PCEM - Histologie spéciale - Les glandes endocrines Page 1
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J. Amice - Faculté de Médecine de Brest
/(6*/$1'(6(1'2&5,1(6
,1752'8&7,21
$XVHQVpW\PRORJLTXH, le mode de sécrétion endocrine désigne la libération dans le milieu intérieur des substances
élaborées par les cellules, par opposition au mode de sécrétion exocrine les produits de sécrétion sont évacués
dans le milieu extérieur, le plus souvent par des conduits spécifiques. Certains tissus réalisent ces deux types de
sécrétion et sont dits "amphicrines" (foie, pancréas,...).
En fait, le terme de sécrétion endocrine désigne plus particulièrement la sécrétion endocrine hormonogène,
l'endocrinologie étant la spécialité médicale qui concerne les hormones.
La notion de glande endocrine s'est gagée au XIXè siècle avec les travaux de &ODXGH %HUQDUG et de
%URZQ6HTXDUW.
/HVKRUPRQHV
Ce sont des molécules, produites par des cellules spécialisées qui constituent un message et modifient l'activité de
cellules cibles situées à distance dans l'organisme. Elles sont libérées dans le milieu intérieur par des cellules
spécialisées.
Elles se différencient :
- Des cytokines, molécules informatives qui agissent généralement à plus courte distance
- Des facteurs divers produits par des cellules non spécialisées dans leur production (ex : facteurs de croissance)
 'X SRLQW GH YXH ELRFKLPLTXH, les hormones sont des molécules nombreuses et variées : peptidiques, protéiques,
glycoprotéiques ou stéroïdes.
'XSRLQWGHYXHSK\VLRORJLTXH, les hormones se séparent en 2 grands groupes :
/HV+RUPRQHVK\GURSKREHV (stéroïdes et thyroïdiennes).
Elles sont liposolubles et traversent librement les membranes cytoplasmiques. Elles interviennent dans la
cellule cible par l'intermédiaire de récepteurs cytosoliques. Elles agissent sur l'activité nucléaire et modifient
les synthèses protéiques. Leur action est lente et prolongée.
/HVKRUPRQHVK\GURSKLOHV (peptides, protéines, glycoprotéines).
Elles ne traversent pas les membranes plasmiques et agissent par l'intermédiaire de récepteurs spécifiques
situés à la surface de la cellule. Elles modifient l'activité de molécules cytoplasmiques préexistantes, en
général des enzymes. Leur action est rapide et courte.
/HVFHOOXOHVHQGRFULQHV
Elles sont également très variées. Chaque type cellulaire produit une ou parfois quelques hormones différentes.
Elles proviennent de tous les feuillets embryonnaires. Les cellules qui produisent des hormones stéroïdes dérivent
principalement du mésoblaste. Celles qui produisent des hormones peptidiques ou protéiques dérivent de l'ectoblaste,
du neurectoblaste ou de l'entoblaste.
'XSRLQWGHYXHKLVWRORJLTXH, on peut distinguer :
- Le système endocrinien diffus : Ce sont les cellules endocrines isolées dans certains épithéliums (digestif,
respiratoire, ...).
- Les glandes endocrines diffuses, constituées de cellules situées dans un autre tissu (glande interstitielle du
testicule, ovaire).
- Les glandes endocrines proprement dites, dont tout le parenchyme a une fonction endocrine. Leur structure
peut être :
- trabéculaire orientée (cortico-surrénale)
- trabéculaire non orientée (pancréas endocrine, parathyroïdes hypophyse)
- vésiculaire (thyroïde).
/HVJODQGHVHQGRFULQHV
(OOHVRQWSRXUVHXOSRLQWFRPPXQOpODERUDWLRQKRUPRQDOH
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Le système endocrinien diffus, qui concerne surtout le tube digestif, est exposé lors de l'étude de l'appareil digestif.
Certains éléments sont cités avec l'appareil respiratoire.
Les activités endocrines de certains organes ont été décrites par ailleurs (thymus, rein, coeur, glande sous-maxillaire,
etc ...).
Parmi les glandes endocrines proprement dites, les glandes endocrines diffuses de l'ovaire et du testicule sont décrites
avec l'appareil reproductif.
Seules les glandes endocrines bien individualisées seront traitées dans ce chapitre.
/(6*/$1'(66855(1$/(6
*(1(5$/,7(6
Ce sont d'assez grosses glandes paires totalisant 10 à 12 g chez l'homme, situées
contre le pôle supérieur des reins. Elles sont connues depuis le XVIè siècle ('H
9LQFL, 1510; (XVWDFKH, 1552).
Elles ont la forme d'un Y (de leur incisure sort la grande veine surrénale).
Elles sont formées par l'association de 2 glandes endocrines distinctes et d'origines
embryologiques différentes :
/D FRUWLFRVXUUpQDOH, périphérique, d'origine mésoblastique, à structure
trabéculaire orientée, indispensable à la vie et sécrétant des hormones
stéroïdes. Elle représente 80% du poids de l'organe.
/D PpGXOORVXUUpQDOH, centrale, d'origine neurectoblastique à structure
trabéculaire non orientée et à sécrétion protéique. Elle se lyse très rapidement
après la mort, donnant une bouillie grisâtre. Ceci avait fait croire aux premiers
anatomistes que les surrénales étaient creuses (d'où le terme impropre de
"capsules surrénales").
N.B. : En anglais, le terme "adrenal gland" signe l'ensemble de la
surrénale et "adrenal cortex" désigne la corticosurrénale.
'(9(/233(0(17'(66855(1$/(6
3+</2*(1(6(
Ces 2 glandes apparaissent chez les vertébrés les plus inférieurs, mais ce n'est que ches les mammifères que la
cortico-surrénale entoure complètement la médullo-surrénale.
Elles n'existent pas chez les prochordés.
- Chez les cyclostomes (Lamproie) de nombreux paraganglions le long de l'aorte correspondent à la médullo-
surrénale et des glandes multiples entre les reins correspondent à la corticosurrénale.
- Chez les poissons on décrit des corps supra-rénaux, équivalents de la médullosurrénale et des corps inter-
rénaux équivalents de la corticosurrénale.
- Chez les batraciens, reptiles et oiseaux, ces 2 constituants sont d'abord accolés puis s'enchevêtrent.
25*$12*(1(6(
/DFRUWLFRVXUUpQDOH
D'origine mésoblastique, elle apparaît vers la 5e semaine (6-7
mm) par une prolifération (&) du mésothélium coelomique
postérieur en dedans des ébauches gonadiques(*). Des cordons
cellulaires s'enfoncent vers l'arrière dans le mésenchyme, puis
se séparent de l'épithélium coelomique pour rejoindre (vers 7
semaines), puis englober (entre 2 et 4 mois), les ébauches de la
médullosurrénale.
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La proximité des ébauches surrénaliennes et des ébauches gonadiques explique la présence possible de surrénales
accessoires sur le trajet de migration des gonades (y compris à l'intérieur même du testicule).
/DPpGXOORVXUUpQDOH
D'origine neurectoblastique, elle dérive des crêtes neurales (1). Elles
se séparent du tube neural au moment de sa fermeture, pour former
des cordons latéraux. Par segmentation métamérique, les crêtes
neurales sont à l'origine des ganglions spinaux.
Après le début de la segmentation, des cellules nerveuses souches
s'échappent des crêtes et migrent dans le mésenchyme. Ce sont les
sympathogonies (J). Elles qui vont suivre 2 voies de différenciation
pour donner :
- Soit les sympathoblastes (E), à l'origine des ganglions
sympathiques des chaînes latérovertébrales et prévertébrales
sympathiques et des éléments préviscéraux et intramuraux du
système parasympathique.
- Soit les phéochromoblastes (S), cellules à différenciation
glandulaire avec un cytoplasme chromaffine (colorable par les
sels de chrome en jaune), à l'origine des paraganglions.
Le plus important des paraganglions sera la médullosurrénale. De tels paraganglions
existent à plusieurs niveaux, principalement dans l'espace rétropéritonéal
(le plus volumineux est le paraganglion aortique, ou organe de =XFNHUODQGO (=),
qui atteint 1 cm, et disparaît chez le foetus quand la médullo-surrénale (06) sera
fonctionnelle).
'LVWULEXWLRQJpQpUDOHGHVSDUDJDQJOLRQV
Comme la médullosurrénale, les paraganglions renferment des cellules à granulations
chromaffines contenant de l'adrénaline. Ce sont des neurones ganglionnaires modifiés.
+,672*(1(6(
/pEDXFKHFRUWLFDOH
Les cordons cellulaires pleins, mésoblastiques, se fragmentent au contact des ébauches médullaires puis sont pénétrés
par des fusées conjonctivo-vasculaires. Il se forme un tissu réticulé constitué de grandes cellules acidophiles : le
cortex foetal. Il entoure la médullo-surrénale et constitue les 4/5 de la glande vers 6-7 mois. Il se développe sous
l'influence des gonadotrophines chorioniques.
Une 2e vague de cellules migre, vers 6 semaines, du même endroit de l'épithélium coelomique. Ces cellules, plus
petites et basophiles, vont former le cortex externe, définitif.
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A la naissance le cortex foetal représente la majeure partie de la glande. Il régresse beaucoup dans les 3 premiers
mois et disparaît totalement vers 1 an. Pendant ce temps, le cortex définitif s'épaissit et s'organise lentement en 3
plans qui prendront leur aspect définitif vers 3 ans :
- Zone glomérulée externe,
- Zone fasciculée moyenne,
- Zone réticulée interne.
,PSRUWDQFHUHODWLYHGHVGLIIpUHQWV]RQHVGHODVXUUpQDOHHQIRQFWLRQGHOkJH
Le cortex foetal ne renferme pas de 3β-hydroxystéroïde-oxydoréductase. Sous l'effet de la stimulation par l'ACTH
hypophysaire foetale, le cortex foetal libère d'importante quantités de DHEA-S (sulfate de déhydroépiandrostérone),
mais ne peut produire la plupart des stéroïdes actifs. Le DEHA-S est transformé par le foie foetal (16-OH-DEHA-S).
A partir de cette molécule, le placenta élabore des stéroïdes actifs, surtout de l'estriol (E3).
Ainsi, le cortex foetal est le point de départ de la chaîne qui élabore les stéroïdes placentaires. On parle d'unité foeto-
placentaire. (FI(PEU\RORJLHVSpFLDOH3ODFHQWD).
/pEDXFKHPpGXOODLUH
Elle est également pénétrée par des vaisseaux qui découpent le parenchyme et lui donnent une structure trabéculaire
non orientée. Les cellules primitives maturent tardivement en cellules chromaffines et prédominent encore à la
naissance.
6758&785('(/$&257,&26855(1$/(
*pQpUDOLWpV
$VSHFWJpQpUDOGHODFRUWLFRVXUUpQDOHDXIDLEOHJURVVLVVHPHQW
D'aspect strié, jaunâtre en superficie et plutôt brune en profondeur, elle mesure
environ 4 mm d'épaisseur. Le parenchyme glandulaire forme des travées dont
ODJHQFHPHQWGpWHUPLQH]RQHV :
- Zone glomérulée (*)
- Zone Fasciculée ())
- Zone Réticulée (5).
Entre les travées, le conjonctif est très réduit, se rattachant en périphérie à la
capsule d'enveloppe.
Les cellules glandulaires sont riches en lipides, d' leur nom de "OLSLGRF\WHV".
Elles ont un noyau rond, central, sont riches en réticulum lisse et renferment de la
vitamine C (acide ascorbique).
La distribution des lipides dans leur cytoplasme permet de distinguer 3 types
cellulaires :
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- Le spongiocyte (6), au cytoplasme clair, rempli de volumineuses enclaves
lipidiques, colorable en rouge par le Soudan III et en noir par l'Osmium : les
liposomes (de Hoerr).
- Le mérolipidocyte (0), avec un cytoplasme plus sombre à tendance basophile,
renferme des liposomes moins nombreux et petits.
- Le cryptolipidocyte (&), au cytoplasme sombre, au noyau pychnotique, ne
renferme pas de liposome. Les lipides sont diffus dans la cellule, non colorables
par le Soudan.
Ces 3 types de lipidocytes sont inégalement répartis dans les 3 zones de la
corticosurrénale.
/$=21(*/20(58/((
C'est la plus externe. Située sous la capsule, elle est mince (environ 15 % de la corticosurrénale). Elle est variable
d'une espèce à l'autre en fonction des pénétrations conjonctive et vasculaire (par ex., chez le cheval, on parle de zone
des arcs du fait de cordons cellulaires se repliant en arceaux au contact de la capsule).
Chez l'homme, cette zone est formée de petits massifs compacts de
mérolipidocytes cubiques, séparés les uns des autres par les capillaires fenêtrés.
Outre les petits liposomes, le cytoplasme est riche en mitochondries et renferme
du glycogène.
Chez le rat, la partie profonde de la glomérulée est formée de cryptolipidocytes.
Le cytoplasme est riche en enzymes, dont les enzymes de la biosynthèse des
hormones stéroïdes.
L'absence de 17 α-hydroxylase oriente les synthèses vers la production de
minéralocorticoïdes, essentiellement d'aldostérone (avec un peu de
corticostérone).
L'aldostérone augmente la réabsorption tubulaire de Na+ et l'élimination de K+. Elle augmente également la
réabsorption de Na+ par la muqueuse gastrique, les glandes salivaires et les glandes sudoripares.
L'activité de cette zone est gulée par le système rénine-angiotensine. L'ACTH hypophysaire a un effet moindre qui
s'épuise rapidement.
/$=21()$6&,&8/((
Médiane, elle est épaisse (75% du volume de la corticosurrénale) (cela se retrouve
dans pratiquement toutes les espèces animales où la surrénale existe).
Elle est formée de cordons cellulaires parallèles entre eux et perpendiculaires à la
surface de la glande, séparés par des capillaires fenêtrés et par de très fines travées
conjonctives. Ces cordons sont formés de volumineux spongiocytes avec quelques
cryptolipidocytes foncés, plus petits et soudanophobes.
Outre les enclaves lipidiques, on retrouve dans le cytoplasme de nombreuses
mitochondries, un réticulum lisse développé et de nombreuses enzymes.
Les cellules sont très riche en acide ascorbique ou vitamine C.
(La vitamine C a été initialement isolée de la surrénale par Szent-
Gyorgyi et donne un précipité brun noir par la réaction argentique de
Giroud et Leblond).
(Chez le boeuf, le hamster et le tatou, les cryptolipidocytes sont
prépondérants.)
Cette zone produit les glucocorticoïdes, dont le cortisol, et, en moindre proportion,
des androgènes.
Les glucocorticoïdes augmentent la néoglucogenèse hépatique,
augmentent le catabolisme périphérique des protéines et des lipides et
diminuent la réponse immunitaire.
L'activité de la zone fasciculée dépend de l'ACTH hypophysaire.
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