Gerard CLEMENT Page 5 du 15 AU 20 JUILLET 2016 84112185708/06/2017
" La mixité sociale, c'est du pipeau. La majorité des parents des classes aisées ne veulent pas que leurs enfants se mélangent avec des ados issus
des quartiers populaires. C'est un reflet de la société. Regardez ce qu'il se passe dans les écoles ou les clubs sportifs", constate Cédric Javault.
Du reste, ce sont les séjours haut de gamme qui permettent de maintenir l'activité de son groupe.
Repli sur la sphère privée
Dans un contexte sociétal français compliqué, la colonie pourrait pourtant, selon plusieurs témoins, être une soupape de sécurité. "C'est un
antidote au chacun pour soi, au renfermement, à l'apprentissage de la citoyenneté. C'est une école du vivre ensemble", plaide M. Bissardon.
Cependant, il ne faut pas sous-estimer également le repli volontaire sur la sphère privée. " On constate que de plus en plus de familles ne
souhaitent plus laisser partir leur enfant en séjour collectif. Les accidents, les sentiments d'insécurité font que des parents préfèrent garder leurs
enfants à la maison", souligne une observatrice.
Plan gouvernemental
Ainsi, dans cette situation de crise, aussi bien économique que sociale, Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, a
présenté un plan afin de ne pas reproduire dans les colonies de vacances, "la fracture sociale qui existe déjà dans la société".
Le projet #GénérationCampColo, lancé en juillet 2015 visait à proposer "des séjours attractifs et accessibles", rappelle l'appel d'offres. Les
projets retenus devaient répondre à une série de critères - la citoyenneté, la mixité sociale ou l'ancrage dans le territoire. Ils ont bénéficié d'un
financement. Pour l'ensemble de l'action, 1,4 million d'euros était prévu par l'État. Patrick Kanner souhaitait que ces projets aient "un
caractère exemplaire afin d'attirer les financeurs privés pour les 42.000 colonies". De quoi essayer modestement d'écrire un nouveau refrain
populaire.
Patrick Martin (Medef Auvergne Rhône-Alpes) : "J'ai été élu sur mon discours industriel"
Par Maxime Hanssen | 13/07/2016, 11:55 | 3912 mots
Patrick Martin revient aux affaires. Le patron de Martin Belaysoud Expansion (660 M€ de chiffre d'affaires ; 2700 salariés) a
décroché la présidence du Medef Auvergne Rhône-Alpes fin juin, une position qu'il occupait entre 2007 et 2011, à l'époque
circonscrite à la seule région Rhône-Alpes. À la tête d'un réseau fédérant 12 structures territoriales, 28 branches professionnelles,
100 000 entreprises de toutes tailles suite à la fusion des deux instances régionales, Patrick Martin dévoile pour Acteurs de
l'économie - La Tribune ses chantiers prioritaires : formation, infrastructure, financement. Il revient également sur le scandale de la
structure Erai, dans laquelle il était administrateur et accueille avec intérêt et enthousiasme le discours "pro-business de Laurent
Wauquiez", le président de la Région. Sur un plan national, Patrick Martin juge la période d’une part "extrêmement intéressante" -
avec un développement important de l'entrepreneuriat en France-, et d’autre part, "très préoccupante", marquée par les dérives
"anti-libérales" liées à la loi Travail. Entretien avec un président qui se veut pragmatique, et qui devra en premier lieu assurer la
cohésion des membres du syndicat.
Acteurs de l'économie - La Tribune. La campagne pour la présidence du Medef Auvergne Rhône-Alpes, qui s'est
finalement soldée par votre élection, a été mouvementée...
Patrick Martin. Il ne faut pas sur-interpréter les faits qui se sont passés pendant la campagne. C'était une compétition entre
patrons, mais qui n'a jamais dégénéré. Nos profils, nos parcours, nos personnalités étaient différents. Mais sur le fond, les
programmes étaient relativement similaires, ce qui est rassurant et signe de consensus et d'évidences.
Quel a été le processus de l'accord ?
L'accord n'a pas été de dernière minute, mais tardif. Éric Le Jaouen et moi étions soucieux de ne pas donner l'image d'un patronat
déchiré, et ainsi, de ne pas réitérer des situations du passé qui se sont produites lors d'élections précédentes ; nous avons donc
trouvé un compromis.
Les adhérents ne veulent pas de clivage au sein de la structure. Ils se "moquent" des jeux d'appareil et souhaitent une organisation
"à valeur ajoutée." Les querelles de personnes et les duels d'égaux ne les intéressent pas. Dans cette perspective, la pression de
la "base" était réelle, et a contribué à l'élaboration d'un accord.
Plus précisément, en appréciant les rapports de force électoraux, en anticipant l'issue de l'élection, Éric Le Jaouen a décidé de
retirer sa candidature. Il l'a fait à son corps défendant - ce que je salue. Placé dans une situation identique à la sienne, j'aurais pris
la même décision.
Cet accord n'est pas gagnant-perdant. Cependant, il faut bien qu'un des deux concurrents occupe le haut de l'affiche. Si je me suis
porté candidat, c'était pour occuper cette position. Mon élection à l'unanimité est la démonstration éclatante du besoin de solidarité,
de jeu collectif dans les rangs patronaux.
Votre expérience et vos réseaux ont été essentiels dans l'issue finale...
J'ai pu effectivement capitaliser sur le fait d'avoir déjà occupé cette fonction, à l'époque circonscrite à la seule région Rhône-Alpes
(de 2007 à 2011, NDLR). Mais un autre argument me semble important concernant mon élection : ma compétence dans le
domaine industriel. Nombre d'électeurs ont estimé que je représenterais mieux ce secteur économique clé pour la région.
Même si mon entreprise n'évolue pas exactement dans le domaine industriel, j'ai tissé d'importantes relations professionnelles
avec ses acteurs, et j'entretiens de nombreux liens avec ses dirigeants. Cette proximité, je l'ai caractérisée dans mes discours de
candidature. Ces convictions exprimées dans ce domaine n'étaient pas d'intérêts ou de circonstances. Ma conviction profonde -
alors qu'Auvergne Rhône-Alpes est la première région industrielle de France - est d'affirmer que l'industrie constitue la locomotive
de l'activité économique en termes d'innovation et d'exportation. Elle diffuse de la richesse pour toute une chaîne de valeur. Mon
ex-concurrent, de par son origine professionnelle, et également dans son discours, a moins mis l'accent sur ce sujet.
Comment vous organiserez-vous pour mener de front la gestion de votre entreprise et la présidence de l'instance
patronale ? De l'expérience passée, quels enseignements en tirerez-vous ?
Je suis obsédé par l'idée de ne pas exercer deux "casquettes", mais une seule. Le mandat de président de Medef ne peut pas être
légitime sans une expérience solide d'entrepreneur. Mais - et j'en fais une question éthique -, cela ne signifie bien sûr pas que je
vais utiliser l'instance patronale pour développer mon entreprise. Cette question a été un axe important de ma campagne : on doit
s'interdire de tirer parti, pour son entreprise, des fonctions que l'on occupe.
Ma priorité reste l'entreprise. Mais pour exercer et assumer efficacement mon mandat de président du Medef régional, je me suis
organisé, afin de ne pas reproduire le schéma de certains responsables syndicaux et chefs d'entreprise qui ont délaissé leur
société, parfois jusqu'à sa perte, se laissant envahir par leurs responsabilités institutionnelles.
12 structures territoriales, 28 branches professionnelles, 100 000 entreprises de toutes tailles. La fusion entre les Medef
auvergnat et rhônalpin a fait passer la structure régionale dans une nouvelle dimension. Mais quels sont ses domaines de
compétences et d'interventions précis ?
La vocation du Medef régional Auvergne Rhône-Alpes est de défendre les intérêts communs de ses territoires et de ses branches.
Nous avons deux niveaux d'intervention. Le premier s'inscrit dans une fonction tribunitienne. Nous devons faire du lobbying, et