Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, l’Angleterre est une très grande production de tissus de laine
et coton et n’a donc pas besoin d’acheter des produits français fortement taxés. En effet, en 1850, on
compte cinq fois plus de métiers mécaniques que de métiers manuels dans l’industrie du coton. Alors
que 16 ans plus tôt, on en était encore à la prépondérance de ces derniers. Des machines à vapeur
sont installées dans les usines de coton et chez les industriels du textile non cotonnier ; des cylindres
gravés actionnés par la vapeur éliminent l’impression manuelle ; Les lainiers ne se servent plus de
métiers manuels.
Dans la perspective du libre-échange et pour encourager la production industrielle française,
Napoléon III souhaite à la fois supprimer les droits de douanes sur la laine, les cotons et les
prohibitions, réduire les taxes sur les sucres et les cafés, les droits sur les canaux. Il veut également
améliorer les voies de communication, accorder des prêts à l'agriculture et à l'industrie et signer des
traités de commerce avec les puissances étrangères.
En 1860, les concessions de la Grande-Bretagne sont relativement modestes puisque ses tarifs ont
déjà été réduits. Elle abaisse notamment les droits sur le vin français et facilite l'importation de
produits finis français. Nous voyons en effet sur les graphiques l’augmentation d’importation de
l’Angleterre pour les draps de coton et de laine en 1860. De son côté, la France supprime les droits
sur les matières premières et les produits alimentaires britanniques et divisa par deux les taxes sur
les autres produits. Cependant, l'importance historique de ce traité réside moins dans ses
conséquences directes que dans l'amorce d'une dynamique libre-échangiste, fait important pour un
pays aussi traditionnellement protectionniste que la France.
De 1846 à 1875, les exportations sont multipliées par cinq en valeur (de 0,9 à 4,5 milliards). Leur part
dans le produit national passe de 6,2 % à 20,6 %. Cela signifie un taux de croissance des exportations
supérieur de 2.5 fois à celui du produit national.
Des taxes subsistent mais elles sont substantiellement réduites (de près de 50 % dans un premier
temps) et les deux pays s’accordent la « clause de la nation la plus favorisée », qui stipule que tout
avantage concédé par l’un des deux signataires à un pays tiers, profite automatiquement à l’autre.
Des traités similaires sont bientôt signés avec et entre la Belgique, le Zollverein, l’Italie, et l’Autriche.
En 1880, les droits de douane entre la France et le Royaume-Uni ne sont qu’à 10 %.