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Innovation et la Confiance
Editorial
Le n°5 du Magazine du Centre des Pro-
fessions financières se penche sur le rôle
de la finance mondialisée face aux défis
démographiques et technologiques. Ils sont
les ferments d’une refondation sociale qui,
pays par pays, avec une nouvelle réflexion sur
l’emploi bouscule les façons de penser et les
cadres réglementaires.
Trois cahiers nourrissent ce magazine. Ils
s’inscrivent dans la ligne du message de notre
Président, Michel Pébereau, et de son attache-
ment à l’École Française d’Économie, ils ac-
compagnent les travaux de notre convention.
La démographie a des incidences souvent
difficiles à prendre en compte, elle influe sur
le taux d’épargne et la consommation ainsi
que sur l’équilibre des systèmes de retraite
qui est un pilier du pacte social et un acteur
historique du financement de long terme de
l’économie. Ne doit-on pas s’interroger plus
systématiquement sur ce que la démographie
façonne dans d’autres pays, d’autres zones
économiques et en tirer les conséquences ?
Les nouvelles technologies révolutionnent
de nombreux domaines : la médecine et l’E.
Santé, la communication, le commerce mais
aussi la Banque et l’Assurance. Elles redéfi-
nissent fondamentalement les territoires et les
modes de consommation, elles développent
des « usages » et font oublier parfois jusqu’au
au goût de la propriété directe de certains
biens. Quelles influences peuvent-elles avoir
sur l’ensemble des métiers de la Finance et
sur l’emploi de ces secteurs? Par ailleurs ne
doit-on pas s’interroger pour savoir si l’« In-
telligence Économique » est suffisamment
développée pour contrer une concurrence aux
pratiques parfois létales.
Jean-Pierre
MAUREAU,
Directeur Associé
d’AXOS
Président du Club
des Investisseurs de
Long Terme (CILT)
Les réformes réglementaires et comptables
mises en œuvre avant et après la crise des
subprimes ont radicalement changé les pra-
tiques des banques, limité leurs capacités de
concours à l’économie et probablement aus-
si entrainé des concentrations autour d’éta-
blissements de plus en plus importants. Per-
mettent-elles pour autant à d’autres acteurs
d’assurer le rôle de preneurs de risques, de
financeurs à long terme nécessaire à l’Éco-
nomie ? Les caisses de retraite, avec des en-
gagements de passifs structurellement longs,
seraient de bons candidats si elles pouvaient
retrouver leurs équilibres financiers. Les assu-
reurs, (solvabilité II et volatilité 1 an) obligent,
ont peu de place pour les actions dans leurs
provisions techniques. Ils sont, par ailleurs,
bloqués par les taux très bas, dans une confi-
guration inédite. Les entreprises dont, globa-
lement, les marges sont faibles, ont peu d’in-
citations à investir. Les plus grosses d’entres
elles, avec de l’argent bon marché, ont souvent
la seule tentation de racheter leurs propres
titres ou de prendre le contrôle de concurrents
plus petits n’ayant pas leurs ressources de cré-
dit. Les particuliers, cibles du crowdfunding,
n’investissent maintenant qu’une très faible
part de leur épargne dans des sociétés co-
tées dont la qualité des comptes est pourtant
maintenant à un très bon standard. Est ce que
les difficultés de l’analyse financière indépen-
dante en sont la seule explication ?
Le ralentissement de l’activité économique, la
crainte de la déflation, la baisse du prix du
pétrole, la démondialisation assombrissent
la toile de fond que nous connaissions et
masquent encore une grande partie des pers-
pectives. De nombreux auteurs nous donnent
ici leur analyse, nous livrent leurs réponses, le
Centre les en remercie vivement.