La pluralité islamique dans la Turquie contemporaine
P
ROF
C
LAUDIO
M
ONGE
Université de Fribourg
Faculté de Théologie
AA. 2012-2013 – SP
échec : le sultan n'a tout simplement pas cru bon d’assiéger la ville, d’autant que Charles V
a cette fois-ci réagit en menant 40 000 hommes au combat. En réalité, le face à face entre les
Ottomans et les Habsbourgs est surestimé, surtout sur le front européen. Certes, Charles
dispose d’une armée de 150 000 hommes, mais il la disperse dans son empire et se bat trop
souvent contre les Français (surtout) et d’autres ennemis (notamment les protestants) pour
réellement prendre au sérieux la lutte avec Soliman. La plupart du temps, les allemands et
les Hongrois, avec Maximilien à leurs têtes (qui remplace son frère) doivent le plus
souvent se défendre seuls. On a beaucoup parlé des liens privilégiés entre la France et
l'empire ottoman : bien que réels, ils ne produisent guère d'effets militaires : François Ier se
rétracte souvent, au gré de ses propres traités de paix avec l’empereur.
Les années 1530 sont surtout dévolues à la guerre contre l’empire perse des Séfévides, à
l’autre extrémité de l’Empire. Elle se solde par une victoire ottomane, et Soliman se permet
même un superbe entrée dans Bagdad en 1535. La perse séfévide, empire musulman le
plus brillant culturellement, ne fait en réalité pas le poids face à la force des ottomans.
Mais ceux-ci sont une nouvelle fois défiés par les impériaux (au sens « membres de
l’empire de Charles V » et non « saint empire », cela inclut donc espagnols - qui sont la
force dominante au sein de l'empire - italiens et flamands) puisque la même année,
Charles quint prend Tunis à la tête de 60 000 hommes. Une nouvelle fois, Soliman se ligue
avec la France, et il écrase la flotte de la sainte ligue (Empire carolin + Venise + Gênes +
Etats pontificaux) lors de la bataille navale de Préveza au large de la Grèce. Dans le même
temps, l'activité des pirates barbaresques en méditerranée occidentale s'intensifie, si bien
que l'empire ottoman semble prendre le dessus dans ce front sud. Et en 1540, il reprend la
guerre sur le front centre européen, cette fois-ci contre les forces combinées de Charles V et
Ferdinand. Les ottomans repoussent une tentative impériale sur Buda, et se contentent de
prendre quelques forteresses avant d'obtenir la renonciation au trône hongrois de
Ferdinand. Charles V, dont les ressources sont épuisées (tout comme celles de son ennemi)
par les différentes guerres, ne peut qu'accepter ce traité quelques peu humiliant pour les
Habsbourgs. Mais d’une manière générale, la guerre en Europe centrale a atteint un
équilibre depuis les conquêtes des années 1520 et ni l’empereur chrétien ni le Calife
musulman ne peuvent y lancer l’ensemble de leurs forces. En 1543, Nice est prise par une
flotte combinée de navires français et barbaresques.
En 1548-49, nouvelle campagne contre les perses. Soliman y met fin rapidement, non sans
avoir gagné quelques places dans le Caucase. Dans le même temps, il s’engage dans une
lutte avec les Portugais dans l’océan indien, qui donne peu de résultats à part la prise
d’Aceh au Yémen. Les Portugais repoussent tous les autres assauts. Les Ottomans lancent
leur troisième et dernière campagne contre les perses en 1553, où ils alternent entre
défaites et victoires. Aucun résultat significatif au final. En 1565, le sultan mène une
campagne très connue contre les hospitaliers à Malte. Le siège de Malte dure de mai au 11
septembre de cette année et voit s’opposer 50 000 ottomans et 6100 hospitaliers. Malgré
l’avantage écrasant des premiers, ce sont bien les hospitaliers qui remportent la victoire,
forçant les ottomans à lever le siège. Cette défaite a un retentissement énorme en occident.