
Colloque international  sur: l'économie de la connaissance              Pr.  Hireche Aissa   
Novembre 2005 
ne serait pas meilleur qu’un simple guérisseur. Et nous pensons que cet exemple est fort 
approprié ici.   
La sagesse donnant une hauteur de vue aux choses et aux phénomènes, il est 
clair  que  l’appréciation  de  la  situation  de  l’organisation  est,  à  tous  points  de  vue, 
beaucoup plus proche de la réalité, qu’elle est plus sereine et que, par conséquent, les 
décisions prises ne peuvent être qu’appropriées.  
 
Parce  que  la  sagesse  transcende  les  divergences  d’intérêt  d’individus  et  de 
groupes ainsi que les caprices d’humeur, non seulement elle aide à mieux résoudre les 
conflits mais elle contribue  à  les  réduire  considérablement.  En  effet,  lorsqu’on  a  su 
insuffler aux hommes les hautes valeurs et le comportement adéquat, leurs rapports aux 
risques  et  aux  problèmes,  y  compris  les  conflits,  deviennent  plus  sereins  et  leur 
réaction, plus sensée, contribue pour une large part à une résolution convenable.  
  
Ils sont nombreux les gestionnaires qui ne voient pas venir les conflits ou qui 
« évitent de  les  voir venir »  pour  s’auto  convaincre  d’une  pseudo  efficacité  dans  la 
gestion  de  leur  organisation,  et  pour  se  prouver  à  eux-mêmes  qu’ils  se  sont 
convenablement  « acquittés  de  leur  obligation  de  faire  preuve  de  diligence 
raisonnable »
 ignorant que, par cette attitude, « comme l'enfant recroquevillé sous ses 
couvertures, ils répriment l'intuition que de véritables problèmes sont imminents »
. 
Face à ce comportement, même la formation et les stages de mentoring ne peuvent pas 
être très efficaces et seule la sagesse peut avoir des effets. Voilà, encore, un aspect qui 
souligne l’intérêt de la gestion par la sagesse. 
 
Une autre condition s’impose à l’adoption de ce mode de gestion. Les hommes 
auxquels  on  projette  de  transmettre  cette  sagesse  dans  la  gestion  doivent 
nécessairement jouir d’un niveau respectable de connaissances. Il ne s’agit pas de celles 
sanctionnées  par  un  diplôme  quelconque  (bien  qu’elles  soient  les  bienvenues 
lorsqu’elles sont réelles), mais de celles qui provoquent la prédisposition à recevoir, à 
donner,  à  conjuguer  l’immédiat  au  lointain,  le  simple  au  complexe,  l’individu  au 
groupe, la modestie à l’autorité, la fermeté à l’équité et, surtout, le savoir à l’humilité, 
car n’oublions pas que la sagesse est une valeur sociale et que, dans l’organisation, il 
importe peu que le gestionnaire se considère, ou pas, dotée d’une certaine sagesse, ce 
qui importe  c’est  plutôt  ce  que  voient  en  lui  ses  collègues,  ses  collaborateurs  et  ses 
subalternes car, tout comme le leader dont la véritable valeur est celle perçue par son 
groupe, le véritable statut du gestionnaire, est celui que lui accordent ses hommes.  
 
La  gestion  par  la  sagesse semble  donc  offrir  un  mode  fort  convenable  pour 
mener  à  bien  les  affaires  des  organisations  de  toutes  sortes.  Une  question  mérite, 
toutefois, d’être posée. Elle n’est pas des moindres. Quel est de degré de réalisme de ce 
mode de gestion ? Ou, en d’autres termes, peut-on réellement aspirer à voir un jour se 
développer ce mode dans les organisations ? 
 
La réponse n’est pas facile car, autant nous adhérons à ce mode, autant il nous 
semble plus utopique que réaliste. Non pas que la sagesse serait incapable de gérer ou 
que la gestion serait difficile à couler dans le moule de la sagesse, mais plutôt parce 
que,  prise  dans  son  sens  plein,  la  sagesse  n’irait  pas  à  la  gestion.  Elle  refuserait  de 
franchir les portes des organisations. Les hommes sages, combien même accepteraient-
ils de tenter l’expérience, ce qui est déjà beaucoup, ne peuvent se soumettre aux jeux,