Folia veterinaria QUELS SONT LES DANGERS D’UN SURDOSAGE AU LÉVAMISOLE ? Le lévamisole est un anthelminthique enregistré en Belgique pour les ovins, les bovins et les porcins. Il est indiqué pour le traitement des animaux infestés par des nématodes digestifs et respiratoires. Chez les bovins et les ovins, le lévamisole exerce une action importante contre les nématodes de la caillette et de l’intestin grêle à l’exception des Strongyloïdes spp. Son activité vis-à-vis des nématodes du gros intestin, sauf contre Trichuris spp et contre les vers pulmonaires est bien connue. Les formes adultes, incluant Haemonchus spp., Trichostrongylus spp., Ostertagia spp., Cooperia spp., Nematodirus spp., Bunostomum spp., Oesophagostomum spp., Chabertia spp. et Dictyocaulus spp., sont en général sensibles à l’action du lévamisole. En revanche, il est moins efficace contre les formes immatures et il n’est pas actif sur les formes enkystées chez le bovin. Chez les porcins, le lévamisole est indiqué pour traiter les animaux parasités par Ascaris suum, Oesophagostomum, Strongyloïdes spp., Stephanurus, et Metastrongylus. Chez le chien et le chat, l’usage du lévamisole ne se justifie pas du fait de la marge de sécurité étroite de ce principe actif et de l’existence de médicaments enregistrés chez ces espèces pour traiter la grande majorité des infestations parasitaires. Son effet immunostimulant est parfois recherché bien qu’il n’ait jamais fait l’objet d’études approfondies. Les doses signalées dans la littérature restent entièrement basées sur des observations cliniques individuelles. Du fait de sa marge de sécurité assez faible chez le cheval et de son efficacité limitée sur les parasites équins, le lévamisole n’est pas utilisé chez cette espèce. Les indications reprises ci-dessus sont celles communément admises pour le lévamisole. Néanmoins, le spectre d’activité peut varier selon les espèces cibles, les formes galéniques, les voies d’administration et les posologies utilisées. Dès lors, il est conseillé de consulter les résumés des caractéristiques du produit (RCP) avant toute utilisation. Son mécanisme d’action repose sur une action sur les récepteurs de type muscarinique et nicotinique. L’interaction possible avec les récepteurs des cellules eucaryotes et l’utilisation fréquente de ce principe actif expliquent les effets indésirables, voire les cas d’intoxication parfois signalés. La symptomatologie peut faire penser, par certains aspects, à celle associée à une intoxication par les organophosphorés. Le détail des symptômes décrits chez les différentes espèces et les doses toxiques sont repris dans le tableau 1. La mort est rarement observée. Un traitement symptomatique faisant intervenir l’atropine doit être mis en place. L’atropine doit être administrée immédiatement par voie intraveineuse afin de réprimer les symptômes parasympathiques. Les doses pour les différents animaux de compagnie sont signalées dans la littérature scientifique (généralement, ¼ de la dose est administré par voie IV et le reste par voie SC ou IM ; dans d’autres cas, la dose est répétée si nécessaire cliniquement). Dans des cas plus graves, des mesures supplémentaires doivent être prises, notamment l’oxygénothérapie, le lavage d’estomac et l’administration de charbon actif en cas d’ingestion préalable de lévamisole. Il n’existe pas d’antidote spécifique. Tableau 1 : effets indésirables, doses toxiques et symptomatologie associée à un surdosage de lévamisole chez différentes espèces animales. Espèces Effets indésirables (*1) Bovine Pas de problème en cas de respect de la posologie conseillée. Les bovins infestés de vers pulmonaires peuvent présenter de la toux. Un gonflement au niveau du site d’injection et de l’hypersalivation sont parfois observés. Les symptômes sont transitoires et disparaissent, le plus souvent, endéans les deux heures. Ovine Peut causer une excitabilité transitoire. Porcine Peut causer de l’hypersalivation et des tremblements musculaires. Les porcs infestés de vers pulmonaires peuvent présenter de la toux et des vomissements. Chiens et chats Perturbations gastrointestinales telles que vomissements et diarrhée. Neurotoxicité (halètement, agitation, Dose toxique / létale Symptômes liés au surdosage Tremblements Des signes cliniques sont observés lorsque les doses musculaires, excitation, recommandées pour la hypersalivation, voie orale (PO) et sous«head shaking», «lip cutanée (SC) sont respectivement multipliées licking», ataxie, anxiété hyperesthésie, par 3 et 2. irritabilité, convulsions cloniques, dépression du SNC, parfois arythmie cardiaque, respiration rapide, dyspnée, miction et défécation fréquentes, effondrement, prostration. Les rares cas mortels surviennent suite à une déficience respiratoire. Voir symptomatologie DL PO = 90 mg/kg observée chez le Apparition de signes bovin. cliniques lors de l’administration d’une dose 5 fois supérieure à celle qui est conseillée. Voir symptomatologie DL SC = 40 mg/kg observée chez le Apparition de signes bovin. Chez le porc, cliniques lors de l’administration de 5 fois un surdosage par voie parentérale peut la dose recommandée via engendrer de la la nourriture; 3 fois celle dyspnée et la mort préconisée via l’eau de dans les 5 à 60 boisson et 4 à 8 fois la minutes qui suivent celle normalement l’administration. administrée par voie SC. Apparition de signes cutanés lors de l’administration de 4 fois les doses citées. L’administration orale est 2 Pigeon modification du comportement), agranulocytose, dyspnée, œdème pulmonaire, éruption cutanée et léthargie. Des vomissements peuvent parfois se produire. mieux tolérée. Peu toxique même en cas de surdosage important. Chez les oiseaux en général à une dose de 40 mg/kg en injection : de la dépression, de l’ataxie, une paralysie des membres, de la mydriase, de la régurgitation, et de la mortalité sont rapportées dans la littérature. SNC : système nerveux central, DL : dose létale, PO : per os, SC : sous-cutané (*1) pour mémoire : un effet indésirable est toute réaction nocive et non recherchée survenant de façon fortuite chez certains sujets soumis, à des fins thérapeutiques, prophylactiques ou diagnostiques, à un traitement par un ou plusieurs médicaments. Les effets découlant d’une utilisation anormale du médicament ne sont pas des effets indésirables mais des effets toxiques. 3