Changements environnementaux et santé. J'exclus l'environnement politico-socio-économico-culturel .Naturellement il entre en ligne de compte dans les facteurs mais pas dans l'exposé des pb.(on pourrait donc imaginer une autre formulation).Par exemple je ne prends pas en considération les conséquences sanitaires des changements politiques en Europe orientale. Quels sont les paramètres à considérer ? Comment l'environnement peut-il changer ? *l'environnement peut se modifier :climat,épuisement des ressources,catastrophe naturelle avec ou sans responsabilité humaine etc *inversement les hommes peuvent se déplacer et changer d'environnement. Quelles sont les causes ? *causes naturelles:canicule,vague de froid,séismes etc *causes humaines s'ajoutant à des phénomènes naturels:pollution +brouillard,GES et réchauffement climatique (cet aspect peut, à lui seul ,constituer un sujet ! ) *causes humaines modifiant les conditions naturelles:barrages,déforestation etc Quelles sont les conséquences ? *des conséquences négatives,préjudiciables pour les activités humaines .Le changement environnemental peut être fatal . *des conséquences positives, facteurs de bien-être .Le changement environnemental peut aussi guérir. Quelles sont les échelles à considérer ? *échelle de temps:les changements de saisons,les années exceptionnelles,plusieurs siècles voire les décennies futures (encore le changement climatique !) *échelle spatiale:quartier,ville,campagne, plaine ou montagne,telle ou telle région ,tel ou tel pays, telle ou telle zone climatique ,le monde dans son ensemble. On voit bien que l'environnement n'est pas une donnée fixe .Il y a évolution permanente et ces changements sont encore compliqués par la mobilité de plus en plus grande des hommes à toutes les échelles. Que devient la santé dans cette perspective ? Si elle se définit comme un "état" elle est surtout un équilibre entre l'homme et son environnement et donc une capacité à s'adapter à un nouvel environnement .Inversement l'homme est capable de modifier l'environnement,ou d'en changer, afin d'assurer sa survie ou son bien-être ,donc sa santé. Dans le premier cas il subit mais parvient à s'adapter,dans le deuxième il provoque le changement pour sa santé. On envisagera donc les deux cas de figure. Cette première partie peut être illustrée par de nombreux exemples : elle constitue donc une première approche de la question et non une simple introduction. La Santé comme capacité à affronter les changements environnementaux. Dans les pays développés. *l'offre de soins et les systèmes de santé(plus ou moins performants)permettent d'affronter les changements récurrents:allergies printanières,grippes hivernales. *par contre les changements brutaux et inattendus révèlent encore la vulnérabilité des plus démunis:SDF qui meurent de froid,personnes âgées et isolées victimes de la canicule .L'aléa est le même pour tous mais c'est bien la vulnérabilité sociale qui crée le risque ou la catastrophe( Katrina aux E-U) *l'industrie, l'agriculture intensive peuvent aboutir à un environnement pathogène mais les PDEM (pays développés d’économie de marché) ont de nombreux moyens techniques,financiers et surtout législatifs pour y faire face .Pouvoirs publics,ONG,associations interviennent et agissent à l'échelle locale,nationale et supranationale. *les populations qui se déplacent et changent d'environnement ont également les moyens d'affronter les éventuels problèmes sanitaires:informations,médicaments préventifs et curatifs (ex le paludisme) hôpitaux spécialisés. Dans les PVD (des PMA aux pays émergents) *Le hasard des zones climatiques est défavorable à de nombreux pays en particulier les pays tropicaux .Les changements sont plus nombreux et surtout plus brutaux.A cela s'ajoutent des populations beaucoup plus démunis (voir les déterminants de la santé de G Salem).Cette situation est encore aggravée par de multiples facteurs: *les guerres qui entraînent des déplacements catastrophiques pour la santé des prisonniers ou des réfugiés(voir l'article de JM Amat-Roze, sur les khmers rouges, dans l'info géographique) *inversement les déplacements peuvent être bloqués pour des raisons politiques(frontières) ou culturels(castes en Inde) et ainsi aggraver la situation sanitaire. Conclusion .Ce sont les différences de développement qui expliquent la capacité ou non à affronter les changements environnementaux .Cette constatation est valable à l'échelle des pays mais aussi à celle des régions et des individus .De même ,face au changement climatique on retrouve la même inégalité:aux pays développés capables de construire des digues et de gérer des modifications environnementales s'opposent les habitants des pays pauvres, condamnés à fuir les deltas et à devenir réfugiés climatiques .De la même manière ,après une catastrophe ,les pays développés se relèvent rapidement et se réorganisent alors que les PVD connaissent souvent des catastrophes sanitaires (choléra) qui se surajoutent au bouleversement environnemental .Entre Nord et Sud il y a donc une fracture dans la résilience (=capacité à faire face à un risque ou à gérer une catastrophe) .Selon le sociologue allemand Ulrich Beck les pays développés seraient des « sociétés du risque » alors que les PMA et PED verraient le risque comme inévitable ou indissociable du progrès. Ne pas changer ou changer l'environnement (ou d'environnement) pour assurer sa santé. L’environnement qui guérit *en effet, si les changements environnementaux sont souvent facteurs de déstabilisation et de problèmes sanitaires, le contraire est également possible .On peut trouver de multiples exemples depuis l’antiquité avec Hippocrate jusqu’au XIX s avec les vertus thérapeutiques de la montagne (tuberculose) ou de la mer(thalassothérapie).A titre individuel cela concerne une élite mais on peut éventuellement y ajouter des migrations de groupes qui recherchent leur survie dans un nouvel environnement. *le tourisme peut aussi faire partie du bien-être et donc de la santé.Il ne s’agit pas ici du tourisme médical mais du tourisme classique qui recherche le dépaysement pour se ressourcer. Un petit « topo » sur la géographie des représentations et l’environnement comme espace perçu peut éventuellement être la bienvenue.(voir Y Veyret dans Géoconfluences à la rubrique développement durable) Modifier l’environnement pour assurer sa santé aujourd’hui , ou dans un futur proche. *pour les PVD la priorité est au développement économique qui souvent s’accompagne de grands travaux qui bouleversent l’environnement :déforestation,barrages , irrigation ,infrastructures. .On compte sur ces progrès pour modifier favorablement les déterminants de la santé .La Chine ou le Brésil offrent de bons exemples. Les problèmes sanitaires éventuels (ex paludisme et barrage) sont jugés minimes par rapport aux bienfaits attendus. Le cas,dans le passé, de la Mer d’Aral montre que le problème « collatéral » peut aussi devenir une catastrophe majeure . Ne pas modifier l’environnement,ou le moins possible, pour assurer une santé durable dans l’avenir . *Les pays développés ont fortement modifié leur environnement dans le passé . Depuis le sommet de Rio en 1992 l’heure est maintenant au développement durable et à la préservation. Il y a une hypersensibilité et une surrmédiatisation des questions environnementales .Energie,villes, productions industrielles et agricoles sont imaginées à travers le prisme du développement durable. Même les E-U semblent montrer la voie après avoir joué les mauvais élèves .Alors que l’état sanitaire est globalement satisfaisant, et que l’espérance de vie continue d’augmenter, de nombreuses voix se font entendre dans les pays « riches »(ONG,partis politiques,personnalités,intellectuels) pour préserver l’environnement afin de garantir la ….santé de la planète .Sur ce thème la littérature géographique est abondante et pertinente (Veyret, Arnould, Brunel) même si elle va à contre-courant de la pensée unique écologiste. On peut prendre l’exemple de Madagascar étudié dans l’Atlas des développements durables .Sylvie Brunel dénonce en particulier le Nord qui veut préserver abusivement la nature au Sud et ainsi freiner son développement économique. CONCLUSION La santé ne se conçoit que dans un rapport dynamique avec l’environnement .L’homme à besoin de l’environnement pour vivre et , par nature, il le modifie. Inversement l’environnement ne cesse d’évoluer et l’espèce humaine,pour survivre, doit elle-même s’adapter . Il faut donc ,non une préservation figée,mais bien une gestion des espaces. Le but n’est pas la santé de la Terre (ce qui ne veut rien dire) mais bien celle de l’ Humanité.(voir l’intro de M Hagnerelle dans l’Atlas des développements durables) On peut laisser le dernier mot à P Arnould.(Géographie de l’environnement,Belin) « C’est en définitive vers une approche territorialisée des questions environnementales que se tournent aujourd’hui les géographes soucieux d’intégrer les multiples acteurs avec leurs représentations, leurs pouvoirs et les conflits qui en résultent »