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DANTON
Nous sommes réunis aujourd’hui pour parler de Georges Jacques
Danton, l’un des personnages les plus emblématiques de la Révolution
Française, l’un de ceux dont la notoriété a traversé le temps sans
discontinuer
Cette célébrité, il la doit naturellement à son physique hors norme et à
ses talents d’orateur, spécificités que personne ne remet en cause…
Mais concernant ses idées personnelles et même la réalité de son
engagement, il y a encore débat et il ne date pas d’hier...
Notre objectif du jour est donc de tenter de « percer » cet homme qui
fut, déjà à son époque, fortement controversé et qui, bien qu’il ait déjà
fait l’objet de nombreuses études, continue encore de garder une part
de mystère.
Avant de vous raconter son histoire, et pour vous permettre de mieux
le situer à l’intérieur de cet épisode exceptionnel que fut la Révolution
Français, retraçons préalablement les moments clés de celle-ci.
Bien que l’exercice soit parfaitement subjectif, il semble possible de
faire apparaître cinq épisodes distincts, à l’intérieur desquels
apparaissent trois ruptures.
La première période va du 20 juin 1789 date du serment du jeu de
Paume - au 3 septembre 1791, date à laquelle est votée la constitution
faisant de la France, et pour la première fois, une monarchie
constitutionnelle.
Cette longue séquence de plus de deux ans est aussi une période de
rupture, car les Etats Généraux (contre l’avis du roi) décident d’eux-
mêmes de devenir Assemblée Nationale Constituante
Cela dit, la période reste encore très légaliste…
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Les aristocrates sont loin d’avoir tous émigrés, la grande bourgeoisie
conserve de l’influence, le roi détient encore une certaine autorité et
globalement la monarchie n’est pas vraiment remise en cause du
moins jusqu’en juin 91,… jusqu’à la fuite de Varennes
C’est le règne de ce que l’on appelle « les monarchiens », partisans
d’un changement progressif de société, prônant à la fois un
rééquilibrage des pouvoirs et une disparition complète de l’Ancien
Régime.
D’ailleurs, dès le 4 août 1789, les droits féodaux sont abolis.
La seconde période va du 3 septembre 1791 au 10 août 1792, date à
laquelle, le roi et sa famille sont arrêtés sur ordre de l’Assemblée.
C’est vraiment la période des occasions perdues...
Le roi utilise trop souvent son droit de veto, la monarchie
constitutionnelle, sous le contrôle d’un peuple de plus en plus méfiant,
ne fonctionne pas très bien.
C’est le moment où la guerre, déclarée sans préparation, est voulue à
la fois par l’entourage du roi et par les girondins.
C’est enfin la pression croissante de certains extrémistes jusqu’à
l’invasion des Tuileries, le 10 août, mettant fin à 805 ans de royauté !
La troisième période s’étend du 10 août 1792 au 21 janvier 1793, date
de l’exécution du roi.
C’est la seconde rupture. On passe en République.
Une nouvelle assemblée constituante se met en place : La Convention.
Ce sont les premières inquiétudes nées des défaites aux frontières, les
premières convulsions intérieures avec les massacres de Septembre,
mais ce sont aussi deux victoires qui redonnent le moral aux
révolutionnaires : Valmy et Jemmapes.
On peut enfin juger le roi Et observer que les révolutionnaires les
plus durs montent en puissance.
Le roi est exécuté à la stupéfaction de l’Europe monarchique !!
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La quatrième période va du 21 janvier au 17 septembre 1793, date à
laquelle est votée la terrible « loi des suspects ».
C’est la période où face au péril extérieur, au soulèvement de la
Vendée et à la fronde fédéraliste (en gros la Province contre Paris), la
« course » au pouvoir s’exacerbe entre révolutionnaires.
Ce sont les premières instances « d’exceptions » : Comité de Salut
Public, Tribunal révolutionnaire…
C’est enfin la période d’élimination des « girondins » trop fédéralistes
par des « montagnards » parisiens, en surenchère révolutionnaire
permanente.
La cinquième et dernière période va du 17 septembre 93 au 27 juillet
94, date de la fin de la Révolution proprement dite.
C’est la troisième et dernière rupture, la plus dramatique, celle dite de
la « Terreur » et de la « Grande Terreur »,… près d’une trentaine de
guillotinés par jour de juin à juillet 94 !!
C’est la période la plus folle où les révolutionnaires devenus ivres de
sang s’entretuent sans aucun discernement, de façon d’autant plus
absurde que les généraux républicains multiplient les exploits contre
l’ennemi extérieur tout en matant la sédition vendéenne.
Tout ce gâchis humain se termine enfin en juillet avec la chute de
Robespierre, l’Incorruptible.
Le décor est désormais en place…
Cinq grandes périodes à l’intérieur desquelles nous allons donc
zoomer l’action personnelle de notre héros du jour, Georges Danton.
Et d’abord d’où vient-il ? Quelles sont ses racines ? Que sait-on de sa
jeunesse ?
C’est un champenois, né à Arcis-sur-Aube, une petite bourgade près
de Troyes. Ses parents n’étaient déjà plus des paysans…
Ce sont des petits bourgeois locaux qui lui ont permis de suivre des
études très convenables chez les oratoriens.
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Ses résultats scolaires furent dit-on inégaux.
Il ne semblait guère apprécier la discipline des « pères » et travaillait
par a- coup.
Pourtant, il assimilait vite mais restait catalogué comme doué …mais
fondamentalement paresseux.
Cette observation n’est pas neutre. Ce côté « paresseux » lui sera
reproché plus tard, en des circonstances beaucoup plus fâcheuses pour
lui.
En revanche, l’activité physique ne le rebutait pas.
Très tôt corpulent, il s’était fait une « tête » dans sa jeunesse en
prenant des risques avec des animaux de ferme qui, à coup de sabots,
lui labourèrent la face.
Comme il sera victime par ailleurs de la petite vérole, son visage déjà
tourmenté achèvera de prendre une forme assez hideuse, en tous les
cas impressionnante.
Après sa formation initiale que l’on qualifiera d’approximative,
Danton est monté à Paris en 1780, pour faire son droit, il avait alors 21
ans.
Pendant quelques années, il a « vivoté » comme clerc, puis comme
avocat, après avoir acheté sa charge dans des conditions financières un
peu troubles et en s’endettant fortement…
Juste avant la révolution, il s’est marié avec une femme « solide », à
tout point de vue, dont le père avait un peu de biens, ce qui a amélioré
la situation du couple, qui restait cependant très endetté.
Quant à ses engagements politiques de l’époque, Danton ne semblait
pas être très engagé.
Il s’intéressait aux évènements en cours, mais ni plus ni moins qu’un
homme de son âge, travaillant à Paris.
En réalité, il cherchait comme tout le monde à faire son « trou » dans
la grande ville.
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A partir de juin 89, le train révolutionnaire se met en route, et Danton,
comme un certain nombre de personnages qui feront leur chemin par
la suite, tels Mirabeau et Barnave, le prend quasiment dès le départ.
Cette révolution l’intéresse finalement diablement.
Et pour au moins deux raisons…, d’abord parce qu’elle lui permet,
grâce à sa faconde naturelle, de prendre rapidement l’ascendant sur de
nombreuses personnes autour de lui, et ça le flatte…, ensuite parce
qu’il pressent que des opportunités de pouvoir ou de prébendes vont
s’offrir aux plus dégourdis, dont il pense, à juste titre, faire partie.
Car au début, Danton ne représente juridiquement pas grand-chose.
Il n’est pas élu à l’Assemblée constituante, il ne fait pas partie du club
des Jacobins - un club à l’origine « fermé » où il faut être coopté - et
il n’est pas davantage membre de la Commune.
Et pourtant, dès cette époque, il se fait connaître rapidement des
milieux populaires, en étant le tribun le plus virulent de l’un des
districts parisiens les plus actifs, celui des cordeliers, à ne pas
confondre avec le club du même nom qui ne se créera qu’un peu plus
tard.
Le district était à la fois une assemblée d’électeurs de la commune et
un foyer naturel d’agitation.
Il y en avait une soixantaine dans tout Paris et Danton et ses amis vont
transformer le leur en une véritable tribune permanente, en pointe
pour les revendications sociales les plus avancées.
A ce titre, il se glorifie déjà d’une action spectaculaire…
Il est l’un de ceux qui parvient à exciter la foule parisienne en octobre
89, lorsque celle-ci, en proie à une violente crise frumentaire, va
chercher le roi et sa famille, alors à Versailles, pour les ramener à
Paris, sous bonne et joyeuse escorte.
C’est le fameux épisode du retour du « boulanger, de la boulangère et
du petit mitron» censés donner du pain au peuple.
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