dants, inéapables de
se
prendre
en
main eux-mêmes et de développer les
t~lents
nécessaires pour cela, par exemple permettre
d'accoucher
et
de
soccuper de son bébé, sans passer par une clinique
et
un
pédiatre ou
d'apprendre et de développer ses capacités d'apprentissage
en
fonction de
ses
en~'es,
sans
pOUf
autant passer par
un
maître. Non seulement les
professions depuis longtemps définissent leurs clients, c'est-à-dire,
si
vous
allez
.Ies
voir, vous disent
si
vous êtes malade, ignorant, etc., déterminent vos
besoins et prescrivent
le
traitement, mais,
en
plus, dans ce dernier quart de
siècle qu'Illich
appelle"
l'âge de l'autoritarisme
professionnel"
ou
des"
pro-
fessions dominatrices ", personne ne leur échappe. L'alliance de jadis avec
le~
èlites dont elles défendaient les intérêts est devenue une alliance avec
l'Etat, qui, àtravers ses divers systèmes de prise en charge de la population
(éducation, protection sanitaire, sociale, légale, circulation...)oblige chacun à
passer par les professions concernées.
"
La
médecine était une profession
libérale;
elle est devenue, durant
le dernier quart de siècle, une profession dominatrice
en
s'octroyant
le
pouvoir d'indiquer ce qui constitue
un
besoin de santé pour les gens en
général. Les spécialistes de la santé
en
tant que corporation ont acquis
l'autorité de déterminer quels soins doivent
ê.tre
prodigués àla masse.
Ce
n'est plus le professionnel qui impute
un
besoin àson client, mais
un
corps constitué qui impute
un
besoin àtoute une classe de gens et qui
se déclare alors mandaté pour examiner la totalité
de
la population afin
d'identifier ceux qui appartiennent
au
groupe des patients potentiels.
Et
ce
qui
se
passe dans
le
domaÎne de
la
santé
se
retrouve très exactement
dans d'autres sphères. Des émules toujours plus nombreux du
pour-
voyeur de thérapeutique lui emboîtent le
pas:
éducateurs, travailleurs
sociaux, militaires, urbanistes, juges, policiers et autres gens sérieux. »
(Illich, 1977a, p.
45)
Certes, dès la fin des années 60, des professionnels radicaux
ont
essayé
de rompre le lien de leurs professions avec les puissants et de
se
mettre
au
service des plus pauvres, qui étaient devenu une clientèle obligée, mais
souvent mal traitée. Pour ce faire, Lily Hoffman (1989), qui aétudié les
médecins
et
les planificateurs, montre
qu'ils
ont mis en œuvre trois straté-
gies. D'abord, améliorer l'équité des prestations
en
réformant les institutions
qui les délivrent et
en
faisant pression sur les écoles qui forment les presta-
taires et sur leurs associations professionnelles. Ensuite, redonner du pouvoir
aux clients (empowerment),
en
les amenant às'aider eux-mêmes
et
en
leur
transférant
son
expertise. Enfin créer
un
mouvement àcaractère politique
pour éduquer les travailleurs et ieurs clients
et
favoriser la transformation de
la société. Toutefois, quelle que soit la volonté d'affaiblir ou de complètement
transformer les professions, les changements possibles sont intrinsèquement
limités, car, au-delà de
la
mise
en
cause du statut et du prestige, s'ils
touchent
au
savoir professionnel, qui légitime la pratique, cela menace direc-
tement la capacité des professionnels, ycompris radicaux, àexercer leur
travail.
De
toute façon, plus radical que les radicaux, Illich (1977a) avait
récusé par avance ce «Professionnalisme radical
)'.
Il
souhaitait que l'on
démasque leur ethos professionnel
en
sapant leur crédibilité d'experts, à
laquelle ils tiennent, comme les autres professionnels (p. 32).
En
fait ce que vise Illich, ce n'est pas
une"
société
post-professionnelle"
et moins encore «post-industrielle ", mais bien plutôt une société anté-
industrielle, sinon même d'avant
la
division
du
travail, car, dit-il «la division
du
travail,
la
multiplication des biens et des services et la sujétion àleur
égard substituent de force des produits standardisés àpresque tout ce
que,
préalablement, les gens fabriquaient
eux-memes"
(p.
16). Peu Importe que
La
Professionnalisation des enseignants:
les
limites d'un mythe 87