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A partir de juin 89, le train révolutionnaire se met en route, et Danton,
comme un certain nombre de personnages qui feront leur chemin par
la suite, tels Mirabeau et Barnave, le prend quasiment dès le départ.
Cette révolution l’intéresse finalement diablement.
Et pour au moins deux raisons…, d’abord parce qu’elle lui permet,
grâce à sa faconde naturelle, de prendre rapidement l’ascendant sur de
nombreuses personnes autour de lui, et ça le flatte…, ensuite parce
qu’il pressent que des opportunités de pouvoir ou de prébendes vont
s’offrir aux plus dégourdis, dont il pense, à juste titre, faire partie.
Car au début, Danton ne représente juridiquement pas grand-chose.
Il n’est pas élu à l’Assemblée constituante, il ne fait pas partie du club
des Jacobins - un club à l’origine « fermé » où il faut être coopté - et
il n’est pas davantage membre de la Commune.
Et pourtant, dès cette époque, il se fait connaître rapidement des
milieux populaires, en étant le tribun le plus virulent de l’un des
districts parisiens les plus actifs, celui des cordeliers, à ne pas
confondre avec le club du même nom qui ne se créera qu’un peu plus
tard.
Le district était à la fois une assemblée d’électeurs de la commune et
un foyer naturel d’agitation.
Il y en avait une soixantaine dans tout Paris et Danton et ses amis vont
transformer le leur en une véritable tribune permanente, en pointe
pour les revendications sociales les plus avancées.
A ce titre, il se glorifie déjà d’une action spectaculaire…
Il est l’un de ceux qui parvient à exciter la foule parisienne en octobre
89, lorsque celle-ci, en proie à une violente crise frumentaire, va
chercher le roi et sa famille, alors à Versailles, pour les ramener à
Paris, sous bonne et joyeuse escorte.
C’est le fameux épisode du retour du « boulanger, de la boulangère et
du petit mitron» censés donner du pain au peuple.