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L’accent a été mis sur l’importance de l’activité de l’élève dans l’apprentissage et cela s’est
traduit dans les textes par une invitation à lui faire pratiquer des activités telles qu’elles
sont censées être mises en œuvre par les scientifiques dans leurs laboratoires. L’élève doit
maintenant être capable de « proposer la mise en œuvre des étapes caractéristiques de la
démarche expérimentale
»
Cette réflexion n’est pas réservée au seul enseignement scientifique à l’école. Dans les
nouveaux programmes de physique- chimie pour le lycée, mis en place en 2000/2001,
l’importance de l’expérimental est clairement affirmée « parce qu’il offre la possibilité de
répondre à une situation problème par la mise au point d’un protocole, la réalisation
pratique de ce protocole, la possibilité d’aller-retour entre théorie et expérience,
l’exploitation des résultats ». Une des conditions nécessaire pour que cet enseignement
joue son rôle est que « les élèves doivent savoir ce qu’ils cherchent, anticiper (quitte à
faire des erreurs) un ou des résultats possibles, agir, expérimenter, conclure et ainsi
élaborer des connaissances ».
Mais ce déplacement d’une culture des choses et de leurs usages vers une culture des
démarches appliquées à la connaissance des phénomènes n’est pas chose facile et la
difficulté de la tâche a parfois découragé les enseignants. Pendant quelques années, les
instructions qui leur étaient données ont oscillé entre ce qui a été vécu comme un activisme
débridé (IO sur les activités d’éveil en 1979) et un retour au disciplinaire le plus strict
(programmes de 1985). Revus en 1995 à travers les programmations de cycle, les
programmes de sciences du primaire laissent les enseignants de l’école toujours aussi
démunis lorsqu’il s’agit de concevoir et conduire des séquences d’enseignement
scientifique dans leur classe.
Avec l’opération La Main à la Pâte, sous l’impulsion du Professeur Charpak et de
l’Académie des Sciences, un nouvel élan va être trouvé. En 2002 les programmes rénovés
de sciences et technologie se proposent d’apporter avec les documents d’accompagnement
et d’application une aide efficace aux enseignants et tout particulièrement dans ce qui
constitue aujourd’hui l’élément central de la mise en œuvre de ces programmes : la
« démarche d’investigation ».
Celle-ci est présentée sous forme d’un canevas possible pour une séquence dans lequel sept
phases sont identifiées :
- le choix d’une situation problème par le professeur ;
- l’appropriation du problème par les élèves ;
- la formulation de conjectures, d’hypothèses, de protocoles ;
- l’investigation ou la résolution du problème conduite par les élèves ;
- l’échange argumenté autour des propositions élaborées ;
- l’acquisition et la structuration des connaissances ;
- l’opérationnalisation des connaissances.
Si ces derniers programmes et les documents qui les accompagnent attestent d’une
« maturité institutionnelle », toutes les difficultés ne sont pas levées pour autant.
Les questions des enseignants
Tous les courants pédagogiques affirment la nécessité de confronter l’élève au fait
expérimental mais encore faut-il se mettre d’accord sur le sens que l’on donne à cette
expression et, plus précisément, sur les modalités de cette confrontation, en définissant ce
qui relève de l’initiative de l’enseignant et ce qui est dévolu à l’élève.
Ministère de l’Education Nationale Les cycles à l’école primaire, Paris, Hachette éducation (1991).