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La politique budgétaire est du ressort exclusif de l’Etat. Dans chaque loi de
finances, de nouvelles mesures fiscales sont introduites pour permettre une
certaine adéquation entre les recettes et les dépenses publiques. Le défi
actuel pour le gouvernement est celui du lourd déficit budgétaire. Comment
améliorer la fiscalité ordinaire pour pouvoir faire face à des dépenses que,
pour certaines, les pouvoirs publics ne voudraient pas les voir diminuer ni
annuler (particulièrement dans le budget d’équipement et surtout le dossier
des subventions).
Il y a la volonté d’imposer pour 2017 une véritable austérité pour les
administrations publiques, s’agissant du budget de fonctionnement, par
rapport à ce qu’elles ont l’habitude de faire habituellement. Il est aussi
question de revoir à la hausse les taux relatifs à la taxe sur la valeur ajoutée
(TVA) et la taxe intérieure de consommation (TIC) qui frappent les biens et
services mis sur le marché. Il s’agit de taxes qui concernent directement la
consommation. Avec un effet boule de neige, les prix seront appelés à aller
rapidement à la hausse et entretenir les tensions inflationnistes déjà
existantes.
Le risque est de voir l’inflation s’accélérer. Ce n’est pas bon pour l’économie
nationale, car cela remettra en cause les équilibres macroéconomiques.
Sinon, la hausse des quotités de TVA et TIC peut contribuer sensiblement à
l’amélioration des recettes fiscales ordinaires, surtout si elles sont
accompagnées d’un mécanisme de redistribution au profit des collectivités
territoriales. Le problème sensible reste celui des subventions.
Récemment, un rapport du FMI a montré l’irrationalité d’un tel mécanisme
pour l’économie dans son ensemble et aussi par rapport à son aspect
inégalitaire même si, paradoxalement, la volonté d’éviter une fracture
sociale y est pour beaucoup. Par quoi et comment remplacer le système de
subventions. Les avis sont partagés et la difficulté existe réellement quant
à l’application sur le terrain d’un autre dispositif.
- Le gouvernement qualifie la loi de finances 2017 de début de rééquilibrage
économique et de premier acte de son nouveau modèle économique. Qu’en
pensez-vous ?
Le nouveau modèle économique dont il est actuellement question touche
essentiellement le mode de fonctionnement de l’économie nationale et sa
réorientation par rapport à la mono-exportation. Il s’agit d’un nouveau
mode de croissance économique qui devra être basé surtout sur la
diversification des activités économiques et pas seulement sur la rente
pétrolière. Vouloir réaliser, cela nécessite beaucoup de temps, car il s’agit
d’opérer une véritable rupture avec le mode actuel de gouvernance de
l’économie nationale.
La loi de finances concerne uniquement un aspect, celui de la dimension
budgétaire et fiscale. Il existe par ailleurs d’autres aspects complexes à
mettre en œuvre qui se rapportent aux activités sectorielles, au climat des
affaires, au commerce extérieur, aux banques, à la gouvernance
d’entreprise, au secteur informel, etc. Un véritable défi !