Chapitre 3 : aberrations et défauts des objectifs Dans le domaine de l'optique, on appelle aberrations les imperfections des images autres que celles dues à la diffraction. Il existe deux grandes familles d’aberrations : Les aberrations d’origine physique : elles sont liées à la nature physique de la lumière. Dans ce chapitre, nous nous limiterons à l’aberration chromatique. Les aberrations géométriques : elles sont liées au fait que les lentilles (et les miroirs) utilisés en optique ne vérifient pas exactement les conditions de stigmatisme rigoureux. Dans ce chapitre, nous étudierons : l’aberration de sphéricité l’aberration de coma l’aberration d’astigmatisme l’aberration de courbure de champ l’aberration de distorsion Remarque : la distorsion n’est pas due à un manque de stigmatisme mais plutôt à un manques de similitude entre objets et images. 1 1 Aberrations chromatiques 1.1 Exemples En photographie, l’aberration chromatique désigne une aberration optique qui produit une image floue et aux contours irisés. Des franges colorées indésirables apparaissent autour des éléments de l’image. Celles-ci s’avèrent particulièrement visibles autour des transitions à fort contraste dans des zones relativement neutres de l’image. Les aberrations chromatiques apparaissent sous forme de franges colorées quand un objet sombre est photographié sur un arrière-plan plus clair. 2 3 4 1.2 Origine de l’aberration chromatique : le phénomène de dispersion Dès que la lumière est composée de radiations de fréquences différentes apparaissent les aberrations chromatiques, dues au phénomène de dispersion des lumières complexes par les matériaux réfringents. 5 L’origine du phénomène de dispersion de la lumière est que l’indice de réfraction n d'une substance varie avec la longueur d'onde λ de la radiation monochromatique utilisée suivant une fonction, généralement décroissante, qui dépend du matériau considéré. Cette fonction peut être approchée par la formule de Cauchy : n (λ ) = A + B λ2 + C λ4 + ... où A, B, C, … sont des constantes pour un matériau donné. 6 7 Cette courbe (ou la formule) montre que les radiations de plus petite longueur d’onde (du côté bleu du spectre, donc) sont plus réfractées que les radiations de plus grande longueur d’onde (du côté rouge du spectre). Ce phénomène de dispersion est à l’origine de l’arc-en-ciel, et la théorie de l’arc-en-ciel permet de vérifier directement la validité de cette formule : 8 1.3 Mesure de la dispersion des verres Traditionnellement, un verre est caractérisé par son indice de réfraction « moyen » nD mesuré pour la radiation jaune du sodium (λD = 589,3 nm) et par le facteur sans dimension v appelé constringence, ou encore nombre d’Abbe, défini par : v= nD − 1 nF − nC où nF et nC sont les indices de réfraction du verre pour la raie bleue F de l’hydrogène (λ=486,1 nm) et pour la raie rouge C de l’hydrogène (λ=656,3 nm). Ce nombre sans unité est noté théoriquement de 1 à 100, mais la gamme couverte par les verres optiques s’étend de 20 à 100. Pour v<50, on parle de verres très dispersifs ; pour v>50, on parle de verres peu dispersifs. Le pouvoir dispersif aussi appelé indice (ou coefficient) de dispersion est l’inverse de la constringence. Le pouvoir dispersif des verres optiques varie entre 0,01 et 0,05 environ Pour la radiation D, l'indice absolu nD de l'eau à 20°C est de 1,333 ; celui d'un verre ordinaire 9 est compris entre 1,511 à 1,535. Matériau Raie F de l’H Raie D du Na Raie C de l’H v Eau 1,337 1,333 1,331 55,5 Verre crown léger 1,515 1,510 1,507 63,8 Verre flint dense 1,774 1,755 1,747 28 Remarque : il existe deux grandes familles de verres : les « crowns » sont des verres « légers » qui contiennent des oxydes de sodium et de calcium ont un indice n de l'ordre de 1,52 et un pouvoir dispersif v voisin de 60. Le verre crown disperse donc peu. Des types de verre crown encore moins dispersifs sont disponibles où sont ajoutés des oxydes de baryum ou de lanthane. les « flints » sont des verres « lourds », avec une proportion importante d'oxyde de plomb ainsi que du silicate de potassium, sont tels que n est de l'ordre de 1,63 et v est voisin de 40. Le verre flint présente donc un fort pouvoir dispersif. 10 Constringence du Verre Schott N-BK7. 11 Spectre visible, et désignation des longueurs d’onde de référence. 12 13 Le diagramme ci-dessus présente une centaine de verres optiques produits par la société Schott. Chacun des points représente un verre optique différent ; il est placé à l’intersection de son indice de réfraction (établi pour la couleur jaune à 587,56 nm) et de sa constringence. On appelle « flint » le verre de faible constringence (fortement dispersif). Le verre « crown » est de forte constringence (peu dispersif). En moyenne, l’indice de réfraction est plus faible pour le flint que pour le crown. Un verre est considéré comme faiblement dispersif lorsque sa constringence est supérieure à 80 (certains crowns atteignent 97). 14 1.4 Aberration chromatique d’une lentille convergente Par conséquent, quand une lentille mince convergente est éclairée par un faisceau parallèle de rayons de lumière blanche, la lumière blanche subit une dispersion lors de sa réfraction par la lentille, et le foyer de la lentille pour les composantes bleues est situé plus près de la lentille que celui pour les composantes rouges (les rayons bleus convergent plus rapidement que les rayons rouges). L'écart entre ces deux foyers dépend de la variation de l'indice n du matériau pour les deux longueurs d'onde correspondant à la lumière bleue et rouge. En effet, la distance focale d'une lentille mince dépend de l'indice de réfraction et des mesures algébriques des rayons de courbure des deux dioptres qui composent la lentille : 1 1 1 = (n − 1) − f' R1 R2 où R1 = S1C1 et R 2 = S2 C 2 Comme nb>nr , f’b<f’r. 15 16 1.5 Aberrations chromatiques longitudinales Pour un point objet éclairé en lumière blanche et situé à l’infini, les différents points de focalisation correspondants aux différentes couleurs du spectre se forment à des distances plus ou moins grandes de la lentille. La distance ∆f’=F'bF'r mesurée pour les deux longueurs d'onde 486,1 et 656,3 nm s'appelle l'aberration chromatique longitudinale principale ou encore dispersion focale. Il est judicieux pour la suite d’étudier la variation ∆V de la vergence lorsqu’on passe du rouge au bleu : ∆V = V − V B Comme : R 1 1 V = ( n − 1) − R1 R2 On déduit : 1 1 1 1 1 1 VB = ( nB − 1) − , VR = ( nR − 1) − et VJ = Vmoyen = ( nJ − 1) − R1 R2 R1 R2 R1 R2 Nous pouvons en déduire que le rapport : verre : ∆V n −n 1 = B R = Vmoyen nJ − 1 v ∆V Vmoyen est égal à l’inverse de la constringence du 17 Ceci entraîne par ailleurs que : ∆f ' f 'moyen = 1 v L’aberration chromatique longitudinale est donc proportionnelle à la distance focale moyenne, c’est-à-dire dans le jaune, et inversement proportionnelle à la constringence du verre : ∆f ' = f 'J v http://uel.unisciel.fr/physique/optigeo/optigeo_ch16/co/apprendre_ch16_02.html# 18 19 20 Dispersion chromatique longitudinale d'une lentille mince. 21 On appelle spectre secondaire ou chromatisme longitudinal le fait que tous les rayons lumineux ne convergent donc pas au même point selon leur couleur et cela représente les variations de la position du foyer en fonction de la couleur. Le spectre secondaire fait donc que la focale de la lentille dépend de la longueur d’onde des rayons incidents, ou dit autrement que la courbure du front d’onde émergent est variable et dépend de la longueur d’onde. 22 De la même manière, l’image d’un point sujet A situé à distance finie de la lentille va présenter un reflet irisé. En effet, si on coupe les faisceaux par un écran passant par l'image monochromatique rouge A´r , par exemple, les autres images de A (l'image bleue A´b par exemple) présentent un défaut de mise au point, et l'image dans ce plan est un cercle de diffusion irisé dont le diamètre varie avec la dimension de la pupille de sortie de l'objectif. Dans l'exemple choisi, la tache de diffusion est irisée de bleu. Elle le serait de rouge pour une mise au point faite dans le plan de l'image bleue. La distance orientée A’bA’r mesurant l’étalement du point image selon l’axe optique porte le nom d’aberration chromatique longitudinale pour le point A. 23 1.6 Cercle de moindre aberration chromatique et aberration chromatique transversale L’étalement chromatique longitudinal (ou chromatisme de position) s’accompagne d’un chromatisme de grandeur ou chromatisme transverse. Soit une lentille O donnant d'un objet AB des images A´B´ dont la position est fonction de la longueur d'onde. Le rayon incident BO n'est pas dévié. Les diverses images monochromatiques paraxiales A´λB´λ sont homothétiques et leur grandeur est fonction de la longueur d'onde. Lié directement au chromatisme de position, le chromatisme de grandeur s'annule en même temps que celui-ci. 24 Une lentille diaphragmée fournit d’un point objet éclairé en lumière blanche une image pour chaque radiation monochromatique. Cette dispersion est observée en coupant par un écran normal à l’axe les faisceaux émergents. Sur l’écran apparaît une tache circulaire dont la coloration dépend de la position, car les faisceaux coniques émergents correspondant aux diverses radiations n’ont pas le même sommet. Parmi les différentes sections, il en est une de diamètre minimal, moins irisée que les autres (position 2 de l’écran), c’est le cercle de moindre diffusion chromatique. 25 http://www.microscopyu.com/tutorials/java/aberrations/chromatic/index.html 26 Le rayon d’ouverture de la lentille est h=OI, le rayon du cercle de moindre diffusion est ρ. Sur la figure ci-dessous, ρ =PQ représente l’aberration transversale principale. L’homothétie des triangles (F’CPQ) et (F’COI) d’une part, (F’FOI) et (F’FPQ) d’autre part, permet d’écrire : L’aberration transversale principale ρ=PQ ne dépend pas de la distance focale, mais est proportionnel au rayon d’ouverture h de la lentille. http://uel.unisciel.fr/physique/optigeo/optigeo_ch16/co/apprendre_ch16_02.html http://ressources.univlemans.fr/AccesLibre/UM/Pedago/physique/02/optigeo/aberchro.html 27 Aberration chromatique transversale. 28 29 30 1.7 Aberration chromatique d’une lentille divergente Si une lentille divergente est éclairée par un faisceau parallèle de lumière blanche, la déviation est plus importante pour la lumière bleue que pour la lumière rouge (les rayons bleus divergent plus que les rayons rouges). Le foyer image des composantes bleues de la lumière F'b est donc situé plus près de la lentille que F'r foyer image des composantes rouges de la lumière. En effet, comme pour une lentille convergente, la distance focale d'une lentille mince dépend de l'indice de réfraction et des mesures algébriques des rayons de courbure des deux dioptres qui composent la lentille : 1 1 1 = (n − 1) − = (n − 1)k f' R1 R2 Comme nb>nr , et k<0, on a que 0 >f’b>f’r. et donc f’b<f’r. 31 1.8 Réduction des aberrations chromatiques : le doublet achromatique accolé Les lentilles simples présentent toujours de l'aberration chromatique, et la qualité de l'image est très diminuée. Mais, en associant des systèmes sous-corrigés et sur-corrigés, on peut obtenir des instruments où l'aberration chromatique finale est réduite. Pour réaliser, par exemple, un objectif convergent achromatique, on accole deux lentilles, l'une convergente en crown et l'autre divergente en flint (plus dispersif). Leurs convergences sont choisies pour que l'ensemble demeure convergent. Si l'objet à l'infini sur l'axe est un point A éclairé par une radiation rouge et une radiation bleue, l'image formée par L1 est constituée par les foyers rouge et bleu F´r et F´b (figure a). L'image d’un point blanc A´ formée par la lentille L2 (le sens de la lumière étant inversé) serait l'ensemble des deux points A´b et A´r (figure b). 32 En choisissant convenablement les verres constituant les lentilles L1 et L2, on assure la superposition des segments A´bA´r et F´bF´r. Accolons les deux lentilles L1 et L2 ; alors F´r et F´b sont confondus avec les points A´b et A´r et l'image définitive A´ de A est « achromatique » (figure c) pour le bleu et le rouge ; elle l'est encore en première approximation, pour les radiations de longueurs d'ondes intermédiaires. 33 Le doublet achromatique ou achromat Réalisé au début des années 1830 par l'opticien français Charles Chevalier, l'achromat est constitué de deux lentilles accolées qui possèdent des indices de réfraction et de constringence (inverse du pouvoir dispersif) différents (verres en « flint » et en « crown »). 34 1.9 Condition d’achromaticité du doublet accolé Pour constituer un doublet achromatique accolé, deux lentilles L1 et L2, dont les constringences sont v1 et v2 et les focales moyennes en lumière D sont f’1(D) et f’2(D) doivent vérifier la condition d’achromaticité : Remarques : f '1 ( D).v1 = − f '2 ( D).v2 le signe négatif qui apparaît dans cette condition d’achromaticité est fondamental ; comme les coefficients de dispersion sont définis positifs, il indique que l’on doit nécessairement associer une lentille convergente et une lentille divergente pour réaliser la condition d’achromaticité. en pratique, la focale en lumière D correspond à 0,2% près à la moyenne géométrique des focales en lumières C et F : f '( D) ≈ f '(C ). f '( F ) En introduisant les vergences moyennes des lentilles V1=1/f’1(D) et V2=1/f’2(D), cette condition d’achromaticité peut aussi s’écrire sous la forme facile à retenir : V1 V2 + =0 v1 v2 35 Établissons la condition d’achromaticité d’un doublet non nécessairement accolé : Considérons le cas simple de deux lentilles de vergence V1 et V2 et constituées de matériaux de constringences respectives v1 et v2. Chaque vergence V1 et V2 varie respectivement de ∆V1 et ∆V2, lorsqu’on passe de la longueur d’onde rouge à la longueur d’onde bleue. Ces variations font intervenir le nombre d’Abbe via les relations : ∆V1 = V1 V et ∆V2 = 2 v1 v2 La formule de Gullstrand permet d’écrire pour la vergence V du doublet formé des lentilles L1 et L2 espacées d’une distance e la relation : V = V + V − eV V 1 Nous pouvons ainsi écrire les relations suivantes : 2 1 2 ∆V = ∆V1 + ∆V2 − e∆(V1V2 ) = ∆V1 + ∆V2 − eV1∆V2 − eV2 ∆V1 = V1 V2 VV VV + −e 1 2 −e 1 2 v1 v2 v2 v1 Pour que les foyers bleu et rouge du doublet coïncident, il faut que : ∆V = 0 V1 V2 VV VV + −e 1 2 −e 1 2 = 0 v1 v2 v2 v1 Qui se réduit bien à la condition précédente dans le cas accolé (e=0) : La condition d’achromaticité est donc : V1 V2 + =0 v1 v2 Pour des lentilles non accolées mais taillées dans le même verre, cette condition s’écrit : ou encore : f '1 + f '2 = 2e V1 + V2 − 2eV1V2 = 0 36 exemples de doublets achromats : La condition précédente est vérifiée pour le doublet (1,1,1) et par le doublet (3,2,1) de Huygens. En effet, dans le premier cas, on a : Il en est de même dans le second cas : L’oculaire de Huygens est donc corrigé des aberrations chromatiques lorsque les deux lentilles sont taillées dans le même verre. 37 Remarque : les doublets optiques sont des systèmes centrés constitués de deux lentilles L1 et L2 caractérisés par trois nombres entiers, positifs ou négatifs, notés m, n, p tels que : f '1 e f '2 = = =u m n p avec f’1 et f’2 les distances focales images des 2 lentilles ; e distance des centres optiques O1 et O2 ; u est l'unité de longueur du doublet. Le doublet de Ramsden (3, 2 , 3). V1 = V2 = 1 /(3 u) et e = 2 u. focale image : fi = 9/4 u ; fo = -9/4 u ; plans principaux :O2Hi = -1,5 u ; O1Ho = 1,5 u ; plans focaux : O1Fo = fo( 1-eV2) = -3/4 u ; O2Fi = 3/4 u ; Ce doublet est symétrique mais ne vérifie pas la condition d’achromaticité pour des verres de compositions identiques. Le doublet de Huygens ( 3, 2, 1). V1 = 1 / (3 u) ; V2= 1 /u et e = 2 u. focale image : fi = 1,5 u ; fo = -1,5 u ; plans principaux :O2Hi = - u ; O1Ho = 3 u ; plans focaux : O1Fo = fo( 1-eV2) = 1,5 u ; O2Fi = 1/2 u ; Ce doublet satisfait à la condition d'achromatisme relative aux lentilles non accolées : e = ½( f’1 + f’2 ) http://subaru2.univ-lemans.fr/enseignements/physique/02/optigeo/oculaires.html 38 L’aberration de chromaticité transverse affecte principalement pour les retrofocus et les téléobjectifs qui sont des objectifs dissymétriques. L’aberration de chromaticité longitudinale affecte plutôt les objectifs de grande ouverture. Un objectif non corrigé des aberrations chromatiques est qualifié de chromatique. L’œil humain étant plus sensible au vert, quand un objectif chromatique est mis au point, c’est plutôt la lumière verte qui est correctement focalisée, et les lumières bleue et rouge qui sont hors focus (cf. figure en haut à gauche). L’incorporation d’un simple doublet achromatique suffit pour réduire l’aberration chromatique. Deux longueurs d’onde focalisent au même endroit (passage par zéro sur la figure en haut à droite) et les autres couleurs focalisent autour de ce point : on parle de spectre secondaire. L’arrivée de verres exotiques caractérisés par une dispersion faible a permis de réaliser de grands progrès dans la correction de l’aberration chromatique. Une configuration qui rassemble en un point trois longueurs d’onde est appelée apochromatique. Un objectif superachromatique regroupe au moins 4 longueurs d’onde en un point et élimine virtuellement 39 toute frange colorée. À proprement parler, ce n’est pas le nombre de zéro de la fonction déterminant la position du foyer en fonction de la longueur d’onde qui importe mais plutôt les écarts de position entre ces valeurs particulières, et donc l’aire du spectre secondaire. Le terme APO désigne ainsi plutôt aujourd’hui un objectif au spectre secondaire réduit, le vrai apochromatisme restant une propriété rare. 40 Objectifs apochromatiques Il existe des objectifs, dont la combinaison de lentilles plus complexe (3 ou 4 lentilles) permet la correction du chromatisme pour 3 radiations du spectre visible (B,V et R). On parle alors d’objectif apochromatique. Ce sont des objectifs de haute qualité et de haut pouvoir résolvant absolument nécessaire en reproduction et en microphotographie. Sigma Objectif APO 50-150mm F2,8 41 Cette croix formée de deux bâtons d’allumettes montés sur un bouchon a été photographiée avec un Canon EF 85/1,2 a une distance de 1m. La croix a été placée au centre de l’image et sur un fond brillant. Le haut contraste et la grande ouverture (1,2) sont responsables de l’aberration chromatique longitudinale. Quand l’autofocus est utilisé, des franges pourpres apparaissent autour de la croix. En défocalisant légèrement manuellement, les franges virent au vert. L’autofocus (comme les yeux humains) étant particulièrement sensibles à la lumière verte, c’est elle qui est le mieux mise au point, ce qui engendre une défocalisation du bleu et 42 du rouge, et donc des franges pourpres (les plus fréquentes, donc). Exemples d’aberrations chromatiques transverses : A : Cosina 3.5-4.5/19-35 @ 20 mm. B: Cosina 3.8/20. C: Carl Zeiss Distagon 2.8/21. Tous ces objectifs ont été utilisés à f/11 sur un boitier Canon 5D. La même croix a été photographiée avec trois grands angles retrofocus, et placée près du coin supérieur gauche de l’image, de sorte que son plus long bras soit dans la direction radiale. Le petit bras est donc dans la direction tangentielle. Pour les trois objectifs, le petit bras présente des franges colorées alors que le grand bras n’est pas affecté. La présence simultanée de franges vertes et pourpres des deux côtés opposés du bras pour l’objectif A est caractéristique de l’aberration chromatique transverse. Les franges bleuâtres et jaunâtres produites par l’objectif B sont plus rares. L’objectif C, qui présente de légères 43 traces de pourpre et de vert, est très bien corrigé pour un objectif de ce type. Les franges vertes et pourpres peuvent s’expliquer avec un objectif achromatique, puisque pour une mise au point moyenne (sur le vert, vu la sensibilité de l’œil), l’image bleue et l’image rouge se forment un peu en avant et sont donc plus petites que l’image verte, derrière et plus grande (cf. spectre secondaire de l’achromat). 44 Les aberrations chromatiques longitudinales et transverses peuvent engendrer toutes les deux des franges colorées, mais leurs propriétés sont différentes. L’aberration longitudinale provoque des franges tout autour de l’objet, alors que l’aberration transverse affecte surtout les détails tangentiels. L’aberration longitudinale apparaît n’importe où dans l’image, alors que l’aberration transverse est absente au centre de l’image et augmente progressivement vers les bords. L’aberration longitudinale diminue si l’on diaphragme l’objectif, alors que l’aberration transverse est présente à toutes les ouvertures. L’aberration longitudinale provoque des franges de couleurs différentes de part et d’autre du meilleur foyer, tandis que l’aberration transverse fait apparaître simultanément deux colorations. De part et d’autre d’un détail tangentiel. Bien sûr, les deux aberrations peuvent être présentes en même temps et être donc en partie réduite par une fermeture du diaphragme. L’aberration chromatique longitudinale se manifeste souvent en tandem avec l’aberration de sphéricité et explique l’apparence des « bokeh » qui apparaissent aux grandes ouvertures de l’objectif (cf. aberration de sphéricité plus loin dans ce chapitre). L’effet combiné de ces deux aberrations porte le nom de sphérochromatisme. 45 46 47 48 1.10 Le sphérochromatisme Une troisième manifestation du chromatisme est le sphérochromatisme. Il s’avère en effet que le front d’onde issue d’une lentille sphérique (corrigée de l’aberration de sphéricité) n’est parfaitement sphérique que pour une seule longueur d’onde. Les fronts d’onde pour les autres longueurs d’onde sont affligés d’une aberration de sphéricité. Le sphérochromatisme désigne donc cette aberration de sphéricité liée à la longueur d’onde. Le sphérochromatisme est représenté comme l’aberration de sphéricité, mais avec plusieurs courbes correspondant aux différentes couleurs. Ici, nous pouvons voir les profils de l’aberration de sphéricité longitudinale d’une lentille pour le violet profond, le violet, le bleu, le vert, le rouge et l’infrarouge proche en fonction de l’origine des rayons par rapport à l’axe optique. Nous verrons dans l’étude de l’aberration de sphéricité plus loin qu’un front d’onde parfaitement sphérique donnerait une ligne verticale puisque l’on représente ici uniquement les écarts par rapport à la sphère. 49 Correction du chromatisme par l’utilisation d’un doublet achromatique Comme on peut le voir sur le diagramme de chromatisme longitudinal les deux fronts d’onde du bleu et du rouge sont effectivement alignés et à peu prés plats. Néanmoins le vert, s’il présente lui aussi un sphérochromatisme très faible, présente un décalage longitudinal de son point focal. 50 Si le doublet achromatique donne de bons résultats avec un rapport F/D important, il se dégrade en baissant le rapport F/D et en augmentant donc la puissance des lentilles. Dans ce cas, le sphérochromatisme du rouge et du bleu est moins bien corrigés et surtout le chromatisme latéral devient gênant. Un rapport de F/D :10 devient une limite. 51 Correction du chromatisme par l’utilisation d’un doublet apochromatique Il est possible d’optimiser le doublet achromatique pour apporter la correction d’une troisième longueur d’onde. En revanche ces doublets nécessitent l’utilisation de verre Crown à très faible dispersion chromatique, et laissent beaucoup moins de libertés quand à l’association des matériaux Flint et Crown. Comme on le voit, le chromatisme longitudinal est très faible (décalage des courbes entre elles). En revanche, le niveau de sphérochromatisme (courbure de chacune des courbes) n’est plus totalement négligeable en regard du décalage longitudinal. 52 Correction du chromatisme par l’utilisation d’un triplet apochromatique Il est possible de simplifier la réalisation des lentilles avec des rayons de courbure moins prononcés et par la même de pousser plus loin la correction du sphérochromatisme en ajoutant une seconde lentille Flint, voire une seconde lentille Crown. On obtient un triplet apochromat. Comme on peut le voir, malgré la baisse du rapport F/D à 8 cette fois ci, la correction du chromatisme longitudinal est encore améliorée, et surtout la courbure des fronts d’onde est diminuée (sphérochromatisme). 53 1.11 Exercices 1. La face sphérique d’une lentille plan-convexe a un rayon de courbure de 50 cm. L’indice de réfraction du verre dont elle est formée dépend de la longueur d’onde de la lumière (en nanomètre) selon la relation n =A+B/λ2 où A=1,620 et B=8,9.103 nm2. Calculer l’indice de réfraction du verre pour la radiation bleu de longueur d’onde 490 nm et la radiation rouge de longueur d’onde 660 nm. Calculer les distances focales correspondantes de la lentille. (Rép. : 1,657 ; 1,640 ; 0,761 m ; 0,781 m) 2. Un rayon de lumière blanche (spectre continu entre 0.4 et 0.7 μm) arrive avec un angle i=45° sur la face AB d’un prisme d’indice n et d’angle A=54°. D’après la formule de Cauchy l’indice de réfraction dépend de la longueur d’onde selon la loi : n(λ) = A + B/λ2 avec A=1.532 et B=0.042 μm-2. A) Calculer les angles de réfraction r, r’ et i’ successifs pour les longueurs d’ondes extrêmes du spectre et tracer le cheminement des rayons correspondant. B) On intercepte les rayons émergeant du prisme sur un écran. Qu’observe-t-on ? 54 3. On dispose de deux verres dont les indices de réfraction sont donnés par le tableau ci-contre pour trois longueurs d'ondes particulières. λ Crown B. 1864 Flint C. 8132 656,3 nm (C) 1,51552 1,67482 587,6 nm (D) 1,51800 1,68100 486,1 nm (F) 1,52355 1,69607 Dans le crown B. 1864, on taille une lentille mince L1 biconvexe de diamètre D = 8 cm. Les rayons de courbures des faces sont R1 =S1C1= 30cm= et R'1 =S’1C’1= -1,8m. Calculer la distance focale f’1 de cette lentille pour chacune des trois longueurs d'ondes du tableau. On veut réaliser un doublet achromatique en accolant à L1 une lentille mince L2 réalisée en flint C. 8132, de sorte que la distance focale du doublet ainsi constitué soit la même pour les deux longueurs d'onde extrêmes du tableau. Comment doit-on choisir L2 ? Calculer sa distance focale ainsi que celle du doublet. Les faces en regard des deux lentilles ont le même rayon de courbure, soit 1,8 m. Calculer le rayon de courbure de l'autre face de L2. 55 Résolution la distance focale image se calcule par la formule des fabricants de lentilles : 1 R1.R '1 1 1 f '1 = = n − 1 R '1 − R1 n − 1 k1 et on obtient donc f’1(C)=f’1r=49,88cm, f’1(D)=49,64cm et f’1(F)=f’1b=49,11cm (et k1=3,89m-1). On utilise la relation d’achromaticité établie précédemment : f '1 ( D ).V1 = − f '2 ( D ).V2 et on connaît f’1(D)= 49,64cm et les coefficients de dispersion V1=64,51 et V2=32,05 ; on obtient donc : f '2 ( D) = −1 m Et la focale du doublet vaut alors f’(D)=0,96m. 56 La focale du doublet achromatique s’obtient par la relation habituelle : 1 1 1 = + f ' f '1 f '2 Comme f’1(D)=49,64cm, on trouve par exemple pour la lumière jaune D la valeur de f’(D)=0,96m. La lentille L2 est collée à L1, donc : R 2 =02C2 =OC 2 =OC'1 =R'1 =-1,8 m D’autre part, on sait que : 1 1 k2 = − = −1, 469 m -1 R2 R '2 On déduit donc directement : R '2 = S '2 C '2 ≈ O2C '2 ≈ OC '2 = 1, 09 m Les signes des rayons de courbure indiquent que la lentille L2 est biconcave. 57 2 Rappel : stigmatisme rigoureux d’un système 2.1 L’image d’un point est un point Le système optique est dit rigoureusement stigmatique lorsque tous les rayons utiles issus de A passent par A´ (l’image d’un point sujet est un point image). Une surface d'onde est définie comme perpendiculaire, en chaque point, au rayon lumineux (cf. théorème de Malus-Dupin, chapitre 2). Une surface d'onde correspondant à un point objet A est une sphère S centrée en A. Une surface d'onde image issue d'un système stigmatique est une sphère S´ centrée en A´. 58 La surface d'onde émergente n'est plus une sphère dès que le système perd ses qualités de stigmatisme. Dès qu’un élément optique modifie un front d’onde plan pour le transformer en front d’onde sphérique d’un rayon donné, il s’introduit des transformations non souhaitées qui vont faire que le front d’onde résultant ne sera pas sphérique dans toutes les conditions, comme par exemple en dehors de l’axe optique. Ou peut être le rayon de la sphère ne sera pas constant selon la longueur d’onde. Les déformations de la surface d'onde entraînent une baisse de la qualité de l'image : on parle d’aberrations géométriques. 59 Si le système optique est aberrant, la surface d'onde en sortie du système n'est pas sphérique mais elle présente un écart normal d'aberration qui est la différence entre la surface d'onde réelle et la surface d'onde sphérique idéale. 60 Condition de stigmatisme rigoureux Le miroir plan M est le seul système rigoureusement stigmatique pour tout point objet A quelconque : son image est un point A’. 61 Le plus souvent, un système n’est rigoureusement stigmatique que pour quelques points objets. Un miroir parabolique est stigmatique pour un point situé à l’infini sur l’axe et pour son foyer. Un miroir elliptique est stigmatique pour un point objet et son image situés en ses foyers F et F´. 62 2.2 Stigmatisme pour deux points voisins Réaliser le stigmatisme pour un couple de points AA´ conjugués situés sur l'axe d'un système optique est généralement insuffisant. Il est souhaitable d'étendre le stigmatisme à des points voisins de A. Le stigmatisme étant réalisé pour les points A et A´, on cherche les conditions pour que le stigmatisme soit conservé pour un couple de points B et B´ situés perpendiculairement à l’axe optique (condition d’Abbe ou d’aplanétisme) et un couple de points C et C’ situés longitudinalement selon l’axe optique (condition d’Herschell). 63 2.2.1 Condition des sinus d’Abbe et notion d’aplanétisme La conservation du stigmatisme approché dans l’espace implique une conservation du stigmatisme approché dans un plan perpendiculaire à l’axe du système. Cette considération appliquée au principe de Fermat permettent d’établir d’une part la loi des sinus d’Abbe : n. AB.sin u = n '. A ' B 'sin u ' Cette relation exprime la notion d’aplanétisme ; ce terme, dont l’étymologie grecque (aplanetos, formé de « planetes » et d’un alpha privatif) signifie « qui n’erre pas », « qui ne dévie pas » traduit donc le fait que l’image d’un plan perpendiculaire à l’axe optique est un plan perpendiculaire à l’axe optique. Démonstration : Pour un point objet B, voisin de A, situé dans un plan perpendiculaire passant par A, la condition de stigmatisme s’écrit : L(BB’)=cste. quel que soit le point d’incidence I sur la face d’entrée du système. 64 La différence des chemins optiques L(AA’) et L(BB’) doit donc être constante (chaque chemin étant constant). Évaluons cette différence en la considérant comme la variation du chemin [AA’] lorsque les points A et A’ sont déplacés en B et B’ : L( AA ') - L( BB ') = [ AII ' A '] -[ BII ' B '] ≈ n.( AI - BI ) + n '( I ' A '- I ' B ') avec : AI − BI = AH = AB sin u et I ' A '− I ' B ' = A ' H ' = A ' B 'sin u ' Finalement, on obtient : L( AA ') - L( BB ') ≈ n. AB.sin u − n '. A ' B 'sin u ' ≈ c ste Cette relation doit être nécessairement satisfaite pour que le système optique stigmatique pour le couple (AA’) soit aussi stigmatique pour le couple (BB’). Elle doit être satisfaite pour toutes les valeurs de u. La relation précédente s’annule si u=0, car le rayon étant confondu avec l’axe n’est pas dévié ; AB est très petit et reste perpendiculaire à l’axe. Pour que la constante de la relation soit indépendante de u, il est nécessaire qu’elle reste nulle pour tout couple (u,u’). La condition d’aplanétisme pour A, à distance finie, s’écrit donc : n. AB.sin u = n '. A ' B 'sin u ' ∀u 65 2.2.2 Condition d’Herschel La conservation du stigmatisme approché dans l’espace implique aussi une conservation du stigmatisme approché le long de l’axe optique. Si A1 est situé le long de l’axe, toujours grâce au principe de Fermat on établit la condition dite d’Herschel telle que : n. AA1 sin 2 u u' − n ' A ' A '1 sin 2 = 0 2 2 Démonstration : Quand le point A se déplace le long de l’axe jusque A1, son image se déplace le long de l’axe jusque A’1 ; pour que le stigmatisme soit conservé, il faut que : L( AA ') − L( A1 A1 ') = c ste soit : [ AII ' A '] − [ A1 II ' A '1 ] ≈ c ste d’où : n. AA1 cos u − n ' A ' A '1 cos u ' ≈ c ste (1) Cette relation doit être vérifiée avec la même constante, pour tous les points d’incidence sur la face d’entrée du système optique. En choisissant comme cas particulier I sur l’axe, les angles u et u’ sont nuls, la relation (1) conduit à : n. AA1 − n ' A ' A '1 ≈ c ste (2) En soustrayant membre à membre (2) et (1), on a : n ' A ' A '1 (1 − cos u ') − n. AA1 (1 − cos u ) = 0 c’est-à-dire encore, la relation annoncée : n. AA1 sin 2 u u' − n ' A ' A '1 sin 2 = 0 2 2 66 Conditions de stigmatisme et d’aplanétisme pour un objectif photographique 67 3 Stigmatisme approché d’un système, conditions de Gauss Un système optique réel n'étant pas rigoureusement stigmatique, les images de plusieurs surfaces d’onde sujet concentriques ne sont pas concentriques ; en d’autres mots, les rayons issus d'un point A ne passent pas tous par son image géométrique A´. Même si l'effet de la diffraction est négligeable, l'image est une tache lumineuse dont l'étendue varie avec la position de l'écran d'observation E. Un instrument (représenté sur la figure par sa face de sortie S2) n'étant pas rigoureusement stigmatique, les rayons issus d'un point tel que B, situé ou non sur l'axe, ne convergent plus exactement en B´, mais passent au voisinage de B´. Sur l’émulsion sensible, il y aura donc un autre point image, B’’. 68 Soit B’’ le point d'impact d'un rayon émergent issu de B avec le plan de mise au point perpendiculaire à l'axe, passant par B´. La distance B´B’’ caractérise l'écart à la condition de stigmatisme pour B et B´. On peut définir le segment B´B’’ comme la mesure de l'aberration transversale du système. Cette aberration B´B’’ est fonction des variables y = AB (éventuellement nulle, si le point est sur l’axe) et de α (angle maximal d'un rayon utile avec l'axe), ou encore des grandeurs images correspondantes y´ et α ´. 69 On étudie le plus souvent les propriétés d'un système centré dans les conditions où cette aberration peut être négligée, et on parle alors de stigmatisme approché pour le système. Ces conditions constituent l’approximation de Gauss. Pour que le système soit approximativement stigmatique, on doit se placer dans le cadre de l’approximation de Gauss où les rayons lumineux cheminent au voisinage de l'axe optique (aussi sont-ils dits paraxiaux) et leurs angles d'incidence avec les normales aux surfaces restent petits. On doit donc avoir : des faisceaux peu ouverts, des angles d’incidence petits. Dans ce cas, les variables y et α sont de faibles valeurs, et les rayons utiles, issus de B passent suffisamment près de B´ pour que l'énergie apportée par les divers rayons puisse être considérée comme concentrée en ce seul point image. 70 sin θ ≈ θ − θ3 θ5 θ7 3! + 5! − 7! + ... Mathématiquement, se placer dans l’approximation de Gauss revient à assimiler sin θ à θ dans la loi de Snell-Descartes lors de toutes les réfractions. (cf. stigmatisme approché du dioptre plan dans le chapitre 2). Dans le cadre de l'approximation de Gauss, des approximations du premier ordre sont faites, seul le premier terme des développements en série est retenu. Pour des angles inférieurs à 15°, l'erreur introduite est inférieure à 1%. Si les deux premiers termes du développement sont conservés, l'écart entre la valeur de sin θ et la valeur approximative au troisième ordre 71 est inférieur à 0,3 % pour des angles de l'ordre de 40°. 72 Astigmatisme du dioptre sphérique en dehors de l’approximation de Gauss 73 4 Aberrations géométriques 4.1 Présentation générale Soit B un point objet, de coordonnées y et z dans un plan sujet ; le système S étant de révolution autour de l’axe optique, on supposera z nul. Soient B´0 l'image que S donnerait de B en l'absence d'aberration (image paraxiale ou de Gauss) et B´ le point où un rayon BP quelconque, issu de B rencontre, après traversée du système S, le plan image comprenant l’image B´0. Soient dy´ et dz´ les coordonnées rectangulaires du segment B´0B´. Le point P choisi dans le plan de la pupille d'entrée se projette en Q sur l'axe optique ; P est caractérisé par sa distance à l'axe (QP = h) et par l'angle ϕ que fait QP avec une parallèle QR à l'axe des y. 74 Les aberrations transversales dy´ et dz´ sont des fonctions de y, h mais pas de ϕ (en raison de la symétrie cylindrique du système optique). Par symétrie, elles se conservent en grandeur, mais changent de signe, lorsqu'on remplace y et h respectivement par (-y) et (-h). Autrement dit, soit maintenant un point C situé dans le plan de front P, diamétralement opposé au point B par rapport au point A. Compte tenu de la symétrie cylindrique l'image du point C donnée par l'ensemble des rayons situés autour de CJ est en C' située à (-dy') et (-dz') de l’image de Gauss de C, C'G. 75 Un développement en série de dy´ et dz´ ne comporte par suite que des termes impairs par rapport à l'ensemble des variables h et y. dy ' = ( dα y ) y + ( dα h ) h + ( dα yyy ) y 3 + ( dα hhh ) h3 + ( dα yhh ) yh 2 + ( dα hyy ) hy 2 + ... dz ' = ( d β y ) y + ( d β h ) h + ( d β yyy ) y 3 + ( d β hhh ) h3 + ( d β yhh ) yh 2 + ( d β hyy ) hy 2 + ... S’arrêter au troisième ordre dans le développement en série des quantités dy’ et dz’ revient à assimiler lors de chaque réfraction sin θ à θ - θ 3/6 dans la loi de Snell-Descartes. Le développement peut être poursuivi jusqu'à des termes de degré plus élevé (cinquième ou septième), mais les termes du troisième ordre fournissent les aberrations les plus représentatives d'un instrument optique non parfait. 76 4.2 Coefficients de Seidel Considérons un rayon issu du point Bo dans l’espace objet et passant par Bi dans l’espace image. Dans le cadre de l’approximation de Gauss le grandissement transverse est défini par : xi = γ t xo et yi = γ t yo ou (xo,yo) et (xi,yi) sont les coordonnées des points Bo et Bi. Ces expressions peuvent être condensées sous la forme : X i = γ t X o ou X o = xo + iyo et X i = xi + iyi sont les coordonnées dans le plan complexe des points Bo et Bi. 77 En dehors de l’approximation de Gauss, Xi dépend aussi des angles (αo,βo) que forme avec l’axe optique Oz les projections du rayon incident dans les plans yOz et xOz. Comme pour les coordonnées on définira ces angles au moyen de la variable complexe : χo = α o + iβo La variable complexe Xi peut se définir sous la forme d’un développement polynomial : Xi = Cµνρσ ( X ) ∑ µν ρ σ µ o ( X ) (χ ) (χ ) * ν o , , , * σ ρ o o Dans ce développement les constantes Cμνtv sont a priori des nombres complexes et (μ,ν,t,v) des nombres entiers positifs ou nuls. Le système présentant une symétrie de révolution si on change : X o en X o eiθ et χ o en χ o eiθ ce qui exprime une rotation d’un angle θ dans le plan objet, alors on doit également observer une rotation θ dans le plan image telle que : iθ X ie = Cµνρσ ( X ) ∑ µν ρ σ o , , , Par identification il vient : ( X ) (χ ) (χ ) e * ν o * σ ρ o iθ ( µ −ν + ρ −σ ) o µ −ν + ρ − σ = 1 soit µ + ρ = 1 +ν + σ Le degré du développement : est donc impair. µ m = µ +ν + ρ + σ = 2 (ν + σ ) + 1 78 Pour m=1, ν+σ = 0, donc ν = σ = 0 et µ+ρ = 1. On en déduit alors : X i = C1000 X o + C0010 χ o Comme les plans objet et images sont conjugués : C1000 = γ t et C0010 = 0 On retrouve alors le cadre de l’approximation paraxiale. Pour m=3, ν+σ = 1, donc ν = σ = 0 et µ+ρ = 2. D’où : L’aberration géométrique s’évalue donc avec l’écart à l’approximation paraxiale : tel que : 79 Soit en posant : X o = ro eiθo et χ o = ρo eiϕo Les 6 coefficients C sont appelés coefficients de Seidel et ils sont réels. 80 4.3 Classification des aberrations en défauts d’ouverture et défauts de champ Les défauts d’ouverture surviennent lorsque l’instrument reçoit des faisceaux de large ouverture angulaire, mais dont le rayon moyen est confondu avec l’axe ou très peu incliné sur l’axe. C’est le cas des instruments à petit champ recevant des faisceaux de grande ouverture, comme les objectifs de microscopes, de lunettes astronomiques, les téléobjectifs photographiques. Les défauts de champ se produisent lorsque l’instrument reçoit des faisceaux de faible ouverture, mais qui peuvent être très inclinés sur l’axe. C’est le cas des instruments à grand champ angulaire comme la loupe formée d’une lentille mince convergente. Remarque : une aberration d’ouverture dépend de la distance h du rayon BP choisi à l’axe optique, une aberration de champ dépend de la position y du point sujet et donc de la taille de l’image y’. 81 Les défauts d’ouverture sont de deux types : Aberration de sphéricité : Le point objet A est sur l’axe et l’ouverture est importante ; les rayons issus de A ne passent pas tous par un point image A’. L’expression aberration sphérique ou défaut de sphéricité traduit la non sphéricité des surfaces d’onde émergentes. L’aberration sphérique est caractérisée par le terme en h3 dans le développement précédent. Défaut de coma : Même si l’aberration de sphéricité est corrigée pour A, l’image d’un point A1, voisin de A dans son plan de front peut ne pas être ponctuelle. Le terme en h2y dans le développement précédent caractérise la coma. C'est une aberration d'ouverture et de champ, l'aberration d'ouverture étant plus importante que l'aberration de champ. 82 Si les défauts d’ouverture sont négligeables, l’angle u étant faible, les aberrations de champ apparaissent pour un objet très éloigné de l’axe. Elles sont de deux types : Les rayons issus de B ne passent pas tous par un point image B’ (astigmatisme) et de plus la parfaite image B’ de B peut ne pas appartenir au plan de front de A’ (courbure de champ). Le terme en hy2 caractérise l'aberration d'astigmatisme et de courbure de champ. Il s’agit aussi d’aberrations d’ouverture et de champ, l'aberration de champ étant plus importante que l'aberration d'ouverture. Lorsque le diaphragme d’ouverture est mal positionné par rapport au système centré, il se peut que les faisceaux utiles issus de points B1, B2 situés à des distances différentes de l’axe traversent le système en des régions plus ou moins éloignées de l’axe et soient focalisés différemment ; il en résulte une distorsion de l’image. Le terme en y 3 caractérise la distorsion. C’est une aberration exclusivement de champ. Les défauts d’ouverture et de champ peuvent coexister. Il est pratiquement impossible de les éliminer, aussi s’attache-t-on à corriger les aberrations les plus gênantes, compte tenu de l’utilisation du système centré, par exemple : pour un microscope (très petits objets et larges ouverture) il faut corriger en priorité les aberrations sphériques et défauts de coma ; pour un objectif grand angulaire d’un appareil photographique, il faut principalement corriger l’astigmatisme et la courbure de champ. 83 5 Aberration de sphéricité 5.1 Exemples Un exemple d’aberration de sphéricité : dans les cas extrêmes on peut voir des reflets, des halos se formant autour des points lumineux comme autour des lanternes sur l'exemple ci84 contre. Les miroirs souffrent aussi de cette aberration de sphéricité : voici l’image de la galaxie M100 obtenue par le télescope spatial Hubble, avant et après correction de l’aberration sphérique de son miroir principal (parabolique). Remarque : dans Hubble, le miroir primaire est parabolique et concave et il renvoie la lumière incidente sur un miroir secondaire hyperbolique convexe. Ces deux miroirs sont placés dans une configuration dite de Cassegrain. 85 Effet de la fermeture du diaphragme sur l’aberration de sphéricité : objectif de 105 mm, 86 grand ouvert (f 2.5) à gauche et fermé à f4 à droite. Avec une ouverture faible, l'aberration de sphéricité disparaît.. 87 88 Aberration de sphéricité pour un objectif photographique 89 5.2 Origine et description Comme l’aberration de sphéricité ne dépend que de h (et non de y), elle est déjà présente dans l'image d'un point objet situé sur l'axe optique d'un instrument S qui pour nous est assimilable à une lentille convergente unique. A´0 est l'image de Gauss (paraxiale) d'un point sujet A. Augmentons le diamètre du diaphragme P de l’instrument ; les rayons traversant le diaphragme à une même hauteur h, qui n'est plus infiniment petite, convergent en un même point image A´h de l'axe. La position de ce point dépend uniquement de la valeur de h (ce qui montre qu’il s’agit bien d’une aberration d'ouverture) et évolue entre deux positions extrêmes, les images paraxiale A´0 (ou A’P) et marginale A´m. Les rayons marginaux convergent plus que les rayons centraux. Pourquoi ? 90 On peut comprendre simplement, par analogie, le fait qu’une lentille épaisse est plus convergente aux bords qu’au centre. On peut en effet considérer qu'une lentille mince est constituée d'une succession de petits prismes d'angles au sommet de plus en plus faible au fur et à mesure que l'on se déplace de l'extrémité de la lentille vers son centre optique. Or la déviation D d'un rayon lumineux par un prisme d'indice n, de faible angle au sommet A est proportionnelle à A : D = ( n − 1) A Par conséquent les rayons marginaux sont plus déviés et convergent plus que les rayons paraxiaux. Pour un point objet situé à l’infini, les rayons marginaux convergent en un point F'm appelé foyer marginal et les rayons centraux en un point F'p appelé foyer paraxial. Il est évident que cette aberration sera d’autant plus marquée que le faisceau de rayons parallèles à l’axe optique qui entrant dans l’objectif sera large, et par conséquent, 91 l’aberration de sphéricité pourra être réduite en diaphragmant. Construisons l’image par une lentille plan-sphérique de 5 rayons issus d’un point de l’axe optique: On trouve plusieurs points images (situés aux intersections des rayons images) En augmentant le nombre de rayons (31 ici), le nombre de points images augmente aussi : 92 Loi de Snell-Descatres, et une de ses applications avec la mise en évidence de l'aberration de sphéricité d'une lentille convergente. 93 Les rayons images s'appuient sur une surface de révolution enveloppe (c’est-à-dire tangente aux rayons lumineux d’un faisceau issu d’un même point) appelée caustique de réfraction La caustique est composée de deux nappes (portion d’un seul tenant de la surface courbe) appelées caustique axiale ou sagittale et la caustique tangentielle. Chaque rayon est tangent à chacune des nappes de la caustique. Chacune de ces nappes peut être réelle ou virtuelle. Si la nappe est réelle, elle correspond à une accumulation d’énergie lumineuse (caustique signifie brûler), car c’est à son contact que les rayons lumineux sont les plus rapprochés. Pour trouver la forme de ces deux nappes, on envisage deux modes de groupement des rayons émergents. 94 5.2.1 Aberration sphérique longitudinale : Les rayons incidents qui sont tous inclinés du même angle u par rapport à l’axe forment un cône de révolution de sommet A. Après avoir traversé le système, les rayons émergents correspondant forment une nappe conique de révolution de sommet A’, point appartenant à l’axe, et d’ouverture 2u’ : En faisant varier l’angle 2u, l’angle au sommet du faisceau incident, de 0 à 2U, il est possible de rencontrer tous les rayons du faisceau émergent. Lorsque 2u varie, le point A’ décrit une portion (A’mA’o) de l’axe. Le segment A’mA’o est l’une des nappes de la caustique, c’est la nappe axiale (ou nappe sagittale), A’m est le point de convergence des rayons marginaux ; A’o est le point de convergence des rayons quasi axiaux (u très petit). C’est l’image de A dans l’approximation de Gauss. 95 Par exemple, pour observer cette nappe axiale, on place après le système [S] uniformément éclairé un disque percé de petits trous disposés selon un diamètre. Les faisceaux issus de deux trous symétriques par rapport à l’axe optique convergent en un point A’ de l’axe. On constate que tous les points de convergence des faisceaux sont alignés sur l’axe. 96 5.2.2 Aberration sphérique transversale Tous les rayons incidents situés dans un plan passant par l’axe le restent après avoir traversé le système. En faisant tourner ce plan autour de l’axe du système, on rencontre tous les rayons du faisceau, quel que soit l’angle u. Ces rayons émergents sont tangents à une surface engendrée lors de la rotation du plan par une courbe [γ] qui présente un point de rebroussement en A’o (image de Gauss). Cette surface est la deuxième nappe de la surface caustique, laquelle est donc de révolution autour de l’axe optique. C’est la nappe tangentielle de la caustique, qui présente donc une forme de calice ou de trompette. 97 5.2.3 Description de l’image et mesure de l’aberration de sphéricité 98 L'image du point objet A situé sur l'axe n'est pas un point mais une tache de diffusion circulaire dont l'aspect dépend de la position de l'écran E par rapport à la lentille. La figure précédente illustre ces différents aspects de l’image. L’écran étant suffisamment éloigné, la tache observée est quasiment ponctuelle : c’est l’image de Gauss. Si on rapproche l’écran de la lentille, on observe une tache centrale entourée d’un cercle lumineux, dont le rayon augmente quand la distance entre l’écran et la lentille diminue. À plus courte distance, la structure du faisceau lumineux disparaît. Quand l'écran est situé en position (3) le diamètre de la tache de diffusion est minimum, celle-ci porte le nom de cercle de moindre diffusion. D’un point de vue pratique, l’aberration de sphéricité se manifeste par la répartition inégale de la lumière dans les images observées dans des plans perpendiculaires à l’axe, de part et d’autre de A’o (image paraxiale) pour un point objet A. On décrit le phénomène d’aberration de sphéricité par deux longueurs : La longueur l=A'mA'p de la nappe axiale mesure l'aberration sphérique longitudinale. Le rayon t du cercle obtenu en coupant le faisceau par le plan de front de l’image paraxiale A’o mesure l’aberration transversale de sphéricité pour le point objet A ; on a bien sûr : t = l tan U ' 99 Pour un système donné, les aberrations l et t dépendent de la position du point A. Lorsque A est rejeté à l’infini, A’o vient en F’o (foyer principal image), A’m vient en F’m. Les aberrations sont dites aberrations sphériques principales. http://www.youtube.com/watch?v=E85FZ7WLvao&NR=1 http://uel.unisciel.fr/physique/optigeo/optigeo_ch16/co/apprendre_ch16_03.html 100 Front d’onde non sphérique produit par l’aberration sphérique d’une lentille 101 Taches images d’un point objet formés par un système d’aberration sphérique négative (audessus), nulle (au milieu) et positive (en bas). Vues longitudinales de la caustique de réfraction formée par une lentille présentant une aberration sphérique négative (au-dessus), nulle (au milieu) et positive (en-dessous). La lentille est située à gauche dans tous les cas. 102 http://www.bokehtests.com/styled/ 103 104 De telles distributions anormales de lumière peuvent se manifester dans les parties « hors focus » d’une photographie. Par exemple, la figure ci-dessous montre le centre d’une cible formée de points blancs sur un fond noir reproduite à l’échelle 1:1 avec un objectif de 85/1,4. Quand le film est 5mm derrière le « meilleur focus », le disque flou montre un bord brillant. Quand le film est 5mm devant le foyer (c’est-à-dire plus près de l’objectif), le flou se caractérise par un centre brillant et un halo diffus. Ici, l’aberration de sphéricité est surcorrigée. 105 Comparaison d’un système avec aberration de sphéricité à un système corrigé Aucune paire de rayon ne se croise après le point de croisement des rayons centraux. Par contre, la densité de rayons après ce point est moindre dans le cas aberrant que dans le cas idéal. Le cercle de confusion est donc plus large après ce point (à droite) que dans la théorie géométrique, et la brillance de la tache floue décroît de l’intérieur de la tache vers l’extérieur. Inversement, avant ce point (à gauche), le cercle image est plus petit mais est bordé d’une zone plus lumineuse. Après le point de croisement des rayons centraux (à droite), le cercle image a une bordure plutôt verte puisque les rayons de lumière qui focalisent le plus près de la lentille sont les bleus et les verts (aberration chromatique). Par contre, avant ce point (à gauche), dans la zone brillante, ce sont plutôt les rayons rouges. 106 Flou d’avant plan (à gauche) et d’arrière plan (à droite) obtenu avec le Sonnar ZM 1,5/50, un objectif sous-corrigé pour l’aberration de sphéricité. 107 Différentes formes du bokeh 1. Mauvais bokeh : le bord, beaucoup plus lumineux que le centre, est très bien défini 2. Bokeh neutre : l'intensité est uniforme, le bord est bien défini 3. Beau bokeh : le centre est très lumineux, le bord est indéfini L'étude de ces formes peut se faire grâce à une représentation, avec une courbe, de l'évolution de l'intensité qui traverse le cercle. Le schéma ci-dessous nous montre le résultat : 108 Evolution de l’image d’une croix pour des distances de mise au point entourant la meilleure mise au point. Le film est déplacé par pas de 1mm de 4mm avant le meilleur foyer (position 0mm) à 4mm après. L’aberration de sphéricité est responsable de l’aspect plus rugueux du flou pour des distances négatives et plus doux après. Strictement parlant, les artefacts colorés apparaissant avant et après le foyer ne devraient pas être qualifiés d’aberrations chromatiques, comme cette aberration est définie seulement dans le plan du foyer, mais la 109 cause est la même (phénomène de dispersion). Diagrammes usuels pour présenter l’aberration de sphéricité longitudinale : l’axe vertical indique le point de départ d’un rayon dans le plan de la pupille par la mesure de la distance à l’axe optique, et l’axe horizontal indique la variation de position sur l’axe du point de focalisation de ces rayons par rapport à celle des rayons centraux. Le diagramme de gauche montre un système fortement souscorrigé. 110 5.3 Corrections de l’aberration de sphéricité : Puisque cette aberration est d’autant plus marquée que les faisceaux de rayons entrants sont larges, on peut la réduire en diaphragmant. En effet, mathématiquement, nous avons vu que les valeurs de Sx et de Sy décroissent quand n augmente. D’autre part, comme Sx et Sy dépendent de la focale f’ (avec son signe), on peut chercher à compenser l’aberration de sphéricité d’une lentille divergente par l’aberration de sphéricité d’une lentille divergente. En fait, une lentille divergente « diverge plus au bord qu’en son centre » : la caustique de réfraction prend la forme : Un doublet formé d’une lentille convergente et d’une lentille divergente permet de faire coïncider 2 foyers (par exemple le foyer paraxial et un rayon intermédiaire). Les rayons de courbure et les indices des matériaux du doublet sont choisis de telle sorte que les aberrations des deux lentilles convergente et divergente se compensent exactement. La réalisation d'un doublet permet, si les indices et les rayons de courbure sont judicieusement choisis, de corriger simultanément l'aberration chromatique et sphérique. 111 On peut utiliser une lentille asphérique, c’est-à-dire dont l’une des faces n’est pas une calotte sphérique. Il faut en fait usiner des lentilles dont la forme des surfaces compensent le fait que sin θ n'est pas égal à θ sauf pour un angle de 0°, mais la réalisation de surfaces asphériques est très complexe et par conséquent onéreuse. 112 Effet de l’utilisation de lentilles de contact asphériques 113 le faisceau réfléchi par un miroir sphérique présente uniquement l’aberration de sphéricité. On peut, dans le cas du miroir utilisé dans un télescope, diaphragmer le faisceau non plus par le bord du miroir, mais par une ouverture circulaire dont le centre coïncide avec le centre de courbure C du miroir. On corrige l’aberration principale en plaçant sur le diaphragme une lame de Schmidt. C’est une lame mince de forme circulaire, en verre ou en quartz, d’épaisseur non uniforme. Une face est plane et l’autre légèrement creusée dans sa partie moyenne : le centre se comporte comme une lentille convergente, la périphérie comme une lentille divergente. Il en résulte que tous les rayons réfléchis coupent l’axe au même point : il y a donc stigmatisme rigoureux. La forme la plus utilisée est schématisée sur la figure ci-contre. Dans ce cas, selon Schmidt, la petite variation d’épaisseur ∆e à une distance h de l’axe est telle que : h4 − h2 ( D )2 2 ∆e = 4(n − 1) R 3 où D est le diamètre de la lame, n son indice et R est le rayon du miroir. 114 Pour une seule lentille, formée de deux dioptres de rayons de courbures R1 et R2, la valeur des aberrations sphériques longitudinale et transverse dépend du facteur de forme q défini de la façon suivante : R + R2 q= 1 R2 − R1 Comme il y a une infinité de manières de choisir le couple de rayons de courbures pour obtenir une focale f’ donnée, on peut sélectionner le couple de cambrures qui minimise l’une ou l’autre des aberrations sphériques. Par exemple, l’aberration longitudinale est minimale (pour un objet situé à l’infini et une image dans le plan focal) lorsque q ≅ 0,7 c’est-à-dire quand R2=-6 R1. Le facteur de forme q optimal dépend du couple de plans conjugués considérés. Ainsi, pour le couple de plans conjugués situés à la position 2f-2f' (correspondants à la reproduction grandeur nature) l'aberration sphérique est minimale lorsque la lentille est symétrique. 115 6 Aberration de coma (ou d’aigrette) Dans le cas général, à l’aberration de sphéricité se superpose une aberration de coma. Mais cette aberration n’apparaît vraiment dans un système que si l’aberration de sphéricité a été corrigée (stigmatisme pour A et A’o). 6.1 Origine et forme de l’aberration Cette aberration apparaît pour un faisceau large issu d’un point situé légèrement hors de l’axe (donc y et h diffèrent de zéro ici). On va donc considérer un point B, situé sur la perpendiculaire à l’axe passant par A, avec AB petit et un faisceau de grande ouverture. Lorsqu’un système est stigmatique pour un couple de points de l’axe (A,A’) mais n’est pas aplanétique pour ces points, les rayons provenant de B situé hors de l’axe enveloppent une caustique admettant le plan méridien de B comme seul plan de symétrie. La caustique se forme car la lentille sphérique est plus convergente aux bords qu’au centre (cf. aberration de sphéricité). Toutefois, contrairement à l’aberration de sphéricité, la caustique n’est cette fois plus de révolution (=plus d’axe de symétrie). Les sections perpendiculaires à l’axe optique de cette caustique ne seront plus circulaires ; par conséquent, la tache image d’un point sujet présentera un aspect allongé caractéristique, en forme de comète, d’où le nom donné à ce 116 type d’aberration. Aberration de coma pour un objectif photographique 117 6.2 Exemples Taches de diffraction théoriques obtenues pour l’image d’une étoile par un télescope de Newton, montrant l’augmentation de la coma lorsque l’étoile s’éloigne du bord du champ. Cliché de la galaxie M33 pris au foyer d’un télescope de 256mm de diamètre et de 1187mm de distance focale (F/D= 4,6). C'est une pose de 45mn sur TP2415 hypersensibilisé. Il ne représente qu'une partie du cliché de 24x36mm et pourtant la coma est déjà sensible sur les étoiles situées sur le bord de l'image de la galaxie. 118 http://www.olympusmicro.com/primer/java/aberrations/coma/index.html 119 6.3 description générale de la forme de l’image Pour comprendre l’origine de la forme de l’image, considérons un système dépourvu d'aberrations sphériques formant l'image d’un point sujet B situé à faible distance de l'axe. On peut décomposer la pupille d’entrée du système en imaginant sur la pupille un diaphragme formé par un petit trou central T et un anneau de rayon h. Les rayons paraxiaux passant par T forment une image ponctuelle B´0. Les rayons transmis par l'anneau coupent le plan image du plan de mise (contenant le point B´0) suivant une circonférence image de centre C´ (d’autant plus proche de B’0 que h est petit) dont on montre que le rayon est r = B´0C´/2 (il diminue donc quand C’ se rapproche de B’0) ; de plus, ce cercle est parcouru deux fois lorsque le point d'incidence du rayon décrit l'anneau tracé sur la pupille. 120 http://www.youtube.com/watch?v=EXmaY2txEBo&NR=1 121 La pupille d’entrée entière est considérée comme une juxtaposition d'anneaux concentriques à T. Les circonférences de diffusion correspondantes sont homothétiques par rapport à B´0 et tangentes à deux droites formant un angle de 60°. Leur ensemble, qui rappelle un peu une comète, est l'image d'un point lumineux en présence de coma. 122 Lorsque le point objet B s’écarte de l’axe, l’image présente les aspects successifs indiqués sur la figure cidessous. Lorsque B est confondu avec A, la section du faisceau est une tache circulaire avec un point brillant au centre (cas de l’aberration de sphéricité). Quand le point B s’éloigne de l’axe, le point brillant B’O se déplace vers le bord de la tache qui prend progressivement l’aspect d’une comète. Exemples de taches obtenues pour différentes places de l’écran 123 http://uel.unisciel.fr/physique/optigeo/optigeo_ch16/co/apprendre_ch16_04.html 124 6.4 Explication plus détaillée de la forme de l’image Pour comprendre mieux le phénomène et la forme de l’image, on considère un masque constitué d'un écran opaque percé de deux petits trous diamétralement opposé, placé contre le système optique. Dans le plan image on observe un point de convergence bien défini pour différentes positions angulaires du masque mais la position du point image dépend des différentes positions angulaires du masque. Le point 1 dans le plan image (figure c) est obtenu avec le masque en position 1 (figure b). Une rotation du masque pour amener les deux trous en position 2 fait passer le point de focalisation en 2 et ainsi de suite. 125 Par conséquent, une ouverture de forme annulaire (figure d) donne de la lumière répartie sur un cercle image dont le diamètre dépend du rayon de l'anneau (figure e). Au niveau du plan image, le cercle de plus grand diamètre est obtenu avec le masque annulaire de plus grand diamètre. Lorsque ce masque est enlevé, une image ayant la forme d'une comète (d'où le nom de « coma » donné à ce type d'aberration) est obtenue par la superposition des différents cercles images résultant des différents masques a,b,c. 126 6.5 Corrections de l’aberration de coma Pour corriger ce défaut, il est nécessaire (et suffisant) que les points conjugués A et A’ vérifient la relation d’Abbe : n AB sin u = n ' A ' B 'sin u ' Dans le cas d’un objectif photographique, pour corriger à la fois l’aberration de sphéricité, l’aberration de coma (et l’aberration chromatique), on peut disjoindre les deux lentilles qui forment le doublet achromatique (achromat). Un tel doublet possède quatre degrés de liberté (2 focales et deux cambrures arbitraires, une fois les focales fixées), et on impose quatre contraintes (focale résultante du doublet, minimiser l’aberration chromatique longitudinale, une des aberrations de sphéricité et l’aberration de coma). Une autre possibilité de correction est d’utiliser un triplet de lentilles accolées (au lieu de deux lentilles disjointes). Remarque : pour plus de liberté, on peut toujours utiliser aussi des verres de compositions chimiques différentes. L’objectif apochromatique est corrigé de l'aberration chromatique pour trois longueurs d'onde, de l'aberration sphérique et de la coma Un système optique corrigé de l'aberration sphérique et de la coma est donc dit aplanétique. Un tel système permet d'obtenir pour des objets transversaux de petites dimensions de bonnes images même pour des rayons fortement inclinés par rapport à l'axe optique. Typiquement un objectif de microscope est aplanétique. 127 Le défaut de coma s’observe avec un miroir parabolique, rigoureusement stigmatique pour le couple de points conjugués formé du point de l’axe à l’infini (A∞) et du foyer (F’) mais non pour les autres points (même les points à l’infini, comme B ∞). Le miroir n’est aplanétique pour aucun couple. 128 Aberrations géométriques de sphéricité et de coma http://subaru2.univ-lemans.fr/enseignements/physique/02/optigeo/rayons.html 129 7 Aberrations de champ Les instruments à grand champ objet, comme les objectifs photographiques grands angulaires ou les objectifs de projection sont fortement diaphragmés pour que les faisceaux utiles issus des points objets écartés de l’axe soient des pinceaux étroits desquels les rayons paraxiaux sont éliminés. Le système optique est supposé corrigé des aberrations d’ouverture ; les conditions de Gauss sont satisfaites pour les points axiaux et quasi axiaux. Le stigmatisme approché est réalisé pour ces points de la partie centrale de l’objet étendu. Les images des autres points sont d’autant plus défectueuses qu’ils sont écartés de l’axe. Dans ces conditions, les défauts de l’image sont l’astigmatisme, la courbure de champ et la distorsion. 130 7.1 astigmatisme L’aberration d’astigmatisme se manifeste particulièrement sur l’image d’un objet structuré, par exemple une mire quadrillée ou mieux, une roue à rayons ; si la mise au point est faite sur les rayons de la roue, la roue en elle même présente un flou maximum et réciproquement : Cette constatation implique que des rayons lumineux voyageant dans des plans sujets aux orientations différentes ne sont pas déviés de la même manière par l’objectif et focalisent à des distances différentes au long de l’axe optique de l’objectif : 131 L'astigmatisme a pour conséquence que la netteté dépend de la direction des détails photographiés. Cet effet est plus visible sur les bords de l'image (comme l’astigmatisme dépend de la variable de champ y2). Un changement de mise au point permet d'obtenir l'une ou l'autre des directions nette, mais pas les deux à la fois. L'astigmatisme se traduit par une détérioration de la qualité de l'image et dans les cas extrêmes, par un aplatissement des images des points lumineux. Diaphragmer permet de réduire ce problème (puisque l’astigmatisme dépend de la variable d’ouverture h) mais pas de l'éliminer. 132 Illustration du phénomène d’astigmatisme de l’œil 133 Pour rendre compte de cette différence de mise au point selon la direction des rayons dans l’espace sujet, considérons la réfraction par un premier dioptre sphérique (centré en C1) de différents rayons issus d’un point objet P, situé hors axe optique. Appelons rayon principal le rayon PO. Si on envisage des rayons se propageant dans le plan (yz) (ce plan, contenant l’axe optique et le rayon principal oblique est appelé plan sagittal ou méridien), ces rayons rencontrent le dioptre sphérique selon un arc de grand cercle (c’est-à-dire un méridien) de rayon R=C1B (ce sont les rayons représentés en noir, s’appuyant sur les extrémités du diaphragme). Par contre, des rayons issus de P et se propageant dans un plan perpendiculaire au plan sagittal, et contenant le rayon principal oblique (ce plan est appelé plan tangentiel) rencontrent la surface du dioptre sphérique selon un arc de petit cercle (un parallèle) de 134 rayon r=CA inférieur à R=C1B sur le schéma. 135 Comme mentionné dans l’introduction, le phénomène d'astigmatisme provient du fait que les rayons contenus dans le plan tangentiel ne convergent pas à la même distance du système optique que les rayons contenus dans le plan sagittal. En fait, les rayons de lumière qui se propagent dans la surface sagittale vont être moins réfracté que les rayons qui se propagent dans la surface tangentielle (l’image tangentielle P’T se formera avant l’image sagittale (ou méridienne) P’S=P’M). Ceci peut s’expliquer par le fait que pour une lentille, formée de deux dioptres accolés, la distance focale est reliée aux rayons de courbure par la formule du fabricant : 1 1 1 = (n − 1) − f' R R' 136 137 Description de l’image d’un point sujet en présence d’astigmatisme Coupons le faisceau réfracté par un plan perpendiculaire au rayon image moyen. Les sections obtenues sont sensiblement des droites S´ et T´ dites focales sagittale et tangentielle. Entre ces deux droites, la section du faisceau est une tache de diffusion elliptique, qui se réduit à un petit cercle C´ pour un plan de mise au point situé sensiblement à mi-distance de S´ et de T´. Ce cercle, la meilleure image que l'on peut obtenir d'un point, est le cercle de moindre diffusion (ou la pseudo image). 138 Modifications de la tache de diffraction idéale dues à l’astigmatisme 139 140 141 142 Dans l'astigmatisme, les foyers des images sagittales et tangentielles ne coïncident pas dans la zone de moindre confusion. L'image d'un objet circulaire prend alors la forme d'une croix. Mise au point d’un télescope astigmate 143 144 Les images des étoiles ne sont pas ponctuelles mais présentent des aigrettes. Les grandes aigrettes, qui ne sont pas à symétrie de révolution autour de l’axe optique, sont dues à la diffraction de la lumière sur l’araignée du télescope, les plus petites aigrettes, présentant145 une symétrie de révolution, sont dues à l’astigmatisme. Mise en évidence de l’astigmatisme de l’objectif Carl Zeiss Planar 1.4/50 Mise au point au centre du champ ; on note la dégradation des croix vers le bord du champ, surtout dans la direction tangentielle (/ sur croix 3), moins dans la direction sagittale (\ sur croix 3). Pour un déplacement du plan image de 1,5 mm, on note que la barre sagittale 3s (\) est tout à fait nette maintenant, de même que la barre tangentielle 2T (/). 146 Un déplacement de 4,5 mm du plan image amène le foyer tangentiel en 3T. Toutes les directions sagittales sont floues. 147 Les rayons se propageant dans des plans intermédiaires entre le plan sagittal et le plan tangentiel vont être réfractés vers un point intermédiaire entre P’T et P’S =P’M: le point objet P aura donc une infinité d’images, réparties sur le segment P’TP’S. Selon la position de l’écran, on aura donc une tache image de forme différente : Si l'écran est positionné à proximité de l'image sagittale P’S, l'image du point apparaîtra comme une ellipse très fortement aplatie de grand axe contenu dans le plan tangentiel. Si l'écran est positionné au voisinage de l'image méridienne (ou sagittale) P’M, l'image du point est une ellipse de grand axe contenu dans le plan tangentiel. La distance entre ces deux images s'appelle la distance d'astigmatisme. Elle dépend fortement des couples de plans 148 conjugués considérés et de la distance du point objet à l'axe. 149 Mise en évidence de l’astigmatisme d’un objectif Planar 1,4/50 ouvert à 1,4 et mis au point au centre. http://www.ub.edu/javaoptics/applets/UllCa.html http://www.microscopyu.com/tutorials/java/aberrations/astigmatism/ 150 7.2 Courbure de champ C'est une aberration essentiellement de champ qui provient du fait que l'image d'un objet plan de grande dimension se forme sur une surface paraboloïdale et non sur un plan. L'écart dx' varie comme la dimension au carré de l'objet (y2) et en fonction du rayon d’ouverture h. Pour comprendre l’origine de cette déformation, considérons , par exemple, une lentille plan-convexe fortement diaphragmée : Sur le conjugué du rayon issu de B sont situées les focales sagittale S´, tangentielle T´ et le cercle de moindre diffusion C´. Lorsque B décrit le plan de front objet, S´, T´ et C´ s'appuient sur des surfaces de révolution tangentes entre elles sur l'axe. Le lieu de C´, constitue la meilleure image d'un objet plan et, en général, s'écarte du plan normal à l'axe passant par A´. Cette aberration est la courbure de champ. 151 . L’image d’un plan n’est pas un plan, mais une surface sphérique concave (lentille convergente) ou convexe (lentille divergente). http://uel.unisciel.fr/physique/optigeo/optigeo_ch16/co/apprendre_ch16_05.html http://www.microscopyu.com/tutorials/java/aberrations/curvatureoffield/index.html 152 Un effet de la courbure de champ est qu’un film placé exactement sur le plan image capture une image dont le milieu est net, mais les bords flous dû au fait que les rayons lumineux se rencontrent en aval du plan. Si on modifie la mise au point (et ainsi la position du film par rapport au plan image) on peut obtenir les bords nets, mais c'est le centre qui sera flou. L’image de droite par exemple, perd de sa netteté sur les bords de l'image alors que celle de gauche est nette aux bords, mais pas au centre. 153 L'objectif d'un microscope ne sera en général pas corrigé de la courbure de champ lors d'une observation visuelle car l'expérimentateur peut facilement ajuster la distance de mise au point pour une observation au bord du champ. Par contre pour réaliser de la microphotographie l'objectif aplanétique devra être corrigé aussi de la courbure de champ. Ces objectif sont dits plans. Pour une lentille convergente le rayon de courbure de la surface paraboloïdale est négatif ; pour une lentille divergente le rayon de courbure de la surface paraboloïdale est positif. Ici encore, pour corriger cette aberration, on associe lentilles convergentes et divergentes. 154 7.3 Correction de l’astigmatisme et de la courbure de champ La correction de l’astigmatisme et de la courbure de champ est très complexe et n’a pu être atteinte de façon satisfaisante que grâce au développement considérable des nouveaux verres optiques et aux méthodes de calcul numérique. On parle alors d’objectifs anastigmats. Toutefois, de nombreux objectifs actuels dérivent des tout premiers anastigmats, comme le triplet de Taylor, développé par Taylor en 1893, qui fournissait une netteté remarquable pour l'époque. En théorie, pour cet objectif, la courbure de Petzval permet de corriger au mieux les aberrations, notamment l'astigmatisme, à l'aide, comme c'est ici le cas, de seulement trois lentilles. Cependant, la plupart des objectifs actuels dérivant de ce type possèdent au moins quatre lentilles. L'utilisation combinée de trois types de verre à constringence différente permet une réduction notable de l'aberration chromatique (pas d’achromat ici). L'anastigmat le plus célèbre est le Tessar , qui a été mis au point par Rudolph en 1902. Il a été longtemps surnommé par ses utilisateurs « l'œil d'aigle », en raison du pouvoir séparateur de cet objectif. Il dérive du triplet de Taylor, où la dernière lentille a été savamment remplacée par un achromat. Cette combinaison a l'avantage de réduire l'aberration chromatique et la courbure de Petzval sans pour autant augmenter l'aberration sphérique et la coma. 155 Notons encore que les objectifs classiques sont corrigés pour des mises au point sur l’infini, ce qui donne ne général des résultats valables dans le domaine de la photo normale. Pour les objectifs d’emploi particulier, les corrections sont effectuées pour des distances correspondant aux conditions normales d’emploi. Deux configurations correspondant à des anastigmats modernes. 156 157 158 159 160 Complete removal of astigmatism is difficult, but can occur in optical systems when the two curves, S and T, become flatter and coincide (Figure 3(c)), and the image is then formed in a region near the Petzval surface (P). 161 8 Distorsion 8.1 Aspect de la distorsion La distorsion, aberration uniquement fonction de la position du point objet dans le champ (aberration de champ, terme en y'3), n'affecte pas la qualité de l'image d'un point. L'image d'un point sujet reste ponctuelle, seule la position du point image est modifiée. La distorsion provoque une déformation globale de l'image, de sorte qu'un objet carré apparaît dans l'image sous la forme d'un coussinet ou d'un barillet. Tout se passe comme si le grandissement dépendait de la distance du point objet à l'axe optique. Distorsion en barillet Distorsion en coussinet (ou en croissant) 162 Distorsion en barillet Distorsion en coussinet http://www.microscopyu.com/tutorials/java/aberrations/distortion/index.html 163 8.2 Mesure de la distorsion Si on appelle l la flèche maximale de la déformation de l’image de la mire de largeur L, la distorsion se mesure par la quantité dt définie par : Les distorsions sont en général comprises entre -2% et +4% selon les objectifs. 164 Distorsion d’une grille en barillet ou en coussinet 165 On affirme souvent que des valeurs négatives du taux de distorsion (noté D ici) correspond à une distorsion en barillet (barrel) et que des valeurs positives correspondent à une distorsion en coussinet (pincushion). C’est vrai pour des courbes de distorsion simple, mais certains objectifs ont des courbes de distorsion plus complexes, qui ne suivent pas cette règle simple. Considérons par exemple le Distagon 2,8/21 qui donne d’une grille l’image avec distorsion ci-contre, décrite par la courbe de la figure ci-dessous. Même si la courbe de distorsion (figure A ci-dessous) est négative partout (ce qui est généralement associé à une distorsion en barillet), l’étude de la grille révèle de la distorsion en croissant vers les coins. Courbe de distorsion (A) pour le Distagon 2,8/21 et sa dérivée (B) En fait, ce n’est pas le signe de D qui détermine le type de distorsion mais la pente de la courbe de distorsion. Une pente négative (partie claire à gauche de la courbe A) correspond à une distorsion en barillet et une pente positive (partie sombre à droite de la courbe B) correspond à une distorsion en croissant. Plus la pente est importante, plus la distorsion est grande. 166 Les figures précédentes montrent donc que jusqu’à 15mm du centre de l’image, la distorsion est en barillet (pente négative). De 15mm au bord de l’image, la distorsion est en croissant (pente positive). Comme cette dernière pente est plus raide que la première, la distorsion périphérique en croissant est plus marquée que la distorsion centrale en barillet. C’est donc la pente de la courbe qui indique le type et l’importance de la distorsion. Mathématiquement, la distorsion varie avec la distance h selon la formule : h'–h = ah3 + bh5 + ... La variation relative D est donc du type : D=(h'–h)/h = ah2 + bh4 +… Le coefficient a est positif pour une distorsion en croissant et négatif pour une distorsion en barillet. Habituellement, le terme quadratique domine les autres termes, dégradant progressivement l’image vers les bords quand h augmente ; mais dans certains grands angles (comme le Distagon cité avant), le terme quartique devient suffisamment grand pour dominer le terme quadratique. Cela conduit à la courbe de distorsion décrite précédemment, que l’on qualifie de distorsion en moustache ou en forme d’onde. 167 8.3 Origine de la distorsion Ces déformations de l’image sont dues au fait que le rapport de grandissement G n’est pas le même pour les points éloignés de l’axe optique que pour les points situés au voisinage de cet axe. La distorsion provient des aberrations de sphéricité résiduelles. En effet, soit une lentille L diaphragmée en P. Prenons pour objet un point du quadrillage régulier centré sur l'axe optique et éclairé par une source ponctuelle située à l'infini. La grandeur de l'image y´ d'un objet y est déterminée par la relation paraxiale G = y´/y. La lentille étant entachée d'aberration sphérique résiduelle, le rayon conjugué du rayon parallèle à l'axe cheminant à une hauteur d'incidence y ne passe pas par le foyer paraxial, l'image de B n'est pas l'image paraxiale B´0, mais un point B´. La distance B´0B´ est fonction de y ; dans le cas de la figure ci-dessus, G a augmenté puisque B’ est situé plus loin de l’axe que B’0 : la distorsion est en coussinet. Dans d'autres cas, si G diminue, la distorsion 168 peut être en barillet. 8.4 Distorsion en fonction de la position du diaphragme En fait, la modification du rapport de grandissement G est lié à l’emplacement du diaphragme principal par rapport au centre optique de l’objectif : une distorsion en barillet correspond à un diaphragme placé en avant du centre optique, tandis qu’une distorsion en coussinet apparaît lorsque le diaphragme est placé après le centre optique. Si le diaphragme est placé en avant du centre optique : En l’absence d’aberration de sphéricité résiduelle, le rayon BM serait réfracté selon la direction MD’c (passant par l’image paraxiale B’ du point B) À cause des aberrations de sphéricité résiduelles, le rayon BM qui atteint la lentille sur une zone marginale va se réfracter plus fort pour rencontrer l’axe optique en D’m, image marginale de D. Par conséquent, A’B’’<A’B’ et le grandissement G a diminué : la distorsion est en barillet. 169 Si le diaphragme est placé après le centre optique : Dans ce cas, l’image obtenue A’B’’ est plus grande que l’image A’B’ non déformée. Le grandissement G a donc augmenté : la distorsion est en coussinet. 170 http://uel.unisciel.fr/physique/optigeo/optigeo_ch16/co/apprendre_ch16_06.html 171 8.5 Correction de la distorsion On dit que l’on a réalisé l’orthoscopie lorsqu’un objectif est corrigé pour la distorsion. En pratique, pour obtenir l’orthoscopie, lorsqu’on a éliminé au maximum les aberrations de sphéricité pour un objectif, on peut encore tenter de réduire la distorsion par une des techniques suivantes : Pour un objectif symétrique : puisque la distorsion dépend de l’emplacement du diaphragme et qu’un diaphragme placé en avant d’un groupe de lentille cause une distorsion opposée à celle d’un diaphragme placé en arrière d’un groupe de lentilles, on peut compenser l’aberration en coussinet du groupe de lentilles placé avant le diaphragme d’un objectif symétrique par l’aberration en barillet du groupe de lentilles placé après le diaphragme. En pratique, l’orthoscopie est réalisée pour un rapport de grandissement, mais la correction s’avère suffisante pour toutes les autres valeurs de G pour lesquelles on peut utiliser l’objectif. Pour un objectif hémi symétrique : le principe de correction reste le même (un objectif hémi symétrique est un objectif tel que les deux moitiés entourant le diaphragme sont de dimensions différentes, mais géométriquement semblables). Pour un objectif dissymétrique : de nombreux anastigmats modernes sont dissymétriques. Ces objectifs sont conçus pour réaliser l’orthoscopie pour des faisceaux d’une obliquité donnée par rapport à l’axe optique. En général, la correction est suffisante pour les autres inclinaisons de rayons. 172 173 174 175 176 177 178 9 Aberrations et polynômes de Zernike La surface idéale d’un front d’onde plan qui est passé au travers d’un instrument convergent est une sphère centrée sur le point focal. L'instrument transforme donc le front d'onde plan en front d'onde sphérique de rayon égale à la focale de l'optique. A cause des aberrations, la surface réelle n'est pas une sphère parfaite, et il a donc fallu trouver une méthode pour mettre en équation cette surface afin de pouvoir analyser les écarts qu’elle présente par rapport à la sphère idéale. 179 Fritz Zernike a créé un modèle basé sur le développement d’un polynôme qui lui prend en compte les principales aberrations optiques et leur affecte des termes spécifiques. Il est donc possible de modéliser une surface d’onde circulaire et de la décomposer en une série de polynômes correspondant chacun à une aberration élémentaire. Notons que la surface qui est modélisée est celle des différences du résultat réel qui provient de l’instrument par rapport à la sphère idéal. La surface d’un résultat parfait est donc un plan, pas une sphère. 180 181 182 183 184 185 186 187 On sait calculer la déformation induite par chaque polynôme sur l'image d'une étoile. Les tableaux suivants donnent ces déformations de l'image d'une étoile vue en intrafocale, au point et en extrafocale. Les images en intra et extrafocale sont données avec un décalage de mise au point de 5 longueurs d'onde. 188 189 190 191 10 Contrôle des défauts des objectifs : résolution et fonction de transfert de modulation (FTM) d’un objectif photographique 10.1 résolution (ou pouvoir résolvant) d’un objectif photographique La qualité d’une image donnée par un objectif photographique se voit au premier coup d’œil par la finesse des détails que l’on peut observer. En particulier, les images des traits noirs ou des courbes noires du sujet doivent être nettes au travers de l’objectif. Pour contrôler la qualité d’un objectif, on utilise une mire comportant un ensemble de traits noirs ou de cercles noirs d’épaisseurs et d’espacements différents. Pour une barre noire unique de largeur d, la variation de luminance du sujet s’exprime par une fonction créneau de la distance, le créneau ayant une largeur d : 192 L’objectif photographique parfait, qui donnerait une image dont la variation de luminance serait un créneau, n’existe pas. L’image fournie par un objectif photographique réel, par suite de l’existence des aberrations, n’est pas conforme au sujet, et la variation de luminance est représentée par une courbe continue, sans bord abrupt, qui peut différer fortement du créneau initial : Les figures a et b correspondent aux variations de luminance de l’image d’une barre noire donnée par deux objectifs : la courbe a correspond à un objectif de meilleure qualité que celui caractérisé par la courbe b. En effet, plus les bords du créneau sont arrondis, moins l’objectif est bon. En fait, le minimum lm de luminance est supérieur à la valeur correspondante pour le créneau (qui peut être nulle) ; il y a également un élargissement en x de l’image par rapport à la barre initiale. Enfin, il y a aussi diminution de l’écart de luminance entre le blanc et le noir du 193 créneau (L0-lm<L0). Le contraste de l’image donnée par l’objectif est donc affaibli. Pour définir le pouvoir résolvant, on considère maintenant une mire comportant un ensemble de barres noires et blanches régulièrement alternées. Soit d la largeur d’une barre. La luminance de ce sujet en fonction de la distance est représentée par une fonction en « onde rectangulaire » : Une telle mire présente une période spatiale p : p = 2d (en mm) et une fréquence spatiale ν : ν= 1 1 = p 2d (en cycles/mm) 194 Un objectif photographique donne de cette mire une image dont la variation de luminance par rapport à la distance est représentée par une courbe continue périodique : Si, avec le même objectif, on réalise l’image d’une mire dont la période spatiale p est plus petite (c’est-à-dire de fréquence spatialeν plus grande), l’écart h de luminance entre les maxima et les minima est encore plus réduit. Il existe une valeur limite minimale pmin pour la période (et donc une valeur limite maximale νmax pour la fréquence) pour laquelle cet écart devient négligeable et n’est plus perçu par l’œil. 195 On observe alors dans l’objectif un fond continu gris : il y a confusion des images des barres noires et blanches. Soit pmin la valeur de la dernière période de la mire pour laquelle les images des traits de la mire ne disparaissent pas encore dans un fond gris continu. On appelle pouvoir séparateur d’un objectif la quantité s définie par : 1 s= pmin (en cycles/mm) Le pouvoir séparateur est le nombre maximal de cycles que l’on peut distinguer dans un millimètre d’image. Cette quantité s’appelle aussi la résolution ou la définition de l’objectif. Pour déterminer pratiquement le pouvoir séparateur d’un objectif, il faut étudier la variation spatiale de la luminance dans le plan de l’image à l’aide d’un microscope. 196 Mire USAF pour mesurer le pouvoir résolvant d’un objectif 197 10.2 Facteurs de variation du pouvoir résolvant Le pouvoir résolvant dépend du contraste de la mire. Si l’ouverture de l’objectif diminue, c’est-à-dire si l’indice de diaphragme augmente, certaines des aberrations géométriques s’atténuent ou disparaissent (cf. aberration de sphéricité, de coma) et le pouvoir séparateur augmente. Exemple : pouvoir séparateur d’objectifs à focale variable 198 La résolution d’un objectif n’est pas la même en tous les points de l’image. Ainsi, la résolution est meilleure au centre que sur les bords. En général, les valeurs données sont des moyennes qui peuvent être déterminées par exemple à partir de sept points caractéristiques de l’image : Les différences entre le centre et les bords sont souvent importantes, mais s’atténuent lorsqu’on diaphragme (en raison de la diminution des aberrations géométriques) : par exemple, ouverture variation centre/bords n=8 20% n=2,8 40% pleine ouverture 70 à 95% 199 10.3 Insuffisance du pouvoir résolvant En raison de ces nombreux facteurs de variation, le pouvoir résolvant s’avère insuffisant pour décrire complètement l’aptitude d’un objectif à reproduire les détails du sujet. Par exemple, la qualité visuelle d’une image dépend bien sûr de l’objectif, mais aussi du contraste de cette image. Or l’objectif modifie le contraste. Si l’on veut tenir compte de cette modification, la connaissance du pouvoir séparateur est insuffisante. On peut ainsi obtenir une image où les traits sont séparés mais sans noir et sans blanc, avec des gris sombres et clairs. Une telle image est visuellement mauvaise. C’est pourquoi il convient d’introduire, comme pour les émulsions photographiques, un outil mathématique plus évolué pour décrire les performances des objectifs vis à vis de la reproduction des détails ; cet outil est la fonction de transfert de modulation. Remarque de vocabulaire : dans la pratique, on utilise aussi le terme de piqué pour caractériser un objectif. On dit ainsi d’un objectif qu’il a un « bon piqué » lorsque sur l’image on observe des traits d’une grande finesse et des points bien séparés. Cette grandeur visuelle subjective va aussi pouvoir être mesurée objectivement par la FTM. 200 10.4 fonction de transfert de modulation (FTM) d’un objectif photographique Reprenons les mires en créneaux utilisées pour définir et mesurer le pouvoir résolvant. Soit h la différence des ordonnées des maxima et des minima de luminance sur l’image donnée par l’objectif, et soit H la différence totale de luminance entre le fond blanc et le fond noir de la mire originale. On appelle taux de modulation ou facteur de transfert de modulation la quantité t définie par: t (en %) = h .100 H Comme pour les émulsions, le taux de modulation est un rapport entre une modulation apparente (la différence de luminance vue dans l’objectif) et une modulation incidente, réelle (la différence de luminance de la mire) ; ce taux de modulation mesure donc la réponse de l’objectif vis-à-vis d’une sollicitation. 201 On appelle fonction de transfert de modulation (FTM) de l’objectif la relation fonctionnelle qui associe un taux de modulation à une fréquence spatiale (variable) de la mire : FTM : ν (cycles/mm) → t (%) Graphiquement, elle se représente par une courbe décroissante du type : Observations : Lorsque la fréquence spatiale est faible, le taux de modulation est grand, voisin de 100%, la réponse est bonne. Lorsque la fréquence est grande, le taux de modulation diminue, l’image se dégrade. Le taux de modulation s’annule pour une fréquence fc appelée fréquence de coupure de l’objectif. Cette fréquence de coupure est reliée au pouvoir résolvant de l’objectif. Le tracé de la courbe qui représente sa fonction de transfert de modulation renseigne bien mieux sur le comportement d'un objectif que la simple mesure du pouvoir séparateur. Ce dernier correspond à l’abscisse du point de la courbe où les informations disparaissent, 202 mais n'indique rien de ce qui peut se passer auparavant. Procédure expérimentale pour relever la FTM d’un objectif Pour relever cette fonction de transfert de modulation, on utilise une mire dont les traits de plus en plus serrés ne sont plus alternativement noirs et blancs, mais oscillent selon une loi sinusoïdale entre ce que nous appellerons arbitrairement le « noir pur » et le « blanc pur », en passant par toute la gamme des gris. L'image d'une telle mire produite par un objectif à tester aura l'aspect montré ci-dessous. Le contraste est presque inchangé pour les faibles fréquences spatiales mais il diminue au fur et à mesure que les lignes se resserrent jusqu'à donner finalement une plage presque uniforme où l'on ne peut plus distinguer aucun détail. Les teintes n'oscillent plus entre le « noir pur » et le « blanc pur » mais entre deux gris de plus en plus proches au fur et à mesure que la fréquence spatiale augmente. 203 Tout ceci peut se mettre sous la forme d'un graphique semblable au suivant : La courbe en trait fin montre que la densité de la mire oscille entre deux valeurs extrêmes, tandis que la zone grisée représente la densité de l'image. Sur le graphique, Ao est l'amplitude constante des variations de densité de la mire et A l'amplitude variable des densités de l'image. Le taux de modulation correspond au rapport A/Ao : il diminue progressivement lorsque les traits se resserrent ; il caractérise la dégradation progressive du contraste de l'image et permet d'évaluer l'aptitude éventuelle de l'objectif testé à fournir des images riches en détails visibles. Il ne sert en effet à rien qu'un objectif donne des images très fouillées si elles sont trop peu contrastées pour que l'œil puisse en distinguer les éléments. 204 205 Exemples et comparaison des courbes FTM de trois objectifs. Plus la courbe est haute, meilleure est la réponse de l’objectif, et meilleure sera l’impression subjective de netteté. On voit qu’un objectif dont le pouvoir séparateur est élevé peut ne donner qu’une image relativement médiocre parce que celle-ci manque de contraste dans ses détails (courbe C : bonne résolution, puisque la courbe ne descend pas à zéro avant 100 cycles/mm mais mauvais contraste). En revanche, un autre objectif qui ne sépare pas plus de 30 cy/mm donnera une image visuellement piquée si son contraste est encore de 70% pour cette fréquence spatiale. La courbe A correspond à un objectif de bonne résolution et de bon contraste. La courbe B correspond à un objectif de mauvaise résolution et un excellent contraste (il paraîtra 206 sans doute meilleur que A). Un exemple : FTM d’un objectif de focale fixe 2,8/135 mm pour différentes ouvertures. D'une manière générale cet objectif ne permet d'obtenir à pleine ouverture que des images assez « molles », surtout sur les bords (car les courbes descendent vite). En diaphragmant, la qualité croît assez vite dans la zone centrale pour devenir optimale à partir de 8. Par contre l'image reste très longtemps médiocre sur les bords et il faut atteindre 11 pour que sa qualité devienne relativement homogène sur tout le champ. Les valeurs n'ont pas été données audelà de cette valeur, vraisemblablement parce que les résultats se dégradent très rapidement à cause de la diffraction. Remarque : les termes radial (ou sagittal) et tangentiel font référence aux deux plans sujets particuliers dans lesquels se propagent les rayons, mais ils ne correspondent 207pas nécessairement à ceux utilisés dans la description usuelle de l’aberration d’astigmatisme. 208 10.5 Taux de modulation en fonction de la position du point image L’étude statistique des photographies montre que toutes les fréquences spatiales n’ont pas la même importance. Certaines ne s’observent jamais sur une photographie. On est donc amené à déterminer un intervalle de fréquences privilégiées qui jouent un rôle plus important que les autres. Cet intervalle encadre une fréquence repère : la fréquence sensible fs qui est de l’ordre de 20 traits/mm. De plus, comme le pouvoir résolvant, la fonction de transfert de modulation dépend du point de l’image où on la mesure. Pour un objectif, plutôt que d’avoir la FTM en un point, il est parfois préférable d’avoir la variation du taux de modulation en plusieurs points de l’image pour une fréquence sensible fixée. Taux de modulation en fonction de la distance (pour une fréquence spatiale fixée) 209 Exemple : variation du taux de modulation dans le plan image (données Canon pour les objectifs équipant ses boîtiers numériques EOS 10D, D, 1Ds) Les huit courbes expriment les variations de la FTM du centre (distance égale à zéro) vers les bords de l’image (20 mm), selon les critères suivants : à pleine ouverture et à f8, pour une fréquence spatiale de 10 cy/mm et de 30 cy/mm, dans le plan sagittal (S) et dans le plan méridien (M). Le contraste et la résolution de l’image formée par l’objectif sont d’autant plus élevés que la courbe 10 cy/mm est proche de 1. Le pouvoir séparateur et le piqué de l’objectif sont d’autant meilleurs que la courbe de 30 cy/mm est proche de 1. 210 211