micro-crèches
dans d'autres villes, dès cette année.
Comment vous situez-vous par rapport
à la concurrence dans votre secteur ?
En ce qui concerne spécifiquement
les micro-crèches, nous sommes
aujourd'hui parmi les deux premiers
réseaux français, les autres structures
étant moins organisées ou centrées
uniquement sur une ville. Maintenant,
tout va se jouer dans les deux années qui
viennent, où l'enjeu sera d'atteindre le plus
rapidement possible une taille nationale.
Pour sa part, Hébé a déjà ciblé
une quarantaine d'implantations
sur lesquelles nous travaillons activement.
Nous faisons des études de marché
pour cerner les besoins exacts
dans les villes qui nous intéressent.
“L'enjeu sera d'atteindre
le plus rapidement
possible
une taille nationale.”
Quel est l'intérêt de monter un réseau
national dans les années qui viennent ?
Le concept est bien défini et nous
sommes bien accueillis dans les nouvelles
villes grâce à notre expérience à Reims.
La demande est vraiment importante.
D'ailleurs, lorsque nous ouvrons
une nouvelle micro-crèche
dans une même ville, nous avons
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les services à domicile commençaient
seulement à se développer.
Finalement, je suis d'abord passé
par une capacité en droit à la faculté
de Reims et dans la foulée
j'ai passé le bac en candidat libre.
J'étais un peu pressé de me lancer
dans la vie active sans doute...
La valeur n’attend pas le nombre
des années : Yoann Dedion a fondé
sa première société à l’âge
de 20 ans.
des familles en liste d'attente et
la seconde ouverture suit rapidement.
Pour ces nouvelles implantations, nous
cherchons d'anciens locaux commerciaux
bien situés en ville, que nous transformons
en lieu d'accueil pour une micro-crèche
qui sera gérée par du personnel qualifié.
Maintenant, notre force réside aussi dans
les économies d'échelles qu'un réseau
peut réaliser. Ainsi, nous avons déjà pu
mettre en place notre propre centrale
d'achats qui peut négocier efficacement
les prix, ainsi qu'un centre d'appels
commun à toutes nos structures.
Dans le même esprit, nous avons
aussi développé notre propre logiciel
de gestion d'une micro-crèche.
Au-delà de la gestion d'une entreprise
en croissance, qu'est-ce qui vous fait
avancer ?
C'est l'innovation. En fait, nous sommes
des innovateurs, puisqu'il nous a fallu
travailler avec les administrations,
les collectivités et les organismes sociaux
à la mise au point de ce concept original,
qui s'avère être un parfait compromis
entre l'assistante maternelle et la crèche
collective. Je suis bien conscient de l'aide
que j'ai pu avoir dans cette démarche,
et j'essaie de renvoyer l'ascenseur
en m'engageant comme administrateur
à la Caf ou comme conseiller
de l'enseignement technique.
Nous ouvrons par ailleurs largement
nos structures à des stagiaires, encadrés
par nos professionnels, afin qu'il puissent
préparer les diplômes dans de bonnes
conditions. Au passage, je dirais
qu’aujourd'hui la difficulté est plutôt
celle du recrutement.
“Nous sommes
des innovateurs,
puisqu'il nous a fallu
travailler à la mise
au point d’un concept
original.”
Est-ce que vous vous imaginiez
devenir un jour chef d'entreprise ?
Oui, parce que j'ai toujours eu l'esprit
d'entreprendre. À l'école, j'ai toujours eu
en tête l'idée de créer ma propre
entreprise. C'est ce que j'ai fait en 2004,
alors que je n'avais que 20 ans
et pas encore terminé mes études.
J'ai lancé ABC Institut en 2004, alors que
Face à un banquier, est-on sérieux
lorsqu'on a 20 ans, et
aucune expérience de l'entreprise ?
Aujourd'hui j'ai un banquier
qui me soutient dans tous mes projets
de développement.
Au début, c'était loin d'être le cas.
J'ai dû solliciter un nombre
impressionnant de banques avant
d'en trouver une qui accepte
de me suivre. Et encore, j'avais derrière
moi mon grand-père et mon oncle
qui m'ont toujours soutenu dans
mes projets, même dans les périodes
de doute. Et il y en a forcément
dans le parcours d'une entreprise,
d'autant que lorsqu'on est autodidacte,
on apprend beaucoup
à travers ses erreurs.
Cela dit, ces expériences permettent
de repartir sur de meilleures bases.
Quel est le modèle économique
de vos micro-crèches ?
Nous finançons entièrement
nos investissements et nos recettes
se composent uniquement
de ce que nous facturons aux familles.
Nous sommes sur un marché
concurrentiel, où la tarification est libre,
mais sur lequel il faut être bien placé
au niveau qualité-prix. Maintenant, les
familles perçoivent des aides de la CAF
pour les aider à financer nos prestations.
Déduction faite des ces aides,
il reste en moyenne 300 euros par mois
à financer pour un enfant confié toute
la semaine. Et cette dépense bénéficie
également de déductions fiscales
au niveau du ménage.
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Qu'est-ce qui vous paraît aujourd'hui
le plus difficile dans votre métier
de chef d'entreprise ?
Lorsqu'on devient chef d'entreprise,
le plus complexe est sans doute
la gestion des ressources humaines.
C'est d'autant plus vrai dans notre cas,
puisque nous avons grandi très vite
avec 35 salariés à temps plein pour Hébé
et 55 – mais 15 en équivalents temps
plein – pour ABC Institut qui poursuit
toujours son activité d'origine.
Or, la législation sociale est très
complexe et le risque de faire des erreurs
toujours présent. Cela dit, je sais aussi
que la force d'une entreprise, ce sont
ses collaborateurs, et c'est d'autant
plus vrai pour nous.
Heureusement, je peux compter
sur une équipe dynamique qui accepte
des amplitudes horaires importantes.
“A l'école,
j'ai toujours eu
en tête l'idée
de créer
ma propre
entreprise.”
“L'esprit d'entreprendre
n'est pas assez
mis en avant
dans l'enseignement.”
Compte tenu de votre propre
expérience, que faudrait-il
pour que plus de jeunes deviennent
chef d'entreprise ?
D'une manière générale, je pense
que le développement de l'esprit
d'entreprendre n'est pas assez mis
en avant dans l'enseignement,
quel que soit d'ailleurs le niveau
d'études. Devenir créateur d'entreprise
n'est pas forcément la première chose
à laquelle on pense en faisant
ses études, et c'est dommage.
Pourtant, entreprendre et innover,
c'est une belle aventure humaine dans
laquelle on peut se lancer à tout âge,
sans aucune hésitation ! ■
Laurent Locurcio
Pour en savoir plus :
www.creche-hebe.com
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Après la crèche, l’école
En septembre 2010, l'École internationale Henri-Farman ouvrira
ses portes à Reims. Un gros investissement pour Yoann Dedion
et Hébé, puisque ce sont plus de 1 300 m2 de locaux d'accueil pour
enfants qui seront aménagés pour cette école et une micro-crèche.
À cette occasion, le jeune chef d'entreprise va franchir une étape
en ouvrant sa première école maternelle privée hors contrat,
qui accueillera des enfants à partir de 2 ans.
En quelque sorte il s'agit de classes “passerelles”,
avec des instituteurs et institutrices, préparant les enfants
à intégrer ensuite les maternelles classiques
où l'entrée des enfants de moins de 3 ans pose parfois problème.
Dans ce domaine également Yoann parle d'innovation, car il a fallu
monter un copieux dossier et obtenir toutes les autorisations
nécessaires pour mener le projet à terme. Mais là aussi, le marché
est important, car ses futurs clients – les parents – sont déjà
en liste d'attente depuis quelque temps. D'autant que ce sont
les parents qui ont déjà confié leurs enfants à l'une des désormais
nombreuses micro-crèches Hébé de l'agglomération rémoise. ■
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