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Brûlures Vol. X •n°2
Juin 2009
En effet, le problème est la reconstitution d’une peau complète
avec son épiderme et son derme.
La seule solution était jusqu’ici la greffe de peau totale, mais
avec la limitation de la surf ace à transplanter qui ne pouv ait
s’adresser qu’à des pertes de substances de faible étendue.
La nécessité de recouvrir de g randes surfaces, telles celles
des brûlés à plus de 60%, a amené à la notion de peaux
reconstruites.
Dès 1985 sont apparues les cultures de kératinocytes permettant
d’obtenir en 3 semaines 10000 cm² à partir d’un prélèvement
de 10 cm² qui ont été très utilisées, mais cette reconstruction
épidermique ne comprenait pas une jonction dermo-épidermique
normale, d’où une certaine instabilité avec risque d’ulcération
et de bulles.
La reconstitution d’un derme a constitué l’étape suivante.
Dès 1996 le modèle de Yannas et Burke : bi-couche : matrice
de collagène bo vin (tendons) et de chondroïtine-sulf ate
recouverte d’une feuille de silicone est appar u. En 14 à 21
jours, la matrice est colonisée par les f ibroblastes du sujet.
La feuille de silicone peut être enlevée et remplacée par une
greffe mince (Integra®).
Ce procédé a été employé chez les grands brûlés en période
aiguë et aussi pour le traitement des séquelles.
Depuis, d’autres dermes artificiels sont arrivés tels que le
Matriderm®(matrice de collagène et d’élastine bo vins) qui
offre la possibilité de g reffe en un temps, l’Inte gra®single
layer (matrice sans silicone) soit monocouche a vec greffe
en un temps ou multicouche a vec greffe en 2 temps mais
augmentant l’épaisseur du der me, le Renoskin ®(matrice
poreuse de collagène bovin et de gl ycoaminoglycanes non
réticulés avec une couche de silicone renforcé).
Il existe d’autres substituts dermiques mais non disponibles
en France tel que l’Alloderm® (greffon dermique acellulaire
lyophilisé d’origine humaine, fabriqué à partir d’une homo-
greffe désépidermisée avec destruction des cellules dermiques
en respectant la matrice) qui permet une autogreffe immédiate
cicatrisant en même temps que le substrat est colonisé par les
fibroblastes du receveur. Il participe, évidemment, aux aléas
des dons d’organe.
Citons aussi les substituts biosynthétiques temporaires.
Le Biobrane®(collagène bovin sur maille de nylon recouvert
de silastic) est ancien (1979). Le Hyalomatrix ®(acide
hyaluronique estérifié recouvert de silicone) est plus récent
(2007) mais ses premiers résultats sont encourageants (substrat
dermique ?).
Enfin, les premiers substituts synthétiques ne sont plus
considérés comme des substituts mais comme des pansements;
citons par exemple : Opsite, Tégaderm, Epiview, Urgotulle,
Hydrocolloïdes, Hydrogel, Mepitel, Ialuset, etc.
Peut-on aller plus loin à l’avenir ?
Les dermes équivalents : le Dermagraft®(matrice synthétique
enrichie de fibroblastes allologues) a été retiré du marché ;
le Dermagen®(2004) n’a pas totalement convaincu et il semble
plus logique de passer directement aux équi valents de peau
totale (substituts dermo-épidermiques) c’est-à-dire les peaux
totales reconstruites.
Le principe est de recouvrir une culture de f ibroblaste par
une suspension de kératinocytes ; deux types sont possib les
selon que l’on s’adresse à des :
- cellules homo ou allologues = pas d’intégration définitive,
pas de problème pour le derme mais nécessité d’une g reffe
épidermique,
- cellules autologues = intégration définitive.
Ces cultures peuvent utiliser un support variable :
- gel de collagène non poreux : Apligraft®,
- matrice de collagène poreuse : Orcel®,
- membrane d’acide hyaluronique : Hyalomatrix®Laserskin®.
Les peaux reconstr uites autologues permettent donc une
greffe cutanée permanente alors que les peaux reconstr uites
hétérologues ne constituent qu’un pansement temporaire de
haute technicité ; restent toutefois les prob lèmes de prélève-
ment et de délais.
Les possibilités actuelles sont résumées dans le tableau IV.
Signalons aussi les peaux totales reconstr uites à cellules
mixtes : ICX-SKN (intercytex 2007) avec kératinocytes de
culture autologues, fibroblastes homologues et matrice de pro-
téines plasmatiques humaines (Tisseel®).
L’insuffisance des substituts actuels réside dans l’absence des
annexes. Le transplant idéal ne de vrait pas se contenter des
fibroblastes et des kératinocytes mais comporter des annexes
et des mélanocytes.
Peut-on espérer dans l’avenir des thérapies cellulaires et des
cellules souches ? (Barrandon)
Cependant à l’heure actuelle, malg ré leurs imperfections et
leurs contraintes, on dispose d’un g rand nombre de produits
dont le tableau V montre la classification.
Tableau IV
Tableau V
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