working paper

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WORKING
PAPER
2014/08
Performance et Innovation en
PME: quelles relations pour
quelles mesures ? Proposition
d’une grille d’analyse et
application au cas des TPE et
PME wallonnes et bruxelloises
Michel Ajzen, ILSM- CRECIS,
Université catholique de Louvain
Prof. François Pichault, HEC-LENTIC,
Université de Liège
Dr. Giseline Rondeaux, LENTIC,
Université de Liège
Prof. Laurent Taskin, ILSM-CRECIS,
Université catholique de Louvain
LOUVAIN SCHOOL OF MANAGEMENT RESEARCH INSTITUTE
Louvain School of Management
Working Paper Series
Editor : Prof. Jean Vanderdonckt
([email protected])
Performance et Innovation en PME: quelles relations pour
quelles mesures ? Proposition d’une grille d’analyse et
application au cas des TPE et PME wallonnes et bruxelloises
Michel Ajzen, Louvain School of Management
Prof. François Pichault, HEC-LENTIC, Université de Liège
Dr. Giseline Rondeaux, LENTIC, Université de Liège
Prof. Laurent Taskin, Louvain School of Management
Summary
Cet article questionne la finalité performative économique dominante des pratiques de management et le lien de causalité établi
entre innovation et performance. Partant du constat qu’en sciences de gestion, les politiques de management auraient toutes, pour
ambition ultime, de contribuer à la performance de l’entreprise et que la capacité d’innovation d’une entreprise serait une
condition sine qua non de cette performance, cet article montre que (i) ces deux notions font référence à des contenus disparates ;
(ii) la performance est principalement mesurée par des indicateurs distanciés (financiers) ; (iii) la nature de l’interdépendance
entre innovation et performance n’est pas univoque dans la littérature actuelle. Capitalisant sur la diversité des caractérisations de
la performance et de l’innovation, dans la perspective d’enrichir la compréhension de ces notions, et adoptant une démarche
agnostique n’établissant aucun lien a priori entre les notions de performance et d’innovation, cet article propose une grille
d’indicateurs permettant la caractérisation de l’innovation (au travers d’indices factuels, déclaratifs, relatifs et indirects) et de la
performance (socio-organisationnelle, productive, environnementale et financière) des organisations, dans une démarche de dénaturalisation. La présentation des résultats de l’enquête réalisée auprès de 433 TPE et PME wallonnes et bruxelloise permet
d’opérationnaliser cette évaluation enrichie de l’innovation et de la performance et alimente une discussion critique sur les liens
établis entre ces notions.
Keywords: Performance, innovation, PME
Corresponding author :
Prof. Laurent Taskin
Center for Excellence CRECIS
Louvain School of Management / Campus Louvain-la-Neuve (L2.01.04)
Université catholique de Louvain
Place des Doyens, 1
B-1348 Louvain-la-Neuve, BELGIUM
Email : [email protected]
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regarding the paper.
[email protected], ILSM, UCL, 1 Place des Doyens, B-1348 Louvain-la-Neuve, BELGIUM
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Working(paper(series(
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Performance et Innovation en PME: quelles relations pour quelles mesures ?
Proposition d’une grille d’analyse et application au cas des TPE et PME wallonnes et bruxelloises*
AJZEN MICHELa
Louvain School of Management , Université catholique de Louvain
1 place des doyens B-1348, Louvain-la-Neuve, BELGIUM
[email protected]
Prof. FRANCOIS PICHAULTb
HEC, Université de Liège
Boulevard du Rectorat, 19 - B 51 4000 Sart Tilman Belgique
[email protected]
Dr. GISELINE RONDEAUXc
LENTIC, Université de Liège
Boulevard du Rectorat, 19 - B 51 4000 Sart Tilman Belgique
[email protected]
Prof. LAURENT TASKINd
Louvain School of Management , Université catholique de Louvain
1 place des doyens B-1348, Louvain-la-Neuve, BELGIUM
[email protected]
Abstract
Cet article questionne la finalité performative économique dominante des pratiques de management et le lien de causalité
établi entre innovation et performance. Partant du constat qu’en sciences de gestion, les politiques de management auraient
toutes, pour ambition ultime, de contribuer à la performance de l’entreprise et que la capacité d’innovation d’une entreprise
serait une condition sine qua non de cette performance, cet article montre que (i) ces deux notions font référence à des
contenus disparates ; (ii) la performance est principalement mesurée par des indicateurs distanciés (financiers) ; (iii) la nature
de l’interdépendance entre innovation et performance n’est pas univoque dans la littérature actuelle. Capitalisant sur la
diversité des caractérisations de la performance et de l’innovation, dans la perspective d’enrichir la compréhension de ces
notions, et adoptant une démarche agnostique n’établissant aucun lien a priori entre les notions de performance et
d’innovation, cet article propose une grille d’indicateurs permettant la caractérisation de l’innovation (au travers d’indices
factuels, déclaratifs, relatifs et indirects) et de la performance (socio-organisationnelle, productive, environnementale et
financière) des organisations, dans une démarche de dé-naturalisation. La présentation des résultats de l’enquête réalisée
auprès de 433 TPE et PME wallonnes et bruxelloise permet d’opérationnaliser cette évaluation enrichie de l’innovation et de
la performance et alimente une discussion critique sur les liens établis entre ces notions.
Mots-clés : Performance, innovation, PME
* Cette publication est tirée d’une recherche portant sur l’étude des liens entre les pratiques de GRH et
l’innovation et la performance des PME/TPE wallonnes et bruxelloises, financée par Acerta.
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a
Chercheur à la Louvain School of Management Research Institute - Center for Research in Entrepreneurial Change and Innovative
Strategies (CRECIS) de l’Université catholique de Louvain
b
Professeur à HEC-Université de Liège et Directeur du Lentic
c
Docteure en sciences de gestion au LENTIC, Université de Liège(
d
Professeur à la Louvain School of Management et ILSM, Université catholique de Louvain(
(
Document(de(travail(–(Ne(citer(qu’avec(l’accord(des(auteurs(
1(
Louvain(School(of(Management(((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((HEC6ULg(Ecole(de(Management(
Working(paper(series(
(
1.
Introduction
L’ambition de cet article est de contribuer à enrichir la caractérisation des concepts de performance et
d’innovation dans la recherche sur les Petites et Moyennes Entreprises (PME) et sur les Très Petites Entreprises
(TPE). Les notions de performance et d’innovation, et plus encore les relations de causalité entre elles, font
l’objet de débats (Ledent et al., 2002 ; De Winne et Sels, 2010 ; Freel, 2000 ; Miles et Snow, 1984) dont la
vivacité témoigne aussi de la prégnance de ces dimensions dans la caractérisation de la finalité de la gestion des
entreprises. La nature de ces variables et les relations qu’elles entretiennent entre elles étant considérées comme
« allant de soi ». A cette forme de naturalisation, nous voulons opposer une vision élargie de la performance
(sociale, environnementale, p.ex.) et de l’innovation (aussi relative), rendant mieux compte de la diversité des
finalités de la gestion des entreprises et contribuant par-là à l’opérationnalisation d’une vision plus sociétalement
responsable du management.
Tout d’abord, certains auteurs mettent en avant un lien de cause à effet entre ces deux dimensions (Geroski et
Machin, 1992 ; Chaston, 1997 ; Ledent et al., 2002): l’innovation serait alors un déterminant de la performance
qui l’influencerait de manière positive (De Winne et Sels, 2010 ; Liouville et Bayad, 1998) ou négative (Simon
et al., 2002). Ensuite, d’autres auteurs estiment qu’il s’agirait plutôt d’une relation « d’indépendance » : les
entreprises performantes ne se caractérisent pas forcément par un degré élevé d’innovation, et vice versa
(Lallement et Wisnia-Well, 2007 ; Freel, 2000). Enfin, d’autres chercheurs s’inscrivent dans une approche
contingente et considèrent plutôt une « approche d’inclusion » où l’innovation serait un des critères de mesure de
la performance (Schuler et Jackson, 1987 ; Kochan et Barocci, 1985 ; Miles et Snow, 1984 ; Fombrun et al.,
1984 ; Youndt et al., 1996) .
Dans cet article, nous choisissons d’adopter une approche « agnostique » qui vise à étudier ces concepts,
indépendamment l’un de l’autre. Le choix de cette démarche semble se justifier par le manque de consensus
autour des définitions et des liens conceptuels. Ainsi, nous proposons tout d’abord d’éclaircir le débat et
d’approfondir, successivement les définitions de performance et d’innovation, en vue de les caractériser. L’étude
de ces dimensions au sein des TPE et PME wallonnes et bruxelloises permet d’opérationnaliser notre grille de
mesure intégratrice et la caractérisation englobante de ces deux construits. L’analyse des résultats nous amène
finalement à discuter les liens entre performance et innovation et à ouvrir quelques pistes de recherche futures.
2.
L’étude de la performance en gestion
A l’image de ce que Gilbert et Charpentier (2004) affirment, il existe une «conceptualisation plurielle de la
performance ». Ainsi, ils considèrent que la performance serait un «(…) mot-éponge ou mot-valise (…), qui
recouvre des notions dont le sens est très largement contextuel et autorise des interprétations nombreuses »
(pp.48-50). En effet, dans de très nombreux cas, les chercheurs en sciences de gestion qualifient la performance
dans l’entreprise de sociale, de financière ou encore, d’environnementale (voir notamment Allouche et al., 2004 ;
Fabi et al., 2006 ; Ducrou, 2008). Dès lors, il serait plus judicieux de parler des performances plutôt que de la
performance de l’entreprise. Au terme de la revue de littérature à laquelle nous nous sommes adonnés, onze
types de performance peuvent être identifiés: sociale (Dohou et Berland, 2008; Fabi et al., 2006; Baggio et al.,
2006; Frimousse et al., 2006; Allouche et al., 2004; Igalens et Gond, 2003; Decock et Good, 2001; Liouville et
Bayad, 1998; Savall et Zardet, 1989; Carroll, 1979), organisationnelle (Dany et Hatt, 2007; Poissonnier et
Drillon, 2008; Arcand et al., 2004; Morin et Savoie, 2002; Chandler et McEvoy, 2000; Liouville et Bayad, 1998;
Chaston, 1997; Morin, Savoie et Beaudin, 1994), sociétale (Ducrou, 2008), opérationnelle (Fabi et al., 2006;
Sels et al., 2003), environnementale (Ducrou, 2008; Dohou et Berland, 2007), économique (Merck et Sutter,
2009; Ducrou, 2008; Savall et Zardet, 1989), croissance (Fabi et al., 2006), financière (Bnouni, 2011; Zeribi et
Boussoura, 2007; Fabi et al., 2006; Allouche et Laroche, 2005; Sels et al., 2003; Griffin et Mahon, 1997),
comptable et boursière (Bughin et Colot, 2008; Allouche et al., 2004.), humaine, commerciale et productive
(Allouche et al., 2004; Barrette et Carrière, 2003) et globale ou non-qualifiée (Benamar, 2010; Tocher et
Rutherford, 2009; Merck et Sutter, 2008; Poissonnier et Drillon, 2008; Dohou et Berland, 2007; Upon et
Seaman, 2006; Neely et al., 2002; Miloud, 2001; Spanos et Lioukas, 2001; Delery et Doty, 1996). Cette dernière
forme de performance pose la question de la relation entre les différentes formes de performances qualifiées et
une hypothétique performance globale, que nous ne traiterons pas ici.
Par ailleurs, l’examen de la littérature rend compte de la difficulté contextuelle qui réside dans l’exercice de
définition des performances. Ainsi, comme pour la grande majorité des auteurs, nous proposons de partir du
postulat que la définition de chaque performance ne peut se faire qu’à travers ses indicateurs et l’occurrence de
ceux-ci. En effet, son caractère polysémique transforme l’exercice de définition en une tentative de
caractérisation de celle(s)-ci passant par l’analyse des indicateurs qui la (les) représente(nt).
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2(
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2.1. Des performances de l’entreprise aux indicateurs de mesure
En définissant la performance globale, certains auteurs détaillent en fait, des dimensions auxquelles
appartiennent les indicateurs, sans pour autant les nommer. Ainsi, certains l’abordent d’un point de vue plutôt
financier (Miloud, 2001 ; Delery et Doty, 1996 ; Tocher et Rutherford, 2009 ; Carlson et al., 2006 ; Merck et
Sutter, 2008), alors que d’autres la considèrent sous l’angle social ou organisationnel (Dohou et Berland, 2007).
En ce qui concerne Poissonnier et Drillon (2008), ils proposent même d’étudier, à la lumière du prisme de la
performance (Neely et al., 2002), les pratiques de GRH qui ont un effet sur cette dernière. Par conséquent,
l’examen des indicateurs qui définissent la performance globale permet d’observer l’importance du caractère
économique ou financier qui laisse supposer que parler de performance dans l’entreprise, revient à traiter de ses
capacités et de ses résultats financiers. En effet, bien que d’autres ont une visée sociétale, sociale, voire
environnementale, force est de constater que la majorité de ces indicateurs tentent de vérifier ou d’évaluer un ou
des résultats quantifiables (outputs).
Toutefois, la multitude de dimensions combinée au manque de consensus autour de leurs caractérisations et de
leurs qualifications amène beaucoup d’ambiguïté dans l’approche du concept de performance. En effet, comme
le Tableau 1 le suggère, certains indicateurs ont été relevés dans des types de performances à priori différentes
(au moins par leur qualification). Citons, par exemple, le taux d’absentéisme que l’on retrouve dans les
performances globale, sociale et opérationnelle ou encore le climat social/de travail dans l’entreprise, qui trouve
sa place dans les performances sociale, organisationnelle et sociétale. Par ailleurs, d’autres indicateurs ne sont
pas nommés à l’identique mais leur contenu est identique. C’est le cas, par exemple, de certaines normes
environnementales ou sociales. A l’inverse, certains sont antinomiques et relèvent davantage de l’appréciation,
comme le respect des normes sociales, des codes de conduite et des réglementations internes à l’entreprise.
Performance
Indicateurs
Rentabilité financière
REAE (résultat d’exploitation sur
actifs d’exploitation)
PERTE/BIL
(Pertes
fiscales
reportées sur total du bilan)
Liquidités au sens large
Globale
Auteurs
Rentabilité économique
RPPT (résultat reporté
réserves sur passif total)
+
Liquidités immédiates
Liquidités au sens strict
FESCEAE
(encours
de
fabrication, stocks de produits
VDAC (valeurs disponibles sur
finis
et
actifs circulants restreints)
commandes en cours sur actifs
circulants d’exploitation)
FOPAT (Fonds propres sur passif FOPCAP (Fonds propres sur
total)
capitaux permanents)
IMCAF
(Immobilisations
AFAT (actifs fixes sur actif total)
corporelles sur actifs fixes)
CAPAF (capitaux permanents sur FOPAF (fonds propres sur
actifs fixes)
actifs fixes)
Logarithme retour sur ventes
Evolution des ventes
Valeur actualisée nette
Valeur économique créée
Cash-flow
Part de marché
Guide SD 21000
Chiffre d'affaires
Norme ISO 26000
Balanced Scorecard
Triple Bottom Line
Reporting GRI
Niveau de satisfaction
Turnover
Motifs des départs
Niveau des plaintes
Benamar,
2010;
Tocher
et
Rutherford,
2009;
Merck et Sutter,
2008; Poissonnier et
Drillon,
2008;
Dohou et Berland,
2007;
Upon
et
Seaman,
2006;
Neely et al., 2002;
Miloud,
2001;
Spanos et Lioukas,
2001; Delery et
Doty, 1996
Pertinence/qualité des formations proposées
Etat des lieux des forces de travail
Niveau d'accident
Inventaire des compétences
Coûts du personnel
Part du salaire variable
Niveau d'évaluation remplies
Résultats de la politique de diversité
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3(
Louvain(School(of(Management(((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((HEC6ULg(Ecole(de(Management(
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(
Taux d'acceptation des offres d'emplois
Connaissance de la stratégie et de la politique de la firme
Retours internes sur service RH
Part de RH par employés
Qualité des recrutements par rapport aux objectifs
Benchmark des meilleures pratiques RH
Nombre de jours perdus en raison des accidents
Sociale
Durée moyenne du service
Taux d'absentéisme
Productivité
Valeur ajoutée par employé
Taux de roulement volontaire
Bilan social
Absentéisme
Norme SA8000
Satisfaction au travail
Norme AA1000
Implication des salariés
Rapports annuels
Climat social de l'entreprise
Indices de pollution
Représentation sociale du travail
Indicateurs de réputation
Conditions de travail
Responsabilité sociale
Organisation du travail
Sensibilité sociale
Formation intégrée
Valeurs sociétales
Gestion du temps
Mise en œuvre stratégique
Dohou et Berland,
2008; Fabi et al.,
2006; Baggio et al.,
2006; Frimousse et
al., 2006; Allouche
et al., 2004; Igalens
et
Gond,
2003;
Decock et Good,
2001; Liouville et
Bayad, 1998; Savall
et Zardet, 1989;
Carroll, 1979.
Communication-coordination - concertation
Productivité
Qualité
Innovation - produits
Rentabilité
Retour sur investissement
Dany et Hatt, 2007;
Engagement des salariés
Poissonnier
et
Gestion Prévisionnelle des Drillon,
2008;
Emplois et des Compétences
Arcand et al., 2004;
Morin et Savoie,
Compétences
2002; Chandler et
Productivité
McEvoy,
2000;
Responsabilité sociale
Liouville et Bayad,
1998;
Chaston,
Compétitivité
1997; Morin, Savoie
Efficacité RH
et Beaudin, 1994.
Trop-perçus d'opération
Développement des employés
Mobilisation des employés
Recrutement, formation, carrière
Parité & non-discrimination
Valeur boursière
Rendement
Organisationnelle
Climat de travail
Utilisation des ressources
Respect de la réglementation
Responsabilité environnementale
Satisfaction des parties prenantes
Sociétale
Normes, codes de conduites et engagements
Ducrou, 2008
Motivation, climat social et conflits
Opérationnelle
Environnementale
Réduction des coûts
Amélioration de la qualité
Flexibilité
Taux de roulement
Absentéisme
Productivité
Comptabilité environnementale
Norme ISO 14000
Norme EMAS
Traitement/rejet des déchets
Consommation d'énergie
Sécurité des produits
Fabi et al., 2006;
Sels et al., 2003
Ducrou,
2008;
Dohou et Berland,
2007
Emission de gaz à effet de serre
Economique
Financière
Efficacité productive
Gestion des fonds éthiques
Coûts de production
Rentabilité des capitaux
Temps de cycles
Qualité
Service
Productivité
Marge brut par employé
Retour sur équité
Document(de(travail(–(Ne(citer(qu’avec(l’accord(des(auteurs(
Merck et Sutter,
2009; Ducrou, 2008;
Savall et Zardet,
1989
Bnouni, 2011; Zeribi
4(
Louvain(School(of(Management(((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((HEC6ULg(Ecole(de(Management(
Working(paper(series(
(
Retour sur investissement
Retour sur ventes
Rendement total
Rendement capitaux propres
Profit et marge nette
Rendement des actifs
Age des actifs
Croissance de l'actif
Croissance des ventes
Rendement des actionnaires
Alpha
Variations de l'action
Bêta
Rendement du marché
Price Earning Ration (PER)
Ratio book to market
Evaluation des liquidités
Rendement net du capital
Rendement net des réserves
Capacité d'autofinancement
et Boussoura, 2007;
Fabi et al., 2006;
Allouche et Laroche,
2005; Sels et al.,
2003; Griffin et
Mahon, 1997
Valeur ajoutée (part des coûts du personnel dans la marge brute)
Comptable
Boursière
&
Marge brute et nette sur ventes
Rendement global des ventes
Valeur ajoutée
Rentabilité de l'actif total
Bughin et Colot,
2008; Allouche et
al., 2004.
Compétences
Allouche et al.,
2004; Barrette et
Carrière, 2003
Rentabilité des fonds propres (ROE)
Humaine,
productive
commerciale
Productivité
&
Retour sur ventes
Tableau 1 : Les performances et leurs indicateurs
2.2. Quelle typologie pour quelles performances ?
La complexité de la caractérisation de ces différentes performances ainsi que l’absence de définitions génériques
habituelles ne permettent pas d’établir des regroupements qui tendraient à offrir un outil immédiat de détection
des types de performance. Dès lors, il est nécessaire d’opérer des regroupements via deux canaux distincts mais
complémentaires : par les indicateurs et par les performances elles-mêmes. Le but étant d’offrir un modèle
regroupant des séries d’indicateurs à des regroupements de performances et vice-versa. Ainsi, il serait possible
de vérifier la cohérence des rassemblements des indicateurs par rapport aux performances, et inversement. Pour
ce faire, nous procédons par thématique. En effet, le Tableau 1 permet de dégager des dimensions d’indicateurs
dont la présence est largement répandue : organisation et conditions de travail, normes et réglementations du
travail, comptabilité environnementale, normes environnementales, comptabilité sociale, qualité et
développement de produits, productivité et coûts de production, comptabilité financière, croissance et rentabilité,
et transversale.
Chacune de ces dimensions a été construite par regroupement d’indicateurs qui, eux-mêmes, proviennent des
différents types de performance. Plus loin, nous devrons néanmoins nous confronter à la difficulté que de
nombreux auteurs ont éprouvée, à savoir la qualification des performances. Pour ce faire, le nombre de
dimensions, encore relativement important, pourrait être un frein dans la conceptualisation de nouvelles
catégories. C’est pourquoi, nous établissons un second regroupement sur la base des trois types d’indicateurs que
nous proposent Fabi et al. (2004) : proximaux, intermédiaires et distaux. Pour éviter la confusion entre les
indicateurs présents dans les dimensions et les indicateurs proposés par les auteurs, nous choisissons de nommer
ces dernières : « catégories d’indicateurs ». Ainsi, à la suite de recherches dans le domaine de la GRH, « (…) les
chercheurs ont retenu différents indicateurs reliés tantôt de près, tantôt de loin, aux activités de cette fonction »
(2004 : 6-7). Concrètement, là où les indicateurs proximaux sont les plus directement rattachables aux pratiques
de GRH, les indicateurs distaux en sont les plus éloignés. Cette manière d’organiser les indicateurs ne fonctionne
que si on prend l’angle de vue de la GRH, ce qui n’en constitue pas forcément un biais dans la mesure où la
définition de la ou des performances semble toujours dépendre de l’approche du chercheur qui la considère et
sera, dès lors, influencé par ses domaines de recherche de prédilection. Par conséquent, il est important de
souligner que nous opterons pour des définitions relatives de la performance.
De cette manière, les dimensions définies se rattachent logiquement aux catégories d’indicateurs. Ainsi, la
catégorie d’indicateurs proximaux inclut les dimensions : organisation et conditions de travail, normes et
réglementations du travail et comptabilité sociale. Par opposition, la dimension « Comptabilité financière,
croissance et rentabilité » semble s’éloigner le plus des pratiques de GRH. Quant à la catégorie d’indicateurs
intermédiaires, elle comprend les dimensions : normes environnementales et productivité et coûts de
production que nous proposons de regrouper car elles traduisent explicitement l’objectivation des résultats liés à
Document(de(travail(–(Ne(citer(qu’avec(l’accord(des(auteurs(
5(
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(
l’environnement, et les dimensions qualité et développements de produits et comptabilité environnementale que
nous regroupons également par ailleurs, car elles expriment quant à elles une vision plus globale du processus de
production.
Cette nouvelle catégorisation permet de faire ressortir des ensembles de performance qui devraient nous
permettre d’en dégager une typologie et rendre, donc, la mesure plus cohérente et complète. Pour ce faire, nous
observerons, dans un premier temps, l’occurrence des performances dans chacune des dimensions. Ensuite, sur
base de leurs appellations primaires, de leurs significations et de leurs cohérences par rapport aux dimensions et
indicateurs concernés, nous tentons de (re)qualifier ces performances. Toutefois, des arbitrages entre les
différents indicateurs seront nécessaires lorsque certaines performances se retrouvent dans plusieurs catégories
d’indicateurs.
Lorsque l’on observe les performances se rapportant à la catégorie d’indicateurs proximaux, seuls les éléments
relatifs à la gestion des personnes semblent pertinents. Par ailleurs, si l’on regarde d’un peu plus près les
dimensions qui concernent ce regroupement, on remarque notamment à travers les pratiques de GRH,
l’empreinte sociale et organisationnelle forte qu’elles recouvrent. Aussi, nous choisissons de nommer cette
première forme de performance : « performance socio-organisationnelle ». Le second groupe correspond à la
catégorie d’indicateurs intermédiaires. Dans celui-ci, deux éléments majeurs ressortent aussi bien à travers les
dimensions, que les indicateurs : l’aspect environnemental, qui deviendra la « Performance environnementale »
et l’aspect productivité, qui se nommera « Performance productive ». Et enfin, les performances se rapportent
quasi-exclusivement à ce que nous appellerons : la « Performance financière ».
Finalement, il reste à définir les indicateurs clés pour chacune des trois performances définies, tout en
considérant les dimensions ainsi que les catégories d’indicateurs dans lesquelles elles se recouvrent. Pour ce
faire, nous avons sélectionné ceux qui remplissent deux conditions : une fréquence d’apparition élevée dans la
littérature (supérieure à la moyenne) et ceux qui traduisent de manière isolée ou agrégée, un résultat quantifiable
pour l’organisation (outputs) (Cf. Figure 1).
Figure 1 : Typologie des performances et indicateurs-clés
3.
L’innovation
La notion d’innovation est un concept à la fois pluridisciplinaire et polysémique (Leymarie, 2003) qui est proche
d’autres notions telles que le changement, la créativité, l’invention, ou encore l’entrepreneuriat. Certains auteurs
choisissent d’inclure la créativité en amont de l’innovation, dans un modèle d’analyse plus global (voir p.ex.
Amabile, 1988 ; Woodman et al., 1993). La plupart des travaux consacrés à l’innovation définissent celle-ci soit
Document(de(travail(–(Ne(citer(qu’avec(l’accord(des(auteurs(
6(
Louvain(School(of(Management(((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((((HEC6ULg(Ecole(de(Management(
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(
selon la distinction exploration/exploitation de March (1991), soit suivant la nature de l’innovation (OCDE,
2005).
3.1. Caractériser l’innovation
Depuis les travaux de March (1991), l’idée selon laquelle le succès de l’entreprise repose sur sa capacité à non
seulement optimiser des connaissances existantes et améliorer l’efficience de l’entreprise, mais aussi à explorer
des opportunités radicalement nouvelles, est largement répandue dans la littérature en gestion. La plupart des
auteurs s’appuyant sur cette distinction identifient deux types d’activités d’apprentissage organisationnel,
présentées comme une nécessité de survie dans un environnement dynamique et compétitif : l’exploitation
(March, 1991 ; Marengo, 1993) et l’exploration (Levinthal et March, 1993). Ces activités, différentes et
interdépendantes, mènent ainsi à des innovations de nature différente, souvent abordées de manière isolée (voir
par exemple Hedberg, 1981 ; Levitt et March, 1988 ; Dodgson, 1993 ; Hagedoorn, 1993).
La littérature qui adopte une approche dynamique de l’exploration et de l’exploitation est peu foisonnante.
Evoquons toutefois Harryson, Dudkowsi et Stern (2008), qui considèrent ces deux activités comme deux phases
consécutives du processus d’innovation. Sur le terrain, cet équilibre se révèle difficile à mettre en œuvre (Adler
et Borys, 1996 ; Sheremata, 2000 ; Jouini et al, 2006), et se reflète au niveau de la structure même de
l’organisation. Différentes configurations organisationnelles, considérées comme les plus adaptées à cet égard,
sont ainsi étudiées. Ces structures sont désignées sous les termes d’ambidextres (O’Reilly et Tushman, 2004 ;
Gibson et Birkinshaw, 2004 ; He et Wong, 2004), d’hybrides ou encore de bi-modales. Bien qu’intéressante,
nous ne retiendrons pas cette première approche de l’innovation pour la suite de nos travaux, dans la mesure où
cette dernière est appréhendée surtout sous l’angle de ses manifestations au niveau de la structure
organisationnelle et des processus d’apprentissage organisationnel et de management auxquels elle donne lieu, et
ne fait pas l’objet d’une déclinaison en indicateurs observables a priori. En d’autres termes, cette approche ne
considère pas le repérage empirique dez activités d’innovation en amont d’une analyse organisationnelle
poussée ; elle se révèle dès lors peu actionnable dans le dispositif méthodologique d’échantillonnage pour lequel
nous optons dans notre étude.
L’approche dominante pour réaliser un tel exercice (Hauknes, 2002) est consignée dans le Manuel d’Oslo de
l’OCDE (2005 : 46), suivant lequel l’innovation consiste en « la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou
d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation, dans les
pratiques d’organisation du lieu de travail ou des relations extérieures ». Ces propos s’inscrivent dans la lignée
des travaux de Schumpeter (1935), qui définit l’innovation comme l’exécution de nouvelles combinaisons de
moyens de production et met en avant la figure de l’entrepreneur innovateur. Cet auteur pointe pour sa part cinq
types d’innovation: le lancement sur le marché d’un nouveau produit (d’une meilleure qualité ou conçu en
réponse à une nouvelle demande), l’introduction d’une nouvelle méthode de production ou de marketing, la
conquête d’une nouvelle source de matière première, l’ouverture d’un nouveau marché ou la mise en œuvre
d’une nouvelle organisation. De manière globale, la définition de l’innovation de Schumpeter englobe les
innovations technologiques, commerciales et organisationnelles (Boer et During, 2001). Alors que certains
auteurs, tels que Damanpour et Evan (1984), se limitent à distinguer les innovations technologiques (désignant
tant les innovations de produit que de processus) et les innovations administratives (incluant les innovations
organisationnelles), d’autres auteurs, tels que Tidd, Bessant et Pavitt (1997) ou encore Boer et During (2001)
identifient trois types d’innovation : les innovations de produit, de processus et organisationnelles.
Certains auteurs adoptent par ailleurs une approche cumulative de l’innovation : à leurs yeux, il y a
effectivement innovation lorsque l’on constate un changement au niveau du produit, de la technologie (ou du
procédé) et de l’organisation. C’est notamment la position adoptée par Aït-Razouk et Bayad (2010) ou encore
Allani-Soltan, Arcand et Bayad (2005). S’appuyant sur la définition de Coutrot (2000), qu’ils enrichissent, ils
distinguent, au sein de la variable « innovation », trois sous-variables dont les libellés sont « innovation
technologique » (désignant un changement technologique survenu au sein de l’entreprise étudiée au cours des
trois dernières années), « innovation organisationnelle » (soit un changement organisationnel survenu au cours
des trois dernières années, tel que par exemple l’existence de groupes de travail, d’équipes autonomes ou encore
la mise en place du « juste-à-temps »), et « innovation de produit » (qui désigne l’introduction d’un nouveau
produit au cours des trois dernières années). Dans leur mesure de l’innovation, ces trois sous-variables sont
traitées en un seul indice, de manière additive, reposant sur le postulat que ces innovations vont le plus souvent
souvent de pair (Coutrot, 2004). Cette distinction triptyque, à laquelle nous recourrons dans notre étude, est la
plus fréquemment rencontrée. Plus précisément, nous proposons de caractériser le contenu de l’innovation
selon :
•
les innovations de procédé, entendues comme toute transformation ou rationalisation du procédé de
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(
•
•
production, ou de nouvelles combinaisons de procédés, telle que par exemple l’automatisation, la
standardisation, l’économie de matières premières ou le recours à une matière première alternative. Ce
premier type d’innovation inclut également les nouveaux procédés de marketing, c’est-à-dire de
nouvelles manières de commercialiser un produit.
Les innovations de produit, désignant l’invention de nouveaux produits ou services, la transformation,
diversification ou personnalisation de produits ou services existants, incluant donc l’ouverture de
nouveaux marchés ou la réponse à de nouvelles demandes.
Les innovations organisationnelles, comprises comme toute transformation dans l’organisation du
travail, dans le système de gestion des connaissances, dans la méthode de mobilisation de la créativité
ainsi que les nouvelles formes de relations entre les entreprises et leur environnement économique.
Notons par ailleurs que la deuxième partie de la définition de l’OCDE (2002 : 46), qui précise que l’innovation
se reconnaît ainsi dès lors que « le produit, le procédé, la méthode de commercialisation ou la méthode
d’organisation (est) nouveau (ou sensiblement amélioré) pour la firme », amène une nuance importante, à
laquelle nous souscrivons : la relativité de l’innovation. Celle-ci, comprise comme un changement entre un objet
(le produit) ou un processus (procédé de fabrication, de commercialisation, ou encore d’organisation du travail)
ancien et un nouveau, s’apprécie en effet à l’échelle de l’entreprise. Nous reviendrons sur ce point
ultérieurement, lorsque nous évoquerons la manière de définir les indicateurs de mesure de l’innovation.
Dans un même ordre d’idées, plusieurs travaux développent l’idée d’un changement dont l’intensité peut varier.
Des auteurs tels qu’Amara et Landry (2005), Harbour et Blackman (2006) ou encore Risker (1998)
conceptualisent l’innovation comme un continuum dont les deux extrêmes sont l’innovation incrémentale (ou
amélioration continue ; Roulet, 2006) d’une part, l‘innovation radicale, d’autre part. Amara et Landry utilisent à
cet égard les termes de « degré de nouveauté de l’innovation », et s’insurgent contre la plupart des études qui,
pour opérationnaliser la notion, questionnent les entreprises sur un mode binaire : « durant les 3 dernières
années, votre entreprise a-t-elle offert des produits (bien ou services) nouveaux ou significativement améliorés ?
Oui ou non » et « durant les 3 dernières années, votre entreprise a-t-elle introduit des processus (de production)
nouveaux ou significativement améliorés ? Oui ou non », et calculent le pourcentage d’innovation sur cette
unique base. Nous rejoignons le propos de ces auteurs, qui plaide pour un élargissement de la compréhension de
l’innovation à un plus grand nombre de variables explicatives que le seul objet (produit ou processus) de
l’innovation, et de considérer également le temps requis pour développer ces innovations, les ressources
nécessaires pour ce faire, la fréquence mesurée en nombre d’innovations lancées sur le marché, et le degré de
nouveauté de celles-ci. Dès lors, il ne s’agit pas de catégoriser les entreprises en innovantes vs. non-innovantes,
mais en entreprises plus ou moins intensément innovantes, mesurant ce degré de nouveauté sur une échelle dont
les items situent celui-ci à l’échelle mondiale, à l’échelle nationale ou à l’échelle de l’entreprise.
Au terme de ce premier tour de la littérature, il apparaît ainsi que le concept d’innovation ne se présente pas de
manière univoque et stable : la manière de considérer l’innovation et de la définir semble en effet étroitement
liée à la manière de l’identifier et de la mesurer au sein de l’entreprise, voire même au type d’entreprise auquel
on s’intéresse (grande entreprise ou PME). En d’autres termes, la définition de l’innovation que l’on adopte
dépend des choix méthodologiques posés pour son analyse.
3.2. Mesurer l’innovation
Une fois évoqués les contours du concept d’innovation, abordons à présent les différentes façons d’en aborder la
mesure. La spécification de la variable d’innovation et sa déclinaison en différents indicateurs constitue en effet
un challenge : la littérature révèle ainsi une grande diversité d’indicateurs. Garcia et Calendone (2002) relèvent
plus de cinquante mesures distinctes de cette notion. Cette diversité pose notamment la question de la
comparabilité des résultats d’études menées sur la problématique de l’innovation.
Il apparaît, dans la littérature, que les informations les plus fréquemment utilisées pour qualifier l’innovation
d’une entreprise sont des éléments tangibles tels que le budget de Recherche et Développement, la détention de
marques ou de brevets, l’effectif de recherche ou encore le taux d’introduction sur le marché de produits
nouveaux. Ce type d’indicateurs est notamment monnaie courante dans les grandes enquêtes institutionnelles
menées au niveau national voire international, telles que les enquêtes de l’ECI (Enquête Communautaire sur
l’Innovation) effectuée en Europe, l’EISE (enquête sur l’innovation et les stratégies d’entreprise) canadienne ou
encore le BRDIS (Business R&D and Innovation Survey) américain.
D’autres démarches telles que l’indice d’innovation du NESTA (National Endowment for Science, Technology
and the Arts), élaboré au Royaume-Uni, ainsi que le rapport « Mesurer l’innovation : un nouveau regard » (2010)
de l’OCDE, mobilisent de nouveaux indicateurs en sus de ceux précédemment cités, dans une tentative de mieux
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cerner la réalité de l’innovation dans les entreprises en tenant compte de dimensions plus qualitatives, ou de
certaines spécificités sectorielles. Cependant, ces divers indicateurs ne correspondent que partiellement à la
réalité des PME (Freel, 2000 ; Rammer, Czarnitzki et Spielkamp, 2009), en raison des moyens limités dont
celles-ci disposent en termes de R&D (Halilem et St Jean, 2007), du faible effectif attaché à ces opérations
(Thouvenin, 2002 ; Storey, 1994) et du caractère relativement diffus ou informel de ces processus dans leur
organisation (Audretsch, 1995), ou être davantage orientés vers l’imitation ou le transfert d’une nouvelle
technologie plutôt que vers la production d’innovation (Julien, St-Pierre et Beaudoin, 1996 ; Raymond et St
Pierre, 2004). En outre, les innovations produites par les PME ne sont pas toujours brevetables, ou cette
opération de brevetage se révèle parfois trop coûteuse, complexe ou lourde d’un point de vue administratif, pour
être entreprise par les PME.
•
Indicateurs factuels ou déclaratifs
Les variables de mesure de l’innovation mobilisés dans la littérature se présentent comme des indicateurs tantôt
factuels, tantôt déclaratifs. Les indicateurs factuels (essentiellement centrés sur l’innovation en termes de produit
et de technologie) sont représentés au travers de chiffres, notamment de budgets consentis en activités favorisant
l’innovation (budget de R&D, d’acquisition de connaissances externes, d’équipements, d’activités de design,
etc.), ou encore de mesures de l’évolution entre les budgets ou les recettes annuelles. Les indicateurs déclaratifs,
quant à eux, sont basés sur les pratiques déclaratives des entreprises, recueillies au moyen d’enquêtes auprès de
celles-ci (exemple, l’enquête REPONSE de la Dares (RElations PrOfessionnelles et NégociationS d’Entreprise,
1998-1999 ; 2004-2005, ou encore l’enquête START 2003, financé par le Ministère flamand des Affaires
Economiques). Ils incluent également l’innovation organisationnelle au travers de questions relatives à la mise
en œuvre de nouvelles formes d’organisation (équipes autonomes, just-in-time), par exemple. Ces indicateurs
désignent ainsi tout changement technologique ou organisationnel mis en œuvre au sein de l’entreprise au cours
des trois dernières années, par exemple, ou encore l’introduction d’un nouveau produit dans le même laps de
temps. Bien que ce second type d’indicateurs soit de nature subjective puisqu’ils reposent sur l’appréciation des
répondants, ils sont fréquemment utilisés pour un certain nombre de raisons (coût de la collecte de données, taille
des entreprises, secteur et hétérogénéité des pratiques de GRH selon les différentes localisations des entreprises)
(Wall et al., 2004), et leur validité a été établie par différents travaux (Aït Razouk, 2011) qui mettent en évidence
des corrélations significatives entre la mesure objective et subjective de la performance, dans laquelle est incluse
l’innovation (Dess et Robinson, 1984). Dans la mesure où l’innovation organisationnelle constitue l’une des
variables abordées dans notre étude, le choix de recourir à des indicateurs de type déclaratif en complément des
indicateurs factuels semble aller de soi. Cette option justifie notre dispositif méthodologique basé sur l’étude de
cas, deuxième étape complémentaire d’approfondissement après une première sélection des entreprises à partir
de données factuelles.
•
Indicateurs absolus ou relatifs
On observe fréquemment que les travaux consacrés à l’innovation mesurent celle-ci de manière absolue, par
exemple au moyen d’un indicateur relevant le taux d’introduction de nouveaux produits (Cosh et al., 1996).
Toutefois, cette manière de procéder ne prend pas en compte la relativité des best practices, ainsi que l’exprime
Freel (2000), qui substitue à cet indicateur sa contrepartie relative, et affirme ainsi qu’il est plus approprié de
considérer les entreprises en termes de « plus innovantes » ou « moins innovantes », et d’identifier ainsi les
meilleures pratiques, en se basant sur un taux d’innovation mesuré en nombre de nouveaux produits introduits
proportionnellement à la base de produits de l’entreprise. Cette seconde approche repose ainsi sur l’hypothèse
que l’innovation n’est pas une dimension exclusive au sein de laquelle on se situe ou non, mais plutôt une affaire
de degrés, d’une gradation entre entreprises les moins innovantes et entreprises les plus innovantes, situées sur
un continuum (Goffin, 1998). En vertu de cette conception, nous proposons d’élargir la définition de
l’innovation en y incluant des indicateurs relatifs, tels qu’évoqués supra.
•
Indicateurs directs et indirects
Bon nombre d’études mentionnent la croissance de la firme comme indicateur d’innovation (Roper et al., 1996;
Roper, 1997; Wynarczyk et Thwaites, 1997; Moore, 1995), ainsi que l’emploi (Brouwer et al. 1993) ou la
rentabilité comme preuves empiriques de croissance et donc de l’innovation (Geroski et Machin, 1992). Bien que
l’on puisse formuler l’hypothèse d’une relation de causalité entre l’innovation et la performance d’une
entreprise, le laps de temps que l’on considèrera pour estimer cette croissance peut fortement influencer les
observations, en raison notamment de la conjoncture dont les impacts varient selon les secteurs d’activités. Ces
indicateurs présentent ainsi le risque, selon nous, de surreprésenter certains secteurs dans notre échantillon. En
outre, note Freel (2000), ils sont assez ambivalents, dans la mesure où d’autres études (par exemple Kalantaridis
et Pheby, 1999) présentent des résultats empiriques contradictoires. Dès lors, et pour éviter en outre toute
confusion avec les indicateurs de performance, nous n’inclurons pas la croissance dans les indicateurs
d’innovation.
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En conséquence, d’autres indicateurs indirects peuvent être mobilisés. Bachelard (2003), par exemple, explique
que bon nombre d’études en économie de l’innovation se basent sur l’analyse des clusters, recherchant dans ces
structures territoriales les causes, et les conditions d’émergence de l’innovation. L’étude des pôles de
compétitivité révèle que ces derniers sont en outre le creuset de l’innovation sociale et de pratiques de GRH
novatrices (Defelix, Culié, Retour et Valette, 2006). Dès lors, dans la mesure où les politiques de clusters ont
pour enjeu la production d’innovation et, au-delà, la dynamisation des entreprises et territoires, on peut postuler
que la participation d’une entreprise à telle initiative, engagée dans une démarche partenariale destinée à
dégager des synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d’un (ou de) marché(s)
donné(s)e, constitue un signe d’innovation. Nous incluons donc cette dimension comme un nouvel indicateur,
indirect, de l’innovation.
De même, l’obtention d’un prix récompensant une innovation, ou le dépôt d’un dossier en vue de recevoir une
prime à l’innovation, peut également constituer une forme de validation externe de l’existence d’une innovation
au sein de l’entreprise. De façon plus générale, bien qu’il n’y ait pas de littérature, à notre connaissance, qui
vienne conforter cette intuition, nous postulons que les aspects réputationnels liés au caractère innovant d’une
entreprise ne constituent certes pas un indicateur à part entière, mais leur repérage (au moyen d’une revue de
presse professionnelle et spécialisée, par exemple), peut mener à une présomption d’innovation, potentiellement
intéressante dans la constitution de notre échantillon. Ces indicateurs indirects présentent un autre intérêt à notre
sens, en ce que leur considération induit un effet modérateur du caractère subjectif des indicateurs déclaratifs que
nous utiliserons par ailleurs.
Ces diverses considérations nous permettent d’aboutir à utiliser différents indicateurs de repérage de l’innovation
dans les TPE/PME (Cf. Tableau 2).
Catégories d’indicateurs
Indicateurs mobilisés
Factuels
Nombre de brevets
Evolution des budgets de R&D
Déclaratifs
Changement technologique mis en œuvre au cours des 3 dernières années
Changement organisationnel mis en œuvre au cours des 3 dernières années
Relatifs
Nombre de nouveaux produits mis sur le marché au cours des 3 dernières
années (par rapport à la base de produits/services de l’entreprise)
Indirects
Participation à un cluster
Obtention d’un prix récompensant une innovation
Dépôt d’un dossier en vue de recevoir une prime à l’innovation
Réputation d’innovation (visites de délégations étrangères, mentions dans la
presse…)
Tableau 2 : Tableau de synthèse des indicateurs d’innovation
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(Voir(http://www.competitivite.gouv.fr(
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4.
Méthodologie
La revue de la littérature a mis en évidence une définition a priori restrictive des notions d’innovation et de
performance. Celle-ci se traduit par l’utilisation d’un nombre limité d’indicateurs dans les démarches
empiriques, lorsqu’il s’agit de les mesurer dans les entreprises. Par ailleurs, il est à noter que cela se fait quasiexclusivement par le biais de méthodes et outils quantitatifs. Notre contribution vise donc ici à proposer un
élargissement conceptuel et un enrichissement des indicateurs de mesure de ces construits par le biais de
dimensions supplémentaires, qui intégrent à la fois des éléments contextuels et qualitatifs. Notre intention est
d’éprouver ce cadre intégrateur comme outil de mesure des performances et des formes d’innovation dans le
contexte spécifique des TPE/PME en Wallonie et à Bruxelles.
(
4.1. Critères de sélection
Nous nous référons à la définition donnée par la Commission Européenne pour caractériser les micros (TPE), les
petites et les moyennes entreprises (Cf. Tableau 3).
Effectifs : Unités de
travail par an (UTA)
Chiffre d'affaires annuel
Total du bilan annuel
Micro (TPE)
< 10
≤ 2 millions d'euros
≤ 2 millions d'euros
Petite
< 50
≤ 10 millions d'euros
≤ 10 millions d'euros
Moyenne
< 250
≤ 50 millions d'euros
≤ 43 millions d'euros
Tableau 3 : Critères de définition des TPE/PME – Adapté du « Guide de l’utilisateur et modèle de déclaration –
Commission Européenne, 2006
Au-delà de ces trois critères quantitatifs, la CE en propose un quatrième, plus qualitatif, visant à mesurer
l’autonomie, le partenariat ou encore la ‘liaison’ que la PME pourrait avoir avec d’autres entreprises. En effet, il
est possible que la relation entre les entreprises constitue, in fine, un groupe d’entreprises « par le contrôle direct
ou indirect de la majorité des droits de vote d’une entreprise par une autre ou par la capacité d’exercer une
influence dominante sur l’entreprise » (Commission Européenne, 2006 : 23).
Selon Eurostat (2008), plus de 99% des entreprises situées en Belgique entrent dans cette catégorie. Malgré la
crise financière, le nombre de TPE/PME en Belgique est resté relativement stable entre 2007 et 2009.
Néanmoins, le nombre de travailleurs employés dans ces structures a diminué, surtout dans le secteur des
services (Eurofound, 2011). En Wallonie et à Bruxelles, ces entreprises représentent un peu plus de 300.000
entreprises (SPF Economie, P.M.E., Classes Moyennes et Energie - Direction Générale Statistique et
Information économique (DGSIE) – 2012).
4.2. Questionnaire
Sur base de nos typologies relatives à l’innovation et à la performance, nous avons réalisé un questionnaire en
ligne. Celui-ci comporte 38 questions organisées en neuf rubriques (Cf. Annexe 1). La première de celles-ci
s’intitule « critères de sélection » et vise à s’assurer que les entreprises répondantes emploient un maximum de
250 travailleurs et se situent bien en Wallonie ou à Bruxelles. La seconde rubrique (« Activités et structure de
l’entreprise ») comporte les questions 3 à 8 et s’intéresse au contexte organisationnel interne et externe à
l’enterprise. Suite à cela, on retrouve la partie du questionnaire relative à l’innovation. Celle-ci recouvre les
rubriques « Brevets et Recherche & Développement » (questions 9 à 11), « Changements technologique et
organisationnel (questions 12 à 14), « Nouveaux produits, services et procédés » (questions 15 à 18) et
« Clusters, pôles de compétitivité et structures d'encouragement » (questions 19 à 22). Viennent ensuite les
questions qui visent à évaluer le niveau de performance des entreprises. Celles-ci sont classées comme suit :
« Emploi et gestion des effectifs » (questions 23 à 30), « Productivité, coûts et résultats » (questions 31 et 32).
Enfin, la dernière rubrique intitulée « Coordonnées » (questions 33 à 38), bien que partiellement facultative,
offre la possibilité de recontacter les entreprises en cas de doute sur les données, mais également pour une phase
ultérieure de l’étude : les entretiens qualitatifs.
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Bien que le questionnaire cherche à évaluer l’ensemble des indicateurs sélectionnés dans nos typologies
d’innovation et de performance, il ne respecte pas nécessairement l’ordre d’apparition de ceux-ci. En effet, afin
d’éviter d’une part l’effet de Halo et d’autre part, d’offrir une certaine logique et cohérence pour le répondant,
nous avons revu l’ordre des questions. Par ailleurs, la forme des questions diffère tant en fonction de ce qu’elles
cherchent à évaluer que de la facilité relative pour le répondant d’accéder aux leviers lui permettant d’y
répondre. Par exemple, nous avons tenté d’éviter de questionner les répondants sur des données chiffrées qui
demanderaient de fastidieuses recherches dans les comptes annuels en demandant plutôt d’évaluer l’évolution
relative sur les trois dernières années. Par ailleurs, mises à part les questions relatives aux coordonnées des
répondants ainsi que celles qui n’apportent qu’un supplément d’information non essentiel à l’étude (questions
majoritairement ouvertes), les autres questions se présentent soit sous forme dichotomique « oui/non » ou
multichotomique à réponse(s) unique ou multiples.
Ce questionnaire, destiné aux dirigeants de TPE/PME ou aux responsables des ressources humaines a été diffusé
grâce au concours d’associations économiques et d’affaires, notamment les pôles de compétitivité wallons. Il est
resté accessible en ligne pendant une durée de deux mois. Après un mois, une deuxième vague d’enquête a été
menée par téléphone, un chercheur questionnant le responsable de l’entreprise et introduisant les réponses reçues
dans le questionnaire en ligne, afin d’accroître le taux de réponse.
4.3. Présentation de l’échantillon et méthode d’analyse
Au total, 730 réponses ont été enregistrées parmi lesquelles 433 questionnaires complets et répondant
parfaitement à nos critères de sélection. A chacune des catégories de performance ou d’innovation, sont rattachés
des indicateurs (items) pour lesquels nous calculons dans le logiciel SPSS la valeur moyenne de l'ensemble de
l’échantillon. La finalité de la recherche étant de positionner les entreprises de l’échantillon par rapport à leur
rang en matière de performance et d’innovation par rapport à l’échantillon total, nous avons opté pour une
analyse non paramétrique (Hollander & Wolfe, 1999). Ce type d’analyse statistique permet de positionner
chacune des entreprises et de lui attribuer un rang (Onwuegbuzie et Combs, 2010). De cette manière, les
entreprises déclarant une valeur égale ou supérieure à la moyenne de l’échantillon pour chaque item considéré
obtient un label positif (pour marquer le rang supérieur, nous avons utilisé un label de couleur verte) et, dans le
cas contraire, un label négatif (de couleur rouge) est associé à l’entreprise pour indiquer qu’elle se situe, pour cet
item, sous la moyenne de l’échantillon. Ensuite, ces rangs (« codes couleurs ») sont repositionnés pour chacune
des entreprises par catégories d’indicateurs. Néanmoins, certaines de ces catégories contiennent plus
d’indicateurs que d’autres. Par exemple, la performance environnementale compte trois items, la performance
organisationnelle en a dix alors que les items indirects d’innovation sont au nombre de cinq. Pour pallier cette
difficulté mais également pour respecter notre volonté de ne présumer d’aucune prévalence d’une catégorie au
détriment d’une autre, nous avons pondéré par catégorie. De cette manière, les entreprises qui obtiennent un
nombre de drapeaux verts supérieur ou égal à la moyenne de sa catégorie se voient attribuer un rang (dans notre
cas, un code couleur orange), alors que les autres entreprises n’ont aucune couleur distinctive. Ceci permet
d’observer les entreprises qui sont les plus performantes ou les plus innovantes dans une catégorie complète. Par
conséquent, il suffit de comptabiliser le nombre de rangs orange pour chaque entreprise tant pour l’innovation
que la performance. Ainsi, une entreprise obtenant quatre drapeaux orange est considérée comme très
performante (coin supérieur gauche du schéma 2) ou très innovante (coin inférieur droit du schéma 2). Nous
pouvons même aller plus loin en comptabilisant ces résultats pour l’innovation et la performance. De cette
manière une entreprise qui obtient sept ou huit drapeaux peut être considérée comme très performante et très
innovante et se situer dans le partie supérieure droit de la Figure 2.
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Figure 2 : Positionnement théorique de l’échantillon
4.4. Résultats
Les données statistiques issues de l’enquête réalisée peuvent être classées en quatre parties, qui présentent les
résultats issus pour chacune des populations réparties autour de la matrice présentée en Figure 2.
Positionnement des entreprises de l’échantillon
L’analyse non-paramétrique utilisée permet de positionner les entreprises de l’échantillon par rapport au rang
qu’elles occupent dans les catégories de performance et d’innovation. Les différentes combinaisons possibles
sont reprises dans le Tableau 4. La Figure 3 montre que les entreprises performantes ou très performantes et
innovantes ou très innovantesf reprèsentent 8,78% de l’échantillon (coin supérieur droit). Quant à elles, les
entreprises performantes ou très performantes et peu ou pas innovantesg sont au nombre de 43 (9,93%), alors
que les innovantes ou les très innovantes et peu ou pas performantesh reprèsentent 7,39% (32) des entreprises
répondantes (coin inférieur droit). Par ailleurs, on peut remarquer que 26,10% (113) de l’échantillon se
positionne comme peu ou pas performant et peu ou pas innovanti (coin inférieur gauche). Enfin, il est possible
d’observer que presque la moitié des entreprises (47,80%), se situent dans les moyennes d’innovation et de
performancej. Néanmoins, il est possible d’offrir une lecture alternative de ce tableau en l’approchant
uniquement par l’entrée innovation ou performance. De cette manière, on peut observer indépendamment du
niveau de performance, que les entreprises innovantes ou très innovantesk, représentent 22,17% (96), les
moyennement innovantesl, 26,56% (115) et celles qui sont peu ou pas innovantesm. : 51,27% (222). A contrario,
lorsque l’on s’intéresse à la performance des entreprises de l’échantillon , indépendemment du niveau
d’innovation, on remarque que 25,64% (111) d’entre-elles sont performantes ou très performantesn, 28,64%
(124) le sont moyennemento et 45,73% (198) ne le sont pas ou peup.
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f
Cela se traduit par des combinaisons de drapeaux d’innovation versus performance 4-4 ; 4-3 ; 3-4 et 3-3
Cela se traduit par des combinaisons de drapeaux innovation versus performance 0-4 ; 1-4 ; 0-3 ; 1-3
h
Cela se traduit par des combinaisons de drapeaux innovation versus performance 4-0 ; 4-1 ; 3-0 ; 3-1
i
Cela se traduit par des combinaisons de drapeaux innovation versus performance 0-0 ; 0-1 ; 1-0
j
Cela se traduit par des combinaisons de drapeaux innovation versus performance 4 -2 ; 3-2 ; 2-2 ; 1-2 ; 0-2 ; 20 ; 2-1 ; 2-3 ; 2-4
k
Il s’agit des entreprises qui ont un score d’innovation de 3 ou 4 dans le tableau 4
l
Il s’agit des entreprises qui ont un score d’innovation de 2 dans le tableau 4
m
Il s’agit des entreprises qui ont un score d’innovation de 1 ou 0 dans le tableau 4
n
Il s’agit des entreprises qui ont un score de performance de 3 ou 4 dans le tableau 4
o
Il s’agit des entreprises qui ont un score de performance de 2 dans le tableau 4
p
Il s’agit des entreprises qui ont un score de performance de 1 ou 0 dans le tableau 4
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g
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Tableau 4 : Positionnement des entreprises de l’échantillon autour de la matrice du Schéma 2
Figure 3 : Positionnement des entreprises de l’échantillon
Sur base de ces résultats, il est possible d’obtenir plus de précisions sur les entreprises qui se situent dans chacun
des cadrants de la matrice innovation-performance (cf. Figure 2). Ces informations sont reprises dans les cinq
graphiques qui suivent en nommant les entreprises les plus innovantes et les plus performantes : « I+P+ » ; les
entreprises les plus innovantes et les moins performantes : « I+P-» ; les entreprises les performantes et les moins
innovantes : « I-P+» ; et enfin, les entreprises les moins innovantes et les moins performantes : « I-P-». Ainsi, le
graphique 1 compare les provenances géographique du chiffre d’affaires (local, régional, national ou
international). Celui-ci nous montre par exemple que le taille de l’entreprise ne semble pas être un élément
significativement porteur d’innovation et/ou de performance, ou de son contraire. Toutefois, il est à noter que
plus de 75% des entreprises très innovantes et peu performantes sont des entreprises qui emploient moins de 25
personnes.
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Graphique 1 Ventilation des entreprises par niveau d’innovation et de performance, selon la taille de l’entreprise
Le graphique 2 illustre la répartition sectorielle des entreprises de l’échantillon sur base de la classification par
domaines d’activités NACE rev.2. On peut ainsi observer que les entreprises les plus performantes et innovantes
se situent dans les secteurs des activités scientifiques, techniques, spécialisées, financières et des assurances. A
contrario, les secteurs de l’industrie manufacturière ainsi que de la construction sont les plus représentés parmi
les entreprises les plus performantes qui ne se distinguent pas par leur niveau d’innovation. En ce qui concerne
les entreprises les plus innovantes, mais peu performantes, les secteurs de l’industrie manufacturière sont les plus
présents.
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Graphique 2 : Répartition sectorielle des entreprises de l’échantillon suivant leur niveau d’innovation et de
performance.
Le graphique 3 offre des précisions sur le type d’entreprise (familiale, non-familiale, filiale d’un groupe ou
subsidiée par les pouvoirs publics). Celui-ci permet d’observer que le pourcentage d’entreprises non-familiales
parmi les sociétés très innovantes et performantes est sensiblement plus élevé que celui des entreprises
familiales. Par ailleurs, plus de la moitié des entreprises structurellement subsidiées affichent des scores
d’innovation peu élevés, quel que soit par ailleurs leur niveau de performance.
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Graphique 3 : Type d’entreprise selon le niveau d’innovation et de performance
Le graphique 4 présente la provenance géographique du chiffre d’affaires réalisé par les entreprises. Plus de la
moitié du chiffres d’affaires des entreprises très innovantes et performantes se réalise au niveau international. On
peut également observer que les entreprises innovantes mais peu performantes réalisent principalement leur CA
au niveau national et international. En ce qui concerne les entreprises les plus performantes, mais peu
innovantes, on remarque que leur CA se réalise principalement au niveau national. En outre, la part de CA
réalisé par ces entreprises est plus important au niveau régional qu’international.
Graphique 4 : Provenance géographique du CA selon le niveau d’innovation et de performance
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5.
Conclusion
La finalité performative économique des pratiques de gestion est une évidence managériale non remise en cause
de nos jours : les outils de gestion déployés au sein de l’entreprise doivent contribuer positivement à la
performance économique. Notre projet de questionner la nature de la performance et le lien entretenu avec
l’innovation s’inscrit dans une démarche qui peut être qualifiée de dé-naturalisation et constitue un premier jalon
d’une démarche critique de recherche en management (Taskin et Willmott, 2008 ; Alvesson et Willmott, 2012).
Nous avons montré que la mesure « traditionnelle » de la performance mobilisait des indicateurs distaux, c’est-àdire essentiellement financiers, et offrait une vision très pauvre de la performance de l’entreprise au regard de ses
multiples composantes. Les présentant systématiquement et les regroupant ensuite dans une nouvelle
classification, nous avons construit un outil de diagnostic (plus que de mesure statistique) des performances de
l’entreprise, incluant et opérationnalisant des indicateurs proximaux et intermédiaires en vue de mieux refléter
les pratiques de gestion des personnes et d’organisation du travail mais aussi la responsabilité sociétale des
entreprises. Nous avons procédé de la même manière pour l’innovation, en incluant des critères d’évaluation
qualitatifs et ‘réputationnels’ destinés à enrichir la compréhension et la mesure de l’innovation des entreprises.
Les résultats de cette démarche d’élargissement conceptuel permet de questionner une véritable « boîte noire »
de la recherche en gestion : la relation présentée comme évidente entre performance et innovation. Notre étude
montre que ces deux variables ne vont pas forcément de pair. La dé-naturalisation que nous avons pu opérer
autour des deux concepts ouvre la voie, de manière heuristique, à une matrice de relations potentielles, exposée
dans la figure 3. L’application de notre grille diagnostique à un échantillon de TPE/PME wallonnes et
bruxelloises a pu donner corps à cette matrice en montrant que la proportion d’entreprises qui peuvent être
considérées à la fois comme innovantes et performantes est très marginale. En outre, un tel exercice permet de
souligner que toutes les entreprises innovantes ne sont pas nécessairement performantes et qu’à l’inverse, la
performance ne provient pas toujours d’entreprises innovantes. Certaines idées reçues peuvent être ainsi battues
en brêche, notamment celle qui consiste à considérer que l’entreprise innovante et performante appartient
nécessairement à des secteurs de pointe tels que l’informatique ou les biotechnologies : nos données montrent
qu’elle peut également relever d’autres secteurs comme l’industrie manufacturière, la finance et l’assurance ou
encore le commerce de détail.
Notre démarche diagnostique permet d’ouvrir la réflexion sur les conditions qui conduisent certaines entreprises
à combiner performance et innovation, mais aussi sur les facteurs qui empêchent certaines entreprises innovantes
de se montrer performantes. Il peut s’agir de variables d’ordre contextuel (secteur d’activité, structure
d’actionnariat, état du marché, degré d’exportation, contraintes réglementaires, etc.) mais aussi d’ordre
processuel (profil du dirigeant, activités de sensemaking réalisées, style de management, implication des parties
prenantes, dynamiques des jeux de pouvoir, etc.). Des modélisations basées à la fois sur l’influence des pressions
institutionnelles (DiMaggio et Powell, 1983) et sur le travail d’institutionnalisation mené par certains acteurs
(Lawrence, Suddaby et Leca, 2009) pourraient donc être envisagées. Quoi qu’il en soit, le lien souvent présenté
comme évident et « naturel » entre innovation et performance a pu être mis en cause et de nouvelles pistes de
recherche ont pu ainsi être dégagées.
La méthode d’analyse non paramétrique utilisée pour hiérarchiser les rangs de performance et d’innovation des
entreprises de l’échantillon constitue sans nul doute un atout dans la construction de notre grille diagnostique.
Toutefois, la limite reconnue de cette approche réside dans la réduction de la valeur en un rang qui ne permet pas
de conduire des analyses statistiques et des corrélations approfondies (Onwuegbuzie et Combs, 2010, p. 404). Un
raffinement de notre grille d’analyse, en vue de traitements statistiques, serait dès lors nécessaire.
Par ailleurs, on a vu combien la prise en compte des éléments de contexte et de processus peut être cruciale dans
le pilotage de l’innovation et de la performance. A cet égard, une démarche plus qualitative, basée sur des études
de cas, permettrait de mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre. En particulier, une des questions
intéressantes à creuser serait celle des dispositifs de GRH susceptibles d’appuyer l’innovation et/ou la
performance. Une démarche systématique d’aller-retour entre une approche quantitative, à l’aide de l’outil de
diagnostic proposé dans le cadre de cet article, et une approche plus qualitative, basée sur des études de cas,
permettra sans nul doute de progresser dans la compréhension des facteurs explicatifs de l’innovation et de la
performance.
En outre, rappelons que le questionnaire a été diffusé via des associations économiques et d’affaires, ce qui
constitue à l’évidence un biais. Nous ne pouvons donc nullement prétendre à la représentativité des résultats
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obtenus par rapport à l’ensemble des TPE/PME en Wallonie et à Bruxelles. L’échantillon final sur lequel nous
avons travaillé nous permet simplement d’illustrer une application de notre grille diagnostique et de développer
en la matière un raisonnement a fortiori. En privilégiant les entreprises membres des milieux économiques et
d’affaires, notamment dans le cadre de pôles de compétitivité, nous entendions en effet maximiser la probabilité
de rencontrer des entreprises à la fois innovantes et performantes. Dès lors, si la part des entreprises répondant à
ce profil reste marginale dans notre étude, elle l’est a fortiori encore davantage dans la population totale des
TPE/PME…
6.
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