CONSEIL PERMANENT
OEA/Ser.G
CP/INF.7295/15
31 décembre 2015
Original: espagnol
“DÉCLARATION DE LA CONFÉRENCE MONDIALE DES PEUPLES
SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LA DÉFENSE DE LA VIE
NOTE DE RÉPONSE DE LA MISSION PERMANENTE DE LA BOLIVIE À LA NOTE
DE LA MISSION PERMANENTE DU CHILI DATÉE DU 17 DÉCEMBRE 2015
(CP/INF. 7293/15)
(Relativement à l’exposé fait par la délégation de la Bolivie dans le cadre
de la séance extraordinaire du Conseil permanent tenue le 25 novembre 2015 sur
“Les défis auxquels est confrontée la Vingt et unième Conférence des États parties à la Convention-
cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, COP21”)
ÉTAT PLURINATIONAL DE BOLIVIE
Ministère des relations extérieures
MISSION PERMANENTE PRÈS L’ORGANISATION DES ÉTATS AMÉRICAINS
MPB-OEA-ND056-15
Washington, D.C., le 28 décembre 2015
Monsieur le Président,
J’ai l’honneur de me référer à la note verbale Nº356 de la Mission permanente du Chili datée
du 17 décembre 2015, en réponse à la communication MPB-OEA-ND055-15 envoyée par notre
Mission permanente.
Une fois de plus, le Gouvernement de la Bolivie déplore les qualificatifs discriminatoires et
agressifs exprimés par le Gouvernement du Chili contre la « Déclaration des peuples sur le
changement climatique et la défense de la vie », méprisant et dénaturant la participation d’autorités,
de scientifiques, de chercheurs, de peuples autochtones et de milliers d’autres citoyens du monde, de
notre Continent et de ses concitoyens eux-mêmes.
Face à l’allusion du Gouvernement du Chili que la « Déclaration de Tiquipaya » n’est pas
légitime, il est important d’apporter les éclaircissements suivants : a) des dizaines de conférences
internationales ayant une incidence importante et d’une grande pertinence sont convoquées sur le
plan national; donnons comme exemple les nombreuses « Conférences de la paix ». b) Le texte a été
arrêté par consensus tout d’abord par le truchement de discussions virtuelles puis de façon
présentielle, soit après plus d’un mois de dialogue intense; le document final est le résultat du
consensus des tables de travail et de leur approbation lors de la séance plénière finale de la
Conférence, jouissant par conséquent de toute la légitimité de cette rencontre. L’affirmation selon
laquelle le document n’a été diffusé qu’à la fin de la Conférence est absolument fausse et infondée.
c) Le contenu de la Déclaration de Tiquipaya reflète les préoccupations et les propositions de
milliers de participants à la Conférence, tellement que des dizaines d’autorités présentes se sont
engagées à transmettre au nom de leur pays les propositions de la Conférence de Tiquipaya auprès de
la COP 21 et aux réunions successives et à effectuer les démarches nécessaires pour ce faire, et d)
enfin, le Chili fait de nouveau une entorse à la vérité quand il mentionne que les résultats de la
Conférence promeuvent une plateforme qui ne tient pas compte des consensus mondiaux. Il est
important de préciser que les Conférences de Tiquipaya ont permis d’obtenir notamment les progrès
suivants :
Concepts fondamentaux dans l’optique de l’accord
La reconnaissance de la Terre-Mère a été incluse.
Le concept de développement durable et d’élimination de la pauvreté a été incorporé.
Le message de « justice climatique », qui signifie que l’accord climatique doit signifier
également la justice sociale et économique, a été incorporé. Ces trois concepts doivent nous
conduire à sauver le Terre-Mère afin de sauver la vie.
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Ratification du principe de responsabilités communes mais différenciées
Avec le respect de ce principe dans l’Accord de Paris, on a établi l’importance que les pays
développés prennent des mesures ambitieuses de réduction d’émissions et que d’autres pays
en développement disposant de capacités technologiques et financières contribuent
également au moyens d’objectifs ambitieux de mitigation climatique.
La reconnaissance de la différentiation est substantielle parce qu’elle établit clairement que
ce sont les pays développés, lesquels ont causé 58 % des émissions au cours de l’histoire, qui
doivent donner l’exemple et prendre la tête en effectuant des coupes substantielles
d’émissions et en transférant du financement, comme l’établit l’accord, avec la prééminence
de leurs sources publiques.
Reconnaissance du droit au développement des pays en développement
La COP21 a ratifié implicitement que les pays en développement doivent résoudre une
réalité sociale d’un milliard de pauvres et de plus de 800 millions de personnes qui souffrent
de la faim : et il ne s’agit pas simplement de débarrasser les économies du carbone mais bien
de le faire dans le cadre d’un processus de développement intégré qui résolve des problèmes
et économiques, qui garantisse la curité alimentaire, les services de base, l’emploi ainsi
que des revenus pour les familles et les pays.
Lutte contre la vision mercantiliste et capitaliste du changement climatique
On a confronté le paradigme des pays développés voulant que la solution au changement
climatique passe par l’établissement d’un plus grand nombre de marchés de carbone, la
mobilisation de ressources financières privées et les marchés de transfert de technologies.
On a retenu l’option consistant à convertir tout l’accord en un accord des négoces
climatiques, de marchés de technologie, de bons de carbone, de crédits, d’assurances contre
le risque d’événements extrêmes, etc.
On a réussi à incorporer dans l’accord un cadre pour élaborer des approches de mitigation et
d’adaptation qui ne sont pas fondés sur les marchés.
Reconnaissance des connaissances, pratiques et technologies des peuples autochtones et des
communautés locales
Les négociations climatiques ont toujours privilégié le secteur de l’entreprise privée et ont
ignoré les peuples autochtones et les acteurs sociaux; pour cette raison, le fait que l’accord
ait incorporé la reconnaissance des techniques, technologies et pratiques des Autochtones en
tant qu’outils pour l’adaptation et la mitigation est très important. Une plateforme d’échange
a également été créée relativement aux technologies des Autochtones.
Reconnaissance de la proposition bolivienne sur des mécanismes alternatifs aux marchés de
carbone provenant des forêts
On a inclus et consolidé la proposition de la Bolivie concernant la mitigation et l’adaptation
conjointe dans la gestion intégrée des forêts avancée depuis 2011 comme une alternative à
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des mécanismes articulés sur des marchés de carbone et qui voient les forêts comme de
simples stocks de carbone, comme dans le cas du programme REDD.
Proposition visant le respect de l’Accord, prenant en considération le Tribunal international de
justice climatique
De grands pas ont été réalisés afin de créer le Tribunal international de justice climatique. La
proposition n’a pas été acceptée par consensus, mais elle promouvait la création d’un
mécanisme de respect des obligations dirigé par un panel d’experts scientifiques qui pourra
émettre des opinions scientifiques sur le non-respect des obligations.
Bien que ce panel n’ait pas un caractère punitif, il peut constituer la base afin que les
personnes affectées accèdent aux institutions internationales de justice, comme le prévoit la
récente Déclaration de la Conférence de Tiquipaya.
Il est important de rappeler à la Mission permanente du Chili près l’OEA que l’Organisation des
États Américains elle-même, avant toute Assemblée ou autre réunion, écoute les propositions de la
société civile et d’autres acteurs sociaux.
L’importance de la contribution des peuples dans la discussion sur le changement climatique est
démontrée dans le fait que les résultats ont été présentés au plus haut niveau à la COP21 elle-même.
Nous soulignons également que le Président de la COP21, le ministre des affaires étrangères Laurent
Fabius et le Secrétaire général des Nations Unies, monsieur Ban Ki Moon, principaux leaders des
décisions prises récemment à Paris, ont assisté à la Conférence mondiale des peuples.
Il n’est pas possible de tourner le dos aux peuples et de ne pas reconnaître les propositions de leaders
et d’experts mondiaux dans le domaine du changement climatique, dont la pertinence est acceptée
aux Nations Unies, qui ont été présents lors de la Conférence des peuples susmentionnée.
Mentionnons seulement Rajendra Pachauri, Adolfo Pérez Esquivel, des leaders d’Afrique et d’Asie,
entre autres.
Pour ce qui précède, la note transmise par la représentation du Chili fait entorse à la vérité, elle ne
semble pas connaître les mécanismes de la diplomatie des peuples, mine la capacinationale qu’ont
nos États de convoquer tout type de réunions et ne connaît pas tous les progrès ainsi que les
importantes contributions que les Conférences de Tiquipaya ont produit dans les COP sur le
changement climatique.
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La Mission permanente de l’État plurinational de Bolivie demande à la Présidence du Conseil
permanent de bien vouloir faire circuler la présente communication, accompagnée d’une traduction
non officielle à l’anglais. Elle saisit également cette occasion pour souhaiter à la Présidence ainsi
qu’à tous les États membres paix, amour, joie, sagesse et esprit d’intégration en ces fêtes de fin
d’année.
Ambassadeur Diego Pary Rodríguez
Représentant permanent de la Bolivie près l’OEA
Son Excellence
Monsieur l’Ambassadeur Bernardo Álvarez Herrera
Président du Conseil permanent
de l’Organisation des États Américains
Washington, D.C.
CP35361F04
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