Blois 2015 - La Gaule, une redécouverte
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Celtes ou Gaulois ? La Gaule existe-t-elle ?
L’appellation de « Gaulois » remonte au VIe s., quand les Phocéens s’installent sur le site actuel de
Marseille. Les historiens actuels s’accordent sur cette appellation qu’ils donnent aux habitants de
la Gaule, et qui correspond au second âge du fer (période de la Tène), c’est-à-dire entre le Ve et le
Iers. Avant cette date, l’espace qu’ils occupent (qui dépasse largement les limites de la France,
puisqu’elles vont jusqu’au Rhin, comprennent la Suisse, l’Italie du Nord) est occupé par des tribus
qui se répartissent sur un territoire aux contours mal définis.
C’est en réalité le commerce avec les Grecs puis les Romains qui va permettre de constituer un
territoire plus cohérent, rapprocher les Gaulois et aider à l’émergence d’une identité gauloise.
C’est cette dimension qui fait qu’il vaut mieux réserver le terme de « Celtes » pour désigner les
peuples d’Europe centrale, qui n’ont pas de contacts avec le monde grec, et n’ont pas du tout le
même niveau technique et culturel que les Gaulois.
Comment le commerce avec les Grecs parvient-il à ce résultat ? C’est parce qu’il oblige à faire des
accords entre les peuples gaulois, puisqu’il s’agit de répondre à une demande importante. Or, la
circulation des biens (l’ambre, les fourrures de la Baltique, les esclaves, l’étain nécessaire au
bronze, etc.) nécessite une grande stabilité. Chacun comprenant son intérêt, des accords sont donc
passés. Grâce également à un réseau assez dense et bien pourvu en relais de poste (sans parler du
cabotage sur les côtes de la Mer du Nord, de la Manche et de l’Atlantique), Posidonios indique
ainsi qu’on peut acheminer des animaux de bât en trente jours seulement, de la Bretagne à Lyon.
En même temps, on assiste à une confédération assez forte, puisque des institutions se mettent en
place, comme le conseil annuel chargé notamment de désigner un patron [4], de façon à assurer
l’entretien de la voirie nécessaire à la circulation, etc.
Des relations ténues avec Rome
Dès les V-IVe s., le pays est cette fois défini. Arrive le moment des guerres puniques, qui voient les
Gaulois s’impliquer aux côtés d’Hannibal (en lui permettant de passer par leurs territoires, mais
aussi en l’approvisionnant). Les risques pour Rome sont donc très importants, d’où une activité
diplomatique intense en direction des peuples du centre de la Gaule (Arvernes, Éduens…) avec
lesquels des traités sont conclus. Leur succès conduisent Rome à les reconnaître comme des frères
consanguins, selon la formule sénatoriale, ce qui est important : ces peuples ont la même origine, à
savoir Énée.
Autre conséquence : le commerce avec Rome s’intensifie. Il y a une forte demande gauloise en
vins italiques, en huile, etc. Les Romains sont eux intéressés par des minerais, des produits finis
(l’armement et l’équipement des légionnaires, qui empruntent d’ailleurs aux Gaulois des éléments
comme la « tortue »), des véhicules terrestres, et des mots (servant à désigner ces biens). Les Alpes
ne constituent donc pas une barrière.
Cependant, la Cisalpine est perdue après la seconde guerre punique. Marseille, en plein déclin, se
rappelle au bon souvenir de Rome : c’est cette cité qui a versé la rançon exigée par Brennus, tandis
que les politiques romains en disgrâce y trouvent refuge lors de leur exil. Or, à ce moment-là,
Marseille est menacée par les entreprises des Celto-Ligures (qui sont dans les Alpes), qui pillent la
région et, s’adonnant au piratage, freinent considérablement l’activité commerciale. Rome installe
alors une première colonie à Aix.
En quoi a consisté la conquête de la Gaule ?
Cette conquête est assez complexe. On a vu que le centre de la Gaule a des relations privilégiées
avec Rome. Vers 60, le druide Diviciac (ou Diviciacos), premier magistrat des Éduens, vient à
Rome demander de l’aide au nom du principe de consanguinité pour intervenir contre les
Germains et les Helvètes (qui exercent une pression très forte, poussés par les Daces), avec l’aide
des Gaulois. César est dépêché sur place avec cinq ou six légions, dix au moment le plus intense,
ce qui fait entre 30 et 36 000 hommes environ ; les Gaulois sont plus nombreux, et, surtout, ils
apportent une forte cavalerie, des armes, le fourrage, etc. De ce fait, le conseil accepte un
protectorat romain, contre quoi il donne de l’argent : grâce à cet afflux, César peut prolonger son