
Addictions ici & ailleurs, Migrations, addictions et accessibilité aux soins – les 07 et 08 juin 2016
grandes zones de consommation. Force est de constater, par ailleurs, que de nombreux
dispositifs sont sous-financés. Le Bus 31/32, une structure en première ligne, se retrouve
aujourd’hui extrêmement démuni, avec des moyens très inférieurs aux besoins.
L’audition publique sur la réduction des risques s’est tenue les 6 et 7 juin derniers. Pendant
deux jours, la réduction des risques faisait enfin l’unanimité. Tout le monde la pratiquait, tout
le monde l’avait toujours pratiqué, tout le monde l’avait inventée. Béatrice Stambul s’en
réjouit. Cette audition a non seulement prouvé que la réduction des risques a fait la preuve
de leur efficacité, mais elle a offert des pistes et des outils pour aller plus loin.
Malheureusement, la politique française en matière de drogue s’appuie toujours sur la loi du
31 décembre 1970. Cette loi est responsable des lenteurs actuelles qui rendent si difficile la
création de tout nouveau dispositif.
La mobilisation internationale s’est cristallisée autour de la session spéciale de l’ONU sur la
question des drogues d’avril dernier. Si aucune avancée n’a été enregistrée, elle a permis
toutefois à des réseaux internationaux de s’organiser. À ce sujet, Béatrice Stambul rappelle
à l’assistance l’organisation, le 26 juin prochain, de la « Journée internationale contre l’abus
et le trafic de drogues » organisée dans le cadre de la campagne mondiale : « Support Don’t
Punish » (« soutenez, ne punissez pas »). La journée de lutte contre la drogue a ainsi été
transformée en journée de lutte contre la guerre à la drogue.
Si l’on veut que les projets avancent, il faut réformer la loi. Bien que validées depuis des
années, les salles de consommation seront expérimentées pendant 6 ans. Bien que trois
sites aient été retenus pour Marseille, le Maire de la ville a décidé, pour des raisons qui lui
appartiennent, de ne plus être favorable au projet ; ce qui envoie un signal très négatif pour
l’avenir. Béatrice Stambul refuse d’en rester là. Le CSAPA CAARUD Bus 31/32, en
partenariat avec le CAARUD Asud, a récemment demandé un rendez-vous au Maire pour
reparler de la nécessité d’ouvrir une salle de consommation à Marseille. Béatrice Stambul
conclut que si l’on veut mettre en place un dispositif adapté à la configuration locale ce sera
non pas hors loi, mais avant la loi.
Patrick Padovani, adjoint au maire chargé de l’hygiène, de la santé et du handicap
Patrick Padovani convient qu’il y a quelque chose de plus dangereux à Marseille que les
kalachnikovs. C’est de prendre la parole après Béatrice Stambul tant sa verve, son réalisme,
son professionnalisme et sa franchise sont communicatifs.
Patrick Padovani présente, au nom du sénateur maire Jean-Claude Gaudin, ses souhaits de
bienvenue dans la ville de Marseille, dans ce magnifique palais du Pharo. Ce palais a été
construit pour l’Impératrice Eugénie à la demande de Napoléon III. Ce bâtiment n’a jamais
été occupé par la famille impériale et il a été restitué, une centaine d’années après sa
construction, à la ville de Marseille qui l’a transformé en palais des congrès.
L’on peut admirer depuis ce bâtiment tout ce qui fait la fierté des Marseillais, tout ce qui fait
que les Marseillais sont addicts à leur ville. Riche de plus de 2600 ans d’histoire, la ville de
Marseille a développé une passion de l’accueil et de l’insertion. Le thème de ces 21es
Rencontres reflète bien l’histoire de la ville, une terre de passage et de migration, un
véritable patchwork de la Méditerranée où se côtoient toutes les communautés autour d’un
slogan : « fiers d’être marseillais ».
L’histoire des acteurs de ma réduction des risques à Marseille est particulièrement riche. Elle
est jalonnée de réflexions et d’actions qui ont permis de tisser une communion entre les
acteurs politiques et le tissu associatif. Patrick Padovani est adjoint au maire et chargé de la
mission Sida et toxicomanie (ouverte en 1995 par Jean-François Mattéi). Cette mission a un