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du chômage, de la pauvreté et souvent de leurs insuffisances culturelles. Beaucoup tombent, en
particulier sous l’influence de leur fratrie.
L’adolescence est une période particulièrement difficile à vivre où on est mal dans sa peau, où
on ne sait ce qu’on va devenir, où le besoin de transgression est très élevé. On vit dans l’instant,
sans savoir se projeter à plus d’un an. Par ailleurs M. Biloa constate une augmentation du
nombre de jeunes qui traînent dans la rue après les horaires scolaires aménagés parce que leur
famille n’a pas les moyens de payer les activités extra scolaires.
Une autre caractéristique, qui n’est pas spécifique des jeunes de ces quartiers, est le temps très
excessif passé devant des écrans (en moyenne 3heures par jour). Pour M. Biloa, les jeux sur
Internet ne sont pas nocifs en eux-mêmes car, par exemple, ils stimulent la créativité et
l’attention. En revanche, les moteurs de recherche sur Internet peuvent présenter un danger car
ils opèrent un choix pour des raisons commerciales, et ce choix est parfois très dangereux : par
exemple sur des thèmes de société Google présente en premier des références tendancieuses et
non des sites officiels. Internet présente un boulevard à la propagande communautariste, voire
à la radicalisation religieuse qui commence comme un bras d’honneur à la société et peut aller
jusqu’au jihad. YouTube est très regardé, et 1h30 de vision par jour suffit à retourner un jeune
de 12 à 19 ans. Le port du voile en forte augmentation est une manifestation de cette
radicalisation.
Etablir la confiance pour construire un avenir à court et moyen terme
L’éducateur de rue doit gagner la confiance des jeunes afin d’avoir une influence sur eux. Son
action suppose bienveillance, éthique et humanisme. elles s’appuie sur le secret professionnel :
l’éducateur n’est pas un indicateur de police
et il doit parfois trouver un compromis avec ceux
qui contrôlent le trafic pour ne pas gêner leur activité. Un jeune doit pouvoir tout dire à un
éducateur spécialisé sans craindre la transmission de l’information à des tiers, ou que la
confiance placée se retourne contre lui. Cette confiance se gagne au jour le jour et ne doit pas
être rompue.
Le but de M. Biloa est de leur faire découvrir que la vie n’est pas que l’argent et la vie facile,
qu’on peut chercher autre chose, avoir une vision un peu moins immédiate, les sortir d’eux-
mêmes. Il cherche à les aider à bâtir un projet personnel qui n’est souvent pas à très long terme
car les adolescents ont une vision à court terme.
Il fait ressortir la nécessité d’aider les jeunes à reconnaître l’utilité d’un cadre, à savoir s’y plier ;
il souligne aussi le rôle positif d’une sanction adaptée en cas de déviance. Il a donné de
nombreux exemples d’actions menées dans ce sens, aussi bien en milieu scolaire (re-
scolarisation, intermédiation avec les professeurs ou CPE), en milieu familial, ou encore dans
les relations avec la police et la justice : Il se propose par exemple d’accompagner tel jeune
dans ses problèmes de justice
, et même parfois rendre visite aux jeunes incarcérés quand ils le
souhaitent. La confiance se gagne et permet de déplacer l’attention du jeune vers un avenir
moins immédiat.
L’organisation d’activités collectives, en particulier sportives ou éventuellement bénévoles, est
un moyen très efficace de détourner les jeunes de la recherche de leur seul intérêt immédiat.
Une expérience récente est assez démonstrative. La banque LCL s’est engagée il y a plus d’un
Cela fait partie de l’éthique du métier. Elle place parfois l’éducateur dans des positions très difficiles. Mais elle
peut être transgressée dans des situations particulièrement graves.
Il lui arrive de discuter une peine de substitution avec un juge et d’éviter ainsi une peine de prison plus dure.