Etude sur les échanges commerciaux entre la France et l’Angleterre de 1844 à 1865. Tableau comparé des exportations durant l’année 1832 à 1834 Enquête statistiques provenant du bureau de la préfecture (6M 1064) 38x30cm Imprimés reliés sur les Statistiques de commerce maritime et des exportations de tissus de coton et de laine du port de Rouen, pendant l’année 1860, 1865 et un Tableau sur le mouvement des navires dans le port de Rouen pendant l’année 1855 Documentation provenant de la préfecture et concernant les différents secteurs ou objets d’interventions ou de contrôle de l’administration dans le domaine commercial (8 M 603) 22x28cm et 45x34cm Imprimés reliés sur les Statistiques de commerce maritime et des exportations de tissus de coton et de laine du port de Rouen, pendant l’année 1944 à 1946 (BSE 569) 22x28cm A partir des documents de la série M, relative aux archives de la préfecture, nous avons pu dresser des statistiques concernant les échanges commerciaux entre la France et l’Angleterre de 1844 à 1865. Ces dates sont pertinentes car elles englobent une période charnière, entre 1842 et 1860. 1842, est la date à laquelle les Anglais réduisent considérablement les taxes sur les matières premières, les produits manufacturés et semi-manufacturés et supprime les droits à l’exportation sur les produits finis). 3 ans plus tard, ils agissent de même sur tous les droits à l’exportation et la plupart des taxes à l’importation. En 1853, Gladstone, chancelier de l’Echiquier de Palmerston, accentue encore le désarmement douanier. En 1860, année du traité de Cobden-Chevalier, les produits encore taxés étaient essentiellement les produits de luxe. Cette époque que nous avons choisie est donc celle où la grande Bretagne fait le choix du libre échange. Le commerce est très actif entre l’Angleterre et la France. Nous voyons bien au regard du tableau concernant l’entrée des navires étrangers dans le port de Rouen que les échanges sont nombreux. Nombre de navires étrangers entrés dans le port de Rouen de 1855 à 1865 650 600 550 500 1855 1858 450 400 1859 1860 1863 1864 350 300 250 200 1865 150 100 50 A m er ic ai ns E sp ag no l P or tu ga is H ol la nd ai s H an ov rie n A ss oc A ng ia tio la is n al le m an de D an oi s N or vé gi en s 0 Ces navires amènent des produits anglais dans le port français. Mais les anglais importent peu de produits français à cause des taxes prohibitives appliquées. En effet, au regard des statistiques du port de Rouen il apparait que l’Angleterre n’est pas l’interlocuteur privilégié pour les commerce des tissus. Or entre 1800 et 1840, c'est l'industrie textile (coton, laine et soie) qui a été la première industrie motrice française. Le célèbre drap d’elbeuf précisément connait son apogée en 1860 au moment de la crise cotonnière consécutive à la guerre de Sécession. L’exportation est avant tout destinée à l’international avant d’être européen puis Anglais. La France exporte des articles de qualité, voire de luxe, vers l'Europe et les USA et des articles de consommation courante vers son empire. De manière générale, à cette époque la France est assez loin derrière la Grande Bretagne, la seconde puissance exportatrice européenne. Exportation des tissus de laine entre 1844 et 1860 Tissus de coton expédiés pour l'étranger de 1842 à 1860 Résumé, par pays de desitnation, des expéditions de tissus de laine par la douane de Rouen tableau résumé, par pays de destination, des expéditions de tissus de coton par la douane de Rouen (quantités en kilogrammes) (unités en kilogrammes) Pays Européens Angleterre 1859 1860 Angleterre 1859 1858 1857 1856 1846 1855 Pays européens 1845 1844 0 1842 20000 1860 40000 Pays Européens 1857 Reste du monde 1858 Pays européens Autres pays du monde 1856 60000 Angleterre 1846 Colonies françaises 1855 Angleterre 80000 1844 100000 200000 180000 160000 140000 120000 100000 80000 60000 40000 20000 0 1845 120000 1843 140000 Plus précisément pour l’Angleterre, l’exportation française de tissu est relativement restreinte (de 8,6 à 14% pour le coton et de 0,5 et 1,3% pour la laine). Tissus de coton expédiés pour l'Angleterre Exportations françaises des produits de la laine (draps, tissus de pure laine, tissus légers mélangés) vers l'Angleterre 14,00% 1,40% 12,00% 1858 10,00% 1859 8,00% 1860 0,80% 4,00% 0,00% 1859 1,00% 1860 6,00% 2,00% 1858 1,20% 1860 1859 1858 0,60% 0,40% 0,20% 0,00% 1860 1859 1858 Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, l’Angleterre est une très grande production de tissus de laine et coton et n’a donc pas besoin d’acheter des produits français fortement taxés. En effet, en 1850, on compte cinq fois plus de métiers mécaniques que de métiers manuels dans l’industrie du coton. Alors que 16 ans plus tôt, on en était encore à la prépondérance de ces derniers. Des machines à vapeur sont installées dans les usines de coton et chez les industriels du textile non cotonnier ; des cylindres gravés actionnés par la vapeur éliminent l’impression manuelle ; Les lainiers ne se servent plus de métiers manuels. Dans la perspective du libre-échange et pour encourager la production industrielle française, Napoléon III souhaite à la fois supprimer les droits de douanes sur la laine, les cotons et les prohibitions, réduire les taxes sur les sucres et les cafés, les droits sur les canaux. Il veut également améliorer les voies de communication, accorder des prêts à l'agriculture et à l'industrie et signer des traités de commerce avec les puissances étrangères. En 1860, les concessions de la Grande-Bretagne sont relativement modestes puisque ses tarifs ont déjà été réduits. Elle abaisse notamment les droits sur le vin français et facilite l'importation de produits finis français. Nous voyons en effet sur les graphiques l’augmentation d’importation de l’Angleterre pour les draps de coton et de laine en 1860. De son côté, la France supprime les droits sur les matières premières et les produits alimentaires britanniques et divisa par deux les taxes sur les autres produits. Cependant, l'importance historique de ce traité réside moins dans ses conséquences directes que dans l'amorce d'une dynamique libre-échangiste, fait important pour un pays aussi traditionnellement protectionniste que la France. De 1846 à 1875, les exportations sont multipliées par cinq en valeur (de 0,9 à 4,5 milliards). Leur part dans le produit national passe de 6,2 % à 20,6 %. Cela signifie un taux de croissance des exportations supérieur de 2.5 fois à celui du produit national. Des taxes subsistent mais elles sont substantiellement réduites (de près de 50 % dans un premier temps) et les deux pays s’accordent la « clause de la nation la plus favorisée », qui stipule que tout avantage concédé par l’un des deux signataires à un pays tiers, profite automatiquement à l’autre. Des traités similaires sont bientôt signés avec et entre la Belgique, le Zollverein, l’Italie, et l’Autriche. En 1880, les droits de douane entre la France et le Royaume-Uni ne sont qu’à 10 %.