theorie de la litterature - Faculté des Sciences Humaines et

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Faculté des Sciences Humaines et Sociales Tiaret
THEORIE DE LA LITTERATURE
Le terme « littérature » n’a pas vu la même signification que l’on lui reconnaît aujourd’hui.
Au 16ème siècle, littérature veut dire « culture » savante » ou « érudition », c’est à dire, la connaissance des lettres,
mais aussi des sciences : c’est une somme de lectures.
Au 18ème siècle, littérature c’est un terme spécifique, plus précisément :
a) le mot de lettres.
b) La carrière des lettres.
c) L’industriel des lettres.
C’est à dire de devenir artiste de l’écriture.
Au 19ème siècle, le mot littérature se précise davantage à s’autonomiser par rapport aux autres sciences de l’humanité par
quatre (04) critères spécifiant la littérature.
1) l’art de l’expression intellectuelle : exemple :poésie, éloquence.
2) L’art d’écrire des œuvres qui durent.
3) L’art décrit : la description par rapport à d’autres arts.
4) L’art d’écrire par rapport à d’autres techniques d’écriture. Exemple :la théologie, philosophie, les sciences en
général.
La littérature se trouve alors réduite à l’écriture, voire à l’écriture de fiction et de plus en plus à la fiction romanesque.
Au 20ème siècle, Escarpit considère la littérature comme « l’ensemble de la production littéraire incluant les faits
littéraires » C’est donc un objet d’étude, un corpus d’œuvres consacrées, c’est à dire enseignées par des intellectuels :
professeurs ou autres.
Compte tenu des glissements des objets respectifs de la littérature à travers les siècles, le terme « littérature »
rejoint celui de l’art. Cette notion de littérature demeure très sujette à la notion de critique, car le concept de littérature
(qu’est-ce qui fait qu’un texte soit littéraire ?).
La littérature est un art et le langage est un système esthétique (le texte) qui implique un registre rhétorique de genre, de
style, ou de figure, et un régime socio-historique (l’archi-texte) par rapport au système esthétique qui est le texte, qui
implique un récit constitutionnel (un parcours) et quoi inclut même un discours institutionnel. Qui dit art, dit technique,
et qui dit langage, dit grammaire. Et la technique et la grammaire dit « têch: c’est en même temps « poésis » et
« physis »
SCHEMA CONCEPTUEL DE LA LITTERATURE
- qu’est-ce que la littérature ?
- pourquoi la littérature ?
- comment la littérature ?
ART
LITTERATURE sensibilité réel imagination ECRITURE théories contexte langue LITTERATEURS
(percept) esthétique critiques socio- (précept)
historique discours critique
ECRIVAINS CRITIQUE
scripteurs
normes
Critique interne linguistiques OEUVRES critique externe
(subjectivisme) (objectivisme)
L’écriture est partagée entre deux univers, deux espaces.
Il y a toujours une dialectique : ce n’est pas seulement un écrivain ; c’est un tout. Les jugements de valeurs convergent vers
une analyse critique (regard extérieur). Il y a toujours une lecture palimpsestique : l’auteur se détache ; il obéit au
domaine artistique : l’art domine la création littéraire. L’œuvre suscite cette émotion.
L’œuvre appartient au domaine de l’art (poésie, peinture, sculpture…).
Analyse du schéma :
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LA LITTERATURE, le percept
En haut, c’est l’émergence : source première : œuvre d’art (c’est comme le lac : les affluents, les influents, les
sédiments… il y a sédimentation).
La sensibilité esthétique c’est la sédimentation primaire.
Le réel, est une émergence génétique : il alimente l’imagination.
L’écrivain, c’est la synthèse de l’émergence esthétique ; il va être scripteur, il fait appel à la langue, aux normes
linguistiques. Il va y avoir des contraintes ; l’imagination va être restreinte (étouffé), emprisonnée à cause de la
langue. L’écrivain va faire appel à des figures de style : rhétorique, stylistique, métaphore, métonymie…
Des fois, le mot est infime au sens ; des fois, il est plus gros que le sens, c’est à dire, il peut être interprété de façon
extraordinaire. Cette sensibilité peut des fois rendre compte du mot : monde réel (vraisemblable). Le scripteur va se
libérer en faisant appel à la rhétorique : l’œuvre littéraire est là pour tout ce procédé d’écriture.
Un autre côté qui est parallèle au procédé de l’écriture : LES LITTERATEURS : le côté de l’interprétant, le précepte.
Les littérateurs sont ceux qui vont participer directement ou indirectement au discours littéraire ; ils ont besoin de la
langue, différente de celle qu’utilise la littérature : il y a des normes linguistiques, le métalangage, l’herméneutique,
l’exégèse, qui vont constituer des outils d’analyse, ce qui va alimenter la critique, qui va édifier un langage, qui va (juger),
(valoriser) l’acte d’écriture (la critique) par les théories critiques et le contexte socio-historique.
LA CRITIQUE LITTERAIRE :
a- la critique historique : c’est une approche extérieure (externe), transcendante par rapport au texte ; elle prend ses
sources dans l’idéologie religieuse, morale, politique. C’est une critique adjective (elle ajoute ce que le texte ne peut pas
par des paraphrases). Elle est aussi génétique (genèse, origine historique de l’œuvre). Cette critique génétique peut être
philologique ou psychologique.
1° la critique philologique : c’est une critique académique, normative, bibliographique, anthologique, encyclopédique ;
faisant appel à l’historiographie (c’est le but de l’intertextualité, de la littérature comparée).
2° la critique psychologique : généralement, elle complète la critique philologique : elle lui sert d’exégèse (analyse
profonde), elle peut être une critique biographique, elle se consacre beaucoup plus à l’auteur qu’à l’œuvre.
C’est la philologie (de la genèse à l’exégèse) qui permet à la critique psychologique de se faire pédagogique. Nous sommes
dans la didactique du texte littéraire qui va être une littérature heuristique (scientifique) : enseigner la littérature,
manuels de littérature, dictionnaires encyclopédiques. Elle ne renseigne pas sur un mot, elle l’enseigne. Elle s’attarde sur
les personnages, leurs caractères, les ressemblances
Donc la critique philologique et la critique psychologique sont inséparables au sein de la critique historique ou génétique.
b- la critique herméneutique : elle interprète surtout l’auteur par l’œuvre ; elle est plutôt subjective, mais son
approche est plus interne : on distingue :
1° la critique symbolique : c’est l’étude proprement faite sur l’imagination et les phénomènes de l’imagination (c’est
l’imagerie) de l’œuvre qui se manifeste sous la forme de symboles dans les quatre unités (air, terre, feu, eau)
2° la critique thématique : pour cette critique, il y a toutes sortes de thèmes : mythiques, psychiques, mythologiques,
psychologiques, sociologiques, psycho-sociaux, socio-historiques (religieux, moraux). Le thème peut être conscient,
préconscient ou subconscient.
T.D. « L’œuvre est une synthèse entre l’affirmation de l’écrivain et sa négation en tant qu’elle est un produit de
l’histoire ».
Analysez cette citation et faites apparaître le type d’esthétique et de la critique.
PLAN
Problématique
Transition
Thèse : affirmation de l’écrivain
Transition :
Antithèse : négation : produit de l’histoire
Synthèse : une synthèse entre l’affirmation et la négation
L’INSTITUTIONNALISATION DE LA LITTERATURE
On ne peut parler de littérature que lorsqu’elle est institutionnalisée (convention) des sociologues, philosophes,
concepteurs pour que la littérature puisse faire un travail de catégorisation : on classe ces éléments en prose, épopée,
poésie, roman… On va en donner des genres après une certaine convention basée sur des critères à travers les siècles
(stabilité des règles, des critères, périnisation de ce genre), sinon, s’il y a rupture épistémologique on ne parle plus de
genre. Tant qu’on n’a pas institutionnalisé la littérature, elle reste dans le potentiel.
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L’esthétique littéraire, l’histoire littéraire et la critique littéraire contribuent à l’institutionnalisation de la littérature, à la
constitution de l’institution littéraire comme un point de rencontre du corps(professionnel, professoral, intellectuel) et
du texte, rencontre qui va conduire au corpus (jonction du corps et du texte) elle est prise en charge, elle
s’institutionnalise. Dans le corpus, il y a une représentativité (des spécificités, des invariants de l’écriture).
La critique sociologique, la critique socio-historique, et la théorie critique ont quelque chose d’anti-institutionnel ou de
contre institutionnel ; cela ne veut pas dire non institutionnel en ce qu’elles se réclament d’autres institutions, d’autres
appareils d’institutions ou d’autres appareils politiques ou idéologiques.
DU DISCOURS AU PARCOURS : L’histoire littéraire et la dialectique.
La critique sociologique s’intéresse aux marques et aux traces de la société dans la littérature qui est réduite à
l’écriture.
La crise de la littérature
Connaissances et littérature
Les sciences modernes et les technologies du monde nouveau (dans lequel nous vivons) permettent à l’homme d’évoluer
dans ses besoins, ses désirs et ses rêves.
Qu’en est-il pour la littérature ? Peut-elle résoudre les problèmes quotidiens de l’individu et de la société ? Peut-elle être
considérée comme heuristique ? c’est à dire qu’elle participe positivement à la science et à la connaissance, car ces
deux composantes épistémologiques de la pensée humaine ont évacué toute action (pensée) qui ne permet pas à
l’humanité de se développer.
L’esthétique de la réception de Jauss.
Schéma conceptuel :
Destinateur (auteur) Destinataire (lecteur)
Praxis Production littéraire code Réception littéraire praxis
Poêsis message
Action
Création : écriture mimesis Horizon d’attente :lecture catharsis
Sémiosis
Esthésis
Sensibilité
Passion
Vision du monde Vision du monde
1) L'ESTHÉTIQUE DE LA RÉCEPTION
Nous allons d'abord examiner un exemple d'herméneutique théorique inspirée d'une philosophie singulière : la
phénoménologie; nous avons nommé l'esthétique de la réception de Jauss et de l'École de Constance.
Selon Jauss, l'art, donc la littérature, a d'abord et avant tout une fonction de communication; s'il l'a perdue, il doit la
retrouver. La communication est une praxis [activité] impliquant l'auteur, l’œuvre et le lecteur. L'auteur, comme
destinateur ou émetteur, est l'origine de la production ou de la poiêsis [action]. L’œuvre est à la fois code, message et
artefact; elle est le lieu de la mimesis et de la catharsis ou de la semiosis [raison, signification] et elle passe par la
distribution, la circulation, l'échange. Le lecteur, comme destinataire ou récepteur et dans la consommation, est sujet à
l'aistêsis [sensation] ou à l'esthesis[sensibilité, passion].
L’œuvre est le résultat de la convergence du texte et de sa réception. Entre l'auteur et le texte, il y a un jeu de questions et
de réponses qui est lié à l'action ou à l'effet de et sur la tradition. Lors de la réception du texte, il y a aussi un jeu de
questions et de réponses de la part du lecteur, par lequel jeu il y a sélection par rapport à la tradition, c'est-à-dire le
corpus d’œuvres connues ou reconnues. La tradition résulte elle-même d'une identification synchronique ou diachronique
de l'horizon d'attente et du consensus ou des canons esthétiques qui constituent le code esthétique des lecteurs.
L'horizon d'attente peut être social ou littéraire. L'horizon d'attente social résulte du code esthétique, d'une sorte
d'habitus; c'est un ensemble de formes et de normes. L'horizon d'attente littéraire peut conduire, par un écart, à un
changement d'horizon. L'art a une fonction de création sociale, de création de normes : il n'est pas seulement réalisation
ou rupture des normes, ni non plus transmission des normes; par la création, par la transmission ou même par une
rupture par rapport à la norme, il y a fusion des horizons : événement littéraire ou artistique. La fusion de l'horizon
d'attente social et de l'horizon d'attente littéraire est caractéristique de la grande production.
L'horizon d'attente peut être social ou littéraire. L'horizon d'attente social résulte du code esthétique, d'une sorte
d'habitus; c'est un ensemble de formes et de normes. L'horizon d'attente littéraire peut conduire, par un écart, à
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un changement d'horizon. L'art a une fonction de création sociale, de création de normes : il n'est pas seulement
réalisation ou rupture des normes, ni non plus transmission des normes; par la création, par la transmission ou
même par une rupture par rapport à la norme, il y a fusion des horizons : événement littéraire ou artistique. La
fusion de l'horizon d'attente social et de l'horizon d'attente littéraire est caractéristique de la grande production.
Le concept d'horizon d'attente est le concept central de l'esthétique de la réception : «L'analyse de l'expérience littéraire
du lecteur échappera au psychologisme dont elle est menacée si, pour décrire la réception de l’œuvre et l'effet produit par
celle-ci, elle reconstitue l'horizon d'attente de son premier public, c'est-à-dire le système de références objectivement
formulable qui, pour chaque oeuvre au moment de l'histoire où elle apparaît, résulte de trois facteurs principaux :
l'expérience préalable que le public a du genre dont elle relève, la forme et la thématique d’œuvres antérieures dont elle
présuppose la connaissance, et l'opposition entre langage poétique et langage pratique, monde imaginaire et réalité
quotidienne».
Lorsque l'esthétique de la réception propose de retourner à l'horizon d'attente primitif, elle ne peut le faire qu'en s'en
remettant à l'horizon d'attente social : les circonstances socio-historiques de la réception; pour l'horizon d'attente
littéraire, elle doit s'en remettre au métatexte, c'est-à-dire à ce qui a été publié sur ou autour d'un texte dans les journaux,
les magazines, les revues, etc. C'est donc dire que la reconstitution (historique) de l'horizon d'attente n'est jamais que la
constitution (littéraire) d'un tel horizon par l'herméneutique. Ainsi y a-t-il reconstitution de l'horizon d'attente social par
la constitution d'un horizon d'attente littéraire. En un mot, il n'y a pas reconstitution d'un horizon (passé), mais
seulement horizon de constitution (présent) : selon Derrida, ici fidèle à la phénoménologie de Husserl, «il n'y a pas de
constitution -- donc de reconstitution -- des horizons; il n'y a que des horizons de constitution»...
2) LA THÉORIE SOCIOLOGIQUE
Avec la théorie sociologique de la littérature, on abandonne les oeuvres littéraires particulières pour le phénomène
littéraire en général, dans lequel s'inscrivent ces oeuvres; on abandonne le texte pour le livre comme objet culturel et
comme objet économique (ou marchandise). On ne s'intéresse plus guère à la société dans la littérature (dans l'écriture),
mais à la littérature dans la société. La théorie sociologique de la littérature est une sociologie des contenants, plutôt
qu'une sociologie des contenus comme une certaine critique sociologique; mais les contenants ne sont pas ici les
signifiants : ce sont les conditions de production et de consommation des oeuvres littéraires; conditions qui constituent
une médiation entre les oeuvres et la société et qu'il faut observer pour comprendre le phénomène littéraire.
Ces conditions de production et de consommation, c'est le fait littéraire : le contexte des oeuvres. La théorie sociologique
considère le contexte seulement comme hors-texte, comme comment de la littérature. C'est à la théorie socio-historique
de la littérature que reviendra d'expliquer le pourquoi du phénomène littéraire par les conditions de reproduction.
a) Sartre et Barthes
L'existentialisme de Sartre n'est évidemment pas une sociologie mais une philosophie; cependant, il a exercé une grande
influence sur la théorie sociologique d'Escarpit et de Bourdieu. Chez Sartre, il y a déni de l'écriture par la littérature, de la
poésie par la prose. Pour Sartre, «la poésie est du côté de la peinture, de la sculpture, de la musique»; or, «c'est une chose
que de travailler sur des couleurs et des sons, c'en est une autre de s'exprimer par des mots. Les notes, les couleurs, les
formes ne sont pas des signes, elles ne renvoient à rien qui leur soit extérieur» : «Il est donc le plus éloigné de considérer
les couleurs et les sons comme un langage». Donc, la poésie ne se sert pas des mots, elle les sert : «Les poètes sont des
hommes qui refusent d'utiliser le langage».
C'est à l'écrivain, qui s'oppose au poète, que revient la tâche de rechercher la vérité en se servant du langage comme d'un
instrument et en ayant affaire aux significations : l'empire des signes, c'est la prose, qui est «utilitaire par essence». Le
prosateur ne peut que s'engager puisqu'il se sert des mots : «l'écrivain est un parleur». La poésie est la forme; pour elle, le
langage est une fin, et non un moyen comme pour la prose : elle est anti-littérature, c'est-à-dire qu'elle n'a jamais été plus
littéraire...
Chez Barthes, ce que dit Sartre de la prose caractérise la littérature française d'avant 1850; ce qu'il dit de la poésie
caractérise la littérature depuis. Contrairement à Sartre, Barthes dénie la littérature au profit de l'écriture. Il distingue :
1°) la langue, qui est «un corps de prescriptions et d'habitudes, commun à tous les écrivains d'une époque» et qui «passe
entièrement à travers la parole de l'écrivain»;
2°) le style est la forme, la parole de l'écrivain dans sa dimension verticale (c'est-à-dire non linguistique mais biologique,
charnelle); alors que la langue est horizontale, le style est vertical : la langue est en deçà de la littérature, alors que le style
est au delà; l'écrivain ne choisit ni l'une ni l'autre;
3°) l'écriture se situe entre la langue et le style; c'est par elle que l'écrivain choisit et s'engage; elle est «la morale de la
forme» : le lieu de la liberté et de l'engagement.
Ce que dit Sartre de la littérature, donc, Barthes le dit de l'écriture : «Langue et style sont des forces aveugles; l'écriture est
un acte de solidarité historique. Langue et style sont des objets; l'écriture est une fonction : elle est le rapport entre la
création et la société, elle est le langage littéraire transformé par sa destination sociale, elle est la forme saisie dans son
intention humaine et liée ainsi aux grandes crises de l'Histoire». Barthes est amené à opposer l'écriture à la
communication et à la parole; à opposer aux écritures politiques, éthiques, romanesques ou poétiques une écriture
littéraire : un «degré zéro de l'écriture»... Ce degré zéro a été atteint avec Flaubert et Mallarmé et il marque le début de la
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modernité, qui «commence avec la recherche d'une littérature impossible»; littérature impossible qui est le cadavre du
langage.
La sociologie d’Escarpit
Escarpit envisage ainsi la littérature à la fois comme processus et comme appareil :
Comme processus, elle se caractérise par un projet, par un médium et par une démarche
1°) Le projet, c'est l’œuvre brute, c'est l'écriture; c'est la production, par l'écriture, de l’œuvre; dans ce projet conscient,
domine le sociologique sur le psychologique, l'historicité sur l'individualité; mais les deux sont réunis par le sémiologique,
par l'expressivité.
2°) Le médium, c'est le livre ou le document écrit : c'est à ce niveau que la littérature, de processus, devient appareil;
quand il est question du livre, il est question d'imprimerie, de typographie, de reliure, d'édition, de collection, de format,
de prix, etc.
3°) La démarche, c'est l’œuvre lue, c'est la lecture; c'est la consommation, par la lecture, de l’œuvre.
Comme appareil ou institution, la littérature se compose de la production, du marché et de la consommation:
1°) Il y a production par l'éditeur; pour Escarpit contrairement à Bourdieu, c'est l'éditeur -- lui qui était imprimeur ou
libraire jusqu'à la fin du XVIIIe siècle -- qui est le producteur et non l'auteur; c'est l'éditeur qui fait la première sélection et
ce qu'il publie est à 75% non littéraire (selon la classification des bibliothèques).
2°) Sur le marché, le livre ou le document est un produit comme un autre; c'est un instrument qui obéit donc aux lois de la
circulation : il y a là aussi sélection.
3°) La consommation est tributaire de la publicité et, au niveau intellectuel (scolaire), du statut professionnel et de la
situation culturelle des publics : il y a ici une dernière sélection.
Au niveau du processus, la société est dans la littérature : le sociologique y est un aspect du littéraire; au niveau de
l'appareil, la littérature est dans la société : le littéraire est un aspect du sociologique. C'est au niveau du livre comme
médium du processus et comme instrument de l'appareil, et non pas au niveau de lœuvre comme projet du processus,
qu'il y a rencontre du sociologique et du littéraire. Escarpit distingue alors une sociologie de l'écriture (la production par
l'auteur et surtout par l'éditeur) , une sociologie du livre (la distribution par le libraire) et une psychosociologie de la
lecture (la consommation par le public).
c) La sociologie positionnelle de Bourdieu
Nous ne traiterons pas de l'épistémologie de la sociologie ou de la sociologie de la connaissance de Bourdieu, pour nous
limiter à sa sociologie de la culture, de l'art et de la littérature. Chez lui, la sociologie littéraire, c'est la sociologie du champ
littéraire. Un champ est plus ou moins synonyme de milieu; c'est «une structure de relations objectives, au sein de
laquelle tous les éléments, et notamment les positions des agents du champ, s'entre déterminent» et où les positions (ou
les statuts) déterminent les prises de position (ou les valeurs). Un champ a une logique interne, mais il est en relation avec
d'autres champs :
1°) le champ politique est le champ du pouvoir;
2°) le champ intellectuel est inclus dans un type spécifique de champ politique : c'est le champ du savoir;
3°) le champ culturel peut être littéraire, artistique, religieux, juridique ou scientifique : il est plus vaste (et plus vague)
que le champ intellectuel : c'est le champ du savoir-faire;
4°) le champ littéraire est un champ idéologique : c'est le champ du savoir-dire ou du comment-dire.
3) LA THÉORIE SOCIO-HISTORIQUE
De la critique littéraire à la théorie littéraire, il y a une tentative de réduction de la transcendance de la littérature, que
celle-ci soit culturelle (historique) ou artistique (littéraire), à l'immanence; mais il arrive que ce soit une réduction de la
transcendance spirituelle à une transcendance matérielle. En outre, il y a une entreprise de définition de la littérature
comme phénomène(socio-historique) et comme langage (sémiotique). Par ailleurs, ce qui distingue la théorie socio-
historique de la littérature de la théorie sociologique, c'est la prise de parti marxiste (communiste) de la première, ainsi
que l'adoption d'une théorie de l'idéologie plutôt que d'une théorie de l'institution. Au sein du marxisme même, la théorie
de l'idéologie d'Althusser est substituée à la philosophie de la représentation ou à la théorie du reflet (réflexion) de Marx
et Lénine (reprise par le réalisme socialiste) et à la philosophie de l'aliénation de Hegel et de Lukacs ou à la théorie de la
réification (réfraction), qui diffère de la sociocritique à la théorie critique. La théorie socio-historique de la littérature a
donc comme fondement le matérialisme historique (ladite science de l'histoire) et la psychanalyse.
4) LA POÉTIQUE
Il existe, au XXe siècle, deux principales tentatives de fonder une science spécifiquement littéraire : la poétique (à base
rhétorique ou linguistique), qui est une approche de la littérarité et la sémiotique (à base logique ou linguistique), qui est
une approche de la littéralité. La poétique a pour objet la littérature, mais ce n'est pas proprement une science; la
sémiotique est une science (ou, tout au moins, un projet et une méthode scientifique), mais elle n'a pas proprement pour
objet la littérature mais le langage (ou la signification).
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