Statut des fonctionnaires : les premières pistes du projet

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CENTRE RHONE –ALPES D’INGENERIE SOCIALE SOLIDAIRE & TERRITORIALE
REVUE DE PRESSE
Du 15 AU 20 JUILLET 2016
L’emploi des séniors, un choix à éclairer et à personnaliser
Femmes et hommes : regards régionaux sur l’égalité
Le business des "colos", reflet de la fracture sociale
Patrick Martin (Medef Auvergne Rhône-Alpes) : "J'ai été élu sur mon discours
industriel"
Auvergne Rhône-Alpes : l'Insee confirme l'amélioration de l'économie régionale
Attentat de Nice Déclaration de Jean-Jacques URVOAS, garde des Sceaux, ministre
de la Justice
Conditions de travail (1) Les relations avec les collègues et les supérieurs
hiérarchiques et les exigences émotionnelles
Les retraites des fonctionnaires, similitudes et différences avec le privé
La presse régionale se cherche un avenir
Pour Gilles Kepel, le "logiciel" des terroristes a changé et notre classe politique "est
nulle"
La gauche ne sait plus penser le progrès
Qu’est-ce qu’être réaliste ?
Les salaires en France sont en recul constant
Le drame français des grands souvenirs : un culte réactionnaire du passé ?
35 heures : ce que dit le rapport secret de l’IGAS
Accords de branche  : sont-ils si protecteurs ?
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L’emploi des séniors, un choix à éclairer et à personnaliser
mercredi 13 juillet 2016
Le taux d’emploi des séniors a fortement augmenté ces quinze dernières années. Il est passé pour les 55-64 ans de 37,9 % en début de 2008
à 48,9 % à la fin de 2015. Cela est dû à la réforme des retraites d’une part (recul de l’âge légal de départ en retraite), hausse de la durée de
cotisation, quasi suppression des préretraites à financement public, fin du dispositif de dispense de recherche d’emploi de l’assurance-
chômage. Malgré cette augmentation, le taux d’emploi des séniors est inférieur de 10 points à la moyenne des pays de l’OCDE. Dans une
note du CAE (Conseil d’analyse économique) de mai 2016, Pierre Cahuc, Jean Olivier Hairault et Corinne Prost dressent un bilan de l’emploi
de séniors en France et font des propositions pour l’avenir.
I- Le constat
Plusieurs réformes ont été menées, actionnant 3 leviers principaux : augmentation du taux de prélèvement, diminution de la pension
moyenne relative et augmentation de l’âge moyen de départ.
Dès la fin des années 1980, l’indexation des retraites sur les prix et non plus sur les salaires a eu pour conséquence une baisse du
pouvoir d’achat au fur et à mesure de l’avancement dans la retraite. Ceci a pour conséquence des trappes à pauvreté sur le long
terme.
La réforme de 1993 a porté sur le régime général et les 3 régimes alignés. La durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux
plein passe de 37,5 à 40 années. Le salaire moyen de référence servant de base pour le calcul de la pension se fonde sur les 25
meilleures années et non plus sur les 10
La réforme de 2003 a touché l’ensemble des gimes de retraite, à l’exception des régimes spéciaux. Elle aligne progressivement la
durée de cotisation des fonctionnaires sur celle des salariés du privé (de 37,5 à 40 ans) et allonge la durée de cotisation pour tous à
partir de 2009 pour atteindre 41 ans en 2012. Un système de décote et de surcote est généralisé.
La réforme de 2010 puis la loi de financement de la Sécurité Sociale de 2012 relèvent progressivement l’âge d’ouverture des droits à
la retraite pour atteindre 62 ans. Cela concerne tous les salariés mais avec des calendriers de mise en œuvre différents.
La loi du 20 janvier 2014 augmente la durée requise jusqu’à 43 ans, pour l’obtention du taux plein à partir de la génération 1973.
Les retraites anticipées pour carrières longues et la mise en place de dispositifs de retraite anticipée ont contrebalancé l’allongement des
durées de cotisation limitant l’impact sur le taux d’emploi des séniors. Stable entre 1993 et 1999, puis en hausse de 0,4 % par an au début des
années 2000, l’âge moyen de liquidation des droits à la retraite a connu une baisse de 7 mois en 2004. Puis l’âge s’est stabilisé à partir de 2009
et il a augmenté lors de la réforme de 2010.
Depuis 2012, on observe un rebond des retraites anticipées pour carrières longues. Fin 2014, 182 200 bénéficiaires (soit plus de 92 %
par rapport à 2012) réduisent l’âge moyen de départ à la retraite de près de 9 mois.
Depuis les années 1980, le nombre de bénéficiaires de dispositifs de préretraites a commencé à diminuer, pour se stabiliser autour
d’un effectif de 400 000 personnes dans les années 2000 pour s’éteindre progressivement dans les années 2010.
Le système d’assurance chômage continue d’alimenter un dispositif implicite de préretraite pendant 3 ans avant l’âge légal de la
retraite.
La remontée de l’emploi des séniors s’est accompagnée d’un accroissement de leur taux de chômage. Et 25 % des 4 millions de personnes
âgées d’au moins 55 ans travaillent en 2014 à temps partiel contre 19 % pour l’ensemble des actifs occupés. Ils sont deux fois moins souvent
que le reste de la population en emplois précaires. Mais la durée du chômage est plus élevée chez les séniors. La probabilité de retrouver un
emploi est plus faible.
II- De nouvelles réformes sont à venir pour assurer l’équilibre de long terme du système des retraites
Les choix collectifs doivent se faire de manière transparente par une amélioration sur la connaissance des différents dispositifs : décote,
surcote, retraite progressive, cumul emploi-retraite. Il faut unifier la gouvernance des retraites obligatoires et harmoniser les règles pour
converger à terme vers un régime unifié à points.
Les auteurs de la note proposent plusieurs recommandations :
1-Faire mieux connaître les différent dispositifs de retraite « choisie » : décote et surcote, retraite progressive, cumul emploi-
retraite, générateur de droits nouveaux à la retraite. Un effort de convergence entre les régimes de retraite doit être réalisé. Dans un
régime à points ou régime en comptes notionnels, tout temps de travail donne lieu à cotisations. Ce système permettrait de concilier
l’exigence d’équilibre des comptes des caisses de retraite et celle d’individualisation des choix de retraite.
2-Harmoniser progressivement les règles définissant l’accumulation des droits par rapport au taux plein. Organiser la concertation
pour une réforme à terme vers un régime unifié à points ou en comptes notionnels.
3-Mettre en place un plan spécifique d’accompagnement et de formation pour les chômeurs de plus de 50 ans, en échange d’une
réforme de l’assurance chômage des séniors. Les actions de Pôle emploi doivent être adaptées aux chômeurs de plus de 50 ans en
améliorant le suivi et la formation, en les sensibilisant à une nécessaire modération salariale, en travaillant sur la réinsertion en
termes de formation, de réseaux d’entreprises, et d’accompagnement.
4-Ramener la durée d’assurance chômage pour les plus de 50 ans à deux ans maximum. Reste la question du maintien de
l’extension des droits à partir de 62 ans. La justification implicite du dispositif actuel est de faire la soudure jusqu’à un âge de la
retraite à taux plein. Ce n’est pas à L’UNEDIC d’assurer une préretraite universelle. La logique de l’allocation transitoire de solidarité
(ATS) est différente, elle s’est substituée à l’allocation transitoire de solidarité (AER), elle s’adresse aux personnes sans emploi et sous
conditions de ressources ayant déjà atteint le taux plein avant 62 ans. Les questions de pénibilité et de santé doivent être traitées
par d’autres dispositifs.
5-Supprimer l’extension de la période d’indemnisation à partir de l’âge légal jusqu’à l’âge de la retraite au taux plein. Cette
proposition ne supprime pas totalement le risque d’une utilisation de l’assurance chômage par les entreprises. Il faut instituer un
financement.
6-Instituer un système de bonus-malus pour les cotisations employeurs d’assurance-chômage. Un mécanisme de bonus-malus
pour les entreprises doit contribuer pour partie au coût de l’indemnisation chômage de leurs salariés séniors. Cette contribution doit
s’appliquer à tous les salariés.
La hausse très sensible du taux d’emploi des séniors depuis les années 2000 montre que le sous-emploi de cette catégorie de travailleurs n’est
pas une fatalité. La France reste en dessous du taux de la plupart des pays de l’OCDE. Mobiliser cette force de travail reste un enjeu essentiel
pour la prospérité.
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Les auteurs de la note font le pari qu’un retraité possède une épargne et un patrimoine, qu’il peut choisir entre travail et loisirs. Ce n’est pas
vrai pour toutes les catégories de retraités, notamment pour ceux qui ont eu des périodes de chômage et des carrières accidentées. Les
femmes ont de faibles droits propres en matière de retraite, des carrières incomplètes et elles vivent plus longtemps.
Femmes et hommes : regards régionaux sur l’égalité
mercredi 13 juillet 2016
Dans quelle région les filles et les garçons ont-ils les résultats scolaires les plus proches ? Qui a le plus important taux de
chômage entre les hommes et les femmes dans les différentes régions ? Et qui utilise les transports en commun ? Quel
est le sexe des conseillers municipaux dans les régions françaises ? L’INSEE, en vertu de la loi du 4 août 2014 pour
l’égalité réelle, nous apporte des éléments de réponse en passant au crible tous les indicateurs d’égalité.
Des inégalités, oui, mais différentes selon les régions
Les inégalités entre femmes et hommes s’observent dans de nombreux domaines : éducation, marché du travail, conditions de vie,
représentation dans différentes sphères de la société et s’expriment différemment d’une région à l’autre. La Corse et l’Île-de-France
se distinguent souvent des autres régions : les différences selon le sexe y sont, soit bien plus marquées, soit bien plus faibles,
notamment sur le marché du travail. De même, dans les départements d’outre-mer. Mais aucune région ne présente des écarts
plus faibles que la moyenne dans tous les domaines.
À l’école et à l’université
En Bretagne, et dans une moindre mesure dans les Pays de la Loire, les écarts de réussite scolaire entre filles et garçons sont plus
faibles qu’en moyenne et sont en faveur des filles. Or dans ces deux régions, les résultats de l’ensemble des élèves figurent parmi
les meilleurs du pays. Par exemple, le taux de réussite au baccalauréat de 2014 y est supérieur : il s’établit à 95 % pour les filles et
à 94 % pour les garçons, alors qu’en France, il est de 93 % pour les filles et de 91 % pour les garçons.
Contrairement à la Bretagne, les différences de réussite scolaire entre les filles et les garçons sont importantes en Corse. Le taux
de réussite au baccalauréat est élevé pour les garçons et les filles mais les écarts entre eux sont tout de même prononcés, au
bénéfice des filles (+ 2,8 points contre + 2,4 points au niveau national). De même, les filles ont de bien meilleurs résultats en
lecture et sont bien plus souvent encore scolarisées à 18 ans que les garçons. Les autres régions présentent des profils plus
contrastés. Ainsi, en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, les filles comme les garçons ont plus de difficultés scolaires.
Au chômage
En Corse, les hommes ont un taux de chômage inférieur de 2,7 points au taux de chômage moyen des hommes de France. En
revanche, le taux de chômage des femmes corses dépasse le taux de chômage moyen des femmes de France de 1,1 point. En
Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, l’écart entre le taux chômage des hommes et celui de la France est très faible et s’arrondit à
0,0.
Dans l’emploi
Les inégalités face à l’emploi sont les plus faibles en Île-de-France .La région s’oppose à celles du Sud comme la Provence-Alpes-
Côte-D’azur et dans une moindre mesure le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. En Pays de la Loire, les inégalités entre
femmes et hommes face à l’emploi sont plus importantes que la moyenne, contrairement aux inégalités sur le plan de l’éducation.
Les femmes y sont plus fréquemment multi-actives que les hommes. Cela pourrait en partie être lié au recours plus fréquent des
régions de l’Ouest aux services à la personne, activité plus souvent exercée par des femmes. En Alsace-Champagne-Ardenne-
Lorraine, la situation est plus contrastée : les écarts en matière de salaire, de multi-activité ou de temps partiel entre femmes et
hommes sont plus importants qu’au niveau national. En revanche, ils sont parmi les plus faibles du point de vue du chômage ou du
déclassement.
Dans les conditions de vie
En Auvergne-Rhône-Alpes, les différences de conditions de vie entre les hommes et les femmes sont les plus proches des
moyennes nationales. Par contre, dans le sud de la France, deux régions voisines présentent des profils opposés : en Provence-
Alpes-Côte-D’azur, les différences entre les sexes en matière de parentalité, de modes de cohabitation et de déplacement sont
plus importantes que dans l’ensemble de la France, mais elles sont plus faibles en Languedoc-Roussillon-Midi Pyrénées. Bien que
socialement très différentes, la Corse et l’Île-de-France sont similaires sur deux aspects. Ce sont les régions de la métropole
l’âge des parents à la naissance de leurs enfants est le plus élevé et l’écart d’âge entre pères et mères est le plus fort. Par
ailleurs, dans ces deux régions en particulier, les femmes se retrouvent plus fréquemment que les hommes à la tête d’une famille
monoparentale.
Dans les responsabilités politiques
58 % des conseillers municipaux sont des hommes. La loi du 17 mai 2013 (relative à l’élection des conseillers départementaux,
municipaux et communautaires) impose, pour ces élections, des listes paritaires alternant femmes et hommes depuis 2014, mais
elle ne s’applique qu’aux communes de plus de 1 000 habitants. Dans les communes sous ce seuil, seuls 36 % des conseillers
municipaux sont des femmes. La Corse, l’Alsace-Champagne Ardenne-Lorraine et la Bourgogne-Franche Comté sont les régions
les plus éloignées de la parité dans les conseils municipaux, et font également partie de celles qui comptent les plus grandes parts
de petites communes. Les hommes étant plus souvent placés en tête de liste, les maires restent des hommes dans 83 % des
communes de France en 2014. Dans les régions, la part des femmes parmi les maires est comprise entre 11,2 % (Corse) et
18,3 % (Centre-Val de Loire).
Dans les départements d’outre-mer
Les écarts observés entre femmes et hommes sont de même sens que ceux observés dans l’ensemble de la France pour la
plupart des indicateurs, mais leur intensité diffère fréquemment. Sur le marché du travail, où la situation est dans l’ensemble moins
favorable en outre-mer qu’en métropole, le profil des DOM en matière d’inégalités entre sexes est contrasté. Les différences de
taux de chômage entre femmes et hommes sont bien plus fortes (+ 5,9 points) qu’en métropole (+ 1,3 point), tandis que les écarts
de salaires y sont bien plus faibles ( 9,3 % contre 19,4 % en métropole). Les DOM cumulent un niveau général de lecture faible
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chez les jeunes de 17 ans (58,7 % de lectrices efficaces, 51,9 % pour les garçons, comparés à plus de 80 % en France
métropolitaine) et des inégalités entre sexes importantes (6,8 points contre 1,5 point en France métropolitaine). De plus, la
population des DOM présente des particularités en matière de modes de vie. La monoparentalité est ainsi plus présente ; elle
touche 7,5 fois plus les femmes que les hommes, comparés à 4,3 fois en métropole. En métropole, les femmes vivent plus
fréquemment seules (23,1 % contre 19,3 % des hommes). Ce constat est inversé dans les DOM (15,7 % contre 18,7 % des
hommes).
Le business des "colos", reflet de la fracture sociale
Par Maxime Hanssen | 13/07/2016, 18:08 | 1239 mots
Le marché des colonies de vacances est en chute libre depuis plusieurs années. Le contexte économique est une des causes. Mais le marché
est bouleversé par l'entrée de nouveaux acteurs qui souhaitent redonner du souffle à un modèle parfois jugé obsolète. Quitte à sacrifier la
sacro-sainte "mixité sociale" historiquement prônée dans les séjours collectifs pour les enfants.
(Article publié le 29/07/2015, actualisé le 15/07/2016)
"Les jolies colonies de vacances. Merci maman, merci papa", chantait Pierre Perret. Cette comptine parait aujourd'hui bien désuète. Depuis
plusieurs années, l'érosion du marché des "colos" est profonde. Entre 2007 et 2014, 200.000 jeunes en moins sont partis dans ces camps.
Depuis 1995, le taux de départ des jeunes en colonie de vacances est même passé de 15 à 7,5 %. En conséquence, le nombre d'acteurs
diminue. En Haute-Savoie, " depuis 20 ans, un centre par mois ferme ses portes", assure Éric Botharel, directeur de la fédération des œuvres
laïques du département. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette hémorragie initiée depuis la fin des années 1980.
Crise économique et normes contraignantes
La conjoncture économique est l'une des premières causes. Du côté des familles, la baisse des revenus a engendré une coupe dans les
dépenses de loisir. Les sources de revenus pour les structures - le coût d'inscription des enfants - se sont ainsi fortement effritées.
Dans le même temps, les dépenses pour les centres se sont accrues, notamment à cause d'actes législatifs : "le coût lié à la sécurité, à la mise
aux normes et aux formations ont explosé ces dernières années", souligne Jean-Claude Bissardon, président de Temps jeunes, l'un des leaders
des séjours de groupe en région Rhône-Alpes.
L'association a réalisé un chiffre d'affaires en 2014 de 10 millions d'euros, en baisse de 10 % depuis trois ans, engendrant un déficit de 200 000
euros. Basées sur un ancien modèle à caractère patrimonial, les structures associatives supportent également un coût conséquent de leur
acquis en pierre. Une politique de diversification a été mise en place par certains protagonistes pour assurer des revenus supplémentaires.
Des financements publics en baisse
L'autre versant du financement des frais d'inscriptions, les aides sociales, a sans cesse diminué.
"Alors que c'était une priorité après 1945, les politiques d'aides se sont atténuées. Dans les années 90, on constate la fin de l'universalisme des
aides des colos, remplacé par un ciblage sur des populations précises à faible pouvoir d'achat ", analyse Isabelle Montforte, chef de projet à
l'Observatoire des vacances et des loisirs des enfants et des jeunes (Ovlej).
Cet effritement du soutien public s'est poursuivi au fil des années. Récemment, la baisse des dotations de l'État à destination des acteurs
territoriaux, couplée à la réforme des rythmes scolaires à la charge des villes a continué d'amputer le budget des municipalités.
Métamorphose du marché
Au-delà de la conjoncture, le marché a également profondément changé. Initialement dominé par des structures associatives ou d'éducation
populaire, le secteur des colonies de vacances a été pénétré par des entreprises. "Au début des années 2000, les acteurs privés représentaient
environ 2 % du marché. Aujourd'hui, selon notre dernière étude, ils occupent 11 % du secteur", explique Isabelle Montforte.
Cette infiltration aurait eu un impact sur la nature de l'activité."L'arrivée des entreprises n'a pas été une bonne chose. Elles ont pratiqué une
forme de dumping dans les offres, s'éloignant des valeurs traditionnelles des colonies", estime M. Bissardon. "Une certaine course à l'affichage
s'est mise en place, qui peut mettre en péril le projet éducatif initial", confirme Isabelle Montforte.
Perte de l'esprit initial
Du contenu traditionnel et ludique des activités des colonies de vacances, les offres ont explosé ces dernières années, répondant également à
un changement des aspirations de la société et à une mise en concurrence accrue. Des colonies thématiques ont émergé, proposant des
activités à haute valeur ajoutée et donc au coût plus important. Celui-ci est répercuté sur le prix de l'inscription. Les acteurs associatifs
essayent de s'adapter à ces évolutions. Ils pratiquent un jeu d'équilibriste entre "proposer une offre attrayante tout en gardant [nos] principes
pédagogiques", détaille Jean-Claude Bissardon.
"Les colonies de vacances, un marché comme un autre"
Cette mutation des petites structures vers le professionnalisme, afin de répondre aux nouvelles demandes, à contribuer à affaiblir une partie
du secteur. "En voulant répondre au marché, nous sommes rentrés dans une professionnalisation de la structure organisationnelle et de l'offre
difficile à assumer", analyse Louis Scano, président de l'association Soleil et neige, installée à Saint-Etienne. Cependant, les protagonistes
associatifs sont conscients qu'ils doivent "repenser leur modèle". Ils n'éludent pas non plus leurs responsabilités et leurs lacunes, notamment
dans la communication et le marketing.
Face à la critique de leur arrivée sur le marché, les acteurs privés dénoncent un résonnement dépassé : "Ils se trompent de siècle. Il faut
désormais répondre à une demande, à un marché", assure Cédric Javault, fondateur du groupe Destination découverte (38 millions d'euros de
CA), qui, avec sa filiale Telligo, est l'un des leaders du marché français. Il rappelle également que certaines associations du secteur fonctionnent
en réalité, comme des entreprises.
" La mixité sociale, c'est du pipeau"
Ce changement de paradigme, adossé aux contraintes économiques et budgétaires, a des répercussions sur le caractère social des
"colos". "Désormais, les séjours collectifs sont, soit réservés aux classes très défavorisées, soit aux classes aisées. Entre les deux, il y a une sorte
de no man's land, car les classes moyennes ne peuvent plus offrir à leurs enfants ces vacances", estime un connaisseur du dossier.
Cette fragmentation du brassage social est totalement assumée par certains acteurs privés.
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" La mixité sociale, c'est du pipeau. La majorité des parents des classes aisées ne veulent pas que leurs enfants se mélangent avec des ados issus
des quartiers populaires. C'est un reflet de la société. Regardez ce qu'il se passe dans les écoles ou les clubs sportifs", constate Cédric Javault.
Du reste, ce sont les séjours haut de gamme qui permettent de maintenir l'activité de son groupe.
Repli sur la sphère privée
Dans un contexte sociétal français compliqué, la colonie pourrait pourtant, selon plusieurs témoins, être une soupape de sécurité. "C'est un
antidote au chacun pour soi, au renfermement, à l'apprentissage de la citoyenneté. C'est une école du vivre ensemble", plaide M. Bissardon.
Cependant, il ne faut pas sous-estimer également le repli volontaire sur la sphère privée. " On constate que de plus en plus de familles ne
souhaitent plus laisser partir leur enfant en séjour collectif. Les accidents, les sentiments d'insécurité font que des parents préfèrent garder leurs
enfants à la maison", souligne une observatrice.
Plan gouvernemental
Ainsi, dans cette situation de crise, aussi bien économique que sociale, Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, a
présenté un plan afin de ne pas reproduire dans les colonies de vacances, "la fracture sociale qui existe déjà dans la société".
Le projet #GénérationCampColo, lancé en juillet 2015 visait à proposer "des séjours attractifs et accessibles", rappelle l'appel d'offres. Les
projets retenus devaient répondre à une série de critères - la citoyenneté, la mixité sociale ou l'ancrage dans le territoire. Ils ont bénéficié d'un
financement. Pour l'ensemble de l'action, 1,4 million d'euros était prévu par l'État. Patrick Kanner souhaitait que ces projets aient "un
caractère exemplaire afin d'attirer les financeurs privés pour les 42.000 colonies". De quoi essayer modestement d'écrire un nouveau refrain
populaire.
Patrick Martin (Medef Auvergne Rhône-Alpes) : "J'ai été élu sur mon discours industriel"
Par Maxime Hanssen | 13/07/2016, 11:55 | 3912 mots
Patrick Martin revient aux affaires. Le patron de Martin Belaysoud Expansion (660 M€ de chiffre d'affaires ; 2700 salariés) a
décroché la présidence du Medef Auvergne Rhône-Alpes fin juin, une position qu'il occupait entre 2007 et 2011, à l'époque
circonscrite à la seule région Rhône-Alpes. À la te d'un réseau fédérant 12 structures territoriales, 28 branches professionnelles,
100 000 entreprises de toutes tailles suite à la fusion des deux instances régionales, Patrick Martin dévoile pour Acteurs de
l'économie - La Tribune ses chantiers prioritaires : formation, infrastructure, financement. Il revient également sur le scandale de la
structure Erai, dans laquelle il était administrateur et accueille avec intérêt et enthousiasme le discours "pro-business de Laurent
Wauquiez", le président de la Région. Sur un plan national, Patrick Martin juge la période d’une part "extrêmement intéressante" -
avec un développement important de l'entrepreneuriat en France-, et d’autre part, "très préoccupante", marquée par les dérives
"anti-libérales" liées à la loi Travail. Entretien avec un président qui se veut pragmatique, et qui devra en premier lieu assurer la
cohésion des membres du syndicat.
Acteurs de l'économie - La Tribune. La campagne pour la présidence du Medef Auvergne Rhône-Alpes, qui s'est
finalement soldée par votre élection, a été mouvementée...
Patrick Martin. Il ne faut pas sur-interpréter les faits qui se sont passés pendant la campagne. C'était une compétition entre
patrons, mais qui n'a jamais dégénéré. Nos profils, nos parcours, nos personnalités étaient différents. Mais sur le fond, les
programmes étaient relativement similaires, ce qui est rassurant et signe de consensus et d'évidences.
Quel a été le processus de l'accord ?
L'accord n'a pas été de dernière minute, mais tardif. Éric Le Jaouen et moi étions soucieux de ne pas donner l'image d'un patronat
déchiré, et ainsi, de ne pas réitérer des situations du passé qui se sont produites lors d'élections précédentes ; nous avons donc
trouvé un compromis.
Les adhérents ne veulent pas de clivage au sein de la structure. Ils se "moquent" des jeux d'appareil et souhaitent une organisation
valeur ajoutée." Les querelles de personnes et les duels d'égaux ne les intéressent pas. Dans cette perspective, la pression de
la "base" était réelle, et a contribué à l'élaboration d'un accord.
Plus précisément, en appréciant les rapports de force électoraux, en anticipant l'issue de l'élection, Éric Le Jaouen a décidé de
retirer sa candidature. Il l'a fait à son corps défendant - ce que je salue. Placé dans une situation identique à la sienne, j'aurais pris
la même décision.
Cet accord n'est pas gagnant-perdant. Cependant, il faut bien qu'un des deux concurrents occupe le haut de l'affiche. Si je me suis
porté candidat, c'était pour occuper cette position. Mon élection à l'unanimité est la démonstration éclatante du besoin de solidarité,
de jeu collectif dans les rangs patronaux.
Votre expérience et vos réseaux ont été essentiels dans l'issue finale...
J'ai pu effectivement capitaliser sur le fait d'avoir déjà occupé cette fonction, à l'époque circonscrite à la seule région Rhône-Alpes
(de 2007 à 2011, NDLR). Mais un autre argument me semble important concernant mon élection : ma compétence dans le
domaine industriel. Nombre d'électeurs ont estimé que je représenterais mieux ce secteur économique clé pour la région.
Même si mon entreprise n'évolue pas exactement dans le domaine industriel, j'ai tissé d'importantes relations professionnelles
avec ses acteurs, et j'entretiens de nombreux liens avec ses dirigeants. Cette proximité, je l'ai caractérisée dans mes discours de
candidature. Ces convictions exprimées dans ce domaine n'étaient pas d'intérêts ou de circonstances. Ma conviction profonde -
alors qu'Auvergne Rhône-Alpes est la première région industrielle de France - est d'affirmer que l'industrie constitue la locomotive
de l'activité économique en termes d'innovation et d'exportation. Elle diffuse de la richesse pour toute une chaîne de valeur. Mon
ex-concurrent, de par son origine professionnelle, et également dans son discours, a moins mis l'accent sur ce sujet.
Comment vous organiserez-vous pour mener de front la gestion de votre entreprise et la présidence de l'instance
patronale ? De l'expérience passée, quels enseignements en tirerez-vous ?
Je suis obsédé par l'idée de ne pas exercer deux "casquettes", mais une seule. Le mandat de président de Medef ne peut pas être
légitime sans une expérience solide d'entrepreneur. Mais - et j'en fais une question éthique -, cela ne signifie bien sûr pas que je
vais utiliser l'instance patronale pour développer mon entreprise. Cette question a été un axe important de ma campagne : on doit
s'interdire de tirer parti, pour son entreprise, des fonctions que l'on occupe.
Ma priorité reste l'entreprise. Mais pour exercer et assumer efficacement mon mandat de président du Medef régional, je me suis
organisé, afin de ne pas reproduire le schéma de certains responsables syndicaux et chefs d'entreprise qui ont délaissé leur
société, parfois jusqu'à sa perte, se laissant envahir par leurs responsabilités institutionnelles.
12 structures territoriales, 28 branches professionnelles, 100 000 entreprises de toutes tailles. La fusion entre les Medef
auvergnat et rhônalpin a fait passer la structure régionale dans une nouvelle dimension. Mais quels sont ses domaines de
compétences et d'interventions précis ?
La vocation du Medef régional Auvergne Rhône-Alpes est de défendre les intérêts communs de ses territoires et de ses branches.
Nous avons deux niveaux d'intervention. Le premier s'inscrit dans une fonction tribunitienne. Nous devons faire du lobbying, et
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