V. Courtas 16e dimanche ordinaire – A 08/06/2017 Fiches dominicales 2
AUTOUR DES TEXTES
À partir des lectures
Il s’agit toujours de chercher la manière d’être disciples. Trois nouvelles paraboles nous sont offertes, celles de l’ivraie et du bon
grain, celle de la graine de moutarde et celle du levain. Toutes les trois nous disent que la moisson ne se fait pas sans peine.
L’ivraie se mêle au bon grain et il est inutile de vouloir l’arracher avant de moissonner. Quant à celle de la plus petite des
semences, n’ayons crainte, si nous en prenons bien soin, elle dépassera en hauteur toutes les autres et ne sera donc pas difficile
à cueillir. Celle du levain prend son temps, mais au bout du compte, la pâte lève. L’explication prend la forme d’une allégorie et
cherche à donner à chaque élément une correspondance : « ce sont ».
Il n’y a pas une telle correspondance chez les humains, car s’il est vrai que l’on peut reconnaître dans le Bon Grain, le Fils de
l’Homme et que le champ correspond à notre monde, nous sommes souvent en même temps faits d’ivraie et de bon grain. À
nous d’éliminer « le diable » afin de pouvoir moissonner ce qui aura goût de Royaume de Dieu. Et comment faire ? En nous
référant par exemple à la première lecture tirée du livre de la Sagesse qui conseille aux humains que nous sommes d’être vraiment
humains, sachant que la conversion est toujours possible, puisque Dieu nous donne toujours d’espérer vivre de sa force et de sa
bonté. Car Dieu prend soin de toute chose et donc de chacun de nous. Pour ce faire, il nous donne son Esprit (2e lect) qui vient
au secours de notre faiblesse. « Il n’y a pas d’autre dieu que le Dieu que tu es ».
Première lecture : Sagesse 12, 13.16-19
Le Seigneur n’utilise sa force que pour la mettre au service de sa justice. S’il s’impose à ceux qui lui résistent, il traite les hommes
fragiles avec indulgence et ménagement parce qu’il croit que leur conversion est toujours possible. L’auteur du livre de la Sagesse
tire ces enseignements de l’histoire de l’occupation de la terre de Canaan. Dieu n’a pas exterminé les païens, il s’est montré
patient envers eux parce qu’il était sûr de sa force. Ce comportement divin doit nous servir d’exemple dans nos relations avec
ceux qui ne partagent pas notre foi ou ceux qui se disent nos ennemis. Pour être un fidèle imitateur de Dieu, le juste, en toutes
circonstances, « doit être humain ». Il peut ainsi garder « une belle espérance ».
Psaume 85
Le psalmiste fonde son espérance de voir sa prière exaucée, sur la bonté du Seigneur et sa capacité à pardonner. C’est pourquoi
il invoque Dieu avec les mots par lesquels il s’est révélé à Moïse lors du renouvellement de l’alliance « Dieu de tendresse et de
pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité ».
Deuxième lecture : Romains 8, 26-27
Dans ce court passage, Paul nous montre le caractère trinitaire de notre prière : c’est un dialogue de fils avec le Père dans l’Esprit.
Le but de notre prière c’est que nous soyons accordés aux vues de Dieu sur nous et plus généralement à son dessein sur le monde.
Or Paul nous apprend que dans la prière, c’est l’Esprit qui s’exprime en nous. Les lignes précédentes de l’Épitre (lecture du
dimanche précédent) nous disaient que la création entière, et nous avec elle, gémissons, dans l’attente de notre libération. Or
c’est aussi par des gémissements que l’Esprit intercède en nous, reprenant nos pauvres soupirs humains pour les diviniser. Ses
gémissements sont ineffables, bien au-dessus de tout ce que nous pouvons dire : c’est donc selon les vues de Dieu qu’il intercède
pour nous. Et Dieu, en sondant nos cœurs, rencontre les intentions de l’Esprit sur nous. Mais Paul a aussi écrit dans ce chapitre
que l’Esprit « fait de nous des fils » (Rm 8, 15), nous rendant de plus en plus conformes au Fils, au Christ notre frère. Quand
nous prions dans l’Esprit nous laissons donc la vie trinitaire diviniser toujours davantage notre propre vie.
Évangile : Matthieu 13, 24-43
Devant le mal commis par les hommes, nous sommes souvent tentés de demander un jugement de Dieu qui, sans plus attendre,
mette fin au scandale. C’est le sens de la question poignante posée dans l’Apocalypse par ceux qui ont subi le martyre : « Jusques
à quand, Maître saint et vrai, resteras-tu sans juger, sans venger notre sang sur les habitants de la terre ? » (Ap 6, 10). Le
scandale du mal dans le monde, c’est ce dont Jésus nous parle dans la parabole de l’ivraie. À notre étonnement, le maître répond
aux serviteurs qui proposent d’aller arracher la mauvaise herbe : « Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en
même temps » (v. 29). Jésus calme l’impatience de ses serviteurs. Il y a là une première leçon qui ressemble à celle du livre de
la Sagesse (1ère lect). Dieu n’est pas indifférent au mal mais sa patience est justifiée par le souci d’éviter le pire, la destruction
du bien avec lequel le mal se trouve enchevêtré. Cette situation d’attente n’empêche d’ailleurs pas le Royaume de croître.
Croissance illustrée par deux courtes paraboles, la graine de moutarde et le levain, qui interviennent alors dans le discours. Mais
jusqu’à quand faudra-t-il patienter pour voir le mal disparaître définitivement ? Jésus nous éclaire sur ce point dans
l’interprétation qu’il fait de la parabole : il est le Fils de l’homme, c’est lui qui sème le bon grain et c’est son ennemi, le diable,
qui sème l’ivraie. C’est à lui qu’il appartiendra au temps de la moisson, de juger les hommes. Le Royaume des cieux est un corps
mixte, composé de bons (les fils du Royaume) et de méchants (les fils du Mauvais). C’est à la fin des temps que le Fils d’homme
demandera à ses anges d’enlever de son Royaume « toutes les causes de chute » (littéralement : les scandales) et « ceux qui font
le mal ». Le message à retenir c’est que le mal, à la fin, disparaîtra, il n’aura pas le dernier mot. Voilà qui doit soutenir, jusqu’au
cœur des plus grandes épreuves, notre espérance.