L`ANTIQUITE

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L’ANTIQUITE
LES
GAULOIS
– LA ROMANISATION DE LA GAULE – LA CHRISTIANISATION DU MONDE GALLO-ROMAIN
Place dans les programmes de 2008
« L’Antiquité
Les Gaulois, la romanisation de la Gaule, la christianisation du monde gallo-romain
Jules César et Vercingétorix, 52 avant notre ère : Alésia. »
Place dans les programmes de 2007
« L’Antiquité
Première période historique, l'Antiquité commence lorsqu'il existe des documents écrits sur une période, c'est-à-dire à des
moments différents selon les lieux. Une grande partie de l'Antiquité concerne donc le Moyen-Orient et l'Est du bassin
méditerranéen, où apparaissent de grandes civilisations qui connaissent très tôt l'écriture, entre autres celle de l'Egypte et
plus tard de la Grèce. Leur succède l'Empire romain qui s'étend progressivement sur l'ensemble de la Méditerranée et audelà. Ces grandes civilisations seront étudiées au collège. A l’école primaire, le programme commence avec l’entrée de
notre territoire dans l’ »Histoire », c’est-à-dire avec l’arrivée des Grecs et des Celtes (appelés Gaulois par les Romains)
et plus encore avec la victoire des Romains, la romanisation et la christianisation de la Gaule. »
Pour information : indications données par les documents d'application des programmes 2003
« Repères chronologiques :
Autour de – 600 : création de Massalia (Marseille) par des grecs venus d’Asie Mineure.
- 509 : début de la République romaine
Autour de – 450 : Les Celtes venus d’Europe Centrale, s’installent en Gaule
52 av JC : Vercingétorix est battu par Jules César (Alésia), conquête de la Gaule par les Romains. »
Points forts
« - A l’origine de l’histoire du territoire français, une diversité qui en fait la richesse : populations premières,
Grecs, Celtes (Gaulois) dominants
Venus d’Europe Centrale et installés en Europe Occidentale vers le V° siècle av JC, des groupes celtes vivent en cités
indépendantes et ont pour activité essentielle l’agriculture et l’élevage du porc. Ils sont réputés pour leur travail de
différents métaux, le fer en particulier et leur habileté manuelle (invention du tonneau). Avant eux, des Grecs se sont
installés sur le rivage méditerranéen, créant les premières villes de notre pays (Marseille, Nice…). Les uns et les autres y
ont trouvé des populations déjà installées dont on ignore généralement les origines.
Conquise par les Romains en plusieurs étapes, la Gaule est rattachée à l’Empire et peu à peu romanisée. On y use de la
langue latine, d’où sortira peu à peu la langue française, dans une société où se côtoient hommes libres et esclaves. De
nombreuses villes sont fondées ou transformées (Bordeaux, Lyon, Toulouse, Besançon, Arles…) avec de grands édifices
publics. Instruments de romanisation, le réseau routier et le grand commerce se développent grâce à la liberté de
circulation et à la paix qui va durer près de deux siècles et demi.
De plusieurs dieux à un seul Dieu, dans la civilisation occidentale: la christianisation du monde gallo-romain. Au II e
siècle, des religions, venues du Proche-Orient, s’implantent dans le monde gallo-romain et l’ensemble de l’Empire. Parmi
elles, le christianisme. Prêché par Jésus qui s’affirme fils de Dieu, il se caractérise par la croyance en un Dieu unique et
en l’immortalité de l’âme, dans le prolongement de la religion juive, et par le commandement fait aux hommes, tous égaux
entre eux, de s’aimer les uns les autres. Longtemps, il coexiste avec les autres religions. Le sujet sera approfondi au
collège ; mais il est indispensable que les élèves aient une première information, ne serait-ce que pour comprendre les
périodes suivantes et appréhender diverses formes d’expression artistique » (p. 11)
IUFM de Grenoble/UJF – MES1 HG – contributeurs UD
LES CELTES / LES GAULOIS
Bibliographie
- KRUTA (V), Les Celtes, Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, coll « Bouquins », 2000
(somme la plus complète et la plus à jour des données archéologiques concernant les Celtes)
- KRUTA (V), Les Celtes, Paris, PUF, coll « que sais-je », éd 2002
- GOUDINEAU (C.), Le dossier Vercingétorix, Paris, Arles, Actes Sud/Errance, 2001
- GOUDINEAU (C.), Par Toutatis, que reste-t-il de la Gaule ? Paris, Seuil, 2002
(une vision iconoclaste et pleine d’humour de la gaule et de ce qui en demeure dans notre société contemporaine)
- BRUNAUX (J.L), Les Gaulois, Paris, Les Belles Lettres, 2005
- BRUNAUX (J.L), Les religions gauloises, Paris, Errance, 2° édition, 2000
− DEMOULE (J.P), Les Gaulois, Paris, Hachette-Education, coll « en savoir plus », 1995
Documentaires/ littérature de jeunesse
* Castermann :
Collection les jours de l'histoire : - Alésia.
Collection des enfants dans l'histoire : - Au temps des gaulois
* Ecole des loisirs : Collection Archimède : - Vercingétorix et César (1998)
- Mon enfance gauloise (1998)
Collection classiques abrégés : - La guerre des Gaules de Jules César
* Gründ :
Collection entrez chez... : - les celtes
* Hachette :
Collection la vie privée des hommes : - au temps des gaulois
Collection en savoir plus : - les gaulois
* Hatier :
Collection le grenier des merveilles : - sous nos pas, la Gaule
* Nathan :
Collection monde en poche :
- dans un village gaulois
Collection les peuples du passé : - comment vivaient les celtes
Collection la nouvelle encyclopédie : - les gaulois et le monde celte
* Sorbier :
Collection la vie des enfants : - la vie des enfants en Gaule romaine
* Nathan-Poche : - légendes et récits de la gaule et des gaulois
Expansion des peuples celtes du Vème au III ème siècle avant J.C.
IUFM de Grenoble/UJF – MES1 HG – contributeurs UD
a) Repères chronologiques et spatiaux
VIII°-VI° s avant JC : époque dite des « princes celtes » ou culture de Hallstatt (nécropole d’Autriche) qui s’achève
vers -470-450, connue par l’archéologie. Tertres funéraires (tumulus) de 50 à 100m de diamètre, avec un mobilier
luxueux (vers -500 : vase de Vix, étrusque, provenant d’Italie du Sud), témoignent de relations fortes avec les
civilisations grecque et étrusque.
-600 av JC : fondation de Massalia par des colons phocéens
V°-I° s av JC : période laténienne (site de La Tène en Suisse), connue par l’archéologie et par les historiens
grecs et romains, avec une culture commune : armement, outillage, habitat, fortifications, sépultures, culte. Le
développement du monde celtique suit les progrès de la métallurgie et est en rapport étroit avec l’usage du fer. La
grande expansion celtique a surtout lieu à partir du 5e s. av JC au second âge de fer.
⇒ migrations vers l’Europe centrale. Aussi bien vers l’Orient (→ Ankara en Turquie) que l’Ouest et le Sud de
l’Europe.
Extension maximale au III° siècle des îles britanniques à la Mer Noire, et du Danemark à l’Italie du Nord. Petites
communautés humaines de quelques centaines d’individus dirigés par une aristocratie locale.
IV° s av JC : incursions des Gaulois en Italie (vers -390 : prise de Rome) et occupation de l’Italie du Nord (Gaule
Cisalpine) ; migrations des Belges qui occupent l’espace entre Seine et Rhin : nord de la Gaule intensément mis en
culture ; mobilité des tribus celtes ; nombreux conflits entre gaulois et romains
III° s av JC : incursions celtiques en Macédoine et en Grèce (-279 : sac de Delphes) ; passage en Asie Mineure ou
sera fondé un royaume « galate » ;
Conquête romaine de la Cisalpine entre -295 et -190 : succès décisifs sur les peuples gaulois d’Italie ; traité d’amitié
entre Rome et les Eduens, en conflit avec les Arvernes
II° s av JC :
-124 -120 av JC : à l’appel de Marseille, intervention des légions romaines en Provence contre Ligures, Voconces et
Salluviens ; leurs alliés (Allobroges et Arvernes) sont écrasés par Domitius Ahénobarbus et Fabien Maximus et une
province romaine est organisée sur les territoires entre Espagne et Italie
-118 av JC : fondation de la colonie de Narbo Martius (Narbonne)
-113 -101 av JC : migrations des Cimbres et des Teutons en Gaule et en Espagne, résistance des peuples belges ;
I° s av JC :
Vers -80 : Celtill, père de Vercingétorix, restaure l’hégémonie arverne sur la Gaule non-romaine ;
-76-74 : soulèvement d’une partie des peuples gaulois de la « provincia » romaine ;
-62-61 : soulèvement des Allobroges
-59 : migration des Helvètes qui envahissent le territoire des Eduens
-58-52 : guerre des Gaules ; César gouverneur de la « provincia »
-52 : bataille de Gergovie et siège d’Alésia : reddition de Vercingétorix ; la Gaule est constituée en une province
unique de Rome : « Gallia comata » (Gaule chevelue)
-27 : recensement général de la Gaule par Auguste ; division en 3 provinces : Aquitaine, Belgique et Lyonnaise ; 60
ou 64 « civitates » reprennent approximativement le territoire des anciens peuples gaulois ;
-7 -6 : trophée de La Turbie qui célèbre la soumission de toutes les tribus alpines
I° s ap JC :
43 : abolition de la religion druidique
48 : loi de l’empereur Claude qui permet aux habitants de la Gaule d’entrer au Sénat romain
68-70 : dernières révoltes gauloises
b) Sources et historiographie
- Sources écrites, grecques et romaines
La première occurrence apparaît chez Hecatée de Milet au VI° siècle av JC, qui signale Narbon (près de la Narbonne
actuelle) comme cité celte, et Massalia comme cité grecque fondée sur le territoire ligure, non loin de la « celtica ».
Hérodote au V° siècle, dans son Histoire, cite des peuples (keltoï) vivant au-delà des colonnes d’Hercule (Détroit de
Gibraltar). Jusqu’au début du IV° siècle, l’Europe méditerranéenne n’a que peu de contacts directs avec les Celtes
IUFM de Grenoble/UJF – MES1 HG – contributeurs UD
d’Europe centrale et occidentale, les savants grecs n’ont qu’une vague idée de la géographie européenne et qualifient
de celtes tous les barbares européens depuis le Danube jusqu’à l’Atlantique. Les occasions de contact se multiplient
ensuite, par les invasions, migrations et mercenariats celtes, ainsi que par l’entremise des conquêtes romaines.
* Polybe, 206-124 av JC, documentation précieuse sur les gaulois, tirées des meilleures sources littéraires ou
visuelles , vérifiée et analysée ;
* César, La guerre des Gaules, 7 livres écrits par César sur ses campagnes, après Alésia ; l’ouvrage devait
servir à sa propagande mais les faits étaient connus par les rapports officiels ;
* Tite-Live, 65/60 av JC- 17 ap JC, le plus grand historien romain, Histoire de Rome depuis la fondation de
la ville, en 142 livres dont ¼ nous est parvenu, (des origines à -293, puis de -210 à -167), mais des résumés nous
sont parvenus sur les années -53/-52, semble plus insister sur les difficultés de César que sur les succès ;
présente souvent des mythes historisés
* Strabon, Ier siècle ap J.C., Géographie, description du monde connu de l’Occident à l’Orient, parue sans
doute en 7 ap JC, donne la description des Gaules et des Alpes ; tire ses informations de Poseidonios d’Apamée,
savant grec de la fin du II° s av JC, qui entreprit vers –90 un voyage dans l’ouest et le centre de la Méditerranée,
l’ouvrage, Histoires, a disparu, il n’en subsiste que des citations chez des auteurs postérieurs ;
* Plutarque, 46-140 ap JC, Vies parallèles, 50 biographies d’hommes célèbres associant un grec et un romain
(Alexandre et César) ; le récit de la reddition d’Alésia met en valeur le personnage de César ; évoque les mœurs
des gaulois dans les vies de Marius et de Camille ; sources différentes de celles de Tite-Live ;
* Suétone, Vie des douze césars, traduit les hauts faits attribués à César vers 120, avec seulement quelques
lignes sur la guerre des Gaules ;
* Pausanias, II°s ap JC, Description de la Grèce, principale source sur les expéditions celtiques du début du
III° s en Macédoine et en Grèce.
* Florus, II°s ap JC, rhéteur, écrit vers 130-140 un abrégé d’histoire romaine fait d’après Tite-Live, comprend
de nombreuses erreurs et utilise les vieux « clichés » diffusés depuis des siècles sur les terrifiants gaulois ;
charges, fait un récit de l’année -52, d’après des sources défavorables à César mais qui ont disparu ;
* Orose , 414-415, Historiae adversus Paganos (histoire contre les païens), énumère les calamités des temps
païens et fait un récit des malheurs qui ont accablé la Gaule, dans un abrégé mélangeant plusieurs sources ; récit
plutôt favorable aux gaulois insurgés mais qui considère Vercingétorix comme le traître par excellence.
- Archéologie et état des connaissances
De nombreux sites de fouilles depuis 50 ans ont renouvelé nos connaissances, et remis en cause certains clichés : ex :
oppidum de Bibracte (Mont-Beuvray / Nièvre), sanctuaires de Ribemont/Anvre (Somme), Gournay/Aronde, tombe de
Vix (Côte-d’Or),
* avant la conquête, les gaulois sont fortement intégrés dans le monde économique méditerranéen : importance
du commerce (vin, huile, objets manufacturés..), pièces de monnaie gauloises, routes qui préfigurent le réseau
romain
* la « Gaule chevelue » (= couverte de forêts) est très largement défrichée depuis le III°s av JC ;
* les « oppida » sont des agglomérations importantes et structurées avec des fonctions diversifiées ;
* des savoir-faire techniques dans la métallurgie et l’armement imités par les romains (casque en fer, cotte de
maille, épée à double tranchant…)
* une production agricole variée et un outillage élaboré (moissonneuse de Trévires), fournissant une
alimentation où la part des animaux sauvages (sangliers !) représente moins de 5%
•
un art celte longtemps méconnu, original, imaginatif plus que représentatif, présent dans de nombreux
objets de décoration (torque, fibules) ou d’usage quotidien (poterie, chaudrons).
- Rapports entre histoire et mémoire
* jugements contrastés que les historiens ont porté sur les Gaulois en fonction de l’état des connaissances et de
l’ « état d’esprit » de leur époque : débat entre les « envahisseurs » romains détruisant la culture celtique, ou à
l’opposé, une Gaule sauvage qui se développe grâce à l’apport de la civilisation romaine.
*La Gaule n’a jamais existé dans l’Antiquité : les frontières naturelles qui délimitent l’entité géographique (Pyrénées,
Atlantique, Rhin, Alpes) sont une justification des conquêtes faites a posteriori par César. Justification appuyée sur
l’idée d’une menace celte permanente, rappel des incursions celtes du IV° siècle en Italie du nord et de la prise de
Rome.
•
l’expression « nos ancêtres les gaulois » est une création historique du XIX° s préoccupé de jeter les bases d’une
nation française issue du peuple ( Amédée Thierry), contre les origines franques revendiquées par l’aristocratie
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Vercingétorix, héros national
« C’est l’historien Amédée Thierry qui ressuscite Vercingétorix dans son Histoire des Gaules en 1828. L’époque romantique, avec son
goût des destins pathétiques et inachevés, fait de Vercingétorix le premier de nos grands hommes. Le Second Empire va, lui, vulgariser
le héros national. Napoléon III, d’ailleurs plus passionné par César, entreprend de fouiller Alésia, Gergovie et Bibracte […]. Désormais,
les artistes s’approprient le chef arverne, […] peintures et sculptures glorifient le héros de la guerre des Gaules. Vercingétorix va
dorénavant être matérialisé physiquement. Ses traits sont reconstitués d’après ceux prêtés aux Gaulois par les auteurs grecs et latins. Son
armement, ses vêtements, où la confusion des époques est grande, sortent de l’imagination des artistes. […] La République née de la
défaite consacre le créateur et le défenseur de la patrie. Artistes et écrivains exaltent cet héroïsme patriotique… des enfants reçoivent
comme patronyme Vercingétorix, qui a sa rue depuis 1873 dans le 14ème arrondissement de Paris. […] La Première Guerre Mondiale
raffermit encore cette puissance alors que la France rêve de revanche contre l’Allemagne. Vercingétorix, comme Jeanne d’Arc,
symbolise la défense face à l’envahisseur. En 1938, le général de Gaule écrit à la première page du journal la France et son armée : « en
jetant ses armes aux pieds de César, Vercingétorix entendait, certes, parer d’un sombre éclat le deuil de l’indépendance. Peut-être
voulait-il aussi que cet hommage désespéré rendu à la discipline servît à sa race d’immortelle leçon ». C’est lors du bimillénaire
d’Alésia qu’enfin Vercingétorix est reconnu officiellement « le premier résistant de l’Histoire de France ». Cependant, ni l’histoire
antérieure ni la civilisation des Gaulois n’intéressent le public. Seul Vercingétorix, malgré sa défaite, est le héros fondateur de notre
Histoire de France. »
TDC N° 670 ; pages 22 – 23
c) Caractéristiques des peuples celtes
Le noyau celtique est installé entre la Seine et la Garonne ⇒ peuples importants : Arvernes – Eduens – Séquanes –
Helvètes – Bituriges – Cubes
Ce bloc celtique est entouré de peuples où l’élément celte est loin d’être exclusif. (Les Armoricains, aquitains, populations
ibères du Languedoc-Roussillon…) ex : au nord de la Seine, en Belgique ⇒ Celtes + avant-garde des peuples
germaniques.
- Structure politique
→ L’organisation politique et sociale dans la Gaule celtique est connue presque exclusivement par des sources
gréco-latines, en particulier par le récit de la conquête de la Gaule, composé par Caïus Iulius Caesar (César) dans
le De Bello Gallico (La guerre des Gaules). D’où utilisation la plupart du temps des noms latins pour désigner les
institutions gauloises.
→ Une organisation en clans indépendants au sein des peuples
La notion de cité définit fondamentalement le territoire contrôlé par un peuple ; territoire souvent délimité par des
frontières naturelles (ex : domaine des Parisii dont le centre était Lutèce, établi sur l’île de la Cité et entouré de
forêts, de rivières….) L’espace interne du territoire de la cité est lui-même subdivisé en districts ou pagus.
→ La domination d’une aristocratie guerrière et foncière plus ou moins sous l’autorité des Druides, fondée sur le
clientélisme.
Le pouvoir fut d’abord exercé par un chef-roi (ex : le peuple Arverne avec le roi Luern au 2 e s. av JC) . Dans les
années 80-70 av JC, l’arverne Celtill tente de restaurer la royauté mais il meurt et laisse un fils : Vercingétorix. Le
pouvoir politique est récupéré par les grandes familles celtes = equites = chevaliers.
Ils constituent une aristocratie qui siège au conseil ou au Sénat, assemblée des dirigeants de la Cité. Des
magistrats, vergobret, sont désignés par le conseil pour assurer la permanence du pouvoir. Cette noblesse militaire
gauloise fonde sa puissance sur les hommes qu’elle contrôle et qui sont à son service : les ambacts ou hommes
d’armes et la clientèle, hommes sans fortune.
Après la disparition de la monarchie, le pouvoir religieux des rois passe à la classe des druides, recrutés par la
noblesse. Le druidisme est apparu dans l’île de Bretagne, l’enseignement druidique est oral donc peu de détails
sont restés. En Gaule, les druides se réunissent une fois par an dans la forêt des Carnutes où ils désignent leur chef
suprême et règlent les différends. Ils sont dispensés d’impôts et de service militaire, responsables de l’éducation
de la noblesse et ils ont une influence très forte sur la société (Ex : le druide des Eduens, Diviciacos, vergobret de
sa cité vers 60 av JC).
- Eléments culturels communs (à l’ensemble des tribus)
→ Une langue (avec des dialectes proches) : les Celtes sont une communauté linguistique, un groupe de peuples
de langue indo-européenne.
→ Une religion : polythéiste, avec des dieux liés à la nature (animaux, végétations, éléments naturels vers
lesquels se situent les lieux de culte, comme les forêts, lacs, rivières…) ; On trouve aussi quelques sanctuaires
dans des oppida. Clergé : druides, à la fois prêtres, médecins, juristes… L’environnement religieux avant la
conquête est méconnu car documents postérieurs mais découverte de quelques sanctuaires de l’époque préromaine.
IUFM de Grenoble/UJF – MES1 HG – contributeurs UD
→ Un art tendant vers l’abstraction, avec peu de représentations des divinités, peu de statuaire, mais des motifs
végétaux, des formes géométriques. Importance du travail des métaux, de l’orfèvrerie, pour les armes et
équipements des guerriers. Découverte d’objets originaux celtiques surtout dans le travail du métal : bijoux en or,
colliers ou torques, armes décorées.
→ Le développement d’un artisanat très important, d’où sont originaires l’enclume, le tonneau ; des techniques
développées, avec par exemple l’ancêtre de la moissonneuse, ou encore l’épée longue et la cotte de mailles.
- Civilisation proto-urbaine
Dès le 2e s. av JC, en Gaule celtique : évolution des sites fortifiés avec le développement de vastes places fortes à
rôle militaire et économique. Ces oppida sont souvent le centre principal des cités et l’on peut trouver plusieurs
oppida dans une même cité. (Gergovie = oppidum Arverne) De superficie variable, entre 90 et 160 ha pour les
plus grands, les oppida sont protégés par une enceinte. Les remparts sont d’un type particulier avec une armature
en bois et des remblais = murus gallicus, mur gaulois de 4m de hauteur et d’épaisseur en moyenne, précédé d’un
fossé. L’organisation de l’espace intérieur met en valeur ses différentes fonctions. Ex de Bibracte du peuple
Eduen ⇒ zone interne de 135 ha où se situent le sanctuaire, le marché central et les résidences des nobles sur la
partie la plus élevée. Plus bas, un quartier d’artisans. Toutes les fonctions sont représentées (religieuse, politique,
artisanale). L’oppidum devient le siège du pouvoir.
→ Proto-urbanisation et illustration de la centralisation progressive des activités au détriment des zones rurales
avant la conquête romaine.
- Le cas de la Gaule du Sud
Marseille et la colonisation : Ville importante de près de 50 ha, place commerciale essentielle de la Gaule du
Sud.
Activité économique basée sur la production locale de vin et d’huile + fonction de transit : relais pour les produits
d’Italie, de Grèce et de l’Orient méditerranéen. En échange, export d’étain, de cuivre, d’or et des salaisons.
→ phase de ralentissement au 5e av JC puis expansion au 4e s. Imitation de la monnaie grecque « la drachme »
utilisée à Marseille.
→ Le dynamisme de Marseille est illustré par les grandes expéditions maritimes (Pytheas qui atteint les îles
britanniques et la Scandinavie). Fondation par Marseille de comptoirs coloniaux qui lui permettent de diversifier
ses secteurs d’activité + extension de son territoire vers l’étang de Berre et la vallée du Rhône.
Développement des sociétés indigènes : Evolution originale de la population du Sud de la France due à ses
relations avec le monde méditerranéen entre le 7e et le 5e s. av JC.
→ multiplication d’oppida mais de taille réduite entourés de remparts (symbole de domination)
→ évolution dans les constructions (tours carrées, plan aux rues rectilignes)
→ production remarquable de statutaire de pierres.
→ rôle important de Marseille ⇒ stimulant local qui favorise le passage d’une économie à circuit fermé (fondé
sur la subsistance), à une économie de marché et d’échanges. Fructification de nouvelles cultures comme l’olivier
et la vigne = élément essentiel du paysage agricole du Midi.
Accélération de l’évolution des sociétés indigènes, favorise la proto-urbanisation mais accentue les différences
sociales au sein des groupes indigènes. Cette intégration plus poussée aux structures politico-économiques du
monde gréco-latin ne pouvait que faciliter les transformations dues à la présence romaine.
Conclusion
Ces caractéristiques, principalement l’organisation en « cités » et la structure sociopolitique, sont typiques
de l’Antiquité : on retrouve cela à de divers périodes en Grèce, en Italie mais aussi dans de nombreuse régions comme
l’Asie Mineure.
La Gaule celtique, à la veille de la conquête romaine, est un pays prospère et très peuplé, ouvert aux influences
extérieures mais possédant ainsi sa propre originalité, des éléments de civilisation communs et des caractéristiques locales.
L’ouverture de la Gaule aux produits méditerranéens nécessite une production plus importante permettant de dégager des
surplus pour les échanges commerciaux ⇒ signes = réduction de la qualité de la production d’objets manufacturés et
développement de la frappe monétaire. → introduction au 3e s av JC de la monnaie par Marseille et grâce au mercenariat.
La frappe locale s’inspira d’abord des monnaies grecques comme la stratère de Philippe II de Macédoine mais très vite
chaque cité créé sa propre monnaie ce qui illustre le morcellement de la Gaule en même temps que témoigne de l’art
gaulois.
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LA ROMANISATION DE LA GAULE
a) Historiographie
Le concept de romanisation est à questionner. La « romanisation » est un processus long et multiforme.
D’une part il s’agit une dynamique qui ne débute pas avec la « guerre des Gaules » de Jules César. Avant cette
nouvelle guerre de conquête, une partie des Gaules était déjà passée dans « l’orbite » romaine. Les Romains - à l’appel des
Grecs de Marseille – ont d’abord conquis la « Gaule » méridionale (125-118 av. J.-C.) et organisée la province (provincia
qui a donné le mot Provence) de la Gaule Narbonnaise (la colonie de Narbonne a été fondée en 118 av. J.-C.). Plus au
nord, les Eduens (en Bourgogne-Morvan, alliés des Romains depuis le début du IIe s. av. J.-C.), les Séquanes (FrancheComté) et les Lingons (autour de l’actuelle Langres) avaient établi un système monétaire calqué sur la drachme grecque de
Marseille et le denier romain. Des relations économiques intenses existaient, soutenues par un ensemble de routes
gauloises. Entre 150 et 50 av. J.-C., on estime que les négociants des principaux peuples celtes ont importé de centaines de
milliers d’hectolitres de vin italien. Les échanges portaient essentiellement sur le vin et la céramique italiens contre l’étain,
l’argent, l’or, le fer, le bétail, les peaux, le sel et les esclaves gaulois.
D’autre part, si cette « romanisation » ne s’achève pas avec la « traditionnelle » date de la fin de l’Empire romain
d’Occident en 476 ap. J.-C., mais se poursuit bien au-delà de cette date « canonique » avec l’intégration des peuples
«barbares» dans la Romanité, c’est parce qu’elle n’est pas seulement un processus fondé sur la domination militaire, mais
aussi un processus politique et culturel.
Enfin, les modifications enregistrées par le monde celte sur cette période sont inégales dans l’espace et inégales
dans leur ampleur. Toute la société celte n’a pas adhéré à la culture romaine, les campagnes sont restées pour partie en
retrait tandis que la culture celte s’est accommodée pour bonne part de l’influence romaine, intégrant ses référents sans
renoncer aux siens. C’est pourquoi certains historiens réfutent la grande réussite urbaine de Rome en Gaule et d’autres
évoquent, plus qu’une romanisation, une acculturation du monde celte.
b) Processus et vecteurs d’acculturation
- La « Gaule » avant la conquête
Pays prospère par son agriculture, son élevage et un artisanat réputé par son haut niveau de technicité, la Gaule est
un espace largement rural, ponctué de quelques agglomérations ceintes de remparts. La prospérité des artisans et des
commerçants les a progressivement libérés des liens clientélistes à l’égard de l’aristocratie, qui voit ainsi son emprise
sociale diminuée. La guerre des gaules intervient dans un contexte de double tension : tension entre les différentes
composantes d’une société gauloise en pleine évolution, tensions répétées depuis le IV° siècle et accélérées depuis la
création de la Narbonnaise, entre l’entité gauloise prospère et politiquement chaotique et une entité romaine puissante
militairement mais dépendante économiquement de la première.
- La guerre des Gaules : le territoire en question
César achève la conquête des Gaules entre 58 et 51 av.J.C., malgré le soulèvement dirigé par Vercingétorix,
vainqueur à Gergovie (-52) mais finalement vaincu à Alésia, la même année. En – 49, Marseille, dernière cité grecque
indépendante en méditerranée tombe. Les Gaules sont soumises mais pas encore complètement pacifiées. L’empereur
Auguste (63 av.J.C – 14 après J.C.) et Agrippa (63-12 av.J.C) s’en chargent et impulsent de grands travaux (routes,
aqueducs, thermes, théâtres…). L’invention d’une Gaule réduite à la partie occidentale et limitée par la frontière rhénane à
l’est est le fait de César. La redécouverte des Gaulois au XIXe siècle se fait à travers ce prisme et satisfait les
nationalismes et plus encore l’opposition aux Germains, dans un contexte de revanche. La figure de Vercingétorix trouve
alors naturellement sa place.
- Les différents vecteurs de la romanisation
L’armée
- Dans l’après conquête immédiat, l’armée est pour Rome un agent de coercition en même temps que de
pacification. Au début du Ier siècle, les révoltes ne sont plus que très localisées, et l’armée peut se cantonner dans
quelques camps égrenés sur le territoire et le long de la frontière la plus turbulente, celle de la Germanie. L’armée
participe à la construction d’un réseau routier, centré sur Lyon. C’est un instrument de l’intégration intérieure et
extérieure des Gaules dans l’Empire romain. Intérieure car le réseau de routes facilite les échanges commerciaux
internes et permet l’administration du territoire (déplacement des fonctionnaires mais aussi canevas pour
l’établissement du cadastre). Extérieure car les routes permettent d’assurer la garde des frontières et la
permanence, voire la croissance du négoce avec Rome.
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A partir du IIe siècle, l’armée recrute des auxiliaires chez les indigènes qui deviennent des agents de la
romanisation. L’enrôlement des celtes dans l’armée romaine s’est développé dès les conquêtes de César, selon
une pratique courante qui permet une intégration immédiate des peuples locaux et un étoffement substantiel des
effectifs militaires. Même réduite à quelques milliers d’hommes par an, l’intégration à l’armée suscite un élan de
romanité : accédant à la citoyenneté en remerciement de leur engagement, les légionnaires gaulois font montre en
échange d’une loyauté absolue à l’égard de Rome, qu’ils manifestent par un souci de promouvoir la romanité
jusque dans l’usage du latin.
Enfin, l’armée joue un rôle majeur dans l’urbanisation des Gaules. Le cantonnement des troupes, les routes
militaires sont à l’origine de centres urbains comme Amiens ou Bavay. Qu’ils aient été créés à proximité des
oppida ou dans des espaces très ruraux dépourvus de concentration proto-urbaines, les postes fortifiés romains ont
tous suscité des formes d’urbanisation, par l’installation des hommes dans ou autour de ces espaces sécurisés et
bien desservis.
Le culte impérial
- A partir du IIème siècle av J.C., le polythéisme romain commence de péricliter, confronté au développement des
courants philosophiques et des cultes orientaux. Les troubles de la fin de la République, notamment
l’affaiblissement du pouvoir du Sénat, les querelles des grands généraux de l’armée (César et Pompée), les signes
d’agitation sociale, sont vécus comme autant de signaux forts de l’urgence à retrouver l’unité. L’Empereur
Auguste et son gendre Agrippa fondent en réponse un nouveau culte, censé représenter le passage à une ère
nouvelle et assurer l’unification autour d’un rite commun.
- Le culte de Rome divinisée et de l’empereur entraîne dès la fin du premier siècle avant J.C. la construction de
monuments prestigieux dans les villes, près du forum (ex : la maison carrée à Nîmes, 1 er siècle, et le temple
d’Auguste et Livie à Vienne). Toutes les villes sont censées honorer la déesse Rome et Auguste, fondateur de
l’Empire. A côté de ce culte local, les trois capitales des provinces se dotent d’un sanctuaire fédéral qui
rassemble, sur un espace dit commun à tous les peuples des Gaules, un complexe monumental (ex de Lyon). Une
fête annuelle se déroulait en août, mois d’Auguste, pour affirmer la fidélité à l’Empire. Si ce culte est bien
accepté, c’est sans doute partiellement parce qu’il constitue un outil de promotion sociale pour les élites locales
qui accèdent à la prêtrise. La prêtrise fédérale des villes de Lyon, Cologne et Narbonne étaient sans conteste la
plus prestigieuse, donc la plus recherchée.
Les cités
- La cité est la base de la vie politique romaine (être citoyen c’est appartenir à la cité, les droits y sont corrélatifs).
La fondation de villes est donc au cœur du processus de romanisation. L’ancienne aristocratie gauloise y fait son
apprentissage politique. C’est aussi le seul moyen pour les habitants d’acquérir un statut social supérieur.
L’octroie de la citoyenneté était un moyen de récompenser les élites d’une ville, laquelle prenait alors le nom de
cité. A partir de l’édit de Caracalla en 212, la citoyenneté est accordée à tous les habitants des provinces.
- Aquae Sextiae (Aix en Provence) est fondée en 122 av.J.C., Narbo Martius (Narbonne) en 118 av.J.C mais c’est
sous Auguste que le mouvement s’accélère (Vienne, Nîmes, Orange, Arles). L’urbanisation prolonge la conquête
dans un contexte apaisé. L’oppidum (l’agglomération) rassemble les insignes du pouvoir sous forme de bâtiments
publics, religieux et civils. Ce centre monumental peut être une urbs, une ville ordonnée, soucieuse de beauté et
imitant le modèle romain. Les spécialistes se gardent pourtant d’affirmer que le pays s’est couvert de « petites
Romes ». Il faut quelques décennies pour asseoir un urbanisme structuré et complet. Le bois et la terre sont
encore largement utilisés sous le Haut Empire (27 av.J.C. 192). Le recours à la pierre et éventuellement au marbre
ne s’est imposé qu’à partir du milieu du 1 er siècle. Au nord de la Narbonnaise, le réseau urbain est nettement
moins dense. Dans les campagnes, l’intégration passe par la villa (désigne aussi bien la ferme que la maison de
plaisance) et par le développement du domaine impérial mais les sources sont trop lacunaires pour évaluer leur
part dans la romanisation des Gaules.
Les décisions politiques
- Les décisions impériales favorisent l’intégration et contribuent sans doute à l’acculturation, du moins pour les
élites. Claude (41-54) ouvre le Sénat aux notables gaulois. La constitution de Caracalla (211-212) octroie la
citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l’Empire. Constantin, en tolérant les chrétiens (édit de Milan en
313) et en se convertissant lui-même au christianisme, ouvre la voie à Théodose (379-395) qui en fait une
véritable religion d’Etat, les dieux païens étant proscrits. L’intégration culturelle passe alors à partir du IVème
siècle plus spécifiquement par la religion.
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Intégration ne signifie pas assimilation
L’assimilation « implique pour un groupe la disparition totale de sa culture d’origine et l’intériorisation complète
de la culture du groupe dominant. »1 S’appuyer sur les vestiges patrimoniaux pour conclure à un changement radical est un
peu hâtif. La romanisation ne s’accompagne pas d’un bouleversement des cadres du quotidien. Rome n’a jamais initié la
moindre politique d’assimilation. Ce qui a fait sa force, c’est précisément son pragmatisme, cette capacité à s’appuyer sur
les réalités provinciales pour mieux les intégrer. Rome n’eut pas de politique religieuse ou culturelle. Chacun était libre de
continuer à vivre selon ses coutumes et son héritage ancestral. Le temps apparaît comme un facteur déterminant en
l’absence d’une volonté affirmée d’intégrer à tout prix les provinciaux. Sur le plan religieux par exemple, nous pouvons
parler d’interpénétration des pratiques et des dévotions. Teutatès figure aussi bien Mercure que Mars ; Taranis incarne Dis
Pater (maître de la vie et de la mort régnant sur les enfers) ou Jupiter. En fait, les pratiques romaines ont fourni des
supports et des moyens nouveaux aux expressions religieuses traditionnelles. Si Mercure rencontre beaucoup de succès en
Gaule de l’Est et en Aquitaine, si Mars, protecteur du territoire et dieu guerrier, est vénéré partout, les divinités celtiques
continuaient de jouir d’une audience régionale. Par exemple, Sucellus, dieu au maillet de la prospérité, est vénéré en
Germanie, en Belgique et dans la vallée du Rhône.
Conclusion
La romanisation ne résulte pas d’une volonté délibérée d’assimiler les peuples conquis. Il s’agit plutôt d’une
acculturation au sens d’une interaction entre les sollicitations du pouvoir romain et les aspirations des élites dirigeantes
provinciales. La cité est le lieu par excellence de cette acculturation. Pour les campagnes, la prudence est de rigueur. En
outre, même si Rome demeure symboliquement le centre du monde, le système devient de plus en plus multipolaire. Par
exemple, en faisant de l’ancienne Byzance sa capitale en 330, Constantin donne toute sa place à ce pôle de la culture
grecque.
1
Denys Cuche, La Notion de culture dans les sciences sociales,Paris, La Découverte, 1996, p.53.
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LA CHRISTIANISATION DE LA GAULE (II° au VI° siècle)
Introduction : problèmes historiographique, épistémologique et didactique de la question
- Enjeux culturels :
. Étape essentielle dans la construction identitaire de la France et plus généralement de l’Europe.
. A replacer dans le long processus de diffusion du christianisme dans le monde du Ie siècle au XIXe siècle (colonisation)
. Comprendre certains éléments des pratiques culturelles chrétiennes (parfois encore actuelles).
- Enjeux historiographiques et épistémologiques :
. Les bornes chronologiques : le VIe siècle ne marque pas la fin du processus mais une étape importante
. Histoire culturelle et processus de diffusion : chronologie souvent floue et parfois différente selon les lieux (rural /
urbain ; Nord / Sud).
. Le problème des sources :
- Rares : de nombreuses sources ont disparu (sermons, traces archéologiques…)
- Le discours est souvent partial : côté auteurs romains (discours négatif) ou chrétiens (apologie et prosélytisme)
- Enjeu didactique :
Problème général posé par l’enseignement de l’histoire des religions dans un Etat laïc.
a) La diffusion du christianisme en Gaule
- Les étapes
Rappel : Jésus, Palestine, Paul de Tarse (Saint Paul)
* Du 1er au IIIème siècle : une religion minoritaire, parfois persécutée puis tolérée
Ie siècle : le christianisme se limite (en dehors du Proche-Orient) à la région de Rome.
IIe siècle : Diffusion du christianisme en Gaule en provenance du Proche-Orient :
. En Narbonnaise : Marseille, Arles, Narbonne
. Le long du Rhône : Lyon, Vienne
Première attestation du christianisme en Gaule : en 177, 48 chrétiens sont mis à mort à Lyon (dont Sainte
Blandine donnée aux lions).
IIIe siècle : Les communautés chrétiennes anciennes se développent. Extension du christianisme en Gaule dans le
nord, centre et l’ouest.
* IVème et Vème siècles : d'un christianisme toléré à une religion d'Etat
Le mouvement de diffusion se poursuit et touche de plus en plus de personnes :
. de différentes catégories sociales
. souvent processus en plusieurs temps :
- initiative déterminante de l’évangélisateur (évêque, moine…)
- conversion collective (pas toujours sincères), construction d’une église avec un prêtre
- pénétration plus profonde des moeurs et intégration cultuelle des nouveaux rites par élimination ou
christianisation des pratiques et croyances anciennes.
. Extension du christianisme en milieu rural qui se prolonge jusqu’au VI e siècle dans certaines contrées reculées
(ce qui explique l’assimilation par le vocabulaire du mot païen et du mot paysan, paganus).
Le christianisme devient une religion autorisée, puis une religion d’Etat :
. Dans l’empire romain :
. 313 : Édit de Milan qui autorise la liberté cultuelle (empereur Constantin).
. 392 : Théodose le Grand fait du christianisme une religion d’Etat et interdit toute autre pratique religieuse.
. Dans le royaume franc : entre 496 et 498, le 25 décembre, Clovis (481-511) reçoit le baptême des mains de
l’évêque de Reims (Rémi) : acte autant religieux que politique.
L’Église se structure : Pape (évêque de Rome), archevêque, évêque, prêtre.
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- Les vecteurs de la diffusion du christianisme en Gaule
* Les lieux
Comme de nombreux processus de diffusion dans l’histoire, le christianisme se diffuse :
. Par rayonnement de proximité (du SE de la Gaule au NO)
. Par les villes (plus cosmopolites, plus ouvertes aux innovations et aux espaces lointains)
. Le long des voies de communication (ports, vallées du Rhône, de la Seine, de la Loire, grandes routes…)
. À partir de lieux prosélytiques : monastères, abbayes, églises (comme celle de Martin à Tours)…
* Les acteurs de la diffusion
Importance des populations laïques originaires ou en contact avec les régions d’où se diffuse la religion :
communautés orientales de marchands ou garnison de soldats qui conservaient des liens importants avec le
Proche-Orient.
Ecclésiastiques :
. missionnaires (moines…) souvent anonymes
. évêques : ex, Saint-Martin dans les campagnes du diocèse de Tours
. 1er évêque gaulois bien connu, évêque de Tours de 371 à 397
. Thaumaturge, prédicateur, fondateur de monastère
. Source (hagiographique): Vita Martini de Sulpice Sévère
. Le pape joue dès la fin du IV e siècle un rôle de recours important : pape Sirice (384-390) envoie en 386 la
décrétale Ad Gallos, premier document qui atteste son rôle en Gaule.
L’aristocratie laïque : rôle important notamment aux IV e et Ve siècles (constructions d’édifices religieux, parfois
coercition brutale…).
Le pouvoir politique :
. Les empereurs romains : Constantin (313), Théodose le Grand (392)
. Les Mérovingiens (481-751) : très proche de l’Église chrétienne
. protection royale des évêques, dons royaux…
. contrôle royal :
. Le pouvoir royal franc a très vite cherché à contrôler l’église chrétienne : un laïc ne peut rentrer dans le
clergé sans l’autorisation du roi ou de son représentant (511, concile d’Orléans), les rois francs doivent
donner leur accord pour la tenue des conciles…
b) Les nouvelles pratiques religieuses gallo-romaines
- Les croyances chrétiennes gallo-romaines
* Le dogme
. Le Credo est fixé au concile de Nicée en 325.
. Symbôles paléochrétiens : arbre, chrisme, colombe, auréole, poisson, croix, pasteur, brebis, pain, vin…
Scènes bibliques : Adam et Ève, Jugement dernier, Christ en majesté, Cène…
. Mais croyances et pratiques réelles gallo-romaines plus compliquées à cerner.
. Aussi des hérésies comme l’arianisme (condamné au concile de Nicée en 325) : négation de la divinité de JésusChrist (Francs).
* Les textes saints
. Bible : Ancien Testament et Nouveau Testament (notamment les quatre Evangiles : entre 70 et 85 : Evangiles
Marc, Matthieu et Luc. Vers 95 : Evangile (et Apocalypse) de Jean)
. Mais aussi des écrits apocryphes (rejetés ultérieurement par l’Eglise), ex. le Pseudo Thomas.
- Le calendrier et les rites chrétiens gallo-romains
Rites : ensembles des gestes que l’on effectue pour honorer un ou des dieux
Temporalité et rites chrétiens imprègnent progressivement la société :
. Instauration des grandes fêtes annuelles : Vendredi Saint, Pâques, Ascension, Pentecôte, Noël, Épiphanie
. Respect du repos du dimanche
. Culte des saints : très important en Gaule
- intermédiaire entre Dieu et l’individu, qui le protège, le conseil et du le rassure, intercède
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- conséquence : important commerce de reliques, littérature hagiographique…
. Christianisation de rites anciens : ex. les rogations, cérémonies qui ont pour but d'attirer les bénédictions
divines sur les récoltes et les travaux des champs (d’origine celte), institué en rite chrétien en Gaule au milieu du
Ve siècle.
Mais les pratiques païennes demeurent :
. rites et les lieux de culte chtoniens : arbres, source, fontaines, fête de solstice d’été.
. Cultes guérisseurs installés à proximité des sources, thermes, fontaines, sanctuaire du culte des eaux…. .
. Fête à Samain (« Halloween ») du nouvel an celte (fêtes, danses, déguisements…).
- Les lieux chrétiens
Le christianisme a transformé le paysage urbain antique des cités de la Gaule :
. Le centre ancien (forum, basilique civile, temple…) cède la place au groupe épiscopal (avec église ou
cathédrale, baptistère, nécropole …)
. Souvent, par manque de place, développement en périphérie d’un nouveau centre qui remplace l’ancien.
. Importance des cimetières qui traduisent un nouveau rapport à la mort :
- les cimetières intègrent l’espace habité
- attachement au corps des défunts
- rite d’inhumation : de la fin du IV e au VIIIe siècle, émergence du rite de l’inhumation chrétien en Gaule
(bras croisés sur la poitrine, sarcophages à décor chrétien, tête vers l’Orient, abandon de tout mobilier
funéraire).
Les monastères
. Multiplication du nombre de monastères dans les dernières décennies du IV e siècle (sous l’autorité d’un abbé).
- Monastère créé par Martin a Marmoutier (nord-ouest de Strasbourg) : la 1ère réalisation importante
(environ 80 moines) connue.
- Fin IVe s. - début Ve monastère institué par Honorat sur les îles de Lérins (grand succès, donne de nbx
évêques…)
. Puis création de règles :
- En 419 : Cassien rédige la règle de Saint-Victor de Marseille qu’il a fondé.
- Entre 530 et 560 : rédaction de la règle de Saint-Benoît.
.Les monastères sont à la fois :
- Des scriptoria (copies de manuscrits et conservation des textes antiques et chrétiens)
- Des écoles d’instruction élémentaire
- Des lieux de formation pour les moines et les futurs clercs
CONCLUSION : Comment expliquer le succès du christianisme ?
Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer cette diffusion relativement rapide et profonde :
Universalité du discours chrétien (pas de peuple élu, riches/ pauvres…) :
Rôle déterminant des élites politiques, sociales et religieuses
Dans le contexte de désorganisation générale de l’empire romain et de la religion civique à la fin du III e siècle, un
syncrétisme religieux :
. Parfois continuité des lieux du sacré (superposition d’une église sur un ancien fanum détruit ; reprise d’anciens
lieux d’inhumation païens…)
. 392 : union de l’empire et du christianisme ; l’empereur apparaît comme le représentant de Dieu sur Terre → le
culte impérial s’est christianisé.
Une grande capacité d’adaptation des gallo-romains
Des efforts didactiques : dès la fin du Ve siècle-début VIe, des évêque adoptèrent le sermo rusticus plus simple
(texte et vocabulaire simple, exemples pris dans la vie quotidienne… ).
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