L’écrivain et l’écriture
L’écriture d’un texte met en jeu trois dimensions complémentaires:
* les motivations, les intentions d,écriture, l’expérience personnelle, la culture de
l’auteur;
* la réalit telle qu’il se la représente, se l’imagine et l’interprète;
* le langage, sa richesse lexicale et sémantique, l’ensemble des techniques de narration.
Selon le cas, le texte mettra l’accent sur l’une ou l’autre de ces dimensions: l’auteur (dans
le texte autobiographique), la réalité (le récit réaliste autobiographique), la réalité (le récit
réaliste, le reportage de presse…), le langage (la poésie).
Repères
La volonté de créer chez l’écrivain correspond à un désir profound qui s’explique par
l’histoire personnelle et l’environnement, le contexte. Elle est le fruit de motivations
diverses:
le besoin de s’exprimer, d’utiliser l’écriture pour donner un sens à l’existence;
le souci de témoigner, de denouncer, de combattre avec la plume;
le désir d’accéder au statut social de l’écrivain.
Pourquoi écrivez – vous?
“J’ai voulu devenir écrivain parce que je voulais être célèbre, parce que je voulais être
libre – ne pas être lié par un travail salarié; et parce que l’on m’avait laissé entendre,
lorsque j’étais encore très jeune, que le métier d’écrivain était une noble chose.
Aujourd’hui, à l’age de 52 ans, après une carrière d’écrivain qui a déjà duré trente ans,
ces motifs sont, dans une certaine mesure, encore valables (bien que la rénommée ait
perdu de son importance). Je dois cependant admettre que j’écris aussi parce que
l’écriture est ma profession et mon moyen de vivre. Cela ne veut pas dire que j’écris
seulement par habitude ou nécessité matérielle, ou, comme aux premiers jours par
panique et par peur de l’abîme. J’écris, maintenant, mu par un sentiment qui ressemble à
de la joie – joie d’avoir trouvé un sujet, un theme, de travailler sur quelque chose de
nouveau (et qui pourtant, une fois découvert, paraît toujours evident).” V.S.Naipaul
“Je me suis engagé dans la marine marchande étant adolescent; partir en mer
m’enchantait et j’aurais continué si les circonstances ne m’en avaient empêché. J’ai été
débarqué d’un navire en Allemagne, en 1946, attaint de tuberculose. Résultat: j’ai passé
plus de trois années dans les hôpitaux; on a fini par m’enlever dix côtes, l’un de mes
poumons s’est presque effondré, on m’a retiré une partie de l’autre et j’ai eu quelques
complications. J’avais toujours été quelqu’un pour qui l’activité physique revêtait une
grande importance et cette maladie a modifié les choses. Je me suis mis à lire pour la
première fois de ma vie pendant mon séjour à l’hôpital. Quand j’en suis sorti, j’ai
rencontré quelques types de mon quartier, à Brooklyn, qui s’intéressaient à la literature.
Je les écoutais parler de différents auteurs, puis j’allais à la bibliothéque, sortais leurs
livres et les lisais. Finalement, je me suis mis à écrire; c’a été un combat considérable.