d’Europe centrale et occidentale, les savants grecs n’ont qu’une vague idée de la géographie européenne et qualifient
de celtes tous les barbares européens depuis le Danube jusqu’à l’Atlantique. Les occasions de contact se multiplient
ensuite, par les invasions, migrations et mercenariats celtes, ainsi que par l’entremise des conquêtes romaines.
* Polybe, 206-124 av JC, documentation précieuse sur les gaulois, tirées des meilleures sources littéraires ou
visuelles , vérifiée et analysée ;
* César, La guerre des Gaules, 7 livres écrits par César sur ses campagnes, après Alésia ; l’ouvrage devait
servir à sa propagande mais les faits étaient connus par les rapports officiels ;
* Tite-Live, 65/60 av JC- 17 ap JC, le plus grand historien romain, Histoire de Rome depuis la fondation de
la ville, en 142 livres dont ¼ nous est parvenu, (des origines à -293, puis de -210 à -167), mais des résumés nous
sont parvenus sur les années -53/-52, semble plus insister sur les difficultés de César que sur les succès ;
présente souvent des mythes historisés
* Strabon, Ier siècle ap J.C., Géographie, description du monde connu de l’Occident à l’Orient, parue sans
doute en 7 ap JC, donne la description des Gaules et des Alpes ; tire ses informations de Poseidonios d’Apamée,
savant grec de la fin du II° s av JC, qui entreprit vers –90 un voyage dans l’ouest et le centre de la Méditerranée,
l’ouvrage, Histoires, a disparu, il n’en subsiste que des citations chez des auteurs postérieurs ;
* Plutarque, 46-140 ap JC, Vies parallèles, 50 biographies d’hommes célèbres associant un grec et un romain
(Alexandre et César) ; le récit de la reddition d’Alésia met en valeur le personnage de César ; évoque les mœurs
des gaulois dans les vies de Marius et de Camille ; sources différentes de celles de Tite-Live ;
* Suétone, Vie des douze césars, traduit les hauts faits attribués à César vers 120, avec seulement quelques
lignes sur la guerre des Gaules ;
* Pausanias, II°s ap JC, Description de la Grèce, principale source sur les expéditions celtiques du début du
III° s en Macédoine et en Grèce.
* Florus, II°s ap JC, rhéteur, écrit vers 130-140 un abrégé d’histoire romaine fait d’après Tite-Live, comprend
de nombreuses erreurs et utilise les vieux « clichés » diffusés depuis des siècles sur les terrifiants gaulois ;
charges, fait un récit de l’année -52, d’après des sources défavorables à César mais qui ont disparu ;
* Orose , 414-415, Historiae adversus Paganos (histoire contre les païens), énumère les calamités des temps
païens et fait un récit des malheurs qui ont accablé la Gaule, dans un abrégé mélangeant plusieurs sources ; récit
plutôt favorable aux gaulois insurgés mais qui considère Vercingétorix comme le traître par excellence.
- Archéologie et état des connaissances
De nombreux sites de fouilles depuis 50 ans ont renouvelé nos connaissances, et remis en cause certains clichés : ex :
oppidum de Bibracte (Mont-Beuvray / Nièvre), sanctuaires de Ribemont/Anvre (Somme), Gournay/Aronde, tombe de
Vix (Côte-d’Or),
* avant la conquête, les gaulois sont fortement intégrés dans le monde économique méditerranéen : importance
du commerce (vin, huile, objets manufacturés..), pièces de monnaie gauloises, routes qui préfigurent le réseau
romain
* la « Gaule chevelue » (= couverte de forêts) est très largement défrichée depuis le III°s av JC ;
* les « oppida » sont des agglomérations importantes et structurées avec des fonctions diversifiées ;
* des savoir-faire techniques dans la métallurgie et l’armement imités par les romains (casque en fer, cotte de
maille, épée à double tranchant…)
* une production agricole variée et un outillage élaboré (moissonneuse de Trévires), fournissant une
alimentation où la part des animaux sauvages (sangliers !) représente moins de 5%
•un art celte longtemps méconnu, original, imaginatif plus que représentatif, présent dans de nombreux
objets de décoration (torque, fibules) ou d’usage quotidien (poterie, chaudrons).
- Rapports entre histoire et mémoire
* jugements contrastés que les historiens ont porté sur les Gaulois en fonction de l’état des connaissances et de
l’ « état d’esprit » de leur époque : débat entre les « envahisseurs » romains détruisant la culture celtique, ou à
l’opposé, une Gaule sauvage qui se développe grâce à l’apport de la civilisation romaine.
*La Gaule n’a jamais existé dans l’Antiquité : les frontières naturelles qui délimitent l’entité géographique (Pyrénées,
Atlantique, Rhin, Alpes) sont une justification des conquêtes faites a posteriori par César. Justification appuyée sur
l’idée d’une menace celte permanente, rappel des incursions celtes du IV° siècle en Italie du nord et de la prise de
Rome.
•l’expression « nos ancêtres les gaulois » est une création historique du XIX° s préoccupé de jeter les bases d’une
nation française issue du peuple ( Amédée Thierry), contre les origines franques revendiquées par l’aristocratie
IUFM de Grenoble/UJF – MES1 HG – contributeurs UD