SolsdescollinescuprifèresduKatanga 207
2.2. Géomorphologie, climat et végétation
Le Katanga a connu depuis le Crétacé trois phases
d’érosionintense,consécutivesàlasurrectiondecette
région,quiontaboutiàlaformationdetroissurfaces
pénéplanées, dont la troisième est celle de la plaine
de Lubumbashi à une altitude comprise entre 1200
et 1300m (Duvigneaud, 1958). L’individualisation
de grands ensembles de plaines (Upemba) ou de
plateauxetdemonts(Kundelungu,Biano)aunordde
Kolweziseraitdueàdeseffondrementsetrelèvements
tectoniques intervenus au milieu du quaternaire.
Néanmoins, la zone qui présente les occurrences
de minéralisation les plus fortes peut être rattachée
à la vaste pénéplaine de Lubumbashi où les reliefs
résiduelsontétéconservésenraisondeleurrésistance
àl’érosionplusimportante.
Le climat du Katanga méridional est de type
subtropicalhumideavecunesaisonhumidecomprise
entremi-novembreetdébutmarsetunesaisonsèche
demaiàseptembre.Lapluviométrieannuellemoyenne
se situe autour de 1250mm, dont la moitié tombe
durantlesmoisdedécembreàfévrier.Latempérature
moyenne annuelle est d’environ 20°C avec la plus
basseaudébutdelasaisonsèche(15-17°Cenjuillet)
et la plus élevée (22-23°C) en octobre. L’altitude
moyenneduplateauà1200mtempèrecesvariations
climatiques. Pour ce qui concerne les extrêmes de
température,celles-civarientde2°Clanuità38°C
lejour.
Selon Duvigneaud (1958), le climat du Katanga
méridional confère à la zone un caractère aride et
très ensoleillé en saison sèche et à la végétation la
nécessitédes’adapterpardescaractèresxéromorphes.
Phytogéographiquement,larégionappartientaucentre
d’endémismezambézien.Plusdelamoitiédesespècesy
sontendémiques.Lavégétationdominanteestuneforêt
claireàBrachystegia,communémentappeléeMiombo.
Divers faciès du Miombo, ainsi que des formations
detypesteppeousavane,co-existentenfonctiondes
conditions édaphiques dictées principalement par la
naturedelaroche-mère,lapositiondanslereliefetla
profondeurutiledusol(Duvigneaud,1958).
2.3. Les écosystèmes cupro-cobaltifères
Les écosystèmes cupro-cobaltifères du Katanga
consistentenplagesdevégétationbasseprésentessur
descollinesquitranchentsurlaforêtclairedepiémont.
Les collines de cuivre abritent plus de 500espèces
végétales connues, dont 44 sont considérées comme
métallicoleset32commeendémiques(Fauconetal.,
2010).
Le schéma couramment admis (Duvigneaud,
1958; Duvigneaud et al., 1963; Malaisse et al.,
1994;Leteinturieretal.,1999;Malaisseetal.,1999;
Leteinturier,2002;Saadetal.,2012)considèrequ’une
colline-typeestconstituéed’unepenteausommetde
laquelleafeurentlesrochesminéraliséesetlelongde
laquelleungradientdecontaminationenCuetenCo
d’originecolluvialecontraintlavégétation.Legradient
s’exprimepardesteneurstotalesdel’ordredeplusieurs
dizaines de milliers de mg.kg-1 de Cu et plusieurs
centainesdemg.kg-1deCodanslespartiessommitales
pourplusieurscentainesdemg.kg-1deCuetmoinsde
100mg.kg-1deCodanslespartiesbasses(Tableau 2).
Parcomparaison,lessolsdesforêtsclairesprésentent
généralementdesteneursenCuinférieuresà100mg.
kg-1(Duvigneaudetal.,1963).
La végétation s’organiserait sur cette trame
contaminée en huit communautés décrites par
Leteinturieretal.(1999):dehautenbas,unesavane
boiséesurlessolsmoyennementépaissituésenamont
des afeurements contaminés, une communauté sur
afeurements de roches non ou peu minéralisées,
une steppe enrochée à Xerophyta equisetoides, une
savanesteppiqueàLoudetia simplexetMonocymbium
ceresiiforme sur leversantcolluvial, une ceinturede
savanearbustiveàUapaca robynsiisurlessolsmoins
contaminés.Àl’intérieurdecetteséquence,troistypes
depelousespeuventapparaitre,surlesafeurements
minéralisés et les zones remaniées par les travaux
d’extraction,surlescolluvionslesplusrichesetsurles
solslespluscompacts.
Les écosystèmes cupro-cobaltifères constituent
doncdessystèmesdanslesquelsdessols,forméspar
l’altération de matériaux parentaux plus ou moins
minéralisés et des processus d’érosion/dépôt le long
d’un versant et d’un piémont de colluvionnement,
conditionnent chimiquement la sélection d’une
végétation tolérante organisée en communautés
identiablesdansl’espace,cequisupposequ’ilyait
mobilisationchimiqueettransfertphysiqueduCuetdu
Coauseindessystèmesroches-sols-plantesorganisés
selonlerelief.
2.4. L’offre du sol, facteur clé dans les relations
sols-plantes
LeCuetleCo,commelesautresélémentstraces(ET),
setrouventdanslesolsousdiversesformeschimiques
etlamobilitéd’unélémenttraduitsacapacitéàpasser
d’un compartiment où il se trouve retenu avec une
certaineénergieversunautreoùilestmoinsretenu.
Leurrépartitionentrelesdifférentesphasessolidesdu
soln’esttoutefoispasgéedansletemps(Baize,1997).
De fait, sous l’action de processus majoritairement
(bio-)chimiques (dissolution/précipitation, sorption/
désorption), des formes peu mobiles peuvent être
mobilisées (Bourrelier et al., 1998; Adriano et al.,
2004). Les teneurs mobiles sont dès lors dénies
commelepooldesélémentsquiseretrouvefacilement